3 fév 2012

Personnes handicapées stérilisées à leur insu : le social-darwinisme à l'oeuvre

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Cinq femmes handicapées mentales ont porté plainte depuis 2008 contre la France devant la Cour Européenne des Droits Humains de Strasbourg pour avoir été stérilisées (par ligature des trompes) à leur insu entre 1995 et 1998 dans le département de l'Yonne. L'affaire s'apprête à être instruite.

Cette affaire, traitée discrètement dans les médias bourgeois, apparaîtra comme une « exception » que la justice bourgeoise se charge de corriger. Pourtant, la stérilisation forcée des personnes handicapées mentales n'a rien d'exceptionnel et elle était même courante avant la loi du 4 juillet 2001. Ainsi, en 1998, l'Inspection générale des affaires sociales révélaient que 211 femmes et 15 hommes avaient été stérilisées en 1996.

La loi de 2001 limitait quant à elle la stérilisation à deux cas bien définis : « une contre-indication médicale absolue aux méthodes de contraception ou une impossibilité avérée de les mettre en oeuvre efficacement ». De plus, la personne handicapée doit exprimer son consentement avant qu'un juge rende son arbitrage. Mais en dehors de cet éclairage strictement juridique, on se rend compte sur le plan pratique que les personnes handicapées mentales sont absolument rejetées de la société par le capitalisme.

En somme, on ne sait rien d'elles, de leur vie et de toutes les questions fondamentales qui se posent pour elles au quotidien. Elles vivent dans l'ombre et le silence auxquels le capitalisme les a assignées. Justement, depuis 2009 le PCMLM martèle le mot d'ordre « luttons contre l'ombre et le silence ! » qui fait partie intégrante du combat contre l'idéologie dominante du social-darwinisme.

La chape de plomb qui pèse sur les personnes handicapées, et en particulier les handicapés mentaux, constitue clairement une façon de reléguer des êtres humains en dehors de la société compétitive du capitalisme. L'existence même de ces personnes perturbe considérablement l'ordre brutal du capitalisme qui essaie d'imposer « la loi du plus fort ».

Que se passe-t-il derrière les murs des institutions et centres spécialisés ? Cette question n'est tout simplement pas prioritaire pour la bourgeoisie.

En 2010, l'hôpital psychiatrique de Clermont avait été signalé pour sa « maltraitance institutionnelle ». Il apparaissait notamment que les lumières restaient allumées 24 heures sur 24 dans les chambres et que, la nuit, les patients devaient faire leurs besoins dans des seaux car les toilettes étaient condamnées.

Et qui sait que les électrochocs demeurent une pratique courante en France ?

Dans notre pays, 70 000 électrochocs sont administrés chaque année. La "justification" de cette méthode barbare réside dans l'approche mécaniste de la pseudo-science bourgeoise. Les centres spécialisés et autres hôpitaux psychiatriques ne sont pas fait pour l'épanouissement des personnes concernées mais pour les assommer de médicaments. D'un point de vue totalement borné, ces médicaments DOIVENT impérativement donner des résultats (c'est-à-dire concrètement maintenir le patient dans un état semi-conscient, semi-léthargique).

Si les médicaments ne donnent pas les résultats escomptés, les pseudo-scientifiques en concluent qu'un blocage doit exister au niveau du cerveau, blocage que les électrochocs sont censés faire sauter. Voilà la réalité sordide du traitement des personnes handicapée dans le capitalisme. Pour rappel, la Chine socialiste de l'époque de Mao Zedong avait été la première à interdire les électrochocs.

Et qui sait véritablement ce qu'est la schizophrénie, censée toucher 2 % de la population ? Personne, pour la bonne raison que les scientifiques bourgeois ne le savent pas eux-mêmes, n'en donnent jamais une définition précise.

En réalité, beaucoup de graves troubles du comportement, catégorisés comme « maladie mentale », sont des conséquences du mode de production capitaliste lui-même. Le capitalisme est en effet un système invivable qui fait vivre dans une prison mentale étriquée : les individus implosent sous les effets des compromissions imposées par le capitalisme, de la lutte acharnée pour sa survie, de la bataille compétitive que l'on doit livrer ou subir.

Dans un contexte de dessocialisation promue par le capitalisme en perdition, les troubles du comportement sont très répandus et se traduisent souvent comme une révolte tournée contre soi-même, une façon de se construire son monde protégé, à l'abri du reste, ou de s'auto-détruire.

Dans le cas des personnes handicapées mentales et stérilisées à leur insu, on voit très bien se dessiner une entreprise eugéniste : « les personnes qui ont vécu dans l'ombre et le silence ne doivent pas risquer d'affecter la société par leur descendance ». La justification scientifique est ici inexistante puisque la maladie n'est pas toujours héréditaire. Il s'agit donc bien d'une justification idéologique car, avec la naissance d'un enfant, l'existence de la personne handicapée devenue mère peut plus difficilement être rejetée dans l'ombre.

La naissance d'un enfant est la preuve vivante de relations humaines, de rapports sexuels, bref d'une vie sociale pour des personnes handicapées que l'idéologie dominante ne saurait tolérer. Cette pratique eugéniste a d'ailleurs été de mise à grande échelle dans les pays scandinaves jusque dans les années 70.

Le fait que les cinq plaignantes aient été stérilisées à leur insu dans le département de l'Yonne résonne aussi de façon particulière avec les graves manquements de l'Etat bourgeois en France. En effet, l'Yonne est le département où des jeunes filles handicapées ou orphelines ont été enlevées, torturées et tuées depuis les années 70 jusqu'aux débuts des années 90. La justice bourgeoise a réglé l'affaire en mettant ces atrocités sur le compte d'Emile Louis sans inquiéter les réseaux pédophiles de notables bourgeois qui étaient manifestement liés à l'affaire... mais l'enquête a été vite bouclée et des scellés ont été opportunément perdus.

La plainte de ces cinq femmes est une nouvelle honte pour l'Etat bourgeois même si elle sera étouffée car la vie des personnes handicapées n'est pas considérée comme importante pour lui.

Il y a là d'un grand défi de civilisation à relever pour la révolution socialiste. La société de nouvelle civilisation qui naîtra de la révolution socialiste sera celle où tous les humains auront leur place, tous ceux et celles que le capitalisme a cherché à cacher et éliminer. Ce n'est que dans la communauté universelle, respectueuse de la dignité de chacun, que la vie a véritablement une chance de l'emporter. La tâche des révolutionnaires sera de briser la chape de plomb, de lever le voile sur la situation de toutes les personnes reléguées dans l'ombre et d'apporter une solution concrète selon les aspirations de chacun.  

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