3 oct 2011

"L'existence forcément plus belle" avec le football capitaliste

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Pas moins de 8 ministres, en plus de nombreux « VIP » du type « people », ont assisté à la victoire du club de football du Paris Saint-Germain sur l'Olympique Lyonnais. La présence de tels spectateurs à un match entre deux grands calibres du capitalisme footballistique ne doit nullement étonner, pas plus que l'opération de promo apparue hier soir sur le site internet du PSG: 10% de réduction sur la boutique pour célébrer la "victoire."

Car le football est une idéologie, et d'ailleurs les milieux anarchistes français qui ont poussé à l'émergence d'une scène « ultra » progressiste ont été en partie à l'avant-garde de cette idéologie capitaliste.

Ils ont été en partie à l'avant-garde, car le milieu populaire ultra vit sa passion, mais n'avait pas la prétention de former une culture alternative, un style de vie progressiste.

Le football a toujours été un échappatoire populaire aux misères du quotidien, suivant le mot d'ordre patriarcal : « je peux perdre ma femme et mon emploi, mais le club lui sera toujours là. »

Le mot d'ordre a été synthétisé ainsi par cette culture : « You'll never walk alone » (« tu ne marcheras jamais seul »).

Mais ce n'est qu'avec l'intense activité anarchiste, fondamentalement petite-bourgeoise, que cette culture football s'est vue paré d'une aura progressiste, avec notamment la revue « So Foot ! » qui intellectualise en version de gauche voire d'extrême-gauche une activité pourtant totalement capitaliste.

Qu'il y ait un aspect populaire au football c'est un fait, qu'il s'agit d'une échappatoire est un fait tout aussi vrai : être fan d'un club, c'est une identité à plein temps. Et cela va le plus souvent avec une logique tribale, qui prend le dessus par moments, et suffisamment pour nier la transcendance révolutionnaire de la lutte des classes.

Le cas du Paris Saint-Germain est ici exemplaire. Historiquement, le football a toujours été marginal à Paris, ce qui n'est pas un mal quand on voit que la ville populaire de Marseille ne contribue pratiquement pas au processus révolutionnaire en France, notamment en raison du parasitage du football.

La constitution du PSG au début des années 1970 est strictement parallèle à la constitution du Paris bourgeois, cent ans après la Commune de 1871. Paris était rebelle, Paris doit s'assagir et devenir « vivable » : en 1977 elle a un maire de nouveau (Chirac), le premier depuis la Commune.

Et le PSG doit jouer son rôle conservateur. Ce qui fonctionne sans commune mesure : le club attire notamment d'un côté des minorités nationales (arabe et juive) non politisées historiquement, et de l'autre une armée de nationalistes occupant la fameuse et sordide « tribune Boulogne » (la tribune située côté Boulogne, le stade du Parc des princes se situant à la charnière des villes de Paris et Boulogne).

La culture PSG a donc été une idéologie fondamentalement petite-bourgeoise et anti-politique, au point que même les nationalistes supportant le PSG refuse l'organisation au sein de l'extrême-droite.

Défouloir violent et passion football sont au cœur de l'identité du PSG, qui sous l'impulsion de Sarkozy va passer à un autre niveau : la constitution du PSG comme club de la ville et faisant partie de l'identité incontournable des jeunes hommes.

Pour cela, il a fallu le déclic joué par les milieux anarchistes parisiens, qui ont soutenu les jeunes refusant l'extrême-droite (et principalement organisée dans la tribune Auteuil, du côté parisien du stade, à la Porte d'Auteuil).

Les nombreux affrontements ont été émaillé de très multiples violences à côté, l'extrême-droite défendant à tout prix son pré carré.

Mais leur rôle historique était terminée : les fachos servaient de base populaire initiale (sur un fondement petite-bourgeois), puis les milieux opposés aux fachos ont servi de détonateur branché afin de massifier l'identité du PSG.

Voilà alors comment on arrive au PSG d'aujourd'hui, l’État faisant le ménage qu'il aurait pu toujours faire, mais qu'il n'a jamais fait jusque là car le PSG devait avoir une fonction précise.

Les supporters de gauche disaient l'année dernière "Colony dehors!", voulant chasser les investisseurs américains (en jouant sur le chauvinisme), en affirmant que le club était à eux: ils n'ont fait que paver la voir aux riches investisseurs quataris.

Et Sarkozy soutenant les riches qataris dans leur opération d'achat et de promotion d'un PSG propre et "bankable" ne fait qu'assumer la ligne bourgeoise de l'exploitation moderne et "raffinée".

Voilà la fonction du PSG, qu'il a obtenu déjà alors que la rentrée vient de commencer, comme en témoignent ces lignes du quotidien Le Parisien, des lignes d'une nullité culturelle édifiante, d'une barbarie repoussante :

« Le patron de la Ligue 1, c’est le PSG. Le génie du Championnat de France, c’est Pastore. Lui, c’est le maître du prêt-à-jouer, la haute couture du football. C’est un orfèvre du beau, du délicat et du subtil. Être le contemporain de ce genre de joueur rend l’existence forcément plus belle. »

L'existence forcément plus belle (sur quel plan ? Dans quelle mesure?) en raison d'un « génie »... Voilà comment on touche le fond avec la société française bourgeoise décadente.

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