26 sep 2015

À propos de la tribune «Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Nous avions constaté que la confusion entre migrants et réfugiés était un problème très grave, qui servait les intérêts de l'impérialisme et de l’Église catholique. En voici un exemple nouveau, élargissant la confusion aux précaires.

Libération, qui est au premier rang avec le quotidien Le Monde dans le soutien post-moderne aux migrants, a publié en effet hier une tribune d'un « Collectif des Associations Unies », regroupant plus de trente associations.

Le titre se veut extrêmement clair : « Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires » et c'est justement là qu'est le piège. Les « associations unies » ne sont pas là pour une solidarité au sens de quelque chose d'universel, relevant de la civilisation.

Elles agissent selon une démarche très précise, avec une base idéologique et une culturelle parfaitement délimitée. Leur démarche vise à renforcer l'idée réactionnaire de « charité » catholique, ainsi qu'à renforcer l'importance des structures corporatistes.

Il s'agit là d'une visée hautement réactionnaire, qui vise à nier la lutte des classes, à présenter l'appauvrissement comme une « exception », un hasard, quelque chose d'évitable, alors qu'en réalité le mode de production capitaliste implique le chaos social et l'appauvrissement généralisé des masses.

On peut d'ailleurs constater aisément que la moitié des associations sont des organismes générées des religions, principalement de l’Église catholique.

Voici leur liste, en intégrant également les structures historiquement liées aux religions, même si elles se prétendent aujourd'hui autonomes.

Association des Cités du Secours Catholique - ATD Quart-Monde - Aurore - Centre d’action sociale protestant (CASP) - Croix-Rouge française - Emmaüs France - Emmaüs Solidarité - Enfants de Don Quichotte - Fédération de l’Entraide Protestante - Fédération Française des Equipes Saint-Vincent - Fondation Abbé Pierre - Fondation de l’Armée du Salut - Habitat et Humanisme - Les petits frères des Pauvres - Secours Catholique

Les structures liées aux religions sont naturellement bien plus que des « associations » ; leur poids est très important, le soutien qui leur est apportée de la part des religions très efficace, avec un gain en termes de prestige en retour, etc.

Maintenant, regardons les associations qui sont para-étatiques, c'est-à-dire qui sont extrêmement proches de l’État, travaillant main dans la main avec différentes institutions, en symbiose pratiquement. Leur nom est tout à fait révélateur, car elles se présentent sous la forme de « fédération » ou bien d'une « union nationale » :

Fédération des Associations et des Acteurs pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL) - Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS) - Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT-Gens du voyage) - Union Nationale des Amis et des Familles de Malades Psychiques (UNAFAM) - Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO) - Union Nationale des Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNCLLAJ) - Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes (UNHAJ) - Union Nationale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux (UNIOPSS)

On a ici une démarche parfaitement corporatiste, puisqu'il s'agit de regroupement para-étatiques participant aux institutions.

Voici une liste d'autres structures qui sont du même type, se présentant comme représentants des « usagers » et faisant pression sur les institutions. Le schéma corporatiste est exactement le même, mais cette fois sans la même reconnaissance que pour les structures précèdentes.

Advocacy France - Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs - Collectif Jeudi noir - Collectif Les Morts de la Rue - Comité des Sans Logis - SoliHa – Solidaires pour l’habitat

Enfin, il existe trois associations tout à fait reconnues par les institutions, et intervenant par en haut sur une « grande cause », tout en s'adressant absolument et uniquement aux institutions.

France Terre d’Asile - Ligue des Droits de l’Homme - Médecins du Monde

Un tel appel de ce collectif des « associations unies » témoigne du poids énorme des associations para-étatiques, qui renforcent l’État en insufflant le corporatisme, la « charité » catholique, en soutenant le régime en tentant de pallier à ses carences.

L'arrière-plan est absolument contre-révolutionnaire ; il y a là un encadrement réactionnaire des masses qui est évident et qui doit être rejeté, au nom de l'universalisme de la cause sociale : la bataille révolutionnaire pour le socialisme.

Voici le texte de la tribune, pour archives.

TRIBUNE

Réfugiés, migrants, sans-abri : refuser la concurrence entre les précaires

On entend qu'avant d’aider ceux qui arrivent, il faut d’abord aider ceux qui sont déjà là, voire ceux qui sont nés ici. Ce positionnement est dangereux et contraire à la dignité humaine et aux droits fondamentaux.

Depuis que le gouvernement français s’est engagé à accueillir 30 700 migrants Syriens, Irakiens et Erythréens menacés par la guerre et la dictature d’ici 2017, nous voyons monter une polémique nationale sur une prétendue concurrence entre les précaires dans leur accès au logement et à l’hébergement.

L’élan de solidarité porté par les citoyens, élus et associations face au drame vécu par ceux qui fuient les combats et l’extrême pauvreté était d’une urgente nécessité. Il faudra sans doute l’amplifier dans les semaines à venir, pour proposer des conditions d’accueil et d’intégration à la hauteur des flux de populations et des espoirs des migrants qui sollicitent la protection de l’Europe.

Une pénurie dramatique d’hébergements

Cet accueil intervient dans un contexte de pénurie dramatique d’hébergements et de logements accessibles aux plus pauvres, faute d’un développement suffisant de réponses nouvelles que nous appelons pourtant de nos vœux depuis plusieurs années. La situation reste dramatique sur de nombreux territoires à l’approche de l’hiver.

Plus de 140 000 personnes n’ont pas de domicile fixe. Seulement une personne sur deux obtient un hébergement via un «115» structurellement débordé. Et seulement un tiers des demandeurs d’asile sont accueillis et accompagnés en centres spécialisés, les CADA, comme le prévoit pourtant la loi. Parallèlement, le développement de l’offre de logements abordables est à la traîne que ce soit dans le parc social ou privé, alimentant ainsi la liste de demandeurs de logements sociaux tout en réduisant les perspectives de sortie de l’hébergement vers des solutions durables.

Les inquiétudes qu’expriment les travailleurs sociaux, les bénévoles, parfois les personnes en situation de précarité elles-mêmes, face aux risques de concurrence entre «pauvres» sont donc compréhensibles. Mais nous entendons ici et là qu’avant d’aider ceux qui arrivent, il faut d’abord aider ceux qui sont déjà là, voire ceux qui sont nés ici. Ce positionnement est dangereux et contraire à la dignité humaine et aux droits fondamentaux. Notre pays, 6e puissance économique mondiale, peut – et doit – tendre la main à toutes les personnes à la rue, quelle que soit leur situation administrative.

L’accueil inconditionnel des personnes en situation de détresse, inscrit dans les textes de notre République, interdit le tri des personnes en fonction de leur statut ou de leur nationalité. Ce principe intangible guide depuis des décennies l’action des associations de lutte contre l’exclusion. Le remettre en cause serait une grave menace à notre pacte social, une entorse aux valeurs républicaines de solidarité et de fraternité.

C’est surtout au manque de moyens que sont confrontées les associations pour garantir cet accueil et donner à tous des perspectives de relogement, d’insertion voire d’intégration. L’annonce par le Premier ministre, devant le Parlement le 16 septembre, d’une enveloppe financière supplémentaire dédiée tant à l’accueil de réfugiés qu’à l’hébergement d’urgence de tous les sans-abri est un signe positif.

Il importe cependant que les réponses soient à la hauteur des besoins, et qu’un vaste plan d’ensemble soit anticipé, de manière à éviter l’ouverture de structures sous la pression de l’actualité sans réelle prise en compte de l’ensemble des besoins dans la durée.

Rendre durable l'élan de solidarité

Prolongeons la prise de conscience et l’élan de solidarité qui traverse aujourd’hui la société française pour agir sur tous les maillons de la chaîne et lancer un grand programme de création de dizaines de milliers de places d’hébergement pérennes et de CADA, de mobilisation significative du parc social et privé vacant en faveur des plus précaires et de relance de la production de logements sociaux aujourd’hui en berne.

Si l’Etat se donne cette ambition, l’hébergement d’urgence sera recentré sur son rôle premier : répondre à l’urgence ! Nous serons ainsi en capacité de tendre la main aux migrants qui arrivent en France, mais aussi à tous ceux qui doivent, dans l’urgence, trouver une solution le temps d’accéder à un logement adapté à leur situation.

Trop de personnes sans domicile sont bloquées des mois, voire des années dans des parcours d’errance destructeurs. Elles alternent vie à la rue et hébergement d’urgence, alors qu’elles peuvent théoriquement accéder à un logement privé ou social, à un CADA ou à un hébergement stable. Comment se reconstruire et s’insérer lorsque l’on dort dans un gymnase, dans un centre précaire, que l’on est remis à la rue tous les matins, ballotté d’hôtel en hôtel, loin de tout et sans accompagnement ? Comment se reconstruire et s’insérer lorsque passée la compassion hivernale, on doit retourner vivre sur le trottoir ?

Aujourd’hui, toutes les propositions faites par les citoyens, associations, et les solutions dégagées par les pouvoirs publics prouvent que «quand on veut, on peut». Alors, plus que jamais, rendons durable cet élan de solidarité pour combattre toutes les formes de pauvreté, d’ici et d’ailleurs.

Les 33 organisations du Collectif des Associations Unies :

Advocacy France
Association des Cités du Secours Catholique

Association Nationale des Compagnons Bâtisseurs
ATD Quart-Monde

Aurore
Centre d’action sociale protestant (CASP)
Collectif Jeudi noir
Collectif Les Morts de la Rue
Comité des Sans Logis
Croix-Rouge française
Emmaüs France
Emmaüs Solidarité
Enfants de Don Quichotte
Fédération d’aide à la santé mentale Croix marine
Fédération des Associations et des Acteurs pour la Promotion et l’Insertion par le Logement (FAPIL)
Fédération de l’Entraide Protestante
Fédération Française des Equipes Saint-Vincent
Fédération Nationale des Associations d’Accueil et de Réinsertion Sociale (FNARS)
Fédération Nationale des Associations Solidaires d’Action avec les Tsiganes et les Gens du voyage (FNASAT-Gens du voyage)
Fondation Abbé Pierre
Fondation de l’Armée du Salut
France Terre d’Asile
Habitat et Humanisme
Les petits frères des Pauvres
Ligue des Droits de l’Homme
Médecins du Monde
Secours Catholique
SoliHa – Solidaires pour l’habitat
Union Nationale des Amis et des Familles de Malades Psychiques (UNAFAM)
Union professionnelle du logement accompagné (UNAFO)
Union Nationale des Comités Locaux pour le Logement Autonome des Jeunes (UNCLLAJ)

Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes (UNHAJ)
Union Nationale Interfédérale des Œuvres et Organismes Privés Sanitaires et Sociaux (UNIOPSS)
Le Collectif des Associations Unies

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