Le rôle de l’argent selon Marx : les billets de banque et le cadre national

La question des billets de banque et de pièces, c’est-à-dire de l’argent, est difficile, parce que les choses ont changé depuis Marx, non pas en substance bien entendu, mais dans leur forme.

Deux phénomènes se sont produits : d’abord, l’abandon de l’étalon-or pour l’argent, et ensuite l’apparition d’une monnaie commune à plusieurs États, avec l’euro.

C’est donc différent d’à l’époque de Marx, mais naturellement la tendance avait déjà été analysée.

Il faut donc saisir ce qu’explique Marx, et comprendre comment en apparence cela a changé, et en apparence seulement.

L’idée de base, qui n’est pas difficile à comprendre, est que l’argent n’est pas statique. Sans doute que si Molière critique l’avare, c’est parce que lui-même représente l’esprit bourgeois entreprenant, qui exige la circulation.

L’argent est, en effet, utilisé par les échanges, il « circule ». Il passe de main en main, un tel achète, un autre vend, etc., un autre encore investit, ce qui revient d’ailleurs à acheter, etc.

De plus, le tout ne se passe pas au même moment. L’un achète pendant que l’autre vend, l’un met de côté pendant que l’autre investit, etc. C’est le chaos de la circulation capitaliste, comme nous le verrons.

Il faut donc des billets de disponibles, d’une certaine quantité… Mais aussi d’une certaine valeur. Les billets de monopoly ne permettent pas d’acheter un écran d’ordinateur, mais les euros si : c’est que l’État est reconnu socialement, pas le monopoly, ou plus exactement, il est connu que les billets réels ont une valeur réelle, ce n’est pas que du papier, alors que les billets de monopoly, si.

C’est un premier point, qui en appelle un second.

Pour ce qui concerne la quantité de billets qui circule, cela ne dépend par contre pas seulement du nombre d’échanges, cela dépend aussi de leur vitesse.

Si ces échanges sont très nombreux, alors l’argent change très souvent de main, donc il n’y a pas besoin d’en avoir beaucoup de disponible. Si par contre les échanges sont lents, alors il faut de nombreux billets.

Et tout cela alors que leur valeur doit être significative aussi, équivalente à une certaine quantité de travail : l’argent incarne en effet du travail social, et pour qu’on l’accepte comme ayant de la valeur, elle doit représenter une valeur réellement existante.

Ici, la situation présente a changé depuis Marx. Aujourd’hui un billet représente de la valeur, mais en théorie seulement ; de par le passé, il représentait de l’or qui était à la banque de l’État produisant le billet en question.

Le rapport de l’or à la monnaie dépend alors de la vitesse des échanges… Karl Marx constate ainsi, dans Le Capital :

« La masse d’argent qui, par exemple, est jetée dans la circulation à un moment donné est naturellement déterminée par le prix total des marchandises vendues à côté les unes des autres.

Mais, dans le courant même de la circulation, chaque pièce de monnaie est rendue, pour ainsi dire, responsable de sa voisine.

Si l’une active la rapidité de sa course, l’autre la ralentit, ou bien est rejetée complètement de la sphère de la circulation, attendu que celle-ci ne peut absorber qu’une masse d’or qui, multipliée par le nombre moyen de ses tours, est égale à la somme des prix à réaliser.

Si les tours de la monnaie augmentent, sa masse diminue ; si ses tours diminuent, sa masse augmente. La vitesse moyenne de la monnaie étant donnée, la masse qui peut fonctionner comme instrument de la circulation se trouve déterminée également. »

On voit l’importance de l’argent, qui permet de vendre des marchandises, de payer des ouvriers pour en produire de nouvelles, de vendre celles-ci, etc. Si la machine se grippe, alors la production est perturbée : ce sont des crises dites monétaires, en réalité industrielles ou commerciales.

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