8 oct 2015

PCF (mlm) - Déclaration 75 - 5 thèses sur la lutte à Air France

Submitted by minus

1. La nature de la lutte

a) Il existe deux types de luttes des classes sur le plan stratégique : celles conscientes, organisées, ne pouvant être exister par conséquent que sous la direction du Parti Communiste comme quartier général de la révolution, et celles inorganisées, produit élémentaire des contradictions entre les classes.

b) Il existe deux types de luttes des classes sur le plan tactique : celles qui participent à un esprit offensif afin de conquérir des droits et de refuser certaines conditions de travail, et celles relevant d'une nature défensive, afin de parer à des conséquences de décisions patronales.

c) La lutte des classes qui se déroule actuellement en France est à la fois élémentaire et défensive. Elle est le produit de la situation et par conséquent contient un haut niveau de combativité, mais ne possède pas un niveau idéologique élevé.

2. La forme de la lutte

a) Dans le cadre du conflit entre les classes, la violence est inévitable et forme même le contenu de ce conflit, par la contradiction antagonique entre État et bourgeoisie d'un côté, classe ouvrière et masses populaires de l'autre.

b) L'arrache de la chemise du DRH d'Air France, Xavier Broseta, et du responsable de l'activité long courrier à Air France, Pierre Plisonnier, a été un acte mené dans la foulée de l'entrée de 1000 personnes pour saboter le Comité Central d'Entreprise le 5 octobre. Elle est une conséquence de l'action coup de poing, pas un objectif initial.

c) En tant que débordement de la colère populaire, cet acte fonde sa légitimité dans l'opposition des masses aux dirigeants de l'entreprise. Mais c'est un produit de la lutte des classes et non pas une expression de la lutte des classes avec des masses réellement protagonistes. Faire fuir deux personnes la chemise arrachée est d'une autre nature que, par exemple, les retenir par la force en exigeant la satisfaction de revendications précises.

3. L'impact de la lutte

a) La bourgeoisie a été extrêmement choquée de ce que révèle la brutalisation de deux responsables d'entreprise, en termes de conflictualité prolétarienne. L'ensemble des médias, littéralement pris de panique, a dénoncé et calomnié les masses. L'ancien président Nicolas Sarkozy a parlé de « chienlit », le Premier ministre Manuel Valls a tenu des propos ouvertement anti-prolétariens :

« ces agissements sont l’œuvre de voyous. La justice devra identifier ceux qui se sont livrés à cette violence inqualifiable. La violence est inadmissible dans notre société. Elle doit être condamnée et il faudra des sanctions lourdes à l’égard de ceux qui se sont livrés à de tels actes. »

b) Les syndicats et les opportunistes ont refusé de condamner l'action contre les deux responsables d'entreprise, défendant cette extrémité au nom de la colère. Olivier Besancenot du NPA résume bien cet état d'esprit par sa formule sur Twitter : « Sans-culottes contre sans-chemises ». Le Secrétaire Général de la CGT, Philippe Martinez, a dit dans le même esprit que « c'est un signal d'alerte ». Ils se posent ainsi, par un discours populiste, comme expression possible pour les masses protestataires, sans assumer pour autant justement la conflictualité prolétarienne telle qu'elle devrait l'être.

c) L'écho de l'action participe à la lente prise de conscience prolétarienne, qui doit traverser nombre de préjugés, de corruptions, de désarroi, de déformations bourgeoises et petites-bourgeoises, de superstitions religieuses, de manque de connaissances, d'absence d'organisation. Ce processus n'en est qu'à ses débuts.

4. Le cadre de la lutte

a) La situation à Air France est absolument différente du reste des entreprises en France. Il s'agit d'un des derniers bastions ayant échappé aux restructurations et participant aux secteurs protégés de l'âge d'or des « Trente Glorieuses ». La lutte qui y existe est une lutte anti-restructuration comme celles qui ont prédominé dans les années 1980-1990.

b) En tant que secteur protégé, Air France connaît des situations bien spécifiques, avec notamment un jeu très pervers des pilotes de ligne, qui gagnent deux à trois plus qu'ailleurs, pour entre 10 et 40 % d'heures en moins. La tendance à l'esprit corporatiste est largement diffusée, alors qu'en même temps le personnel le moins qualifié est le plus victime de la situation en général.

c) Air France ne peut plus se maintenir dans le cadre actuel du capitalisme. Les licenciements prévus de 300 pilotes, 900 personnes du personnel navigant commercial et 1700 personnes du personnel au sol, puis officieusement de 5000 personnes, sont inévitables du point de vue capitaliste pour le « rétablissement » du profit capitaliste de ce qui est une entreprise privée faisant face à la concurrence.

5. Le constat sur la lutte

a) Le caractère de la lutte à Air France rappelle à quel point le prolétariat français, à travers les « Trente Glorieuses », a été corrompu par un esprit de collaboration de classe, de revendications soumises à l’État comme arbitre suprême, de formulations s'appuyant uniquement sur la vie individuelle de chaque salarié, ce qui ne serait pas négatif ici si cela ne formait pas une limite idéologique, réduisant la lutte des classes à une démarche économiste.

b) La lutte à Air France n'a aucune chance d'aboutir dans le cadre présent. Air France a existé en tant qu'expression de la nation française, portée par la bourgeoisie. C'était de fait un secteur protégé, participant au prestige national. Cela va avec un certain style, notamment dans l'esthétique, de tradition typiquement française, et cela jusqu'à aujourd'hui avec la publicité « France is in the air », d'esprit tout à fait french touch. Seul le socialisme pourra permettre à Air France d'exister en tant que tel, en portant quelque chose ayant réellement un rapport avec la société française.

c) La situation actuelle témoigne que la seule stratégie révolutionnaire authentique en France est de tourner le dos aux réformistes, aux opportunistes, aux anarcho-trotskystes, pour se tourner résolument et uniquement vers les masses populaires. Le PCF(mlm) considère que la seule tâche ayant réellement un sens historique est d'effectuer une longue marche dans les masses, d'exister dans les pores mêmes de la vie sociale, la vie quotidienne, la vie concrète. Il s'agit de concrétiser la ligne de masses dans les secteurs populaires. Cela se pose comme antithèse de la démarche totalement erronée consistant à participer aux « mouvements sociaux », aux initiatives anarcho-trotskystes, qui a par ailleurs comme conséquence d'abandonner les masses au fascisme.

Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Octobre 2015

Mots clés: 
Les grandes questions: