20 juin 2013

Sens et signification de l'Action antifasciste en Allemagne

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L'Action antifasciste est une formidable expérience qui a eu lieu en Allemagne au début des années 1930. C'est le fruit d'une terrible bataille face aux nazis, afin d'en arriver à l'unité des progressistes à la base.

Le dossier sur l'Action antifasciste (ici en version PDF) des années 1930 est ainsi très intéressant, d'autant plus qu'il présente également l'antifascisme autonome qui s'est développé en Allemagne durant la période 1980-2000.

Il a été logique que le principe de l'Action antifasciste ait été repris en Allemagne 50 ans après, puisqu'il s'agissait du même esprit : affirmation d'un antifascisme autonome par rapport aux institutions et compréhension de l'effondrement du capitalisme.

Car, contrairement à ce qu'on peut penser parfois en France, l'antifascisme autonome qui a existé en Allemagne, et qui existe pour partie encore, était extrêmement structuré (et donc très « autoritaire » du point de vue anarchiste), extrêmement tourné vers les questions théoriques et culturelles.

Il était par conséquent difficile de rejoindre un groupe, celui-ci étant pratiquement une structure de cadres, avec une tradition éprouvée, des principes, etc. On est à mille lieux de l'image anarchiste d'Epinal de l'antifa autonome spontanéiste sur toute la ligne.

S'il y a une chose dont l'antifascisme a toujours été éloigné, et pour cause, c'est bien du spontanéisme. Rien à voir donc avec le principe de l'AFA anglaise, l'antifascist action résumant le fascisme à des bandes d'amis cassant la gueule aux nazis et s'imaginant stopper toute une tendance historique.

Car l'Action antifasciste en Allemagne, tant dans les années 1930 que les années 1980 et 1990, se considérait comme faisant face au fascisme comme tendance historique, comme expression d'un capitalisme en crise allant vers la guerre.

Il n'a jamais été pensé que le fascisme pourrait être « stoppé » ou « supprimé », mais bien seulement combattu avec en arrière-plan l'horizon révolutionnaire. Cela n'a rien à voir avec l'antifascisme « radical » anarchiste pour qui « le fascisme c'est la gangrène on l'élimine ou on en crève ! » Cela n'a rien à voir avec un culte hooligan d'un antifascisme qui serait « street ».

Finalement, la question en arrière-plan ici en France, pour savoir dans quelle mesure il faut tirer profit de l'expérience allemande de l'Action antifasciste, est celle du Front National.

Alors que le Front National progresse et touche idéologiquement et culturellement facilement un quart des personnes vivant en France, est-il possible de considérer que le fascisme ce serait seulement des bandes « extrémistes » dans les rues ?

Non, bien entendu. Le fascisme est une tendance historique du capitalisme en crise, avec un Front National qui est poussé en avant, avec des manifestations contre le droit au mariage des gays et des lesbiennes, avec des initiatives fascistes comme celles de Merah.

Or, anarchistes et trotskystes ont failli : ils n'ont strictement rien dit sur l'antisémitisme, même pas au moment de l'affaire Merah. Ils n'ont rien analysé de la question gay et lesbienne, se mettant à la remorque du Parti Socialiste et des universitaires décadents queers. Et qui plus est, ils expliquaient il y a quelques années que le Front National était mort...

Tout cela est incorrect et inconséquent. Un véritable antifascisme, comme il s'en est développé un en Allemagne, analyse l'histoire, les faits, les phénomènes, les cultures. Il faut de la théorie, de la culture, des directions. On ne combat pas le monstre fasciste avec des idées justes, mais avec la force d'une époque – ou bien on est écrasé !

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