17 sep 2011

Le gouvernement népalais scelle la trahison prachandiste (UOC MLM 2008)

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Union Ouvrière Communiste (MLM) de Colombie

Le gouvernement népalais scelle la trahison prachandiste

juin 2008

Le 28 mai dernier, les médias bourgeois du monde entier ont enregistré avec des transports de joie l'abolition de la monarchie et la proclamation de la République au Népal, tout comme les premières mesures prises par l'Assemblée Constituante ayant à sa tête les prachandistes.

En outre, fut décidé lors de cette réunion l'institution de deux postes, celui de Président et celui de Premier Ministre, lequel doit prendre la tête du pouvoir exécutif.

Ils ont convenu également de fonctionner pendant deux années à venir avec un parlement dont la tâche la plus importante est de rédiger une nouvelle constitution.

La dispute du moment concerne la répartition des charges, dont le plus envié est celui de Premier Ministre, qui selon ce qui se dit restera aux mains du Parti Communiste du Népal (maoïste) et sera possiblement attribué à Prachanda.

D'après ce qu'on en sait, l'aspiration des prachandistes est de tenir les deux postes de Président et de Premier Ministre, et c'est là une des pommes de discorde majeure entre les principales forces que sont le Parti Communiste du Népal maoïste (PCN-m), le Congrès Népalais (CN) et le Parti Communiste Unifié Marxiste Léniniste (PCN- UML).

LES MOTIFS D'UNE JOIE PASSAGERE

Avec une immense joie, le peuple s'est répandu dans les rues pour fêter la chute d'une monarchie qui s'était enkystée au pouvoir depuis plus de deux siècles.

Les explosions de joie n'avaient rien d'étonnant, le Népal étant l'un des pays classés parmi les plus pauvres du monde, la situation des femmes et des enfants est on ne peut plus discriminatoire et la faim pullule sur tout le territoire, alors que les bénéfices remplissent les comptes des riches locaux et des impérialistes, venant surtout des Etats-Unis, d'Angleterre, d'Inde et de Chine.

L'abolition de la monarchie féodale devait nécessairement être très bien reçue par les Népalais, mais la question en suspens est : qu'est-ce qui est monté au pouvoir en échange de la monarchie?

Dans le même sens, la proclamation d'un Etat Fédéral démocratique est considérée comme une avancée par rapport à la monarchie absolutiste qui dominait sous le règne de Gyanendra; cette transformation a rempli le peuple de joie, puisque le fait d'abandonner ce gouvernement féodal le plus arriéré qui soit ne pouvait qu'éveiller la joie des exploités et des opprimés.

Mais la question demeure : quel type d'Etat peut surgir de l'accord entre des forces qui représentent des intérêts antagoniques et qui, si elles ont en commun aujourd'hui leur opposition à la monarchie, ont aussi vécu en bonne intelligence avec elle pendant de nombreuses années, se sont allaités docilement à son giron, et maintenant changent de couleur tels des caméléons pour se fondre dans la végétation des bourreaux de la monarchie?

Cette joie parmi les masses a aussi retenti devant son glorieux Parti, le Parti de la Révolution, le PCN(m), l'organisation qui les a mené si haut, jusqu'à caresser le pouvoir direct des masses en armes, cette force politique qui fut capable de défier le monde capitaliste pour les diriger dans la lutte pour la révolution socialiste.

Cette force triomphait dans les urnes, se proclamait la grande gagnante des élections et devenait la force politique la plus importante de tout le Népal. Il est compréhensible que le peuple du Népal ait été rempli de joie.

Mais est-ce qu'elle continue d'être ce qu'elle a été jusqu'à récemment, cette force puissante de la révolution qui jura il y a plus de 10 ans de ne pas laisser la vie sauve au capitalisme?

Ou alors, en quoi s'est transformé cette organisation politique qui fait désormais partie d'un gouvernement ayant maintenu essentiellement intactes les structures d'un Etat qui conserve la forme d'un appareil de classe minoritaire pour dominer l'immense majorité?

Le peuple du Népal se réjouit car il a été mis fin à la guerre, et ce sentiment est pleinement compréhensible, car qui plus que les masses peut aspirer à la paix entre les Hommes et rêver d'une société basée sur la coopération et l'abandon de la violence et qui ainsi permette le développement aussi bien collectif qu'individuel des personnes?

La paix est toujours un désir des peuples, qui par principe et par une douloureuse expérience, savent que ceux qui promeuvent les guerres, ce sont les réactionnaires qui destinent des milliards pour équiper leurs armées et se doter d'arsenaux puissants et de technologie militaire, afin d'agrandir leur domaine.

Mais est-ce que la paix qui a été décrétée au Népal reflète réellement le dépassement des problèmes essentiels qui ont généré la guerre révolutionnaire?

Plus encore, l'Armée Populaire de Libération a été démantelée au profit d'une armée au service de ce nouvel Etat, une armée appelée à protéger les institutions actuelles, composée de l'union des combattants des deux armées, et surtout une armée qui se fortifiera au détriment de l'armement général du peuple : pourra-t-on compter sur celle-ci pour atteindre les buts révolutionnaires des Népalais?

Et au fond, peut-on dire qu'une paix véritable a été gagnée, ou bien n'est-ce qu'une illusion momentanée?

Ainsi donc, les événements au Népal éveillent ces inquiétudes et considérations, ainsi que beaucoup d'autres.

Ce qui est en train de se passer au Népal est d'une telle ampleur que le mouvement communiste international se trouve plongé dans une profonde division quant aux interprétations, et nombreuses en sont les nuances.

LA LUTTE DE LIGNES SE DEVELOPPE

Pour certains le processus népalais est une forme de développement de la révolution prolétarienne, qu'ils soutiennent aveuglément par leurs déclarations; ils ont donné depuis le début l'adoubement au chemin pris par les dirigeants du PCN(m).

En vérité, cela a été fait sans beaucoup d'analyse sérieuse de la situation, mais plutôt par une attitude de "respect" pour un processus dirigé par une organisation qui jouissait de la reconnaissance mondiale de tous les communistes.

Le PCN(m) fut depuis son surgissement en 1994 une organisation qui s'est placée à l'avant-garde de la révolution prolétarienne mondiale, ce qui lui a valu la haine de tous les impérialistes et en même temps l'affection, l'amitié et le respect des ouvriers et révolutionnaires du monde.

Cette histoire, ces antécédents ont brouillé le regard de quelques organisations et groupes qui, faute de mener l'analyse sérieuse des événements et des nouvelles positions du PCN(m), ont maintenu leur soutien aveugle face à ce qui est en train d'arriver.

D'autres ont maintenu un silence complice. Certaines organisations qui jadis défendaient en première ligne la guerre populaire au Népal ont retiré de leur propagande, de façon irresponsable, toute évaluation publique à ce sujet.

Ils ont caché leur tête comme des autruches, sans se rendre compte que les ouvriers et révolutionnaires du monde les observent attentivement et s'aperçoivent de leur manque de capacité théorique, de leur irresponsabilité politique et de leur immense degré de libéralisme.

Ce sont des organisations qui ne se sont jamais senties sérieusement responsables de ce qui se passe dans le mouvement communiste international ou dans le mouvement ouvrier.

Certains d'entre eux sont des groupuscules qui ne produisent pas une seule idée intéressante pour les masses, ou bien parce qu'ils sont incapables d'utiliser la science du marxisme pour analyser la réalité actuelle, ou bien parce qu'ils ne comprennent pas qu'une des tâches les plus importantes des communistes consiste précisément à être le chef politique et idéologique de la classe ouvrière, ce qui implique d'être les porteurs de la science, de la connaissance, de l'analyse, des orientations tactiques et stratégiques.

Leur silence ou leur incapacité de prendre parti pour l'une ou l'autre position ouvertement et courageusement, ils les retournent en se tapissant dans silence de la clandestinité, ou en se réduisant à délivrer leurs arguments pauvres et insipides par le biais des fameux forums internet, où ils apparaissent couverts sous des noms de forumers « rouges ».

Il n'est pas question ici de nous opposer à ce type de discussions, qui sont en réalité de petites batailles de guérilla entre combattants de diverses tendances, par contre ce qui est tout à fait condamnable, c'est que ceux qui se proclament avant-garde de la révolution prétendent affronter les travaux théoriques profonds et sensés - comme ceux de la revue Négation de la négation n°3 - au moyen de leurs argument pauvres, superficiels et évasifs tenus sur ces forums, sans aucun travail sérieux qui puisse les soutenir.

Une autre nuance, très proche du cas précédent, est représentée par les nouveaux agnostiques, qui mettent tout en doute et sont incapables d'analyser à la lumière du marxisme-léninisme-maoïsme la profondeur de la trahison envers la révolution qui a incubé au Népal.

Leurs postures sont indécises, ils n'établissent aucune position définie, considérant qu'il est impossible de qualifier ce qui a lieu au Népal, qu'il faut attendre et voir ce que donneront les événements au Népal.

Au mieux, ils arrivent à donner quelques petits avertissements de prudence à ce propos.

L'exemple le plus typique et le plus honteux de cela est l'attitude du service d'information d'Un Monde à Gagner qui a publié deux documents pardonnant l'existence de ce processus qu'ils considèrent comme un changement révolutionnaire encore dirigé par les communistes.

Ils font une critique peureuse, glissante, et d'interprétation imprécise car en ne prodiguant que des avertissements, ils se laissent une porte entrouverte pour s'en sortir les mains propres en cas d'échec des prachandistes. C'est à dire qu'il gardent, en joueurs de poker avisés, un as dans leur manche.

Cette position est la matérialisation de ce que Lénine a appelé le « marais », une position de centre qui se protège de façon à s'en sortir, quels que soient les résultats. C'est une position extrêmement dangereuse qui a été adoptée par beaucoup d'organisations politiques dans le monde.

En ce sens, nous devons attirer l'attention sur la position préoccupante adoptée par le Parti Communiste d'Inde (maoïste) dans ses dernières déclarations, l'une d'entre elle étant directement signée par Azad, le porte-parole de cette organisation.

Les camarades sont en train d'incliner dangereusement vers la position du marais, puisque malgré l'évolution des événements, lesquels ont confirmé les avertissements qu'ils avaient opportunément prodigués au sujet du possible démantèlement de la guerre populaire, les camarades en restent là : seulement des avertissements! Le document dont nous disposons est à l'heure actuelle seulement en anglais, nous le publierons en espagnol dès que possible.

Dans leur document, ils voient comme possible l'avancée de la révolution sous les nouvelles conditions et ne font qu'avertir du danger que celles-ci ne se transforment en une nouvelle frustration pour le peuple, au cas où les prachandistes ne lancent pas avec force la mobilisation révolutionnaire des masses.

Leur posture hésitante au sujet de la nécessité de dénoncer ouvertement les prachandistes comme traîtres les a empêché de jouer le rôle historique qu'ils auraient pu avoir dans la direction internationale de cette grande bataille contre le révisionnisme, et ce qui a contribué à cela fut leur profonde erreur de placer au- dessus de cette lutte l'intérêt de maintenir l'unité du MRI [mouvement révolutionnaire internationaliste].

Cette unité a déjà volé en éclats, il serait beaucoup plus conséquent de reconnaître ce fait et de l'affronter.

Leur position est la répétition de la grave erreur commise par les communistes de Chine au milieu du siècle passé, lorsqu'ils fermèrent la porte pendant des années à la lutte contre le révisionnisme khrouchtchévien, alors que celui ci faisait le fier dans le monde entier.

Cette erreur, reconnue plus tard par les Chinois eux-mêmes, est une expérience de grande valeur dont doivent s'abreuver les camarades de l'Inde pour être capables de tenir la position qui leur revient dans cette bataille.

Enfin, la dernière position, celle de ceux qui ont osé qualifier les événements au Népal comme ce qu'ils sont en réalité : une trahison à la révolution.

Cette position a exposé clairement les éléments qui suffisent pour démontrer que le chemin pris par les prachandistes n'a rien à voir avec une révolution basée sur le pouvoir direct des masses armées et avec la classe ouvrière comme avant-garde.

C'est la position des révolutionnaires qui ont pris la réalité comme centre et la science comme instrument pour l'analyser, et qui se sont fondés sur l'expérience historique du mouvement communiste international, de façon à trouver une réponse aux interrogations soulevées par les derniers événements.

Avec certitude, on peut affirmer que ce qui a remplacé la monarchie est une gouvernement démocratico-bourgeois, un système que Mao Zedong lui-même et avec lui tous les léninistes ont déjà condamné comme caduc à l'époque de l'impérialisme.

Et rien d'autre ne peut résulter de la prétention de faire un gouvernement et un Etat au-dessus des contradictions de classe.

Cette vaine banalité d'un Etat basé sur la collaboration est de l'opportunisme le plus pur et le plus vulgaire, déjà condamné et battu en brèche par les communistes.

Il n'y a pas besoin d'attendre pour savoir que la révolution a été trahie, il n'y a pas de hasard à ce que les prachandistes siègent aujourd'hui en compagnie des réactionnaires du faux parti communiste de Chine et signent des engagements aussi misérables que celui de respecter leur domination impériale sur le Tibet, allant jusqu'à s'engager à interdire toute protestation des Tibétains à Katmandou.

Leur rôle, désormais, est celui de bourreaux des masses, et cela, ils ne peuvent pas le changer par de simples déclarations démocrato-gogo.

Désormais, c'est avec les impérialistes que leur engagement est pris, et la disparition du rideau de fumée qu'ils ont tendu n'est qu'une question de temps.

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