symbolisme

20 juin 2016

L'approche de Luigi Pirandello en littérature, dans le roman et le théâtre, trouve son plus proche parent dans le futurisme, un mouvement artistique fondé et dirigé de manière despotique par Filippo Tommaso Marinetti (1876-1944).

Ce dernier puise directement dans le symbolisme-décadentisme, mais de par les particularités italiennes, cela se transforme non pas en élitisme de la mise à l'écart esthétisante des artistes, mais par l'appel à la prise de contrôle des destinées artistiques du pays...

6 aoû 2015

Le romantisme allemand puisant dans une riche culture médiéval, avec toute une imagerie où un homme et une femme s'avèrent fait l'un pour l'autre, le destin les liant immanquablement. Lorsque Goethe parle des « affinités électives », où des personnes s'avèrent avoir des « atomes crochus », il s'appuie sur ces traditions idéalistes du Moyen-Âge, même si en même temps bien sûr il s'agit d'un moyen également pour la bourgeoisie d'affirmer la reconnaissance des sens individuels contre la féodalité.

Le romantisme n'a rien du tout de tout de cela, à part chez Nerval qui était germanophone, et encore arrive-t-il tardivement pour le romantisme. Aussi, ce qui se produisit est l'irruption d'un symbolisme ouvertement mystique et attribuant à l'amour un rapport à l'idéal qui serait dans les cieux. Ici, l'amour est plus proche de l'esprit de la chevalerie que de l'aventure romantique allemande et d'ailleurs la femme est une figure toujours absente, résumée soit à une vierge immaculée soit à une prostituée...

5 aoû 2015

André Breton est celui qui va organiser la rupture avec le dadaïsme, dadaïsme trop coupé de la tradition française symboliste-décadentiste assumée entièrement par André Breton, qui n'aura de cesse de se réfèrer aux symbolistes, considérés comme des précurseurs. Cela est tellement vrai que si les surréalistes se revendiquent ouvertement du marquis de Sade, ils le font uniquement en saluant sa rupture avec ce qui est raisonnable, sans pour autant en rien le suivre sur le terrain de l'ignoble, de la nécrophilie, etc.

Tout tourne autour du symbolisme; le surréalisme se veut un symbolisme « pur », débarrassé de son « idéalisme » et en fait, si on le comprend bien, alors on voit que le surréalisme se présente dans ce qui manquait au romantisme français par rapport au romantisme allemand...

4 aoû 2015

Ayant maille à partir avec la police suisse soupçonneuse vis-à-vis des étrangers, Tristan Tzara s'installe à Paris en 1920, rejoignant le peintre Francis Picabia (1879-1953) qui lui avait rendu visite à Zurich ainsi que soutenu.

Il est alors l'invité « surprise » d'une matinée organisée par la revue « Littérature » publiée par André Breton, Louis Aragon et Philippe Soupault. Très vite il y a une matinée Dada, où la présence de Charlie Chaplin (censé avoir adhéré au mouvement) est faussement annoncé, et où les manifestes dada sont accueillis à coups de cris et de jets divers d'un public finissant par être évacué...

1 aoû 2015

Les deux grandes jeunes figures s'agitant dans la scène artistique au début du XXe siècle sont Tristan Tzara et André Breton ; Tristan Tzara a initialement joué le rôle moteur.

Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock (1896-1963), est un juif roumain, issu de la haute bourgeoisie et massivement influencé par le symbolisme français ainsi que par Guillaume Apollinaire...

31 juil 2015

L'intervention « poétique » de Stéphane Mallarmé et de Guillaume Apollinaire eut un franc succès dans la nouvelle génération d'artistes parisiens suivant immédiatement celle ayant porté le décadentisme-symbolisme. Une « poétique » apparaît, simplement subjectiviste, sans prétention idéaliste comme dans le décadentisme-symbolisme : la bourgeoisie décadente ne fait plus semblant d'avoir des valeurs idéales qu'elle porterait ou chercherait à atteindre. C'est le règne du libéralisme, c'est le culte de l'individu. 

Guillaume Apollinaire tenta même de réaliser une pièce de théâtre « moderne » ; intitulé Les Mamelles de Tirésias, elle fut présentée comme un « drame surréaliste » à l'initiative du poète Pierre Albert-Birot, qui privilégiait cela à « drame surnaturaliste »...

29 juil 2015

Le décadentisme-symbolisme consistait en une construction idéologique sur une base sociale très précise : celle de la belle époque. Mais cette base capitaliste passait à l'impérialisme, débouchant sur la terrible, sanglante première guerre mondiale.

Il va de soi que l'attitude des décadentistes-symbolistes devait évoluer. La quête d'idéal, correspondant au rêve de tranquillité de la bourgeoisie s'imaginant pouvoir vivre éternellement dans le confort, devait nécessairement disparaître...

29 juil 2015

La peinture symboliste est surtout affligeante; elle reflète surtout un état d'esprit belle époque et haute bourgeoisie, avec des peintres puisant ouvertement dans « Joris-Karl » Huysmans et Stéphane Mallarmé, mais sans aucune profondeur intellectuelle ne serait-ce que mystique ou philosophique idéaliste.

28 juil 2015

La figure de « Joris-Karl » Huysmans est incontournable du décadentisme de la fin du XIXe siècle, qui est de fait principalement un romantisme noir ; le roman Là-bas de « Joris-Karl » Huysmans, paru en 1891, traite de la scène parisienne de l'occultisme, du spiritisme, de l'astrologie, avec une fascination profonde pour le diable, etc., alors que le personnage principal étudiant la figure de  Gilles de Rais, le principal compagnon de Jeanne d'Arc qui fut mis à mort pour le viol et la mise à mort d'une centaine d'enfants.

En voici un extrait, dont on reconnaît le kitsch déjà présent chez Charles Baudelaire...

23 juil 2015

Paul Verlaine n'a pas fait que donner un socle au culte d'Arthur Rimbaud, il a également systématisé le symbolisme à la française au moyen du concept des « poètes maudits ». Il s'agit là du titre de deux éditions, en 1884 et 1888, présentant dans trois longs articles des œuvres ainsi que leurs auteurs, mis en avant comme incompris mais exceptionnels, etc.

On y retrouve tout d'abord Tristan Corbière, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé, à qui sont ajoutés ensuite Marceline Desbordes-Valmore, Villiers de l'Isle-Adam et Pauvre Lelian (anagramme de Paul Verlaine)...

22 juil 2015

Les auteurs du romantisme noir n'ont rien de très engageant, à part pour des membres de la haute bourgeoisie basculant dans la décadence et justifiant celle-ci par une esthétique dandy. Aussi fallait-il que soit mis en avant une figure en apparence opposée à tout cela, afin de masquer l'aspect principal décadent derrière l'aspect secondaire mystique.

C'est Arthur Rimbaud (1854-1891) qui va être utilisé ici comme « figure solaire », au moyen de toute une construction intellectuelle, dont un avatar au début du XXIe siècle tient en ces propos de la ministre post-moderne de l'éducation Najat Vallaud-Belkacem...

19 juil 2015

Joseph-Aimé « Joséphin » Péladan ne fut que l'expression la plus pointue d'un courant généralisé au sein de la bourgeoisie « fin de siècle » : le décadentisme. Les opinions traditionalistes révolutionnaires de « Joséphin » Péladan étaient celle d'une foule d'artistes, qui tous célébraient la décadence tout en la dénonçant, précisément comme Friedrich Nietzsche en Allemagne.

Le terme de décadentiste était à l'époque équivalent de symboliste, les deux termes n'étant par ailleurs pas vraiment définis, ce qui est logique dans une démarche subjectiviste, fut-elle prétendument élitiste...

18 juil 2015

Le romantisme français était un cul-de-sac. Né comme produit idéologique de la restauration monarchique, alors que son équivalent allemand était né à la base contre le formalisme aristocratique, il devait se révéler toujours plus improductif avec le triomphe du capitalisme et la disparition de l'aristocratie.

Certains, tel Victor Hugo, rejoignirent alors le camp de la république, mélange de démocratie-chrétienne et de réformisme social-républicain. D'autres, par contre, basculèrent dans une décadence « fin de siècle » aux relents mystiques, qui sera appelé le « symbolisme »...

12 mai 2013

« Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu'il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu'il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie non voulue, inconsciente, et que c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. »

20 juil 2011

La bourgeoisie a permis l’avènement de l’individu et c’est là son mérite, mais elle donne naissance également par la suite à l’individualisme, dans toute sa confusion mentale, et cela est critiquable.

La bourgeoisie française a lutté de manière exemplaire contre les forces féodales ; sa révolution a été exemplaire et considérée comme un modèle pour toutes les bourgeoisies du monde. Et il faut bien souligner que sa décadence est tout aussi exemplaire.

12 juil 1907

Tel que paru dans la revue Cosmopolis en 1897.

Désireuse d’être aussi éclectique en littérature qu’en politique et de se justifier contre le reproche qu’on lui a fait, de méconnaître la nouvelle école poétique française, la rédaction de Cosmopolis offre à ses lecteurs un poème inédit de Stéphane Mallarmé, le maître incontesté de la poésie symboliste en France. Dans cette œuvre d’un caractère entièrement nouveau, le poète s’est efforcé de faire de la musique avec des mots. Une espèce de leit-motif général qui se déroule constitue l’unité du poème : des motifs accessoires viennent se grouper autour de lui. La nature des caractères employés et la position des blancs suppléent aux notes et aux intervalles musicaux. Cet essai peut trouver des contradicteurs : nul ne méconnaîtra le singulier effort d’art de l’auteur et ne manquera de s’y intéresser. — Note de la Rédaction ...

27 juil 1903

Jean Moréas : Le Symbolisme

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Paru dans le Supplément littéraire du journal Le Figaro du samedi 18 septembre 1886, qui présente le document de la manière suivante :

Depuis deux ans, la presse parisienne s'est beaucoup occupée d'une école de poètes et de prosateurs dits "décadents". Le conteur du Thé chez Miranda (en collaboration avec M. Paul Adam, l'auteur de Soi), le poète des Syrtes et des Cantilènes, M. Jean Moréas, un des plus en vue parmi ces révolutionnaires des lettres, a formulé, sur notre demande, pour les lecteurs du Supplément, les principes fondamentaux de la nouvelle manifestation d'art.

16 juil 1903

Comte de Lautréamont : Les Chants de Maldoror

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Où est-il passé ce premier chant de Maldoror, depuis que sa bouche, pleine des feuilles de la belladone, le laissa échapper, à travers les royaumes de la colère, dans un moment de réflexion ? Où est passé ce chant… On ne le sait pas au juste. Ce ne sont pas les arbres, ni les vents qui l’ont gardé. Et la morale, qui passait en cet endroit, ne présageant pas qu’elle avait, dans ces pages incandescentes, un défenseur énergique, l’a vu se diriger, d’un pas ferme et droit, vers les recoins obscurs et les fibres secrètes des consciences. Ce qui est du moins acquis à la science, c’est que, depuis ce temps, l’homme, à la figure de crapaud, ne se reconnaît plus lui-même, et tombe souvent dans des accès de fureur qui le font ressembler à une bête des bois...

3 juil 1902

Stéphane Mallarmé : Symphonie littéraire

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Muse moderne de l’Impuissance, qui m’interdis depuis longtemps le trésor familier des Rhythmes, et me condamnes (aimable supplice) à ne faire plus que relire, ― jusqu’au jour où tu m’auras enveloppé dans ton irrémédiable filet, l’ennui, et tout sera fini alors, ― les maîtres inaccessibles dont la beauté me désespère ; mon ennemie, et cependant mon enchanteresse aux breuvages perfides et aux mélancoliques ivresses, je te dédie, comme une raillerie ou, ― le sais-je ? ― comme un gage d’amour, ces quelques lignes de ma vie écrites dans les heures clémentes où tu ne m’inspiras pas la haine de la création et le stérile amour du néant. Tu y découvriras les jouissances d’une âme purement passive qui n’est que femme encore, et qui demain peut-être sera bête...

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