19 mai 2016

Le sens des rassemblements policiers contre la "haine anti flics" et des contre-manifestations d'ultra-gauche

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le capitalisme lessive tout, uniformise tout et il est tout de même étonnant de voir que, ces quinze dernières années, il a même fait en sorte de lessiver les forces de police. L'affaire Michel Neyret, du nom du numéro deux de la police judiciaire de Lyon passant en ce moment en procès pour avoir « croqué », ne doit en effet rien au hasard.

La police comme tradition, comme courant de pensée, n'existe plus ; la police est désormais un organe de répression peuplé non plus de volontaires choisissant une appartenance idéologique et culturelle, mais d'individus tentant une carrière comme une autre.

Voilà le sens des rassemblements corporatistes de policiers dans une soixantaine de villes, dont Paris sur la place de la République, afin de protester contre la « haine anti-flics ».

Jamais les policiers des décennies précédentes n'auraient eu une telle idée saugrenue ; ils auraient matraqué davantage, soutenu de manière agressive l'extrême-droite, mais jamais ils n'auraient protesté de manière corporatiste.

C'est que les policiers savaient très bien qu'ils étaient un corps étranger à la société ; ils étaient en cela d'accord avec les révolutionnaires, sauf qu'ils trouvaient cela très bien.

Les policiers – tout comme les sapeurs-pompiers, les gendarmes, chez qui c'est encore plus fort – prennent en effet historiquement le peuple de haut, le considérant comme « infantile », eux seuls véhiculant l'ordre public, les valeurs d'autorité correctes, etc.

Cela tient à la nature de la police qui, plus que l'ordre public, a comme fonction de maintenir l'ordre bourgeois.

Avec la crise générale du capitalisme, tout cet édifice s'effondre et les policiers deviennent, en quelque sorte, des employés ayant leurs exigences, leurs attentes, un regard critique sur la réalité, etc.

Tout policier sait par exemple que les deals de drogues ne sont en France pas réellement inquiétés ; cette contradiction entre leur rôle officiel et la réalité saute aux yeux. Les situations de ce type étant tout à fait nombreuses, les malaises sont très grands chez les policiers.

Ceux-ci tendent, de par le poids idéologique de la réaction, à l'extrême-droite, mais une minorité en tire un point de vue républicain social tout à fait antifasciste.

Pour cette raison, il est idiot de mener campagne contre les « violences policières », de protester devant des commissariats et autres activités petites-bourgeoises en quête d'une police neutre.

C'est le peuple qu'il faut mobiliser et la police n'est une ennemie que quand elle lui barre la route. La thèse petite-bourgeoise, base de l'anarchisme, d'une indépendance de la police par rapport au capitalisme, est ridicule.

Le slogan petit-bourgeois du moment, « Tout le monde déteste la police », est d'ailleurs le slogan le plus décalé que l'on puisse faire historiquement, puisque jamais la police n'a eu une aussi bonne image à la suite des attentats terroristes à Paris (les sondages, avec leurs limites, donnent une « bonne image » à 82 %).

En réalité, il est parlé ici des policiers, d'ailleurs, en tant qu'humains se plaçant dans un esprit de protection. C'est pratiquement un besoin de communisme qui s'exprime dans la volonté d'être protégé collectivement, de refuser les terroristes, les actions violentes criminelles, les barbaries, etc.

Tout le monde aimerait, en réalité, disposer d'une police au service réel du peuple. Cela ne sera cependant possible que dans une démocratie populaire.

Car, au-dessus des policiers, il y a la hiérarchie, l'administration centrale, qui est, elle, ouvertement réactionnaire et dont les responsables syndicaux policiers sont une émanation très claire.

C'est cette hiérarchie qui a été soutenue hier par l'action totalement absurde de briser une vitre d'une voiture de police pour y jeter un engin incendiaire, alors que des policiers étaient dedans.

C'est d'un nihilisme complet, une fuite en avant anti-historique, typique de l'anarchisme comme réformisme radical, du spontanéisme d'ultra-gauche.

Les policiers sont des ennemis quand ils se positionnent face à la révolution socialiste, pas « en soi » car les policiers ne sont qu'un outil de l'ennemi de classe.

Citons ici la Fraction Armée Rouge, dans son document classique Sur la conception de la guérilla urbaine (1972) :

« Le 14 mai, comme à Francfort où deux d'entre nous se sont barrés parce qu'ils devaient être arrêtés, parce que nous ne laissons pas arrêter facilement, - les flics ont tiré en premier. Les flics ont à chaque fois visé leurs tirs. Nous n'avons en partie pas du tout tiré - et si nous avons tiré c'est sans viser : à Berlin, Nuremberg, Francfort.

C'est prouvable, parce que c'est vrai. Nous ne faisons pas « utilisation de nos armes sans ménagements ». Le flic, qui se trouve dans la contradiction entre son statut de « petit homme » et celui d'esclave du capitaliste, entre le fait de recevoir un petit salaire et celui de fonctionnaire du capitalisme monopoliste, ne se trouve pas en situation de détresse sur le plan des ordres.

Nous tirons si l'on tire sur nous. Les flics qui nous laissent courir, nous les laissons aussi courir. »

La RAF était authentiquement révolutionnaire et sa position était tout à fait juste. D'ailleurs, on peut voir la vidéo de l'attaque de la voiture de police. Le policier qui sort fait face à un assaillant lui lançant des coups de bâton et – chose classiquement républicaine – il ne sort pas son pistolet, il ne tire pas.

Si les policiers étaient des nazis, des terroristes, des SS, il y aurait eu des morts ; cela n'a pas été le cas, preuve que le cinéma anti-policier n'est qu'une pseudo-radicalité petite-bourgeoise visant à éviter d'attaquer la bourgeoisie pour trouver, de manière hystérique, d'autres coupables.

L'anarchisme, ainsi que toutes ses variantes (comme le « maoïsme » spontanéiste), doit être catégoriquement réfuté, comme ligne d'ultra-gauche servant la réaction, avec par exemple Marion Maréchal Le Pen, présente place de la République pour happer le plus possible de gens pour son projet fasciste.

L'ultra-gauche sert la montée du fascisme avec son discours pseudo-rebelle qui nie les classe sociales, qui contourne le peuple en se focalisant sur des aspects secondaires. Son essence est anti-populaire, comme on peut voir ce qu'a fait l'ultra-gauche d'ailleurs symboliquement. Afin de satisfaire son imaginaire pseudo-rebelle, elle a repeint la fameuse fresque « Fluctuat Nec Mergitur » (devise de Paris : Il est battu par les flots mais ne sombre pas) peinte par un collectif de graffeurs le long du canal Saint-Martin depuis les attentats du 13 novembre ! Cela rappelle quand ces mêmes forces avaient utilisé les bougies pour les projeter contre la police lors d'une manifestation « contre l'état d'urgence », 15 jours à peine après les attentats.

Tout comme dans les propos de Frédéric Lordon, un responsable de « Nuit Debout », qui parlait de « purifier la Place de la République des passions tristes » qu'auraient été les mobilisations des masses à la suite des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hypercacher et du 13 Novembre, il apparaît clairement que l'ultra-gauche et la petite-bourgeoisie radicalisée a pour rôle d'empêcher l'unité populaire. Lorsque celle-ci est appelée à s'exprimer, même si imparfaitement comme dans le cas de « l'esprit Charlie », elle fait tout son possible pour la briser, lorsqu'elle est en phase de maturation, elle fait tout pour l'empêcher en la déviant vers d'autres cibles que la bourgeoisie (les « flics », la « finance », etc.).

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