Karl Marx

4 oct 2017

Au congrès de la social-démocratie allemande à Lübeck en septembre 1901, Karl Kautsky rappela la conception marxiste de la paupérisation. Il le fit à l'occasion d'un discours « contre les conceptions révisionnistes d'Eduard Bernstein », celui-ci caricaturant justement la question.

Le marxisme n'a jamais parlé d'une paupérisation générale de manière unilatérale, c'est Eduard Bernstein qui a accusé le marxisme de le faire.

30 sep 2017

Voici un extrait de Travail salarié et Capital, où Karl Marx formule dans un sens similaire la question de la paupérisation malgré l'amélioration matérielle :

« Même la situation la plus favorable pour la classe ouvrière, l'accroissement le plus rapide possible du capital, quelque amélioration qu'il apporte à la vie matérielle de l'ouvrier, ne supprime pas l'antagonisme entre ses intérêts et les intérêts du bourgeois, les intérêts du capitaliste.

Profit et salaire sont, après comme avant, en raison inverse l'un de l'autre...»

29 sep 2017

Quel est le rapport entre la paupérisation absolue de l'armée industrielle de réserve et la paupérisation relative du prolétariat ? On se doute bien qu'il y en a, rien que parce que l'armée industrielle de réserve permet l'exercice d'un chantage au travail.

Karl Marx explique justement que c'est un tel chantage, mais généralisé. Karl Marx le dit bien : il ne s'agit pas que de pauvreté, il s'agit de la réalité quotidienne du travailleur en général.

Le capital devient un despote pour lui, l'abrutissant, l'enchaînant toujours davantage à son emploi, au prix d'une aliénation complète...

27 sep 2017

 Karl Marx aborde la question de la paupérisation lorsqu'il étudie les formes d’existence de la surpopulation relative.

Cela signifie que, dans Le Capital, la misère concerne des bien particuliers ; cela est très clair lorsque Karl Marx parle : « des conditions d’existence tout à fait précaires et honteusement inférieures au niveau normal de la classe ouvrière »...

26 sep 2017

La question de la paupérisation est l'une des clefs essentiels du Capital de Karl Marx. Pour des raisons historiques cependant, cette question a été enveloppée d'une brume très importante, amenant à un rapport incohérent, faux, au marxisme.

Une erreur très importante, du type misérabiliste, consiste à affirmer que le marxisme expliquerait que le prolétariat deviendrait unilatéralement de plus en plus pauvre, au sens d'un effondrement de son niveau de vie. Cette erreur d'interprétation est, historiquement diffusée par les dénonciateurs du marxisme, qui prétendent avoir prouver son erreur fondamentale, en opposant les faits à la lecture misérabiliste de la paupérisation...

7 aoû 2017

Karl Marx et Friedrich Engels plaçaient donc leurs espoirs dans Jules Guesde, Paul Lafargue et le Parti Ouvrier Français. Ils suivaient avec attention le développement de ce qu'ils valorisaient.

Ils furent déçus et même affligés. Les qualités qui permettaient que quelque chose s'élance en France se transformaient immanquablement en leur contraire, en raison d'un pragmatisme dénué de sens politique, d'une ligne de rentre-dedans sans nuances ni contours.

La scission de 1882 avec les possibilistes avait été la première preuve de manque de sens politique. Friedrich Engels, dans une lettre à August Bebel, le 21 juin 1882, constatait ainsi : « À Paris, c'est la scission dans le parti ouvrier. Les gens de L'Égalité - nos meilleurs éléments, Guesde, Deville, Lafargue, etc. - ont été, sans autre forme de procès, mis dehors au dernier congrès. »...

6 aoû 2017

Le Parti Ouvrier Français possédait une vraie dynamique historique. Aline Valette fut la première femme à parvenir à la direction d'une organisation socialiste, en l'occurrence le Parti Ouvrier Français. Elle fonda par la suite un journal qui ne dura pas, L'Harmonie sociale et fut l'organisatrice d'une Fédération nationale des sociétés féministes

Jules Guesde lui-même prit position en faveur des femmes, alors que le mouvement ouvrier français de l'époque considérait que sa nature consistait à être ménagère. Dans La femme et son droit au travail, publié dans Le Socialiste du 9 octobre 1898, il se positionna clairement : « Assurer à la femme comme à l'homme le développement intégral et la libre application de ses facultés. Assurer d'autre part aux travailleurs sans distinction de sexe, le produit intégral de leur travail. Là est toute la solution – et elle n'est que là. »...

2 aoû 2017

Le programme possède donc, indéniablement, une perspective marxiste. Ce qui caractérise la ligne de Jules Guesde, c'est la volonté d'aller de l'avant dans le collectivisme, ce qui équivaut à une réfutation directe de l'anarchisme. Dans le Programme agricole du Parti Ouvrier Français, on lit ainsi : 

« Le Parti ouvrier, qui, à l'inverse des anarchistes, n'attend pas de la misère étendue et intensifiée la transformation de l'ordre social et ne voit de libération pour le travail et pour la société que dans l'organisation et les efforts combinas des travailleurs des campagnes et des villes s'emparant du gouvernement et faisant la loi, a adopté le programme agricole suivant, destiné à coaliser dans la même lutte contre l'ennemi commun, la féodalité terrienne, tous les éléments de la production agricole, toutes les activités qui, à des titres divers, mettent en valeur le sol national. »...

1 aoû 2017

Jules Guesde et ses partisans furent donc les partisans acharnés du collectivisme, cherchant à le diffuser dans le prolétariat en présentant la révolution comme nécessité absolue. C'est cela qui permit la rencontre avec le marxisme.

Aux congrès socialistes nationaux qui commencèrent à s'organiser, la thèse collectiviste fut initialement refusée, à Paris en 1876 et à Lyon en 1878, avant finalement de triompher à Marseille en 1879. L'objectif socialiste consista alors en l'appropriation collective de tous les instruments de travail et de toutes les forces de production...

3 Jan 2017

En France, quand on parle du marxisme, on se réfère aux œuvres de Karl Marx et on pense que le marxisme consiste précisément en ces œuvres. Ce point de vue est fondamentalement erroné et à lui s'associe une phrase de Karl Marx, mise hors contexte :

« Tout ce que je sais, moi, c’est que je ne suis pas marxiste. »

La réalité est toute autre. Historiquement, le marxisme n'a jamais consisté en les œuvres de Marx, mais en l'interprétation des œuvres de Karl Marx et Friedrich Engels effectuée par Karl Kautsky dans le cadre de la social-démocratie allemande...

20 déc 2016

Le développement toujours plus large de la monnaie dans le cadre du développement du capitalisme a fait que cet aspect de l'économie a attiré toujours plus d'attention dans le cadre du développement des États s'arrachant au féodalisme.

Il y a ici une convergence d'intérêt entre les formes les plus développées de capital marchand, les producteurs devenant commerçant et la monarchie absolue ayant besoin de davantage de ressources...

20 fév 2015

Cette question de l'accumulation est indéniablement difficile et il est facile de se tromper. Rosa Luxembourg est dans ce cas ; son monument qu'est L'accumulation du capital consiste justement en la critique de la position de Karl Marx sur l'accumulation.

Aux yeux de Rosa Luxembourg, ce qu'explique Karl Marx est insuffisant. La richesse ne peut pas provenir du capitalisme lui-même. Ne voyant pas l’élévation des forces productives, le progrès qualitatif, elle va chercher un progrès quantitatif...

19 fév 2015

L'une des caractéristiques de l'anticapitalisme romantique est de penser que le capital financier « triomphant » dans le capitalisme revient à un capital usuraire médiéval. C'est là une très lourde erreur. En effet, le profit ne peut venir que de l'exploitation des prolétaires. Par conséquent, le capital financier n'existe pas de manière autonome au capital industriel, l'impérialisme est justement la fusion de l'un et de l'autre.

Nous avons vu comment le capitalisme naissait, mais pour s'agrandir, comment fait-il ? Sur le plan de l'accumulation du capital une fois le capitalisme élancé, que nous dit Karl Marx ?

Il constate déjà un paradoxe apparent. Si en effet il faut mettre de l'argent de côté afin de pouvoir investir plus tard, alors qui consomme ?...

17 fév 2015

Le fermier capitaliste ne suffit pas à donner le véritable élan au capitalisme, il faut l'industriel capitaliste. Il faut davantage de moyens, et ceux-ci ne pouvaient être fournis que par la société passée, aussi faut-il regarder dans la féodalité où est-ce qu'on trouve du capital, c'est-à-dire du travail accumulé.

Karl Marx constate ainsi que :

« Le moyen-âge avait transmis deux espèces de capital, qui poussent sous les régimes d'économie sociale les plus divers, et même qui, avant l'ère moderne, monopolisent à eux seuls le rang de capital. C'est le capital usuraire et le capital commercial...»

16 fév 2015

Nous avons vu quelle a été la base de l'accumulation primitive : le fait que des paysans aient été chassés de leur ancien mode de vie, et ainsi rendus disponibles pour le capital. Mais cela ne suffit pas ; comme Karl Marx le constate :

« Après avoir considéré la création violente d'un prolétariat sans feu ni lieu, la discipline sanguinaire qui le transforme en classe salariée, l'intervention honteuse de l'État, favorisant l'exploitation du travail - et, partant, l'accumulation du capital - du renfort de sa police, nous ne savons pas encore d'où viennent, originairement, les capitalistes. Car il est clair que l'expropriation de la population des campagnes n'engendre directement que de grands propriétaires fonciers. »

Or, les grands propriétaires fonciers sont des féodaux, pas des capitalistes. Cependant, ces propriétaires fonciers vont en Angleterre utiliser d'anciens serfs comme « fermiers » devant gérer les terres, et pour cela employant des travailleurs journaliers. Très vite, il devient indépendant, payant un loyer au propriétaire...

15 fév 2015

La compréhension de la nature du rapport entre les deux contraires accumulation du capital et accumulation des prolétaires – ayant comme contradiction interne le paupérisme – permet de saisir d'où vient l'accumulation du capital.

En effet, pour qu'il y ait capital, il faut des prolétaires, et donc tout doit venir de là. Or, d'où viennent les prolétaires ? Ils viennent des campagnes. Or, s'ils n'y sont pas restés, c'est qu'ils ont été obligés de partir, et d'être dans un statut où ils pouvaient passer sous la coupe du capital...

14 fév 2015

Tous les problèmes auxquels nous avons été confrontés pour comprendre l'accumulation du capital disparaissent quand on a compris la loi générale de l'accumulation capitaliste. Et cette loi, qui permet de comprendre l'identité des contraires accumulation du capital / accumulation du prolétariat, c'est celle du paupérisme.

En fait, nous avons constaté des contradictions... mais il nous en manquait une. Nous avons en effet vu que, d'une certaine manière, on pouvait constater que plus le capital s'accumule, plus il emploie des prolétaires, mais plus il en emploie, plus la part dédiée aux moyens de production devient importante, et moins il y a de prolétaires !

Tout prend un sens si on comprend que les prolétaires ne sont qu'une variable de la production, et que, qui plus est, il existe un formidable accroissement du rendement individuel de chaque prolétaire, au fur et à mesure de l'accumulation du capital...

13 fév 2015

Pour comprendre l'accumulation du capital, il faut se rappeler que le capital est du travail accumulé. Ainsi, si le capital s'accumule, alors les forces de production s'accumulent également - pas seulement le prolétariat, les forces productives aussi.

C'est précisément ce que ne voient pas les idéalistes raisonnant seulement en termes de salaires (et par conséquent Léon Trotsky, dans le Programme de transition, était obligé de prétexter que les forces productives auraient cessé de croître, afin de justifier sa propre position)...

12 fév 2015

Comment le capitalisme a-t-il commencé ? C'est là une question essentielle, qui détermine également comment il fait pour grandir, pour s'élargir, pour s'approfondir, pour s'intensifier ou, plus précisément sans doute, pour se dilater.

Cette question, c'est celle de l'accumulation du capital. Le problème évident étant ici que si on peut comprendre que le capital s'accumule une fois qu'il est lancé, comment a-t-il fait justement pour se lancer ? Comment quelque chose de non capitaliste a-t-il pu donner naissance au capital ?

Et si c'est le cas, pourquoi ne pas penser, comme le fit Rosa Luxembourg dans son ouvrage L'accumulation du capital, que le capital a besoin pour grandir de zones non capitalistes à intégrer ?...

12 mai 2013

Le principal problème du Parti Communiste français dans les années 1930 et 1950 a été son incapacité à correctement évaluer les Lumières françaises. Elles ont été considérées comme pavant unilatéralement la voie au socialisme scientifique, en raison de leur matérialisme.

C’est là un point de vue erroné, doublement erroné. Tout d’abord, parce que ce matérialisme n’est pas dialectique. Ensuite, parce que ce matérialisme pris comme seulement « français » nie l’influence du matérialisme anglais, le premier vrai matérialisme bourgeois.

14 mar 1908

Il y eut cinquante ans, le 14 mars 1908, que mourut Karl Marx, et il y a déjà un siècle que parut le Manifeste Communiste où sa doctrine fut exposée, dans ses grandes lignes, pour la première fois.

Ce sont là des époques déjà bien lointaines pour nous qui sommes d’un temps où la vie est si trépidante et où les conceptions scientifiques et esthétiques changent plus souvent que la mode. Cependant Karl Marx vit encore d’une vie intense parmi nous. Il domine plus que jamais la pensée contemporaine, malgré toutes les crises de marxisme et malgré toutes les objections et les réfutations des représentants officiels de la science bourgeoise...

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