averroisme

1 juin 2017

Récapitulons : Michel de Montaigne est un averroïste politique. Il appuie la faction dite des politiques, car elle lui semble le plus propice à la mise en avant du matérialisme, au moins relativement. Pour ce faire, il écrit des Essais où il dit tout et son contraire, afin de feindre l'incohérence pour mieux développer des thèmes laïcs et matérialistes sans que cela soit ostensible. Il s'oblige à saluer le catholicisme, mais ses raisonnements et sa culture puisant dans une Antiquité gréco-romaine est entièrement politique et morale, et nullement catholique.

Pour ce faire, il prétend uniquement être un naïf tourné vers l'esprit pratique ; il se veut candide : « Ma philosophie réside dans l’action, dans la pratique naturelle et immédiate, peu dans la spéculation. Ah ! Si je pouvais prendre du plaisir à jouer aux billes et à la toupie ! »...

29 mai 2017

Dans sa défense de Raymond Sebond, Michel de Montaigne ne parle donc pratiquement pas de Raymond Sebond. Il y parle toutefois extrêmement longuement des animaux. Raymond Sebond considérait que la religion et la Nature disaient la même chose ; quand on lit Michel de Montaigne, on a bien plutôt l'impression que l'être humain est un animal comme les autres, tout à fait dans la tradition du matérialisme. La manière avec laquelle il aborde la question des animaux est clairement athée.

Il a une réelle compassion pour les animaux, qu'on ne trouve que dans l'athéisme, qui célèbre la vie en général...

25 mai 2017

Avoir son avis pour soi, c'est forcément pratiquer la double vérité : on apparaît d'une certaine manière, aux yeux de l'Église, mais on a un avis personnel. Les commentateurs bourgeois ne sont jamais arrivés à trancher sur le caractère religieux ou non de Michel de Montaigne. Tout comme pour Molière, ils soupçonnent l'athéisme, mais ils voient que dans sa vie, Michel de Montaigne a respecté la religion, que dans les Essais le catholicisme est mis en avant. Ils ratent en fait le principe averroïste de présenter de manière indirecte les thèses de l'athéisme, en raison de la censure et de la répression.

On sait que chaque page des Essais contient une ou plusieurs citations d'auteur de l'antiquité, qu'il s'agit d'une oeuvre de réflexion, avec un regard critique sur soi-même. Il y a de la curiosité, un travail réel qui est fait. Or, Michel de Montaigne explique que pour apprécier la religion, il ne fait pas juger, il faut être pratiquement idiot...

11 mai 2017

Michel de Montaigne travaillait dans sa bibliothèque, dans une tour de son domaine et y avait fait graver des phrases sur les poutres et les solives du plafond. On lit ainsi cette citation de Pline :

« Il n’est rien de certain que l’incertitude, et rien de plus misérable et de plus fier que l’homme. »

On y lisait aussi cette sentence de Sextus Empiricus :

« Il n’y a aucun argument qui n’ait son contraire, dit la plus sage école philosophique. »...

2 mai 2017

Michel de Montaigne s'appuie donc sur Plutarque, en empruntant massivement à sa traduction réalisée par Jacques Amyot. Mais ce n'est pas tout, il emprunte également énormément à Sénèque.

Or, justement, les œuvres de Plutarque traduites par Jacques Amyot ont eu un retentissement gigantesque sur la sphère intellectuelle française à leur parution ; les tragédies françaises qui apparaissent puisent régulièrement en elles, ainsi que dans une autre grande référence : Sénèque, justement.

Michel de Montaigne est ainsi pratiquement au démarrage de la grande vague « néo-stoïcienne » reprenant les questions de morales telles que comprises par Plutarque et le stoïcien Sénèque...

30 avr 2017

Michel de Montaigne appartient au camp des politiques, qui entendent préserver la loyauté et la légitimité du régime face à tout trouble ; l’État prime sur tout. À ce titre, Michel de Montaigne n'est pas un réel humaniste : s'il était conséquent, il prendrait partie pour les calvinistes, qui représentent le camp du progrès.

23 nov 2016

Le Discours de la servitude volontaire dénonce les superstitions, tout le folklore utilisé par le puissants pour justifier leur parasitisme général. Redonnons un exemple parlant :

« Le premiers rois d’Égypte ne se montraient guère sans porter, tantôt une branche, tantôt du feu sur la tête : ils se masquaient ainsi et se transformaient en bateleurs.

Et pour cela pour inspirer, par ces formes étranges, respect et admiration à leurs sujets, qui, s’ils n’eussent pas été si stupide ou si avilis, n’auraient dû que s’en moquer et en rire. »

19 nov 2016

On se souvient que Michel de Montaigne avait prétendu dans les Essais que le Discours de la servitude volontaire était une sorte d'écrit de jeunesse d'Etienne de La Boétie, qui serait sans prétention, juste un exercice de style ayant comme but de témoigner de la connaissance de l'histoire de la Grèce et de la Rome antiques.

C'est clairement un masque pour une tentative d'analyse du principe d'opinion publique. L'auteur du Discours fait exactement comme l'auteur des Essais : il propose, soupèse, fait des digressions… Il n'y aucune rupture entre le Discours et les Essais à ce niveau...

22 juin 2015

L'affaire Galilée ne consiste pas du tout en ce en quoi les commentateurs bourgeois l'ont résumée. Il est en effet considéré ici que Galilée aurait défendu la thèse de Copernic comme quoi la Terre tournait autour du soleil, et non le contraire ; l'inquisition l'aurait alors brutalement réprimé, faisant de Galilée un martyr de la science.

En réalité, l'affaire de l'affirmation de l'héliocentrisme contre le géocentrisme n'a été qu'un prétexte. Le véritable problème de fond était la physique de Galilée, nullement l'héliocentrisme qui n'était qu'une conséquence d'une problématique provoquée par la physique de Galilée : la laïcité...

17 juin 2015

Galilée (Galileo Galilei en italien) est une figure très connue ; on sait de lui, d'habitude, qu'il a affirmé l'héliocentrisme et que l’Église s'est opposée à lui, car elle considérait que la Terre était au centre de l'univers.

Toutefois, une telle interprétation des faits est erronée ; il ne faut pas considérer de manière unilatérale que Galilée est le représentant du matérialisme, un ennemi de l'idéalisme et du féodalisme. D'ailleurs, Galilée, qui agissait au XVIIe siècle, avait même le soutien du pape...

16 juin 2015

La féodalité possédait une conception précise de ce qu'elle appelait la « création » : le monde était statique, fourni tel quel par Dieu, et la société devait se reproduire fidèlement, tout comme la nature se reproduisait à chaque cycle.

Au départ, cette conception n'était pas élaborée véritablement ; ce n'est qu'avec l'irruption du matérialisme en Europe, sous la forme de l'averroïsme, au XIIIe siècle, que la panique devint générale dans la féodalité et qu'une véritable théorie fut construite à ce sujet, notamment par Thomas d'Aquin...

21 mai 2015

Jean Calvin considère que les « philosophes » ont eu raison de chercher ce qu'était l'entendement humain, mais que leur méconnaissance de la chute d'Adam les a empêchés de comprendre l'origine du problème.

Jean Calvin fait donc la même chose que Maïmonide ou Thomas d'Aquin : il considère que les philosophes, normalement rejetés catégoriquement par les religions, ont posé des problèmes intéressants, mais qu'ils ne pouvaient comprendre authentiquement.

On voit ici que les religions ne pouvaient plus exister sous leur ancienne forme féodale ; elles devaient élever leur niveau technique, intellectuel, théologique, s'adapter aux nouvelles conditions...

15 mai 2015

Dieu produit la piété qui produit la religion – mais pourquoi Jean Calvin ne pense-t-il pas, tels les philosophes, que les êtres humains peuvent utiliser l'entendement – la piété – sans la religion ?

C'est parce qu'il a constaté que les esprits faisaient un fétichisme de leur capacité à raisonner. Le calvinisme n'est pas une idéologie de l'individualisme bourgeois, mais de l'individualité bourgeoise au sein de la société bourgeoise. C'est radicalement différent...

20 mar 2014

Il existe une particularité dans les œuvres de Molière, qui n'a été noté nulle part : la présence très régulière d'allusions au philosophe Aristote. Faut-il y voir ici des allusions à l'averroïsme ? C'est fort possible, puisque c'est l'averroïsme qui a été la base sur laquelle s'est développé le matérialisme en France.

La difficulté tient également au fait que les allusions à Aristote ne sont pas toujours de même nature. Dans certains cas, il s'agit de remarques faites en passant, parfois c'est même pour se moquer des philosophes pédants.

12 déc 2013

Jean de La Fontaine a écrit ses Fables dans l'esprit de l'averroïsme politique. Comprenons cela.

Au moyen-âge, face à la religion et au clergé, les matérialistes se trouvaient isolés, car la nouvelle classe révolutionnaire, la bourgeoisie, était encore faible, voire inexistante. Pour cette raison, le matérialisme européen, nommé « averroïsme », s'est transformé en averroïsme politique...

12 mai 2013

Le 10 décembre 1270, l’évêque de Paris Etienne Tempier condamne 13 thèses dont l’enseignement est interdit. 13 thèses qui préfigurent le matérialisme et le matérialisme dialectique. "Le monde est éternel." "La proposition : l’homme pense est fausse ou impropre." "La volonté humaine veut et choisit par nécessité." "Le libre arbitre est une puissance passive, non active, qui est mue par la nécessité du désir."

12 mai 2013

La religion chrétienne a réagi tout comme l'Islam et a immédiatement saisi l'ampleur de la menace représenté par la philosophie d'Averroès. Il fallait pour elle à tout prix stopper le développement de cette philosophie au sein des différentes facultés d'Europe. Cette tâche va être effectué par l'italien Thomas d'Aquin, qui sera remercié pour ce travail en devenant la plus haute figure théorique de l’Église chrétienne.

12 mai 2013

La pensée d'Averroès a deux aspects. Le premier aspect, d'importance pour nous, c'est la pensée pré-matérialiste qui se fonde sur les travaux d'Aristote, et qui se développe par des commentaires des œuvres d'Aristote. Le second aspect, c'est la tentative de défense d'Aristote face à la religion islamique. Ce second aspect, est purement défensif ; il est tactique, une chose facilement compréhensible si l'on étudie le contexte historique. Ce second aspect est cependant précisément « pris au sérieux » par les réactionnaires, qui l'utilisent de manière contemporaine.

12 mai 2013

Giorgione (1478 - 1510) était un grand peintre ; en tant que maître de la Renaissance vénitienne, il a produit un travail que le socialisme reconnaîtra comme l'une des plus importantes peintures: les « trois philosophes. » A travers trois personnages, dont Averroès, le tableau décrit trois étapes: la philosophie grecque, qui a commencé la science. La culture arabo-persane, qui l'a continué. Et puis la Renaissance, qui a continué le processus.

12 mai 2013

Avec Al-Fârâbi et Avicenne, la philosophie a pu se développer d'une manière étonnante, venant toujours plus près du matérialisme. Mais l'étape importante, la meilleure percée, qui a eu une conséquence historique pour le monde, a été la conception d'Averroès.

Averroès est une clé majeure de l'histoire. Il est un géant qui doit être reconnu par l'humanité comme l'un de ses titans. Le matérialisme dialectique met en avant Averroès comme l'un des plus grand producteur de pensée...

10 mai 2013

En affirmant que Dieu a des attributs dont la réalité fournit les « modes » d'existence, Baruch Spinoza dit la chose suivante : le monde n'existe pas sans Dieu et inversement, car Dieu éternel ayant fait quelque chose le fait forcément à la base et pour l'éternité (sinon il serait un homme divin « choisissant » et pas Dieu).

Mais alors, forcément, on retombe sur la théorie averroïste de ce que nous appelons le « reflet »...

10 mai 2013

Avicenne et Averroès ne pouvaient pas se débarrasser de Dieu, et ce pour une raison très simple expliquée par Baruch Spinoza, qui a buté sur le même problème. En effet, en l'absence du matérialisme dialectique, on tombe forcément sur une logique où il y a des causes et des conséquences.

Ce qui se passe alors, c'est qu'à un moment donné, il faut bien s'arrêter et trouver la « cause des causes. » Le matérialisme dialectique rejette cela, concevant l'univers comme s'auto-transformant et composé de couches infinies (tel une sorte d'oignon éternel et infini).

2 avr 2012

Au moment de la Renaissance, l’Église a tenté d'assimiler par tous les moyens l'averroïsme à une hérésie complète, pour finalement l'intégrer à contre-coeur par l'intermédiaire de Thomas d'Aquin afin d'accompagner les inévitables progrès de la science. C'est aujourd'hui la thèse religieuse classique sur la valeur du chercheur s'imaginant « matérialiste » alors qu'il est en même temps « croyant » à la sortie de son laboratoire. Cependant, aujourd'hui, pour l'Islam, c'est bien plus compliqué, en raison du retard pris...

12 mai 2011

Que veut dire Karl Marx ? Il prolonge Averroès, sans le savoir tout en le sachant, car il synthétise la réalité. Il explique en effet que l'être humain et la nature, cela revient au même ; il y a une double raison : l'être humain appartient à la nature, ses sens témoignent de cela, et ensuite par le travail l'être humain modifie la nature...

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