Jules Guesde

9 aoû 2017

L'effondrement du Parti Ouvrier Français était dans sa matrice même : sans base idéologique et culturelle, rien n'était possible. Karl Marx et Friedrich Engels espéraient que le Parti Ouvrier Français soit le début de quelque chose : ses acteurs le voyaient comme une fin en soi.

Or, de par la réalité historique, il fallait bien que le Parti Ouvrier Français aient une stratégie et une tactique. De par les réalités historiques françaises par ailleurs, il fallait se positionner par rapport à la question municipale...

8 aoû 2017

Comment le Parti Ouvrier Français s'effondra-t-il par conséquent si rapidement ? C'est qu'il lui fallait bien, une fois avoir grandi, faire de la politique.

Sur le plan de la combativité, il fut aux premières loges, avec la grève des mineurs du Pas-de-Calais en 1889, la grève de Carmaux en 1892. Le Parti Ouvrier Français organisa même le soutien national à la grande grève des mineurs de Decazeville en 1886, Friedrich Engels se chargeant du soutien international...

7 aoû 2017

Karl Marx et Friedrich Engels plaçaient donc leurs espoirs dans Jules Guesde, Paul Lafargue et le Parti Ouvrier Français. Ils suivaient avec attention le développement de ce qu'ils valorisaient.

Ils furent déçus et même affligés. Les qualités qui permettaient que quelque chose s'élance en France se transformaient immanquablement en leur contraire, en raison d'un pragmatisme dénué de sens politique, d'une ligne de rentre-dedans sans nuances ni contours.

La scission de 1882 avec les possibilistes avait été la première preuve de manque de sens politique. Friedrich Engels, dans une lettre à August Bebel, le 21 juin 1882, constatait ainsi : « À Paris, c'est la scission dans le parti ouvrier. Les gens de L'Égalité - nos meilleurs éléments, Guesde, Deville, Lafargue, etc. - ont été, sans autre forme de procès, mis dehors au dernier congrès. »...

6 aoû 2017

Le Parti Ouvrier Français possédait une vraie dynamique historique. Aline Valette fut la première femme à parvenir à la direction d'une organisation socialiste, en l'occurrence le Parti Ouvrier Français. Elle fonda par la suite un journal qui ne dura pas, L'Harmonie sociale et fut l'organisatrice d'une Fédération nationale des sociétés féministes

Jules Guesde lui-même prit position en faveur des femmes, alors que le mouvement ouvrier français de l'époque considérait que sa nature consistait à être ménagère. Dans La femme et son droit au travail, publié dans Le Socialiste du 9 octobre 1898, il se positionna clairement : « Assurer à la femme comme à l'homme le développement intégral et la libre application de ses facultés. Assurer d'autre part aux travailleurs sans distinction de sexe, le produit intégral de leur travail. Là est toute la solution – et elle n'est que là. »...

2 aoû 2017

Le Parti Ouvrier Français connut une certaine montée en puissance sur le plan de l'organisation, grâce à d'un côté un engagement militant en faveur du collectivisme, de l'autre l'ouverture d'une perspective marxiste. Initialement appelé Fédération de parti des travailleurs socialistes en France lors de sa fondation au congrès de Marseille d'octobre 1879, il s'appuyait sur un découpage en six régions : Nord, Est, Centre, Ouest, Midi, Algérie.

En fait, malgré la prétention centraliste, les régions étaient autonomes et en fait cela était même le cas des groupes locaux. Ceux-ci étaient libres de se fédérer ou bien d'être simplement en contact avec la direction. Chaque année, suivant le principe instauré au congrès national de Lille en octobre 1890, le Conseil National était organisé par une différente région...

2 aoû 2017

Le programme possède donc, indéniablement, une perspective marxiste. Ce qui caractérise la ligne de Jules Guesde, c'est la volonté d'aller de l'avant dans le collectivisme, ce qui équivaut à une réfutation directe de l'anarchisme. Dans le Programme agricole du Parti Ouvrier Français, on lit ainsi : 

« Le Parti ouvrier, qui, à l'inverse des anarchistes, n'attend pas de la misère étendue et intensifiée la transformation de l'ordre social et ne voit de libération pour le travail et pour la société que dans l'organisation et les efforts combinas des travailleurs des campagnes et des villes s'emparant du gouvernement et faisant la loi, a adopté le programme agricole suivant, destiné à coaliser dans la même lutte contre l'ennemi commun, la féodalité terrienne, tous les éléments de la production agricole, toutes les activités qui, à des titres divers, mettent en valeur le sol national. »...

1 aoû 2017

Jules Guesde et ses partisans furent donc les partisans acharnés du collectivisme, cherchant à le diffuser dans le prolétariat en présentant la révolution comme nécessité absolue. C'est cela qui permit la rencontre avec le marxisme.

Aux congrès socialistes nationaux qui commencèrent à s'organiser, la thèse collectiviste fut initialement refusée, à Paris en 1876 et à Lyon en 1878, avant finalement de triompher à Marseille en 1879. L'objectif socialiste consista alors en l'appropriation collective de tous les instruments de travail et de toutes les forces de production...

30 juil 2017

Puisque la bourgeoisie avait failli et que le collectivisme apparaissait comme nécessaire, alors il n'est, en quelque sorte, nul besoin de tactique ou de stratégie.

Jules Guesde va être celui qui va amener la naissance du Parti Ouvrier Français, historiquement la première organisation qui, en France, se revendique de Karl Marx et revendique « l'expropriation politique et économique de la classe capitaliste et la socialisation des moyens de production »...

29 juil 2017

Que signifie le collectivisme mis en avant par Jules Guesde, à la toute fin des années 1870 ? Voici comment il le définit, dans Collectivisme et Révolution, datant de 1879 :

« C’est la socialisation , ou encore, dans l’état actuel de l’Europe, la nationalisation du capital immobilier et mobilier, depuis le sol jusqu’à la machine, mis désormais directement à la disposition des groupes producteurs.

Plus de capitalistes, plus de patrons achetant et trouvant à acheter pour un morceau de pain la force de travail de millions d’hommes réduits au rôle de machines, produisant tout et manquant de tout : ou mieux, un seul patron, un seul capitaliste : Tout le monde ! mais tout le monde travaillant, obligé de travailler et maître de la totalité des valeurs sorties de ses mains...

28 juil 2017

La Commune de Paris fut, en 1871, le moment du grand tournant dans l'histoire de France ; elle marqua la naissance du mouvement ouvrier révolutionnaire en toute indépendance. Pour la première fois, la classe ouvrière s’était élancée de manière seule, sans se soumettre ou s’allier à la bourgeoisie dans une lutte anti-féodale.

Cependant, la classe ouvrière était embryonnaire, alliée à la plèbe ; l’échec de la Commune de Paris provoqua ainsi un cataclysme politique. 1871 fut une année d’une grande importance pour l’histoire du mouvement ouvrier à l’échelle mondiale ; le prix à payer en France fut toutefois un recul significatif, à tous les niveaux...

3 déc 2014

Jean Jaurès - 12e partie : les oppositions internes

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Jean Jaurès a été une catastrophe sur toute la ligne. Il a empêché la réception du marxisme en France, il a théorisé un « socialisme » comme généralisation de la petite propriété, il a mis en place un parti parlementariste et légaliste tentant de « conduire » la République au socialisme.

Deux conséquences majeures, demandant une analyse très approfondie, apparaissent ici...

8 Jan 2014

Dans l'affaire Dieudonné, on retrouve aujourd'hui les mêmes lignes que dans l'affaire Dreyfus.

Regardons en arrière, cette fameuse affaire Dreyfus. A l'époque, il y avait trois tendances : les dreyfusards qui refusaient catégoriquement l'antisémitisme. En face d'eux, les anti-dreyfusards ne voulant pas que l'on remette l'armée française en cause, voire le plus souvent étant franchement antisémites. Et à côté, toute une extrême-gauche refusant de défendre Alfred Dreyfus, car c'est un soldat et un bougreois, rejetant la lutte contre l'antisémitisme qui dévierait des luttes économiques, syndicales...

25 Jan 2010

Il existe en France une certaine tradition, une tradition « volontariste » de la révolution: c’est la conception de la « rébellion » à la française, où l’on s’imagine que le peuple, du jour au lendemain, met en quelque sorte le bonnet phrygien et va prendre la Bastille.

Cette tradition est terriblement ancrée et a été une grande source dans les défaites du mouvement communiste en France...

15 mai 1934

Le congrès du Parti ouvrier se réunit en septembre 1898 à Montluçon. Sans doute il condamne le nationalisme et l'antisémitisme. Mais il ne donne aucune directive précise.

Et peut-être allait-il un peu vite en besogne quand il affirmait dans une résolution que l'antisémitisme « malgré toutes ses pétarades démagogiques n'a jamais pu faire illusion à une fraction quelconque de la classe ouvrière consciemment organisée ».

En fait les ouvriers étaient dans la rue, se battant contre la police et les nationalistes : le Parti ouvrier de Guesde ne les guidait plus.

Le mouvement de masse grandit, il se développe au milieu de l'agitation revendicative du prolétariat.

En octobre 1898 une grève importante éclate à Paris parmi les ouvriers du bâtiment. On compte plus de 20.000 grévistes. Contre eux le président du Conseil Brisson fait donner la troupe. (...) Tout se mêle étroitement : les cris de « Vive Dreyfus ! » et les cris qui expriment la volonté revendicative des gars du bâtiment...

25 nov 1902

Jules Guesde - Les deux méthodes (1900)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Citoyennes, citoyens, camarades, Laissez-moi, tout d’abord, remercier Jaurès d’avoir aussi bien posé la question, la seule question pour la solution de laquelle vous êtes réunis ce soir.

Jaurès a dit la vérité au point de vue historique de nos divergences lorsque, allant au-delà de la participation d’un socialiste à un gouvernement bourgeois, il est remonté jusqu’à ce qu’on a appelé l’affaire Dreyfus. Oui, là est le principe, le commencement, la racine d’une divergence qui n’a fait depuis que s’aggraver et s’étendre...

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