18 fév 2013

Lasagnes à la viande de cheval et farines animales pour les poissons : Marine Le Pen prétend défendre la nature... qu'en est-il vraiment ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dans un communiqué à propos des lasagnes industrielles contenant de la viande de cheval et de l'autorisation par l'Union Européenne des farines animales pour les poissons d'élevage, Marine Le Pen a affirmé que « notre alimentation aujourd'hui est folle » et que « la rentabilité à tout prix crée des horreurs contre-nature ».

Depuis Marx et Engels en passant par Mao Zedong, la question de la nature a toujours été une question essentielle pour les communistes authentiques. On pourrait même dire que c'est la question essentielle, puisqu'il s'agit de comprendre que le communisme n'est pas un choix subjectif particulier mais une destination naturelle inévitable, l'expression du mouvement éternel de la matière allant vers un niveau toujours plus haut de synthèse.

Quand les fascistes, par la voix de Marine Le Pen, parlent « d'horreur contre-nature », ils veulent utiliser le sentiment qu'ont les masses populaires que le mode de production capitaliste n'en finit plus d'enfoncer le monde avec lui dans sa crise. Cependant, les fascistes utilisent ce sentiment pour le détourner, car ils ne comprennent pas ce qu'il se passe réellement.

Aujourd'hui, il est clair que ce ne sont pas seulement les humains qui sont concernés, mais l'ensemble de la biosphère qui est victime d'un mode de production arriéré. C'est justement sur cette question là, fondamentale, que l'on comprend que les fascistes sont des usurpateurs.

Ils refusent de comprendre que le problème est global. Leur rôle est d’empêcher les masses populaires de comprendre la biosphère, en les neutralisant avec la mise en avant de la question nationale, en les enfermant dans le nationalisme, là où la question est mondiale.

Le problème que posent les lasagnes à la viande de cheval est terrible. Non pas parce qu’il s'agit de manger du cheval à la place du bœuf, en soit !

En tant que matérialistes, nous ne pouvons pas faire de différence entre les vaches et les chevaux. Ils ont tous autant droit à la dignité, à ne pas vivre pour être exploités puis massacrés. C'est une simple question de morale communiste, et c'est une chose largement établie: là où on trouve une humanité revendiquant la sagesse, l'universalisme, le savoir et les arts, on ne trouve pas de place pour la violence.

Si donc le problème que posent les lasagnes à la viande de cheval est terrible, c'est qu'il marque de manière brutale pour les masses le fait le mode de production capitaliste aliène et dirige directement leur vie, transforment leur besoins en les dénaturant.

Ce que les masses populaires commencent à comprendre, c'est la nature du capitalisme dans le cadre de ses choix de productions depuis les années 1950.

La question des lasagnes a d'ailleurs un retentissement particulier en France, car il y a un fond culturel d'amitié pour les chevaux qui est fort, tout comme en Angleterre. Nombreuses sont les personnes qui refusent de manger du cheval, car elles aiment les chevaux et pensent qu'il est cohérent de faire de l'équitation quand on aime les chevaux. Et de moins en moins nombreuses sont les boucheries « chevalines », réservées à une population plus âgée.

Tout cela est évidemment contradictoire, c'est une incohérence car il n'y a pas plus de raison de manger des vaches que des chevaux. Mais c'est une contradiction qui doit se résoudre dans un sens positif en élargissant l'amitié et le respect pour les chevaux aux autres espèces, car c'est une recherche naturelle pour l'humanité, à moins de vouloir célébrer la guerre permanente.

Marine Le Pen ne s'occupe pourtant pas de cette question. Pour elle, l'affaire des lasagnes à la viande de cheval n'est qu'un prétexte à la critique fasciste de la « mondialisation » et la mise en avant du nationalisme. Elle affirme que le problème est qu'il y a « un système qui multiplie les intermédiaires, les pays , les sous-traitances de trader en trader, très loin du produire et consommer local ».

Ce constat n'est pas faux, évidemment. Mais il est totalement illusoire et réactionnaire, en l'occurrence démagogique, de prétendre que c'est avec le « produire et consommer local » ( sous-entendu « national » ) que l'on résoudra quoi que ce soit.

Marine Le Pen n'est pas contre l'agro-industrie. Elle est seulement contre l'agro-industrie capitaliste « mondiale », l'agro-industrie capitaliste qui n'est pas franco-française.

Il n'est pas question pour elle de résoudre la folie de l'industrie capitaliste, mais de prétendre que la version « française » et « traditionnelle » du capitalisme serait meilleure.

Le programme de Marine Le Pen est même justement très clair à ce sujet, il contient un point important sur la modernisation des abattoirs et de l'industrie de la viande au service des monopoles français, de l'industrie française.

Le problème que pose l'utilisation de farines animales pour nourrir les poissons d'élevage est lui aussi terrible. Et bien évidemment, nous pensons que cela est une horreur contre-nature.

Par contre, pour Marine Le Pen, l’utilisation de la la notion de nature n'est encore qu'un prétexte pour la mise en avant d'une vision du monde réactionnaire typiquement fasciste. Son idéologie ne repose sur rien de scientifique et rationnel.

Quand Marine Le Pen parle de la « nature » dans ses discours, comme par exemple à Châteauroux en février 2012, c'est pour en fait défendre les chasseurs, dont le loisir est d'assassiner des animaux sans défense, et mettre en avant le « terroir ».

C'est la même logique lorsqu'elle critique la viande halal pour défendre les abattoirs et l'agro-buisnesse « français ».

Mais la véritable preuve que la critique des « horreurs contre-nature »  n'est qu'un prétexte fasciste, c'est que Marine Le Pen se contente de dire que « notre assiette est folle » sans vouloir remettre en cause la source du problème. Elle ne critique pas l'exploitation des poissons et le pillage des océans par le mode de production capitaliste s’enfonçant toujours plus dans la barbarie.

La réalité aujourd'hui, c'est que la bourgeoisie a poussé tellement loin sa prétention à dominer la nature, que le niveau de destruction et de massacre organisé par l'agro-industrie capitaliste est absolument énorme, gigantesque. Particulièrement en ce qui concerne les océans.

L'autorisation par l'Union Européenne de l’utilisation de farines animales pour les poissons d'élevage, en l’occurrence des farines issues du meurtre des cochons, n'est pas le résultat d'un simple choix subjectif de quelques commissaires européens particulièrement dénaturés.

L'utilisation de viande de porc pour nourrir des poissons est une expression logique (mais barbare) et inévitable des besoins de l'agro-industrie capitaliste pour continuer de se développer malgré la crise qu'elle produit.

L'aquaculture s'est développé dans les années 1980 et a explosé dans les années 1990 pour faire face aux désastres causés par l'industrie de la pêche. A partir des années 1950, de gigantesque bateaux-usines ont décimé les fonds marins, péchant et massacrant les poissons jusqu'à 3000 mètres de profondeur à des rythmes atteignant les 100 tonnes par heure.

L'industrie mondiale de la pêche qui sortait de l'eau environ 5 millions de tonnes de poissons chaque année à la fin du XIXe siècle a pu culminer à 86 millions de tonnes à la fin des années 1980.

Cette course folle et barbare contre les océans a décimé des populations entières de poisson, causant même la disparition de milliers d’espèces, bouleversant les écosystèmes marins, particulièrement le long des côtes.

L'aquaculture qui est une expression de ce désastre n'a fait elle même qu'aggraver le problème.

Non seulement le nourrissage des poissons en cage génère des « miettes » (les cages sont en mer) qui attirent d'autres espèces autour, bouleversant ainsi encore plus les écosystèmes.

Mais en plus la plupart des poissons élevés sont des espèces carnivores, ce qui nécessite un pillage toujours plus intensif des océans pour les alimenter. Des chercheurs de l'université de Stanford ont montré que pour 1 tonne de saumon d'élevage, il fallait pêcher 3 tonnes de poissons sauvages.

Aujourd'hui l'agro-industrie capitaliste a tellement bouleversé les écosystème et détruit les fonds marins que les industriels n'arrivent plus à satisfaire la demande de l'aquaculture.

L'utilisation du soja est largement répandue, mais les industriels veulent pouvoir diversifier leurs « matières premières » pour faire face aux évolutions des cours et maximiser leurs profits. L'utilisation de farines animales pour l'aquaculture est donc inévitable avec l'industrie capitaliste. C'est une conséquence inévitable de la crise du mode de production capitaliste.

En vérité, la seule réponse cohérente, matérialiste, naturelle à cela, c'est qu'il ne faut plus, mais absolument plus du tout, manger de poisson. Manger du poisson aujourd'hui est non seulement criminel vis-à-vis des poissons eux même, c'est une tendance à l'exploitation et à la mort, un acte inutile détournant d'activités productives, mais c'est criminel vis-à-vis des océans, si essentiels dans la biosphère.

La classe ouvrière - en organisant la planification de la production socialisée - saura mettre fin à l'horreur que la barbarie de l'industrie capitaliste impose à la biosphère.

Cela sera le produit d'un vision scientifique fondée sur la compréhension et le dépassement de la contradiction ville/campagne et de la contradiction entre le travail manuel et le travail intellectuel, pour mettre fin à l'écocide et à l'exploitation. Cela sera le produit d'un vision scientifique fondée sur le refus de la dénaturation de l'être humain.

Cette compréhension est totalement opposée à la vision du monde des fascistes. Les fascistes refusent le mouvement de la nature, ils refusent de voir la synthèse. Conformément à l'idéologie bourgeoise, ils considèrent la nature comme étant le lieu de la loi du plus fort et de la sélection.

Pourtant, la seule chose qui est naturelle, c'est de se nourrir, c'est de chercher à entretenir le mouvement de la vie. Si certain animaux sont obliger de tuer d'autres animaux pour vivre, c'est par nécessité, si le meurtre existe dans la nature, cela ne constitue pas l'aspect principal.

Toutes les unités organiques sont des symbioses de bactéries, la collaboration et l'interdépendance - jusqu'à la synthèse - entre les espèces, voilà la règle dans la nature. Cela est encore plus évident lorsque l'on regarde le monde végétal, tout est en interaction perpétuelle, la biosphère est une vaste synthèse !

C'est le mouvement universel de la vie depuis les bactéries primitives jusqu'aux corps ultra-sophistiqués que sont les mammifères. La vie exige le communisme, pas le nationalisme !

Aujourd'hui le fascisme profite et se nourrit de la crise générale du capitalisme. Les fascistes se présentent comme étant les garants de l'ordre contre la décadence bourgeoise et la dénaturation qu'elle produit. Pour cela, ils profitent de l'insouciance, de la décadence et de l'incompétence totale de la social-démocratie au pouvoir.

Typiquement, Florian Philippot, le vice président du Front National, s'est empressé de sortir un communiqué pour demander la démission de la soi-disante ministre de l'écologie Delphine Batho, après que celle ci ait benoîtement expliqué sur Canal + qu'elle n'avait « pas vue cette autorisation » de la commission européenne d'utiliser des farines animales pour l'élevage de poisson. Cela est tout simplement scandaleux.

Mais les fascistes sont des usurpateurs, ils ont beau jeu de s'insurger, car eux non plus ne veulent pas de la nature. Leur rôle est de détourner les masses vers le nationalisme, pour que tout continue comme avant, pour que le capitalisme perpétue son écocide, pour que la bourgeoisie, française, continue de dominer et d'exploiter malgré la crise.

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