15 oct 2006

Psychologie de masse du fascisme : l'impérialisme comme usine à idées bourgeoises pour empêcher les masses d'aller au communisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Psychologie de masse du fascisme : l'impérialisme comme usine à idées bourgeoises pour empêcher les masses d'aller au communisme. L'exemple de Redeker pour qui l'Islam a remplacé le communisme comme « utopie violente » et celui de Ségolène Royal avec ses « Jury populaires. »

Jean-Marie Le Pen a été très clair, et il s'y connaît en populisme : parler de « jurys populaires » est une très mauvaise idée.
 
« Le remède démocratique à la crise de la démocratie n'est pas dans une politique de soviets, dont on a déjà vu à quoi elle aboutit. »

Autrement dit : trop risqué, ça ne va pas du tout.

D'ailleurs, même l'intellectuel gaulliste Max Gallo considère que cette forme de « démocratie participative » typiquement social-démocrate va trop loin.
 
Comme il l'a dit dans le Figaro :
« L'expression de « jury de citoyens tirés au sort » m'inquiète beaucoup. Car à ce moment-là, il faut être concret. Qu'est-ce que ça veut dire ? Tiré au sort parmi quel corps électoral ?
Comment tire-t-on au sort ? Qui organise le tirage au sort ? Qui sont ces citoyens ? Combien seront-ils ?
On entre dans une imprécision, dans un flou qu'il faut qualifier de démagogique, et, si j'étais excessif, je dirais que cela me fait penser qu'au terme de ce type de mise en oeuvre - en apparence - de la démocratie, on a la Révolution culturelle du président Mao, qui voulait « tirer sur le quartier général » et faire juger les professeurs et tous les représentants par le peuple, représenté par les militants qui viennent juger et condamner ceux qui sont élus. »
 
Pour les partisans du bâton comme Le Pen, la solution est alors au contraire :
« L'ouverture loyale des instances représentatives de la République à tous les courants d'opinion, par l'instauration de scrutins à la proportionnelle intégrale. »
Donc : oui, faisons parler les masses à la base, mais dans un cadre approprié, non pas avec des « soviets », mais par l'intermédiaire de structures directement encadrés par le front national.
 
Là où Ségolène Royal dit que le système peut encore phagocyter, Le Pen dit que non, mais la stratégie est la même. La carotte ou le bâton, mais le capitalisme surtout.
 
Car quand Royal affirme que « Pour essayer d'associer ceux qui se sentent déconnectés des affaires publiques, on va les chercher : on leur propose de venir participer à des jurys de citoyens qui comparent les promesses avec les résultats », c'est une stratégie fasciste, c'est faire participer les masses sans que ce soit celles-ci qui aient véritablement le pouvoir.
 
Elle-même souligne naturellement ce fait :
« On est dans des stratégies gagnant-gagnant qui permettent d'éclairer la décision publique parce que les citoyens ont envie de pouvoir participer entre deux élections. Elles n'ont pas de pouvoir de sanction, ces commissions, elles ont un pouvoir d'évaluation, de réflexion sur les politiques publiques »
 
Mais dans les lois de la lutte des classes il n'y a pas de gagnant-gagnant, seulement un gagnant et un perdant; prétendre le contraire c'est servir l'union nationale, c'est nier les luttes de classe, c'est servir le fascisme, c'est aider à la fascisation.
 
La mise en avant de cette thèse est bien plus dangereuse que la rééducation militaire pour mineurs qu'elle proposait et qui a choqué les petits-bourgeois liés à l'extrême-gauche plein d'espoirs fous en le Parti Socialiste.
 
Car cette thèse de Royal relevait du pur bavardage populiste pour marcher sur les plates-bandes de Le Pen et Sarkozy, et ne correspond pas à sa stratégie « démocratique totale » typique de la social-démocratie.
 
Si Le Pen ce sont les casernes, Royal, le PS, le « PCF » et les verts c'est la participation volontaire des masses à leur propre oppression; en ce sens Redeker a été d'une grande aide idéologique parce qu'il a permis de faire avancer la mobilisation de masse en faveur du système.
 
Redeker est très clair à ce sujet, rappelons ses propos :
 
« Comme jadis avec le communisme, l'Occident se retrouve sous surveillance idéologique.
 
L'islam se présente, à l'image du défunt communisme, comme une alternative au monde occidental.
 
À l'instar du communisme d'autrefois, l'islam, pour conquérir les esprits, joue sur une corde sensible.
 
Il se targue d'une légitimité qui trouble la conscience occidentale, attentive à autrui : être la voix des pauvres de la planète. Hier, la voix des pauvres prétendait venir de Moscou, aujourd'hui elle viendrait de La Mecque !
 
Aujourd'hui à nouveau, des intellectuels incarnent cet oeil du Coran, comme ils incarnaient l'oeil de Moscou hier. Ils excommunient pour islamophobie, comme hier pour anticommunisme. »
(Redeker, Face aux intimidations islamistes, que doit faire le monde libre ?, Le Figaro)
 
La lutte des classes existe-t-elle, oui ou non? Si l'on dit oui, on ne peut pas comprendre les propos de Royal ni ceux de Redeker sans voir leur fonction idéologique.
 
« L'affaire Redeker » est une grande opération de guerre psychologique pour diviser les masses, pour faire en sorte que l'Islam soit mis en avant comme une menace « authentique » par l'impérialisme afin d'empêcher les masses d'aller vers le communisme.
 
Redeker est le pôle négatif, Royal le pôle positif d'une même stratégie visant à prendre les masses en étau.
 
Cela d'autant plus que la rébellion de novembre 2005 a été d'une grande radicalité et l'Etat a peur que les masses mécontentes du système capitaliste dépassent la passivité ou les formes classiques et bourgeoises de la protestation.
 
Il suffit de voir les réactions de Villepin et Sarkozy par rapport à l'anniversaire de la rébellion d'octobre - novembre, les gesticulations et les propos sur la répression.
 
L'impérialisme sait qu'en faisant de « l'Islam » une actualité, il peut renforcer les courants réactionnaires dans les masses, les mêmes qui en 2005 se sont opposées à la révolte car « Allah n'aime pas les semeurs de troubles » - voilà pourquoi Sarkozy tient tant à un Islam reconnu par l'Etat et largement pratiqué.
 
Ses exigences n'ont rien de démocratique - elles servent l'impérialisme, qui agite d'un côté le fantasme d'un Islam conquérant, ultra-révolutionnaire, etc., et de l'autre aide à la construction des structures religieuses musulmanes comme un opium du peuple de plus.
 
Il faut être clair : l'Islam dont parle l'Etat français et les « intellectuels » n'existe pas; l'Islam n'a aucune unité internationale. Il y a une quantité énorme d'Islam, différents selon chaque pays. Les pratiques sont différentes, les conceptions religieuses sont différentes, les valeurs sont différentes, les organisations sociales sont différentes.
 
Il suffit de regarder l'Irak, où la lutte nationale arabe s'effondre grâce à la stratégie de l'impérialisme US de diviser les masses grâce aux religions (les Islam « sunnite » et « chiite »); au Pakistan et au Bangladesh le système des castes existe encore, de même que des millions d'Intouchables; en Turquie l'Islam est ouvertement panturc, dans une conception de la « Grande Turquie » allant jusqu'à la Chine en passant par tout le pétrole caucasien; en Arabie Saoudite il est ultra conservateur et sert les intérêts des pétroliers vendus à l'impérialisme, alors qu'aux Philippines il sert de paravent à des luttes de libération nationale, tandis qu'en Iran il sert d'idéologie à la bourgeoisie nationale dans sa tentative d'exister économiquement et politiquement.
 
L'Islam « internationaliste », dépassant les « ethnies » et les « nations », est un mythe propagé par les différentes formes d'Islam elles-mêmes, un mythe fasciste qui sert à tromper les masses et dévoyer leurs luttes de classes, pour les empêcher d'aller au communisme, seule idéologie authentiquement internationaliste.
 
Le mythe d'un Islam plus ou moins unifié et conquérant à l'échelle mondiale sert le projet impérialiste de « faire peur » aux masses populaires des pays impérialistes, en les coinçant dans la fausse alternative: forteresse Europe démocratique / Tiers-monde incompréhensible, imprévisible et brutal.
 
C'est dans ce cadre général qu'il faut comprendre l'affaire Redeker, qui est un instrument de l'impérialisme dans sa politique de diviser pour régner, et il faut associer l'affaire Redeker au discours national-populiste de Royal, qui vise à rassembler les masses « apeurées. »
 
Royal, la fille de militaires cadre du Parti Socialiste après avoir fait Sciences-Po et l'ENA, avocate et député, est le pendant de Robert Redeker, intellectuel bourgeois au sens strict, professeur agrégé de philosophie, enseignant à l'Ecole nationale de l'aviation civile, membre du comité de rédaction de la revue bourgeoise intello chic « Les Temps modernes », ainsi que du comité scientifique des « Colloques d'Albi, Langages et Signification » (CALS -Publications de l'Université de Toulouse Le Mirail), du comité scientifique de la revue spécialisté en droit bourgeois « Culture droit », sans oublier du comité de rédaction de la revue « Des lois et des hommes » ou encore de la commission « philosophie - sciences religieuses - psychanalyse » du Centre National du Livre.
 
Partant de là, si Redeker publie un article dans Le Figaro, le principal quotidien de la bourgeoisie traditionnelle partisane de l'UMP, pour y parler de l'« islamisation des esprits en France », de « l'insidieuse pression musulmane sur les esprits », il faut bien y voir une proposition stratégique destiné aux cadres de l'appareil d'Etat dans leur politique impérialiste.
 
Parant de là, si Royal, au moment de la question de se poser comme seule candidate du Parti Socialiste, parle de « jury populaire » pour que les politiques restent suffisamment malléables pour tromper les masses, il faut bien y voir une proposition stratégique sociale-démocrate devant être avalisée par toute la social-démocratie, afin d'en faire une stratégie d'Etat.
 
Quand Redeker affirme que : « Islamisation des esprits : ceux-là même qui s'élevaient contre l'inauguration d'un Parvis Jean-Paul-II à Paris ne s'opposent pas à la construction de mosquées. L'islam tente d'obliger l'Europe à se plier à sa vision de l'homme », il propose une orientation stratégique.
 
Quand Royal parle de « surveillance populaire » des élus par des « citoyens tirés au sort », elle propose une méthode nouvelle pour asseoir la légitimité de l'Etat bourgeois, et en cela elle a besoin de l'orientation stratégique faisant de l'Islam un prétendu « ennemi », c'est celle visant à mettre en avant le Coran comme « expression la plus avancée » des contradictions mondiales : « Le Coran est un livre d'inouïe violence », « Le recours à Mahomet, au contraire, renforce la haine et la violence. Jésus est un maître d'amour, Mahomet un maître de haine. »
 
La peur de Redeker, c'est la peur des masses en mouvement pour la révolution (la « violence », la « haine »), c'est la peur des masses se remettant en cause - ce que les communistes appellent l'autocritique, ce que les islamistes « dévient » en appelant à chercher Satan en soi-même et ce que Redeker attaque ici (la lapidation symbolique de la stèle représentant Satan à la Mecque).
 
Redeker est en effet fort pour mettre l'Islam en avant comme forme populaire, il paraphrase même l'autocritique communiste, le fait de vouloir liquider « le flic qu'on a soi-même dans sa tête » à cause de la culture bourgeoise: « La lapidation de Satan, chaque année à La Mecque, n'est pas qu'un phénomène superstitieux.
Elle ne met pas seulement en scène une foule hystérisée flirtant avec la barbarie. Sa portée est anthropologique. Voilà en effet un rite, auquel chaque musulman est invité à se soumettre, inscrivant la violence comme un devoir sacré au coeur du croyant. »
 
Cette peur des masses en mouvement, révolutionnaire, maniant les armes de la critique et de l'autocritique, c'est exactement la MÊME que mettait en avant le journaliste de Libération dans sa critique des maoïstes de France : « Feu sur les états-majors, explique David, c'est valable pour nous aussi. Nous luttons contre le patriarcat, contre le racisme, contre le colonialisme, toutes choses qui sont aussi en nous. Nous continuons la vie politique dans la vie privée.
Un militant qui baise fait de la politique.» EN FAIT, LE NÉO-MAO MILITE SUR LUI-MÊME. » (Libération, 21 janvier 2004).
 
Se moquer des masses se remettant en cause, luttant infatigablement pour leur but, persistant dans la voie révolutionnaire : voilà la culture bourgeoise.
 
Faire en sorte que toute remise en cause amène à devenir Hare Krishna, Musulman, Juif, Chrétien.. Ou alors.... membre tiré au sort d'un jury populaire totalement supervisé par l'impérialisme lui-même, voilà la culture impérialiste.
 
Pour le PCMLM, octobre 2006.
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