10 mar 2011

Ethno-différentialisme : derrière Marine Le Pen, les ombres d’Alain de Benoist et de Christian Bouchet

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L’annulation hier de la visite de Marine Le Pen à Radio J, une radio liée à la communauté juive institutionnelle, est tout un symbole : le fascisme ne peut pas se passer de l’antisémitisme. Non seulement Marine Le Pen a été propulsé par les médias... mais déjà revient la question juive ! Comme on le voit, le fond pourri de la société française revient à la surface à grande vitesse. Et les personnes juives en France sont confrontées à une situation terrible, car les sionistes ont conquis une hégémonie dans une communauté juive pourtant historiquement liée au camp progressiste. Or, les sionistes disent la même chose que Marine Le Pen, sans l’assumer ouvertement ; la « ligue de défense juive » ne s’en cache elle même pas, ce qui est logique puisqu’il ne s’agit pas d’une structure sioniste « classique » (prônant le départ dans l’Etat d’Israel) mais d’une structure pro-sioniste ultra-réactionnaire.

L’idée des sionistes « new school » est qu’ils peuvent se fondre dans le mouvement de Marine Le Pen ; la conception qu’il y a derrière est celle d’un parti « occidentaliste », sur une base raciste où l’Islam fait office de « menace » et où les Etats-Unis sont des alliés « objectifs. » Sauf que les sionistes n’ont rien compris à la situation, tout comme les penseurs petit-bourgeois, y compris « d’extrême-gauche. » Marine Le Pen ne représente en rien une droite « dure » s’opposant au fascisme « old school. »

La vérité c’est que Marine Le Pen est au cœur d’un large dispositif authentiquement fasciste. Nous en avions présenté les contours généraux, précisions ici la position inévitable de Marine Le Pen sur la question juive.

En effet, l’antisémitisme joue un rôle très important dans l’anticapitalisme romantique. La « menace » islamique ne peut pas jouer ce rôle, car l’Islam a été systématiquement refoulé historiquement du territoire national français, sauf depuis une date récente liée à l’immigration (elle-même produit du colonialisme et du néo-colonialisme).

L’opposition idéaliste réactionnaire à l’Islam sert bien entendu la dimension délirante « anti-invasion » et sur ce plan les sionistes, les ultra-réactionnaires juifs... peuvent s’y retrouver facilement. Mais l’antisémitisme reste incontournable pour autant, car l’antisémitisme permet une mobilisation contre « l’ennemi de l’intérieur. » Ici, il faut connaître l’histoire de l’antisémitisme en France, qui s’appuie sur une critique de « l’usure », de « l’argent », des « éléments juifs » dans la communauté nationale « pure », etc.L’antisémitisme, c’est l’appel à la mobilisation contre « l’ennemi invisible » – par opposition à « l’envahisseur » arabe « visible. »

Et ici, on doit impérativement connaître deux théoriciens français, qui justement travaillent sans relâche pour Marine Le Pen.

Le premier est Alain de Benoist, théoricien fasciste dont la renommée internationale est énorme ; il s’agit du principal théoricien fasciste de la seconde moitié du 20ème siècle. Le second est Christian Bouchet, la figure principale du « courant nationaliste révolutionnaire. » Grand amateur des théories satanistes, il est désormais un cadre du Front National, après avoir écumé l’extrême-droite la plus « radicale. »

Ce qu’il faut voir ici, c’est que s’il y a deux personnes en France, voire en Europe, voire dans le monde, qui dans le camp fasciste sont de véritables connaisseurs de l’idéologie nationale-socialiste, ce sont Alain de Benoist et Christian Bouchet.

Ces deux auteurs sont des intellectuels de très grande envergure ; leur activité consiste depuis des décennies à faire passer le message fasciste de manière « indirecte » (ce que les fascistes appellent la « métapolitique »).

Alain de Benoist et Christian Bouchet sont ainsi les stratèges de l’extrême-droite – ou tout au moins jouent un rôle absolument capital dans la pose des fondations de l’anticapitalisme romantique. Prenons par exemple les dernières activités d’Alain de Benoist. Ce dernier multiplie les déclarations de sympathie envers Marine Le Pen, mais surtout propose des axes stratégiques pour prendre le pouvoir (tout en restant faussement dans la figure bourgeoise de l’intellectuel « au dessus de ça »). Par exemple, il a pu déclarer ceci : « [il faut que le Front National devienne] une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Selon lui, le FN doit « se poser véritablement comme le parti du peuple, en devenant le porte-parole des classes populaires, qui font aujourd’hui les frais de la crise, et des classes moyennes menacées de déclassement et de paupérisation. » Pour résumer, pour Alain de Benoist le FN doit devenir un vrai parti fasciste ! Christian Bouchet est ici complémentaire d’Alain de Benoist. Dans la logique des choses, il devrait rejeter Marine Le Pen comme vendu aux forces capitalistes – sionistes. La domination de « Washington et Tel Aviv » est son obsession. En pratique, il est pourtant rentré au FN dans le but annoncé de faire gagner Marine Le Pen dans la campagne interne pour la présidence de ce parti...

Ce qui est cohérent avec notre interprétation de ce qu’est le FN, et inexplicable pour les commentateurs petit-bourgeois (à part par l’idée de « carriérisme », comme si un intellectuel de cette envergure retournait sa veste aussi facilement).

Que propose Christian Bouchet, dont le rôle a une grande signification avec Marine Le Pen dirigeante du Front National ?

Sa ligne politico-stratégique peut se résumer aux points suivants : mettre en avant une perspective « progressiste » en se fondant essentiellement sur une attitude « anti-impérialiste » et principalement « anti-sioniste » (en fait anti- américaine et antisémite).

Toute l’histoire de son activité politique s’appuie sur cette logique « anti-impérialiste . » Cela va de pair avec une incessante activité vers les pays arabes, l’Iran, la Russie. Sur le fond, Bouchet prône d’ailleurs la mise en avant du projet « eurasiste », c’est-à-dire l’unification de l’Europe de « Brest à Vladivostok » (comme l’avait déclaré Jean-Marie Le Pen) au sein d’un empire.

Ici, on retombe sur Alain de Benoist. En effet, c’est Alain de Benoist qui a modernisé l’extrême-droite à partir des années 1970, en introduisant de nouveaux concepts « méta-politiques » permettant d’avoir l’air de porter un discours « nouveau », « progressiste. »

C’est lui par exemple qui est à l’origine de la mise en avant et de la théorisation du concept « d’ethno-différencialisme », de celui « d’Identité », du concept « d’enracinement. » Alain de Benoist permet au racisme de se poser comme « relativisme », voire comme « anti-raciste » (« toutes les races sont supérieures. Toutes ont leur génie propre. Je m’explique. Une race humaine n’est pas seulement une unité zoologique. C’est aussi un devenir, c’est-à-dire un passé, une culture, une histoire, un destin. ») Il n’est pas difficile de voir qu’ici le succès est total. Ces concepts sont partagés par toute l’extrême-droite, enpassant par les « identitaires » et le Front National, mais également par la petite-bourgeoisie nationaliste (Indigènes de la République, régionalistes-nationalistes, etc.). Tout ce petit monde s’imagine progressiste, en proposant une alternative « locale », relativiste, anti-universaliste, internationaliste. Leur vision du monde est pannationaliste, panrégionaliste (« l’Europe des cent drapeaux », etc.). Et voilà donc pourquoi l’antisémitisme est incontournable pour le Front National. Il sert de moteur à la « critique » du capitalisme qui va de pair avec l’appel à « unifier » la nation. A côté du « national », l’antisémitisme fait office de ligne « socialiste. »

Le fascisme c’est à la fois une ligne face au monde extérieur (le nationalisme) et un appel à la fusion organique intérieure (le prétendu « socialisme », en fait antisémitisme). Nous avons déjà souligné le caractère éminemment antisémite de la déclaration d’investiture à la direction du Front National de Marine Le Pen. Si on étudie les positions de Christian Bouchet et d’Alain de Benoist, on retrouve aisément leurs concepts.

La critique du « juif » est la critique de l’élément intérieur qui est « impur » et qu’il faut conditionner pour qu’il retourne dans le « droit chemin. »

Les fascistes ne sont pas tous d’accord sur la méthode ; le Front National se veut « éducateur » brutal, tandis que d’autres groupes ouvertement prônent l’extermination, d’autres encore se voulant « assimilationniste » de manière quasi sauvage, etc.

Mais dans l’idée, que ce soit dans le racisme « démocratique », anti-xénophobe d’Alain de Benoist, ou bien le mysticisme fasciste de Christian Bouchet, ou le nationalisme du Front National, on retrouve les fondamentaux du national-socialisme : la théorie comme quoi existent différents peuples irréductibles les uns aux autres.

Et dans ce schéma, le « juif » est le modèle du « cosmopolite » à éliminer, tout comme le « rom. » Et le communiste est l’ennemi absolu, de par son affirmation de l’universalisme. Voilà pourquoi la question juive est, et restera, aussi explosive au Front National. Voilà pourquoi les personnes juives doivent comprendre les enjeux de notre époque, et rejoindre le mouvement pour la communauté universelle, seule perspective existante face au fascisme exterminateur. La seule alternative est : socialisme ou retombée dans la barbarie !

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