6 sep 2016

La canonisation de «mère Teresa»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Quand on pense qu'il y a cinq cent ans de cela, les calvinistes partaient à l'assaut du monstre catholique pour, entre autres, faire cesser le culte irrationnel des saints, on ne peut qu'être frappé par la présentation médiatique française de la « canonisation » de « mère Teresa ».

C'est à croire d'ailleurs, outre le protestantisme théorisé par cette éminente figure historique progressiste historiquement que fut Jean Calvin, qu'il n'y a pas eu non plus de mouvement des Lumières, ni l'Encyclopédie de Denis Diderot.

La personnalité d'Anjezë Gonxhe Bojaxhiu, qui a pris le nom de « Teresa » en entrant dans les ordres, est pourtant un exemple caricatural d'évangélisation dans un esprit colonial. Cette albanaise a en effet visé l'Inde colonisée par l'Angleterre, à partir de Calcutta.

Alors que l'Inde se battait pour l'indépendance nationale et contre le féodalisme, avec en arrière-plan des massacres génocidaires entre musulmans, hindous et sikhs, celle qui va devenir « mère Teresa » va développer des structures de « charité » visant les plus pauvres afin de les convertir.

Un mouroir est fondé pour les mourants, une « cité de la paix » pour les lépreux, un orphelinat, le tout sans autre attention que la simple « parole divine », le tout aboutissant à la fondation d'une congrégation religieuse, les « Missionnaires de la Charité ».

Voici le « vœu de pauvreté » de cette congrégation :

« Nous essayons d’aider les novices à comprendre que la pauvreté, non seulement d’esprit, mais aussi de biens matériels, est liberté. Une fois qu’elles ont compris ce qu’est la pauvreté et en quoi elle consiste, elles peuvent progresser spirituellement moyennant la foi en Jésus et en l’eucharistie. »

Lien vers le dossier : Moïse, Jésus, Mahomet, les rebelles poètesAu moment où l'Inde connaissait de terribles soubresauts révolutionnaires, où le Bengale et notamment Calcutta devenait le bastion du communisme et donnait naissance au mouvement Naxalite, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu prônait la souffrance comme rédemption, faisant de la douleur une voie royale pour accéder à Dieu.

Lorsque l'état d'urgence fut décrété en 1975 par Indira Gandhi alors à la tête du gouvernement, Anjezë Gonxhe Bojaxhiu expliqua simplement : « Les gens sont davantage contents. Il y a plus d'emplois. Il n'y a plus de grèves. »

La bourgeoisie mondiale apprécia à juste valeur cette activité contre-révolutionnaire de celle qui n'aimait pas les pauvres, mais la pauvreté.

Elle fit de celle qui est désormais une « sainte » la lauréate du prix de la Fondation internationale Balzan, basée en Italie, en 1978, ainsi que du prix Nobel de la paix en 1979, ou encore en 1985 de la plus haute distinction américaine, des mains du président Ronald Reagan.

Elle partit à Haïti en 1981, pour recevoir la légion d'honneur de l'infâme dictateur Jean-Claude Duvalier, alors que dans le même temps le Dalaï-Lama la qualifia d'équivalent chrétien d'un bodhisattva, et qu'elle était proche de Charles Keating, un escroc américain catholique intégriste impliqué dans des faillites pour des centaines de millions de dollars.

Lien vers le dossier : L'Édit de NantesEt, en 2016, l’Église veut nous faire croire que prier et demander une guérison à « Mère Teresa », cela fonctionne, qu'il y a déjà eu deux « miracles », qu'un rayon de lumière peut sortir d'une de ses photos pour nous soigner…

Voilà la réelle nature du pape François, un jésuite qui vise à renforcer l'évangélisation de manière indirecte, au moyen d'un anticapitalisme romantique prônant la sobriété, la pauvreté, « l'amour », le rejet du « matérialisme », etc.

Ainsi que, il faut le souligner, l'ouverture générale aux « réfugiés ». L'idéologie du « réfugié » n'est historiquement, nullement progressiste, mais a toujours été un vecteur de l'idéologie catholique, qui prône « l'accueil » par opposition à la critique révolutionnaire du monde.

Voici le discours qu'il a prononcé devant 120 000 personnes, au moment de la canonisation, hier :

« Mère Teresa, tout au long de son existence, a été une généreuse dispensatrice de la miséricorde divine, en se rendant disponible à travers l’accueil et la défense de la vie humaine, la vie dans le sein maternel comme la vie abandonnée et rejetée.

Elle s’est dépensée dans la défense de la vie, en proclamant sans relâche que « celui qui n’est pas encore né est le plus faible, le plus petit, le plus misérable ».

Elle s’est penchée sur les personnes abattues qu’on laisse mourir au bord des routes, en reconnaissant la dignité que Dieu leur a donnée ; elle a fait entendre sa voix aux puissants de la terre, afin qu’ils reconnaissent leurs fautes face aux crimes – face aux crimes - de la pauvreté qu’ils ont créée eux-mêmes.

La miséricorde a été pour elle le ‘‘sel’’ qui donnait de la saveur à chacune de ses œuvres, et la ‘‘lumière’’ qui éclairait les ténèbres de ceux qui n’avaient même plus de larmes pour pleurer leur pauvreté et leur souffrance.

Lien vers le dossier : Baroque et contre-réformeSa mission dans les périphéries des villes et dans les périphéries existentielles perdure de nos jours comme un témoignage éloquent de la proximité de Dieu aux pauvres parmi les pauvres. Aujourd’hui, je remets cette figure emblématique de femme et de consacrée au monde du volontariat : qu’elle soit votre modèle de sainteté !

Je crois qu’il nous sera un peu difficile de l’appeler sainte Teresa ; sa sainteté nous est si proche, si tendre et si féconde que spontanément nous continuerons de lui dire : ‘‘Mère Teresa’’.

Que cet infatigable artisan de miséricorde nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d’action est l’amour gratuit, libre de toute idéologie et de tout lien et offert à tous sans distinction de langue, de culture, de race ou de religion.

Mère Teresa aimait dire : « Je ne parle peut-être pas leur langue, mais je peux sourire ». Portons son sourire le dans le cœur et offrons-le à ceux que nous rencontrons sur notre chemin, surtout à ceux qui souffrent. Nous ouvrirons ainsi des horizons de joie et d’espérance à tant de personnes découragées, qui ont besoin aussi bien de compréhension que de tendresse. »

Voilà un discours très élaboré, par des intellectuels menant un travail contre-révolutionnaire particulièrement articulé. La France est, avec son catholicisme « moderne », un bastion de cette contre-révolution catholique qu'il s'agit de combattre.

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