20 Jan 2011

Le discours de Marine Le Pen : un mouvement en tic-tac

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Tic-tac, tic-tac, tic-tac... Si l’on regarde de près le discours d’investiture de Marine Le Pen lors de son accès à la présidence du Front National, on peut voir qu’il est construit de manière analogique, cette méthode dont nous avons parlé à plusieurs reprises, et qui s’oppose à la dialectique (que nous, nous défendons). Pour comprendre de quoi il en retourne précisément, il suffit de constater cela : elle dit une chose, puis elle la reprend dans la foulée, le plus souvent dans la phrase juste après. Il en ressort un mouvement lancinant, un véritable martèlement, un véritable bourrage de crâne. Prenons un exemple :

"Nous pouvons ensemble être fiers, mes chers amis, de cette très belle et riche campagne interne, qui a été l’occasion d’un débat fécond, sur notre projet, sur notre vision stratégique. La loyauté et la fécondité des débats ont montré à tous les français la maturité de notre mouvement."

Et voici une série de ces « binômes » (qui se suivent immédiatement pratiquement tous):« ma fierté de voir » et « Nous pouvons ensemble être fiers » « l’occasion d’un débat fécond » et « la fécondité des débats » « Il y aura bientôt 40 ans » et « Près de 40 ans après » « la plus courageuse de notre peuple » et « Le peuple français, ce peuple » « une légitimité directe et désormais incontestable » et « une légitimité nette et désormais incontestable »

« pour la France » et « sur la France »

« Il faut maintenant faire du Front National un outil » et « Un outil pour que nous ayons à nouveau prise sur ce qui a prise sur nous »

« Nous devrons pour cela restaurer la Nation » et « Nous voulons restaurer la Nation » « Si nous voulons la démocratie » et « La démocratie ne nous fait pas peur » « Notre vision de la démocratie » et « Nous n’envisageons pas une démocratie comme un agglutinat » « Strauss-Kahn ou Sarko » (mis sur le même plan, comme équivalent) « l’euro ou l’euro »

« l’immigration ou l’immigration »

« les délocalisations ou les délocalisations »

« le chômage ou chômage »

« dans lequel on nous a enfermé malgré nous et qui nous prive » « complètement soumises à Bruxelles » et « L’Europe de Bruxelles » et « L’Europe de Bruxelles » et « Cette Europe de Bruxelles »

« La souveraineté n’est pas une vieille lune » et « Notre souveraineté monétaire » « => le dogme » (trois fois)

« la clé c’est l’État. Il faut retrouver l’État »

« L’État-Nation doit à nouveau s’imposer » et « une grande remise en ordre de l’État-Nation » Entendons-nous bien : ce mouvement en tic-tac n’est pas dû au hasard. Il ne consiste pas non plus en de simples « figures de style » littéraire, ni même en une tentative de « manipulation » psychologique. Il révèle un caractère très important de la pensée fasciste : l’analogie. Rappelons ce qu’est l’analogie, en citant le syllogisme d’Aristote, modèle du genre : « Socrate est un homme, les hommes sont mortels, donc Socrate est mortel. »

Aristote a joué un rôle historique dans le développement de la science, mais il est totalement dépassé, et sa pensée rendue totalement réactionnaire par notre époque ne peut strictement rien apporter. Voilà pourquoi Marine Le Pen utilise ce principe. Le principe est en gros : la France existe, nous vivons en France, donc il faut renforcer la France (ce qui nous renforcera). Il n’est pas difficile de voir que ce type de raisonnement (« national ») contamine le pays en ce moment. Il s’agit d’un raccourci complet de la pensée, niant l’existence d’antagonisme.La pensée dialectique constate en effet les contraires. En répétant inlassablement la « base » Marine Le Pen vise à « tuer » toute considération de l’antagonisme. La « base » seule compte, et doit être exister éternellement. On imagine très bien ici des lecteurs réactionnaires (mais s’imaginant progressistes !) critiquer ici ce point de vue comme étant « abstrait », purement théorique, et ainsi n’engageant à rien. Ce point de vue est bien entendu totalement faux, car le PCMLM place la pratique au centre de la théorie. Sauf que la pratique ne consiste pas à distribuer des tracts incantatoires ou à participer à des manifestations où sont présents le NPA et le Parti de Gauche !

La pratique, c’est exister en accordant son caractère central à la dignité du réel. C’est cela, faire vivre la dialectique. Ainsi, lorsque Marine Le Pen parle de manière répétitive et bornée de la nation, nous les

communistes reconnaissons dans la vie quotidienne la dignité du réel : nous cherchons des rapports pacifiques au sein du peuple, l’harmonie avec la nature, le développement de la culture, dans un esprit d’ouverture, de rencontre et de métissage.

Faire face au tic-tac de Marine Le Pen, c’est cela ; être progressiste, c’est cela, et telle est la ligne du PCMLM !

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