12 fév 2009

Il y a 75 ans, la défaite antifasciste en Autriche

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a 75 ans se déroulait un événement tragique qui a profondément marqué le prolétariat international, une expérience traumatisante qui a renforcé la volonté d'union selon les principes du Front Populaire.

Un an en effet à peine après la victoire fasciste en Allemagne, c'est l'Autriche qui tombait sous les coups du fascisme.

La classe ouvrière d'Autriche était extrêmement combattive, au point que le régime bourgeois dut interdire le 1er mai 1933, pour instaurer dans les semaines qui suivirent un régime autoritaire, aboutissant à l'interdiction du Parti Communiste d'Autriche et du Parti Ouvrier Social-Démocrate.

Mais le régime n'osa pas passer à l'offensive contre la classe ouvrière avant février 1934, dans un coup de force militaire.

La classe ouvrière était en effet armée; le Parti Communiste d'Autriche et le Parti Ouvrier Social-Démocrate visaient tous les deux la dictature du prolétariat, et si les communistes étaient peu nombreux, les socialistes contrôlaient la municipalité de Vienne, surnommée «Vienne la rouge», disposaient de la ligue de défense républicaine, une grande formation paramilitaire s'appuyant sur un vaste mouvement de masse d'une centaine de milliers de personnes, parallèlement aux grands succès électoraux des socialistes (dont les scores dépassaient les 40% dans tout le pays et 60% à Vienne).

Le 12 février 1934, le régime tentait de désarmer les socialistes dans la ville de Linz, et ce fut le début d'une guerre civile... qui fut étouffée dans l'oeuf par la direction socialiste.

La direction socialiste mettait dos à dos nazis et communistes, elle était infestée de pangermanisme et d'antisémitisme, et ne croyait qu'en la voie légale.

Elle était hostile aux propositions d'union antifasciste faites par les communistes.

En février 1934, le régime autoritaire d'Engelbert Dollfuß ne rencontra pas de résistance de la part de la direction socialiste, qui donna l'ordre de ne pas permettre à la base socialiste de se procurer les armes dans les planques.

La lutte armée antifasciste se déroula pourtant dans les villes ouvrières de Steyr, St. Pölten, Weiz, Eggenberg bei Graz, Kapfenberg, Bruck an der Mur, Wörgl... Et bien entendu de Vienne, où le HLM Karl Marx, regroupant plus de 1.300 logements, fut attaqué au canon. Mais sans l'unité antifasciste, la victoire n'était pas possible, et la lutte armée coûta la vie à presque 2.000 personnes héroïques, qui sauvèrent l'honneur de la classe ouvrière face à ce qu'on connaît désormais sous le nom d'austro-fascisme.

10.000 personnes antifascistes furent blessées, 40.000 arrêtées.

Comme l'affirma, Dimitrov, alors secrétaire du Komintern : «Il ne peut pas y avoir de parti qui, reculant sans cesse, invitant depuis quinze ans les ouvriers à renoncer à la lutte, puisse, en vingt-quatre heures, s'orienter tant du point de vue politique que du point de vue de l'organisation, vers la lutte armée» (Lettre aux ouvriers d'Autriche, L'Internationale Communiste n°10, 20 mai 1934).

Les communistes assumèrent par contre leur rôle d'avant-garde; dès le 9 février 1934, dans son journal illégal, le drapeau rouge, le Parti Communiste d'Autriche expliquait:

« Il s'agit de vos vies et de vos existences! Ecrasez le fascisme avant qu'il ne vous écrase!
Arrêtez immédiatement le travail! Votez des comités d'action pour la conduite de luttes dans chaque entreprise! Allez dans la rue! Désarmez les fascistes! Les armes dans les mains des travailleurs! »

Cette défaite antifasciste fut une lourde leçon pour le prolétariat international, qui en tira la leçon, et déborda la direction socialiste en France et en Espagne (et leur anti-communisme), pour permettre la victoire antifasciste avec le Front Populaire.

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