31 Jan 2015

Bisphénol A : entre pression des masses et pression des monopoles

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis le 1er janvier 2015 en France, la fabrication, l'importation, l'exportation et la mise sur le marché de tout contenant ou ustensile pour l'alimentation comportant du Bisphénol A est interdite. C'est la mise en application de la loi votée le 24 décembre 2012, faisant de la France le premier pays au monde à l'interdire de manière générale.

Le Bisphénol A a été utilisé pour la fabrication de matières plastiques dures. Il a servi notamment pour l'emballage (revêtement intérieur des boîtes de conserve, etc.) et les contenants (biberons, bouteilles en plastique, boîtes hérmétiques, etc.) dans l'industrie agro-alimentaire et cosmétique, de par ses capacités à résister à l’acidité (en fait à s’accommoder de tout pH).

Le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire une substance dont la composition chimique est très proche de certaines hormones de l'organisme, ce qui engendre forcément des perturbations.

L'Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) reconnaît ce risque et le Bisphénol A est maintenant interdit en vertu d'un principe de précaution. Cette précaution est légitime bien sûr, c'est même la moindre des choses : les masses n'ont pas à prendre le risque de s’empoisonner pour se plier aux besoins des monopoles impérialistes de l'industrie chimique.

Le problème par contre est que ce principe de précaution exprimé par l'ANSES et la loi française ne repose pas sur une affirmation scientifique ferme et déterminée. Il repose sur des constats fait à partir de milliers de tests pratiqués sur des animaux torturés, notamment des rats.

Il y a bien eu quelques enquêtes épidémiologiques, mais de manière non significative du fait de la pression des monopoles impérialistes qui financent et donc contrôlent largement la recherche. L'argument qui est alors avancé est que le danger est pratiquement impossible à cerner car il est noyé parmi des centaines d'autre dangers potentiels.

Il y a là une contradiction majeure : en même temps qu'est décidée l'interdiction, le directeur de l'ANSES, Marc Mortureux, se retrouve contraint d'expliquer que « si les effets du bisphénol A sont avérés sur l'animal, il est soupçonné pour l'homme » et que donc il n'a, en fait, selon ces critères, pas de véritable preuve scientifique de la nocivité du Bisphénol A.

Les monopoles de l'industrie chimique sautent donc inévitablement sur l'occasion pour affirmer de manière fort simple qu'il n'y a pas de danger avéré, que tout serait une question de dosage. C'est cette position des trusts du secteur qu'a exprimé le 21 janvier 2015 l'EFSA (European Food Safety Authority - Autorité européenne de sécurité des aliments), soit quelques jours après l'entrée en vigueur de l'interdiction en France :

« le BPA (bisphénol A) ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs de tous les groupes d'âge y compris les enfants à naître, les nourrissons et les adolescents »

Il est également expliqué que :

« L'exposition par voie alimentaire ou par l'intermédiaire d'une combinaison d'autres sources est considérablement inférieure au niveau sans danger. »

Juridiquement l'EFSA émet un avis seulement consultatif, on peut donc penser que sa position ne change pas grande chose, que la France maintiendra malgré tout son interdiction. Seulement dans les faits, c'est la confusion générale qui continue de régner sur la question, au profit des monopoles.

L'interdiction du Bisphénol A en France est assurément une bonne chose, elle est l'expression de la méfiance des masses à l'encontre des monopoles de l'industrie chimique. Mais cela ne résout pas le problème de fond qui est que le Bisphénol A n'est qu'un aspect particulier d'une réalité bien plus vaste et générale.

Comme de nombreux autres produits chimiques synthétisés en laboratoire, cette substance est un composé qui permet aux monopoles de l'industrie chimique – qui ont la mainmise sur l'agro-industrie – d'aborder de manière plus efficace certaines contraintes d'ordre commerciales, par exemple le stockage des marchandises, leur temps de conservation, ou tout simplement le coût de l'emballage.

Les risques liés aux produits chimiques ne concernent pas seulement le Bisphénol A mais aussi tous les autres perturbateurs endocriniens, tel le parabène. Et de manière plus large encore, cela renvoie à de nombreuses autres substances, particulièrement ces nombreux additifs alimentaires omniprésents dans les marchandises agro-industrielles.

Accéder à l'article sur Crise du capitalisme et intensification de la productionDe par la pression des masses, l'État est obligé de réglementer ces substances. Seulement, comme on le voit avec le Bisphénol A, les monopoles de l'industrie chimique font peser une pression antidémocratique gigantesque sur les laboratoires de recherche et les chercheurs et bloquent ainsi toute recherche ou compréhension générale et scientifique des interactions entre les produits chimiques synthétisés en laboratoires et les réactions biochimiques des organismes humains. Ils préparent ainsi leur contre-attaque antidémocratique pour imposer leurs marchandises.

Les autorités sanitaires délivrent leurs autorisations en s'appuyant sur des données qui sont des extrapolations statistiques issues d'expériences n'ayant pas de rapport avec le sujet. Concrètement, dans les expériences, une Dose Journalière Admissible est établie pour chaque additif ou substance tel le bisphénol A avant son interdiction. Cette Dose Journalière Admissible est déterminée de la manière suivante : la substance est injectée à des doses de plus en plus importantes à des groupes d'animaux (souvent des rongeurs), jusqu'à ce que des effets soit avérés. Une dose moyenne par kilogramme est alors établie en divisant par cent (le plus souvent) à mille la quantité définie comme dangereuse chez les animaux (les tests consistent le plus souvent à trouver une « Dose Létale 50 », ou « DL50 », c'est à dire une dose qui tue la moitié du groupe d'animaux).

On a donc des avis prétendument scientifiques qui ne sont en fait que des calculs statistiques approximatifs faits par des « chercheurs » qui torturent des animaux puis divisent par cent ou mille des chiffres obtenus au gré de leurs trouvailles.

L'étude de la nature et, en premier lieu, l'étude de la biochimie des organismes vivants montrent pourtant que cela est absurde. La vie est le produit de synergies complexes et permanentes entre de nombreuses substances chimiques qui réagissent et produisent des synthèses, qui elles-mêmes réagissent, et interagissent avec l'environnement extérieur.

Ces tests sur les animaux ne prouvent rien, ni dans une sens ni dans l'autre, car ils ne permettent pas de saisir l'existence des synergies non seulement entre les différentes substances chimiques issues des laboratoires, mais également sur le long terme.

Des substances telles le Bisphénol A perturbent les interactions chimiques complexes de l'organisme (en l'occurrence le système endocrinien ) : c'est cela qu'il faut refuser comme étant néfaste, en tant que tel, au nom de la reconnaissance de la réalité naturelle de l'organisme humain.

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Le Bisphénol A a été utilisé pour la fabrication de matières plastiques dures. Mais c'est un perturbateur endocrinien, c'est-à-dire une substance dont la composition chimique est très proche de certaines hormones de l'organisme...