11 avr 2007

Les projets impérialistes très concrets de colonisation de la Lune et de Mars

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La société capitaliste affirme être capable d'améliorer la vie quotidienne et de faire progresser l'humanité: dans ce cadre, la "conquête de l'espace" a un rôle très important, tant sur le plan idéologique que dans le domaine économique.

L'image qu'on donne de la conquête de l'espace est celle de Tintin dans "On a marché sur la lune", un projet purement "scientifique", humaniste, apolitique, etc..

Il n'en est naturellement rien et aujourd'hui qu'il existe des projets très concrets de colonisation de la Lune et de Mars, il est nécessaire d'en comprendre le sens et la signification.

Pour cela il faut déjà comprendre la tendance de fond à la conquête de nouveaux territoires, que Lénine a déjà expliquée et qui correspond parfaitement à ce qui déroule aujourd'hui avec les projets de conquête de l'espace:

"Le capital financier ne s'intéresse pas uniquement aux sources de matières premières déjà connues.
Il se préoccupe aussi des sources possibles; car, de nos jours, la technique se développe avec une rapidité incroyable, et des territoires aujourd'hui inutilisables peuvent être rendus utilisables demain par de nouveaux procédés (à cet effet, une grande banque peut organiser une expédition spéciale d'ingénieurs, d'agronomes, etc.), par l'investissement de capitaux importants.
Il en est de même pour la prospection de richesses minérales, les nouveaux procédés de traitement et d'utilisation de telles ou telles matières premières, etc.
D'où la tendance inévitable du capital financier à élargir son territoire économique, et même son territoire d'une façon générale.

De même que les trusts capitalisent leur avoir en l'estimant deux ou trois fois sa valeur, en escomptant leurs bénéfices "possibles" dans l'avenir (et non leurs bénéfices actuels), en tenant compte des résultats ultérieurs du monopole, de même le capital financier a généralement tendance à mettre la main sur le plus de terres possible, quelles qu'elles soient, où qu'elles soient, et par quelques moyens que ce soit, dans l'espoir d'y découvrir des sources de matières premières et par crainte de rester en arrière dans la lutte forcenée pour le partage des derniers morceaux du monde non encore partagés, ou le repartage des morceaux déjà partagés."
(Lénine, L'impérialisme stade suprême du capitalisme)

Alors quel est l'intérêt d'une base lunaire pour l'impérialisme? C'est simple: depuis que les missions Apollo ont ramené des échantillons lunaires, il y a quasiment quarante ans de cela, les scientifiques au service de l'impérialisme pensent que l'hélium 3 se trouve de manière abondante dans le sol lunaire.

La raison en est que l'hélium 3 est présent sur les couches extérieures du Soleil et que ce dernier en projette dans tout le système solaire, et que cet hélium 3 étant repoussé par le champ magnétique terrestre, il arrive sur la Lune, celle-ci étant privée d'atmosphère.

La motivation est elle très simple: la fusion nucléaire, qui profite énormément de l'hélium 3 qu'on trouve difficilement sur la terre.

Harrison Schmitt, astro-géologue de l'université du Wisconsin aux USA et ancien astronaute de la dernière mission Apollo sur la Lune, a ainsi expliqué candidement en 2007 à la conférence annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la Science (AAAS) à San Francisco que :

"Je me concentrerai sur une logique de marché dans la création d'un avant-poste lunaire fondé sur l'intérêt que représentent les propriétés de l'hélium 3 pour produire sur Terre, où il est rare, de l'énergie avec la fusion nucléaire."

Les scientifiques au service de l'impérialisme tablent sur des réserves lunaires d'un million de tonnes d'hélium 3, un chiffre phénoménal quand on sait que, aujourd'hui, 25 tonnes suffiraient à satisfaire pour plusieurs années les besoins énergétiques de l'ensemble des pays impérialistes!

On comprend la grande bataille se déroulant afin de s'approprier le sol lunaire.

Théoriquement, cette appropriation est impossible.

En effet, l'ONU avait faire établir un traité international en 1967 affirmant que

"l'espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes, ne peut faire l'objet d'appropriation nationale par proclamation de souveraineté, ni par voie d'utilisation ou d'occupation, ni par aucun autre moyen."

Mais le premier problème légal est tout d'abord qu'au 1er janvier 2005, sur les 178 Etats membres de l'ONU, seuls 97 l'ont ratifié et 27 signé!

Et s'il est vrai que la France, les Etats-Unis, la Russie, la Chine... l'ont ratifié, le développement des vols spatiaux, des satellites, des sondes exploratrices, de la station spatiale internationale... ont amené l'existence d'une foule de règlements divers et variés, rendant toute relative le traité de l'ONU.

Il existe à ce titre un second traité international, celui-là fait en 1979, qui concerne l'exploitation éventuelle de la Lune et d'autres corps célestes, et seulement onze Etats l'ont ratifié et cinq signé - et encore, vu que ni les USA, ni la Chine, la Russie ou le Japon ne l'ont signé, il n'a de fait aucune valeur.

Fleurissent ainsi de nombreuses société commerciales vendant le territoire lunaire, comme la Lunar Republic Society ou encore la Lunar Embassy (30 euros les 4.000 m² près de la mer de la Tranquillité avec "LuneImmo.com, le seul agent de revente de terrains extraterrestes", délégué par le "Président du Gouvernement Galactique", "propriétaire de droit de la Lune et de toutes les autres planètes et lunes de notre système solaire"), etc.

Plus sérieusement, et même si cette apparition de sociétés commerciales sur ce terrain peut à terme contribuer à l'esprit "pionnier" de la conquête de l'espace, les Etats-Unis annoncent leur retour sur la Lune en 2020 et l'installation d'une base lunaire permanente en 2024.

La Russie avait elle annoncé en 2005 son intention d'exploiter l'hélium 3 lunaire dès 2020, grâce à une base lunaire permanente installée en 2015 utilisant un système de transport régulier entre la Terre et la Lune.

Le Japon, la Chine et l'Inde prévoient quant à eux des sondes robotisées autour de la Lune pour évaluer ses ressources.

A côté de ces projets lunaires, il existe des projets pour Mars, notamment une modification de l'environnement de cette planète ("écogenèse") pour la rendre habitable pour les êtres humains; il existe de ce fait déjà quelques thinks tanks impérialistes à ce sujet ("Marsdrive Consortium", "Red Colony", "Mars Foundation", "Mars Society" qui a une section française, etc.).

Car il ne faut pas perdre de vue non plus la question coloniale. Au 19ème siècle les pays capitalistes ont utilisé la colonisation comme appui à l'idéologie chauvine, mais aussi comme permettant l'envoi de prolétaires "en trop" et formant une menace sociale.

La formation de colonies lunaire ou martienne est naturellement une pure utopie aujourd'hui, mais ce plan impérialiste relève à long terme du possible, voire du souhaitable pour lui - il ne doit à ce titre donc pas être nié pour autant et consiste justement en un scénario classique de la science-fiction (avec des colonies spatiales plus proches des colonies pénitentiaires qu'autre chose, dominées par des monopoles, comme dans les classiques du genre "Mars la rouge", "Total recall", "Alien", etc.).

Dire que ce plan impérialiste relève du possible ne signifie pas que les scénarios d'anticipation du futur des oeuvres de science-fiction soient corrects, pour la simple raison que l'histoire se développe en spirale, que l'impérialisme a des contradictions internes, que contrairement aux thèses petites-bourgeoises et gauchistes l'impérialisme ne "pense" pas - il paie pour avoir des cerveaux, mais lui-même est un système fondé sur des rapports sociaux contradictoires.

L'impérialisme pousse dans une tendance, établit des lignes de conduite et imagine des plans, mais leur réalisation, leur application, relèvent du cours de la lutte des classes.

Voilà pourquoi l'impérialisme "pousse" dans toutes les directions, et dans le cadre de la conquête spatiale les projets impérialistes sont clairement pharaoniques, comme le travail de la NASA sur un "ascenseur spatial", sorte de câble spatial de plus d'une centaine de milliers de kilomètres et servant de "rail" spatial composé de nanotubes (le concours "Tether Challenge" offre chaque année 50.000 $ à l'équipe faisant le plus avancer le projet, le concours "Regolith Excavation Challenge" offrant lui 250.000 $ pour ce qui touche au projet de foreuse lunaire).

C'est dans le cadre de cette folie qu'il faut voir l'existence des "vacances spatiales"; non seulement l'idée d'hotels-stations orbitales, mais aussi les voyages spatiaux que font certains milliardaires, comme un "trip" dans le cadre de leur oisiveté! Ces voyages sont une insulte pour le prolétariat, les peuples du monde et l'humanité!

Il y a déjà presque plus de quarante ans que l'astronaute nord-américain Armstrong a affirmé en marchant sur la lune que "C'est un petit pas pour l'homme, mais un bond de géant pour l'humanité."

Aujourd'hui il est clair que ce bond de géant n'en était pas un. Il ne servait que le bloc impérialiste guidé par les USA dans sa concurrence avec le bloc social-impérialiste guidé par la Russie, tant sur les plans idéologique que militaire ou économique.

Aujourd'hui il est clair pour les masses que c'est de la poudre aux yeux : l'humanité crève quotidiennement de l'impérialisme, dans la misère et la guerre, la nature est anéantie par la surproduction de marchandises et la destruction systématique des matières premières et des êtres vivants dans la course au profit.

L'impérialisme a l'air d'être conquérant et les projets de colonisation de l'espace ont l'air aussi "conséquent" que la colonisation des pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, mais en réalité, l'impérialisme est totalement pourri, il est totalement sur la défensive, composés de pays impérialistes qui sont "poussés au crime" par la concurrence entre eux et par les coups de la révolution mondiale.

Les projets spatiaux ne se comprennent que dans le cadre de la concurrence entre la NASA et l'ESA (Agence spatiale européenne), concurrence allant de l'opposition entre le GPS et Galileo (ce dernier projet étant également soutenu par la Chine et l'Inde) aux différents lanceurs de satellites, civils et militaires...

Une concurrence qui pousse aux alliances impérialistes, comme celle entre l'impérialisme Européen et l'expansionnisme russe, qui fait que les fusées Soyouz partiront ainsi dès 2008 de Kourou en Guyane, base plus sûre que Baïkonour au Kazakhstan...

Les communistes authentiques doivent servir l'actualité de la révolution mondiale et ne faire aucune concession à l'idéologie impérialiste de la "conquête de l'espace"!

L'idéologie spatiale c'est le chant du cygne de la bourgeoisie et la preuve très nette que les temps sont mûrs pour la révolution mondiale pays par pays.

Au moment où ils prétendent être les maîtres responsables de la planète en organisant hypocritement des sommet d'experts luxueux où leurs intérêts s'affrontent, la conquête de l'espace se révèle comme une initiative non seulement totalement coupée du peuple mais également anti-populaire de par les seules perspectives de domination qui en seraient les conséquences (exploitation du minerai, prisons, etc.).

Les peuples du monde qui refusent l'impérialisme et tous ses développements criminels - comme la conquête de l'espace - sont la santé du monde, la classe ouvrière est la seule classe d'avenir, elle doit tout diriger et se rendre capable de cette grande tâche qu'est le communisme!

Pour le PCMLM, avril 2007. 

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