13 mai 2010

La vogue des apéros géants : un besoin d’autonomie et de solidarité qui se manifeste de manière artificielle

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les apéritifs géants lancés sur Facebook sont un phénomène général qui se multiplie en France. Certains sont annulés, d’autres se tiennent, comme hier à Nantes avec au moins 6.000 personnes présentes, ainsi qu’à Montpellier avec 10.000 personnes.

Il s’agit bel et bien d’un phénomène général, car ces appels aux apéros géants ne se concentrent pas uniquement dans les grandes villes mais concernent aussi des petites communes dans la France entière.

Ce genre d’évènements souligne la contradiction entre les villes et les campagnes dans le capitalisme. En effet, ces apéros géants représentent une manière de créer une animation dans des communes d’habitude totalement éteintes.

La contradiction entre les villes et les campagnes transparaît par exemple dans la concentration des activités culturelles au sein des grandes agglomérations où se regroupent la majorité des emplois du fait du mode de production capitaliste.

Dans les plus grandes villes, les apéros géants jouent plus directement sur l’aspect quantitatif quant à leur capacité de rassembler le maximum de personnes. Il existe alors un aspect de rivalité (par exemple entre Nantes et Rennes), une dimension tribale que l’on retrouve entre autres chez les supporters de foot.

Cet aspect tribal est une composante évidente de la culture de compétition issue du patriarcat. D’ailleurs, il est extrêmement courant, dans ces ambiances influencées par le patriarcat, de s’enorgueillir de « tenir l’alcool », que ce soit au niveau individuel ou pour exprimer une « fierté » à plus grande échelle (« En Bretagne, on sait boire / faire la fête » etc…).

Les apéros géants constituent également une initiative autonome de réappropriation massive d’un espace public où, même dans les grandes villes, il ne se passe pratiquement rien d’habitude. C’est précisément cet aspect qui poussent certaines municipalités à interdire les rassemblements qu’elles ne contrôlent pas. « Faire place nette » est une obsession pour la bourgeoisie qui préfère les rues désertes et ennuyeuses, où rien ne déborde des magasins de la petite-bourgeoisie commerçantes autorisés.

Pour autant, ces apéros géants reproduisent une forme de culture ancienne, traditionnelle, trempée dans les caractéristiques françaises, qui laissent d’ailleurs largement indifférentes les minorités nationales.

De manière dialectique, le besoin de convivialité que représentent les apéros géants traduit justement l’énorme manque de convivialité de la société capitaliste, particulièrement en France. L’idéologie nationale dominante de la bourgeoise en France aime vendre l’image d’un pays « latin » où les gens sont « tactiles », proches les uns des autres.

Pourtant, force est de constater que la France se signale par sa froideur des relations, le fait que des voisins s’adressent rarement la parole, la crainte de se faire remarquer ou encore l’habitude de taire son opinion au sein d’un groupe.

Dans ce contexte, les initiatives autonomes sont une manière de respirer dans l’atmosphère étouffante du capitalisme qui isole et parasite les relations humaines, mais les liens noués autour de l’alcool, les amitiés jurées après de nombreux verres s’estompent bien souvent dès le lendemain.

Les paroles de la chanson de Stromae, « Alors on danse« , illustrent bien ce besoin de sortir qui n’est au final que l’illusion d’ échapper à la spirale angoissante du monde capitaliste :

« Qui dit étude dit travail
Qui dit taf te dit les thunes
Qui dit argent dit dépenses
Qui dit crédit dit créance
Qui dit dette te dit huissier
Et lui dit assis dans la merde
Qui dit Amour dit les gosses
Dit toujours et dit divorce
[...]
Alors on sort pour oublier tous les problèmes
Alors on danse… »

Les apéros géants expriment donc une volonté positive de briser l’isolement, mais par le biais de l’alcool, et en reprenant des symboles de la vieille culture de la bourgeoisie nationale (l’apéro), ce qui conduit irrémédiablement une telle démarche à sombrer dans la superficialité et l’expérience sans lendemain.

En outre, les apéros géants, comme les beuveries chaque week-end, génèrent des brutalités et des comas éthyliques, c’est-à-dire des formes de violence tournées vers soi-même ou exercées au sein du peuple.

Le peuple a besoin d’autonomie et d’unité à la base mais aussi de dépasser les formes culturelles traditionnelles pour construire le monde nouveau en rupture avec le monde pourrissant du capitalisme.

Dans la situation actuelle, la bourgeoisie panique au moindre rassemblement populaire qui contourne son autorité.

Le peuple est la force indestructible de l’histoire et ne doit pas dilapider son énergie illimitée dans des entreprises artificielles, mais la canaliser pour la révolution socialiste.

La société capitaliste est une société moribonde, insupportable pour le peuple, dont il est vital pour lui de s’échapper. Le peuple saura bientôt dépasser la forme ancienne de ces apéros géants qui représentent une tentative de pratiquer une brèche dans la société capitaliste de l’enfermement des masses.

La révolution est une explosion de vie qui détonne dans cette atmosphère d’agonie du capitalisme. La révolution est la fête des opprimées qui la dirigent avec les idées claires !  

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