20 aoû 2015

Le Secours Populaire, une agence para-étatique qui fête ses 70 ans

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Le Secours Populaire français est à son apogée : c'est ainsi qu'il faut comprendre son pseudo 70e anniversaire fêté hier en grande pompe, avec un grand soutien médiatique, avec comme marraine Valérie Trierweiler, l'ancienne femme du président de la République.

Car le Secours Populaire français est une anomalie historique, qui n'existe que parce qu'il a existé en France un puissant Parti Communiste. Ce dernier n'existant plus, le Secours Populaire français ne pourra plus exister non plus.

Le 70e anniversaire fêté hier a d'ailleurs été une opération de lessivage complet. L'historique officiel ne mentionne jamais le Parti Communiste, alors que le Secours Populaire français est organisé en 1945 par la fusion du Secours Populaire français de France et des colonies et de l'Association nationale des victimes du nazisme.

C'était un front organisé par le Parti Communiste, dans l'esprit de la démocratie populaire. Le Secours Populaire français était un organisme généré, sur la base du Secours Rouge fondé en France en 1923.

Il s'agissait d'organiser l'entraide populaire, dans le sens de l'unité des masses, et non pas d'aider les « pauvres » en leur montrant les puissants, comme hier où les « oubliés des vacances » ont été fêté notamment par une visite à l'Elysée.

Les 98 fédérations départementales et professionnelles et les 600 comités du Secours Populaire français, avec 80 000 bénévoles, ses 1 256 permanences d’accueil, sont devenus des organismes para-étatiques, ayant la fonction institutionnelle d'organiser la pauvreté, mais pas dans le sens de la révolution, dans celui de la soumission, de l'acceptation.

C'est tellement vrai que c'est l'ex-communiste (et responsable des Jeunesses Communistes en 1946-1950) devenu révisionniste Julien Lauprêtre qui dirige le Secours Populaire français depuis… 1955. Voici comment ce renégat à la solde de la contre-révolution explique son point de vue au quotidien révisionniste L'Humanité :

« D'où venaient les incompréhensions ?

Julien Lauprêtre. Je me suis heurté à la conception de la solidarité qu'avait le PCF à l'époque. À chaque événement dramatique, le PCF créait ponctuellement des comités de soutien alors que le Secours Populaire français était le support évident de ces démarches.

Dans les années soixante, je me souviens être allé devant le secrétariat du Parti pour y clamer : " Il n'y aura jamais un grand Secours Populaire français en France si nous continuons à agir ainsi. " Il y a eu un changement au moment de la catastrophe du barrage de Fréjus.

Ce jour-là, j'ai décidé de foncer, j'ai réquisitionné la salle des fêtes de Saint-Raphaël. Marcel Paul, dirigeant du PCF, m'a alors téléphoné pour me dire qu'il avait une bonne nouvelle pour moi : il avait décidé de mettre en valeur le travail du Secours dans l'éditorial de l'Humanité du lendemain.

Ça a été un tournant majeur pour nous. Mais il a fallu des années et des années pour persuader les dirigeants du PCF que je ne pouvais plus, par exemple, signer systématiquement tous les textes du Parti. Le dernier acte de ce genre que j'ai cautionné, et je pense aujourd'hui que c'était une bêtise, date de 1958, quand j'ai accepté de signer un appel à dire non au référendum de De Gaulle.

À l'époque, mes camarades m'ont dit : tu peux signer parce que, demain, s'il y a le fascisme, ton Secours, il ne servira plus à grand-chose. J'estime que c'est ma dernière connerie fondamentale. Depuis, j'ai tenu fermement la ligne de la solidarité. »

Le fait de ne même pas assumer la lutte contre la 5e république instaurée par un coup d’État en dit long sur le point de vue de Julien Lauprêtre, par ailleurs commandeur de la légion d'honneur et officier des arts et des lettres.

Plus d'une centaine d'entreprises participe à l'approvisionnement du Secours Populaire français, car comme l'explique ce dernier sur son site, « Le rapprochement entre les associations et les entreprises est issu de la rencontre d’intérêts mutuels ». Parmi les partenaires, en plus de nombreux ministères et institutions publiques, on a Natixis, Pepsico France, Société Générale, JCDecaux, la Fondation Carrefour, la Fondation Total, ou encore les symboliquement très anti-populaires Fondation d’entreprise Française des Jeux et Fondation Brasseries Kronenbourg !

D'une certaine manière, le Secours Populaire français n'est plus que la version laïque du Secours catholique. C'est pour cela qu'hier, 70 000 enfants ont été amenés à Paris : il s'agit de jouer sur les sentiments, les émotions, pour parer à toute critique.

C'est le même chantage que les restos du coeur, avec les fameuses paroles contre-révolutionnaires :

Moi, je file un rancard A ceux qui n'ont plus rien Sans idéologie, discours ou baratin On vous promettra pas Les toujours du grand soir Mais juste pour l'hiver A manger et à boire (…) Si nous pensons à vous, c'est en fait égoïste Demain, nos noms, peut-être grossiront la liste (…) Quand je pense à toi, je pense à moi »

Le Secours Populaire français a possédé une ligne de masses, en abusant historiquement du Parti Communiste. Devenu un outil au service de l’État, il s'effondrera inéluctablement, d'abord sur le plan de la culture, puis de l'organisation.

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