18 avr 2016

La fiction contestatrice de Nuit debout

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Nuit debout » est un mouvement petit-bourgeois, de bout en bout ; produit direct du mouvement contre le « Projet de loi travail », il en est l'expression historique, exprimant la contestation d'une petite-bourgeoisie aux abois.

Le folklore rejoint le fantasme et l’irrationalisme le plus profond, avec une incapacité à faire de la politique, car seules la bourgeoisie et le prolétariat peuvent faire de la politique.

La bourgeoisie fait une politique toujours plus réactionnaire, le prolétariat se construit lui dans la rationalité : c'est le grand enseignement de la social-démocratie, dont est directement issu le mouvement communiste.

La petite-bourgeoisie n'est, quant à elle, pas une classe ; elle se situe hors de l'Histoire, elle n'est qu'une pièce rapportée. D'où son instabilité, sa versatilité, son incohérence complète et sa méthode : elle harcèle, elle fantasme, elle est hystérique.

Elle veut subsister en tant que classe, elle veut le capitalisme, car elle défend son droit à la propriété, mais face aux monopoles elle est prête à manipuler les masses, à les mobiliser en sa propre faveur.

C'est le sens des innombrables inventions et fantasmagories qui ont déferlé ces dernières semaines, ces derniers mois, ces dernières années.

La France serait un État policier, le peuple serait totalement raciste, les policiers tueraient des gens impunément par dizaines chaque année, la répression des manifestations serait d'une gigantesque brutalité, Cuba serait un bastion anti-libéral ou bien le tiers de l'Inde serait sous contrôle des révolutionnaires, etc. etc.

La petite-bourgeoisie est prête à tout pour récupérer, déformer, afin de paraître radicale… Ulrike Meinhof, la théoricienne de la Fraction Armée Rouge, doit se retourner dans sa tombe de voir qu'à l'université de Nanterre, l'espace Reverdy a été appelé « espace Ulrike Meinhof » !

La théoricienne anti-étudiante de la guérilla, récupérée pour un mouvement de revendications sociales consistant exactement en ce qu'elle dénonçait comme une entreprise corrompue typique des métropoles impérialistes…

C'est un exemple classique de liquidation par la « gauche » du patrimoine révolutionnaire.

Face à cela, la fermeté idéologique la plus nette est nécessaire. Il ne faut jamais se laisser leurrer et il faut toujours se rappeler que l'incapacité à poser les choses raisonnablement, les démarches velléitaires sans rationalité, les fixations allant jusqu'à l'idéalisation délirante, tout cela est typique de la petite-bourgeoisie radicalisée.

Que dire aussi de la pathétique affaire ayant secoué « Nuit debout » hier ? Qu'Alain Finkielkraut, penseur réactionnaire allant dans le sens du nationalisme, se fasse rejeter de « Nuit debout », on peut le comprendre : on n'a pas forcément envie de l'écouter.

Cependant, que cela soit fait dans un déferlement de harcèlement hystérique, c'est par contre non seulement ridicule, mais révélateur de la mentalité d'une petite-bourgeoisie basculant dans l'irrationnel, d'une mentalité qui, comme on le sait, a façonné les SA, les fascistes italiens, etc. Il est d'ailleurs notable que la vidéo rapportant cet incident soit le fait du Cercle des Volontaires, une structure militante journalistique complotiste proche d'Alain Soral présente depuis le début de « Nuit debout » place de la République.

Au lieu de raccompagner ce vieux monsieur, on l'invective, on l'insulte, on lui crache dessus (!) – sans aucun intérêt à part l'auto-satisfaction narcissique. C'est l'apparence d'une contestation, sans aucune réalité matérielle révolutionnaire.

C'est de le fiction et la petite-bourgeoisie, en ce moment, nous déroule le grand cinéma comme elle sait le faire. Il faudra s'en rappeler, demain, de cette prétention ridicule à faire du mouvement contre le « Projet de loi travail » le début d'un soulèvement populaire !

 

Il est significatif que ce soit la Jeunesse « Communiste » qui ait revendiqué cette action, par un tweet totalement plébeien. Tout comme il est significatif que le même jour de cette altércation, l'ancien ministre de l'économie grec Yanis Varoufakis, accompagné du porte-parole d'Europe Écologie-Les Verts Julien Bayou, soit venu recevoir une ovation place de la République.

La petite-bourgeoisie prétend avoir déjà activé elle-même le processus révolutionnaire, car elle a peur de celui qui va arriver inéluctablement demain, sur une base prolétarienne.

Elle imite la révolution, comme elle le fait dans toutes les situations de crise, en France avec les situationnistes de mai 1968, comme en URSS avec le trotskyme ou en Chine avec l'ultra-gauche. Comme l'a rappelé Mao Zedong, les agitateurs de drapeaux rouges ne sont que des agitateurs de drapeaux rouges.

Ce qu'il faut faire, dans le prolongement de la social-démocratie dont Lénine est le meilleur produit, c'est dire : Où est le contenu ? Où sont les valeurs ?

S'il y a un « soulèvement » qui surgit actuellement, il portera des idées petites-bourgeoises, le nationalisme, la modernisation du capitalisme.

Car la grande question, c'est la bataille culturelle et idéologique, et elle reste à mener !

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