PCMLM - Déclaration 69 : ni petite bourgeoisie radicalisée, ni économisme syndicaliste
Submitted by Anonyme (non vérifié)La France est un pays qui a une longue histoire, connaissant une féodalité solide se développant jusqu'à une monarchie absolue très poussée, une révolution bourgeoise de grande ampleur traversant de nombreux aléas avant un triomphe complet avec la Belle époque.
Pour cette raison, la bourgeoisie possède de nombreuses traditions, de grandes connaissances pratiques ; elle sait protéger ses intérêts de classe, par le coup de force comme par la corruption matérielle, sociale, idéologique, culturelle.
Deux risques majeurs pour les révolutionnaires
Il existe ainsi deux grands soucis quand on veut mener la révolution dans un pays capitaliste aussi développé que le nôtre. Le premier souci, c'est de céder devant la petite bourgeoisie radicalisée par la crise. Le second souci, c'est de céder devant l'économisme syndicaliste.
a) Dans le premier cas, il y a un chantage à la désocialisation, au nom d'un pseudo « activisme » qui n'est en réalité que le masque des pressions que tente d'exercer la petite bourgeoisie face à la crise du capitalisme. On retrouve ici le fameux milieu anarcho-trotskyste, qui cultive un activisme associatif et « social » en parasitant les « mouvements sociaux » et les municipalités.
Ce milieu rejette farouchement la théorie et l'idéologie, car il sait que cela remettrait en cause son hégémonie en faveur de celle du prolétariat, avec également bien entendu l'exigence de discipline et le refus du libéralisme qui s'ensuivrait. Pour cette raison, ce milieu invente régulièrement de nouveaux critères post-modernes (le queer, l'anti-islamophobie, etc.) afin de déboussoler et de nier le matérialisme dialectique.
Il pratique le chantage à « l'activisme », développant une ligne « ultra » afin d'empêcher d'étudier, d'arborer, de défendre, d'appliquer le matérialisme dialectique.
b) Dans le second cas, le chantage est celui du syndicalisme comme prétendue seule voie de toucher la classe ouvrière. Seules les revendications économiques et sociales de type quantitatif intéresseraient les masses et les syndicats seraient le seul vecteur possible pour cela. Au nom de ce « réalisme », on a alors la négation du rôle central de l'idéologie, et la soumission aux critères culturels bourgeois.
Deux exemples de capitulation dans les faits
Un exemple typique de capitulation devant le premier cas est celui des anarcho-maoïstes, qui afin de ne pas se retrouver isolés face à l'anti-communisme, mettent de « l'eau dans leur vin », afin de pouvoir « passer » dans le milieu anarcho-trotskyste, avec en arrière-plan la conception pragmatique-machiavélique de « plumer la volaille », comme le formule l'expression politique traditionnelle en France.
Un exemple typique de capitulation devant le second cas est celui de la Coordination communiste, regroupant l'opposition de « gauche » au sein du Parti Communiste français. Le nom complet de cette structure née en 1991, juste après l'effondrement du bloc de l'est dominé par le social-impérialisme soviétique, était « Coordination communiste pour la continuité révolutionnaire et la renaissance léniniste du PCF ».
Cette structure prétendait pas moins refonder le Parti Communiste en France, tablant sur l'effondrement du canal habituel du PCF et se proposant comme alternative en tant que canal historique.
Évidemment, sans critique du révisionnisme, sans compréhension juste du matérialisme dialectique, sans patience comme vertu cardinal des révolutionnaires, c'était impossible. C'était simplement une tentative de sauver les meubles.
Au nom du refus du « sectarisme », cette structure s'est donc précipitée dans un syndicalisme « de lutte de classes » n'aboutissant à rien à part à un néo-révisionnisme idéologiquement et culturellement tout à fait creux. Historiquement, cela n'a rien apporté.
La « Coordination communiste » a échoué à reconstruire le PCF
La Coordination communiste prétendait reconstruire un solide Parti Communiste, même si dans les faits sa seule démarche a été de tenter de reconstituer le PCF des années 1970-1980. Cela se voit quand on regarde ce qu'ont donné ses composantes, à partir de l'année 2000, neuf ans après les débuts au sein du PCF :
a) une minorité est resté au PCF en tant que « Coordination des militants communistes du PCF pour sa continuité révolutionnaire et sa renaissance léniniste », devenant le « Pôle de Renaissance Communiste en France ». C'est la seule structure réellement organisée, profitant d'élus du PCF voyant l'échec annoncé et tentant de revenir à la ligne du début des années 1970, celle du social-chauvinisme.
Elle est en pratique un simple groupe de pression dans le PCF, tentant de se poser comme « recours » au moyen d'un discours anti-Union Européenne faisant plus que se rapprocher du nationalisme bourgeois « social », du gaullisme « de gauche », au nom d'un appel à un « Conseil National de la Résistance » reprenant comme modèle celui de 1944-1945.
b) une autre minorité a formé le Rassemblement des Cercles Communiste, avec principalement la Coordination Communiste du Nord, qui se positionne comme soutien « de gauche » au Front de Gauche.
c) une majorité a quitté le PCF, devenant la « Coordination communiste pour la reconstruction du parti communiste révolutionnaire », devenant en 2004 l'Union des Révolutionnaires Communistes de France (URCF). L'URCF vient justement de tenir un congrès, où elle annonce sa fusion avec « Communistes », une petite structure issue en 2002 du PCF.
C'est un aveu de faillite complète pour l'URCF qui espérait dépasser en termes militants le PCF depuis dix ans, sans jamais y parvenir, de près ou de loin. Comment serait-ce possible, alors que l'URCF reconnaît que le 20e congrès du Parti Communiste d'Union Soviétique relève du révisionnisme moderne, sans pour autant jamais admettre que c'est la Chine de Mao Zedong qui a porté la critique correcte de ce révisionnisme ?
Le document d'orientation du congrès de l'URCF qui vient de se tenir, et qui annonce sa fusion avec « Communistes », ne contient aucune précision idéologique : tout est limité à des questions sociales, l'URCF se posant comme « plus à gauche ».
« Plus à gauche » n'est cependant pas un programme s'il n'y a pas de valeurs idéologiques et culturelles. L'URCF dit d'ailleurs :
« Nous tirons à 3 500 exemplaires notre journal, en l’envoyant très largement aux UL, UD, Syndicats CGT, SUD, FSU. »
Cela en dit long sur l'orientation économiste syndicaliste, dans le même esprit que les trotskystes de Lutte Ouvrière, avec une ligne au final très proche : l'URCF nie tout pareillement la progression du fascisme en France et l'importance du Front National, niant de la même manière que les partis politiques parlementaires représentent différentes couches sociales, aux intérêts parfois divergents, parfois unifiés, parfois contradictoires.
L'idéologie commande tout
Mais quelle est l'erreur, finalement, commune à toutes les scissions « de gauche » du PCF ? De dire, en 2000, que le PCF a acquis une ligne révisionniste seulement à son 22e congrès, en 1976.
Voilà l'erreur fondamentale, qui consiste ni plus ni moins qu'en une acceptation tacite du révisionnisme de Maurice Thorez, alors que toute étude sérieuse du Front populaire révèle facilement l'opportunisme chauvin, la tendance à la négation de la dictature du prolétariat, etc.
Maurice Thorez a considéré, de manière plébéienne, syndicaliste révolutionnaire, que la révolution socialiste en France serait une réédition de la révolution française, avec les masses en Sans culottes. C'est, finalement, la même ligne que Jean Jaurès.
Pareillement, si l'on regarde, le PCF n'a jamais assumé le réalisme socialiste dans les arts et la littérature. Cela a permis l'infiltration de l'idéologie bourgeoise, la convergence avec le relativisme post-moderne.
Si l'on regarde le matérialisme dialectique, on voit que le PCF l'a de toutes manières dès les années 1960 ouvertement assimilé à un « matérialisme scientifique » que les « Français » en général auraient déjà avec Descartes.
Il n'y a pas eu de valorisation de nos portraitistes nationaux : comment est-il possible que ni Molière ni Honoré de Balzac, ou encore Abraham Bosse, Jean Racine, les frères Le Nain, n'aient pas été mis en avant ?
Comment a-t-il été possible de ne pas voir que la France bourgeoise a prétendu que la Renaissance et l'humanisme ont été la même chose, alors qu'il s'agissait ici d'une manière d'oublier la signification historiquement progressiste du hussitisme, du protestantisme, de la peinture flamande ?
Pourquoi le trotskysme et le « socialisme française » de Pierre-Joseph Proudhon et de Jean Jaurès, de Jacques Doriot, de l'école d'Uriage, n'ont-t-il pas été analysé précisément, critiqué, dénoncé ?
Sans comprendre tout cela, on bascule dans le cosmopolitisme, on ne saurait comprendre la mentalité française, l'histoire de la France, les rapports idéologiques, culturels et matériels dans notre pays.
La simple ligne de l'URCF, c'est ici de se poser en PCF de 1976 refusant « l'opportunisme », « n'oubliant pas » les luttes de classes. Il est évident que c'est idéaliste.
Plutôt que de dénoncer le « sectarisme dogmatique », l'URCF aurait dû suivre notre chemin : celui de la conquête de l'idéologie, qui commande tout et qui, en correspondance avec les exigences de civilisation des masses, amènera l'avènement en France de la démocratie populaire.
Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Février 2015