1 juil 2014

Le président uruguayen Mujica, du réformisme des Tupamaros au réformisme ultra-populiste

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Le joueur de football uruguayen Luis Suarez a été exclu du tournoi de la coupe du monde de football pour avoir mordu un autre joueur, un fait dont il a déjà été coutumier. Cela a été prétexte à une série d'expressions populistes de la part du président uruguayen, José Mujica.

Ce dernier a ouvertement nié l'attaque de Suarez, racontant dans une expression virile que « Moi, je ne l’ai vu mordre personne, mais ils se donnent des coups de pied et des coups très forts. Et ils les encaissent. »

Recevant les joueurs à l'aéroport, il a attaqué les responsables de la FIFA, la fédération internationale de football, en les traitant « de bande de vieux fils de putes », avant de se mettre la main sur la bouche, puis de sourire, se présentant ainsi comme un rebelle.

Dans la lancée, José Mujica a d'ailleurs expliqué à leur sujet que « Ils pouvaient sanctionner mais pas infliger des sanctions fascistes. »

On a là un populisme outrancier, car parler de « fascisme » pour parler de l'exclusion d'un joueur pour en avoir mordu un autre, c'est tout simplement totalement décalé, et aberrant alors qu'en plus José Mujica a fait de la prison dans des conditions terribles...

José Mujica est en effet issu des Tupamaros, une guérilla urbaine très connue des années 1970. Voici comment Jean-Luc Mélenchon raconte les conditions de détention de José Mujica :

« Il y a cinq ans déjà, j’avais été si heureux de rencontrer Lucia et Pepe. Et de le voir lui et de l’entendre. Vous allez voir pourquoi. Pepe Mujica est un ancien Tupamaro. De choc. J’ai raconté ça il y a cinq ans et cela doit se retrouver dans mon blog. Pepe a encore trois balles dans le corps sur les dix qu’il a pris.

Les militaires l’ont attrapé et mis en prison quatorze ans. En prison c’est une façon de dire. Lui et neuf autres camarades ont été considérés comme des otages à fusiller en cas de représailles. Et maintenant voici le plus dur à entendre. Les militaires ont mis Pepe et les autres chacun dans un puits.

Donc ils avaient de l’eau aux genoux, et même au-delà, la moitié du temps chaque fois que le niveau du fleuve, vers la mer, montait. C’est-à-dire la moitié du temps. Pepe a passé la moitié du temps de prison dans l’eau. Au secret, sans visite, sans livre, sans rien jamais à part le puits ou la cellule. Dans ces conditions trois camarades sont devenus fous. Je suppose que Pepe a trouvé le truc pour survivre dans sa tête. Et il ne faut s’étonner de le voir si maître de lui-même et de ses relations aux autres et si avides de petits plaisirs qui sont d’autant plus vifs qu’ils sont simples. »

Comme on le voit, José Mujica a été un combattant révolutionnaire, mais dans l'esprit du guévarisme, et les Tupamaros dont il a fait partie ont été en pratique un mouvement populiste de gauche, un allié objectif et même subjectif du social-impérialisme soviétique.

Les Tupamaros ont eu du prestige en tant que combattants armés antifascistes, pratiquant la lutte armée dans les villes, et à ce titre ils ont marqué d'autres mouvements, notamment en Allemagne où se sont fondés les « Tupamaros Berlin-Ouest » et où la Fraction Armée Rouge se revendique de l'initiative tactique des Tupamaros pour justifier la réalité pratique possible de sa propre guérilla urbaine.

Après la chute du social-impérialisme russe, les Tupamaros ont fait comme la RAF et ont basculé dans le réformisme ouvert et assumé, devenant même le modèle des membres emprisonnés de la RAF. Ensuite, José Mujica a réussi à devenir président de la république, contribuant à réimpulser le capitalisme bureaucratique dans son pays ; logiquement il est proche de Hugo Chàvez, de Jean-Luc Mélenchon, etc., de toute cette « gauche » tournée vers des puissances impérialistes elles-mêmes opposées à l'impérialisme américain (comme la Chine ou la Russie).

José Mujica est donc lui-même devenu un fasciste, une expression du capitalisme bureaucratique. Ses postures par rapport à l'affaire Suarez sont outrancières de nationalisme, de démagogie fasciste typique des pays semi-coloniaux semi-féodaux.

Sa démarche anti-populaire suinte également lorsqu'il a « justifié » le mondial de la FIFA malgré la misère au Brésil et la répression :

« Les manifestations contre le Mondial ne représentent pas grand-chose par rapport à ce que le Brésil est vraiment. Il suffit d'une nuit au carnaval de Rio pour comprendre ce que peuvent être les phénomènes de masse brésiliens. »

Cette position est à mettre en parallèle avec toute la démagogie de José Mujica, qui reverse l'écrasante partie de son salaire de président à des organisations caritatives ou encore a inscrit en 2012 la résidence présidentielle sur la liste des refuges pour les sans-abris suite à une vague de froid.

On est là dans le refus de la politique rationnelle au profit de la posture typique au fascisme, en particulier dans le cadre latino-américain, avec le mélange de panache et de catholicisme social extrême. C'est le coup du président « rebelle » à ses propres institutions, proches du peuple, mais toujours agissant pour lui et évitant soigneusement de toucher au capitalisme bureaucratique et au féodalisme.

José Mujica est ainsi « pauvre » mais sa femme dispose de moyens pour lui et lui-même est une figure du capitalisme bureaucratique, sa pauvreté n'est qu'une mise en scène pour s'imposer comme « figure » sociale devant les masses. C'est typique, et sa défense irrationnelle, populiste, de Luis Suarez, est tout aussi typique.

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L'exclusion de Luis Suarez de la coupe du monde de football a été le prétexte d'une série d'expressions populistes par le président uruguayen, José Mujica...