Quatrième thèse de Karl Marx sur Feuerbach

Traduction classique

Feuerbach part du fait que la religion rend l’homme étranger à lui-même et dédouble le monde en un monde religieux, objet de représentation, et un monde temporel.

Son travail consiste à résoudre le monde religieux en sa base temporelle.

Il ne voit pas que, ce travail une fois accompli, le principal reste encore à faire.

Le fait, notamment, que la base temporelle se détache d’elle-même, et se fixe dans les nuages, constituant ainsi un royaume autonome, ne peut s’expliquer précisément que par le déchirement et la contradiction internes de cette base temporelle.

Il faut donc d’abord comprendre celle-ci dans sa contradiction pour la révolutionner ensuite pratiquement en supprimant la contradiction.

Donc, une fois qu’on a découvert, par exemple, que la famille terrestre est le secret de la famille céleste, c’est la première désormais dont il faut faire la critique théorique et qu’il faut révolutionner dans la pratique.

Traduction corrigée

Feuerbach part du fait de l’auto-aliénation religieuse, du dédoublement du monde en un monde religieux, imaginé, et un monde réel.

Son travail consiste à dissoudre le monde religieux dans son fondement temporel.

Il saute le fait que le principal reste encore à faire après l’accomplissement de ce travail.

Le fait, de fait, que le fondement temporel se détache de lui-même, et se fixe, comme royaume autonome, dans les nuages, et n’est justement par là à expliquer que de l’auto-déchirement et se-contredire-soi-même de ce fondement temporel.

Celui-ci doit ainsi tout d’abord être compris dans sa contradiction, et par-là par la mise de côté de la contradiction être révolutionné en pratique.

Donc, par exemple, après que la famille terrestre soit découverte comme secret de la sainte famille, la première doit alors être elle-même critiqué théoriquement et renversée pratiquement.

On notera que Karl Marx ne dit pas « par-là par la mise de côté », mais « et autant par la mise de côté ».

Karl Marx note le mérite de Ludwig Feuerbach, qui a compris que si l’invention d’un monde divin est absurde, cette absurdité prend sa source dans la faiblesse de la situation humaine. Dieu n’est ici pas que « l’asile de l’ignorance » comme chez Spinoza, mais également une expression déformée, défigurée, des exigences humaines dans le monde réel.

Seulement là où Ludwig Feuerbach fait de la prise de conscience, du rationalisme, la voie pour sortir de la religion et de la faiblesse de la situation humaine, Karl Marx explique que ce processus n’est possible que dans la pratique révolutionnaire liée à la résolution de la contradiction ressortant de la matière elle-même.

Karl Marx ajoute, dans les faits, la loi de la contradiction au processus simplement rationaliste de Ludwig Feuerbach. Il y a double transformation : celle de l’humanité elle-même, celle de la matière comme processus.

Il ne suffit pas de prendre conscience, il faut se transformer, et cette transformation est liée à celle du moment historique.

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