éditorial du 11 juillet 2012
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a 80 ans très exactement naissait en Allemagne l'Action antifasciste. Il s'agit de la troisième grande expérience antifasciste, avec les fronts populaires en France et en Espagne.
En France, le Front Populaire est né au lendemain de la tentative de putsch par l'extrême-droite en 1934. Il s'est constitué de l'unité et de la fusion de toutes les associations populaires et organisations de masses communistes et socialistes, puis par un programme gouvernemental avec également les centristes républicains (les « radicaux »). Il a été une tentative, réussie, de bloquer la montée du fascisme, sans chercher à aller plus loin.
En Espagne, le Front Populaire est né de la volonté de refuser la réaction et son coup d’État militaire contre la jeune République. Il s'agissait de construire un État avec une base populaire, devant se transformer au fur et à mesure en République populaire. Il a échoué militairement, pour des raisons idéologiques et politiques bien sûr.
Enfin, il y a eu l'action antifasciste, qui naît en juillet 1932, avec son congrès de fondation les 10-11-12 juillet. Nous allons présenter ce qu'était l'action antifasciste, car c'est une expérience très importante : il 'agissait d'une organisation de masse en lutte alors que les fascistes étaient déjà un mouvement extrêmement puissant.
Le Front Populaire français se développe avant que le fascisme ne soit trop fort ; le Front Populaire en Espagne se construit comme bloc contre un autre bloc, dans le cadre d'une guerre civile ouverte.
L'action antifasciste existait alors que les fascistes étaient largement présent dans les rues, de manière armée notamment. C'est une tentative de se confronter à un fascisme déjà lancé, déjà soutenu par l’État. Il va sans dire qu'en France, on tend plus vers cette tendance défensive.
En Allemagne, il y a depuis les années 1980 de nombreuses tentatives de développer de nouveau une action antifasciste, nous en reparlerons également. En France, il existe également une telle tendance se revendiquant de l'action antifasciste comme principe d'unité à la base, soit de manière organisée (actionantifasciste.fr), soit de manière autonome ou indépendante (les redskins de RS2F par exemple), soit n'ayant strictement rien à voir avec un tel projet en fait (différents collectifs « antifascistes radicaux » recyclant leur anarchisme maximaliste). En Belgique à Bruxelles, il existe également une Action Antifasciste locale.
Tout cela est d'une extrême importance, car il existe en France un très fort courant anti-antifasciste. L'ultra-gauche et le trotskysme ont mené une très importante propagande contre l'antifascisme, accusé de servir le capitalisme. Les spontanéistes rejettent la ligne antifasciste, au profit d'un antifascisme comme prétexte à une sorte de folklore d'extrême-gauche. Une partie significative des anarchistes s'est laissé contaminer par cette conception totalement erronée et dont la fausseté saute facilement aux yeux rien qu'avec les événements de ces dernières semaines, depuis Marine Le Pen jusqu'à la multiplication des groupes d'extrême-droite, en passant par les meurtres de Toulouse ou la médiatisation de Dieudonné.
L'antifascisme n'est ni plus ni moins qu'une urgence culturelle, politique et idéologique ! Et il ne pourra exister que comme processus d'unité à la base de groupes démocratiques menant un travail local. Seule l'énergie authentique des masses peut produire le véritable antifascisme dont notre époque a besoin.