17 sep 2011

UOC-MLM: A l'occasion du 80ème anniversaire du massacre des bananeraies (2008)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Décembre 2008

 

Cette année, nous portons le deuil du 80è anniversaire du massacre des Bananeraies, appelé le « baptême de sang » de la classe ouvrière de Colombie, dont les générations prolétaires actuelles doivent tirer les leçons en vue des batailles à venir sur le chemin de leur émancipations définitive.

Et les représentants attitrés de la bourgeoisie (lettrés, intellectuels, historiens et politiques), ne pouvant plus effacer de l'histoire cet événement, cherchent à écrire son histoire et à s'arroger le droit à la commémoration.

C'est ainsi que les chefs bradeurs d'ouvriers des centrales syndicales, les politiciens du Pôle sans alternative et l'ex-président réactionnaire César Gaviria, accompagnés de leur valetaille, sont en train de tenir des séminaires et des symposiums et un grand pèlerinage à Ciénaga, dans le département de Magdalena, à l'occasion de ces journées du souvenir qui n'appartiennent qu'à la classe ouvrière.

Le prolétariat révolutionnaire, représentant légitime et héritier de l'histoire de sa classe, est par conséquent obligé de lever l'étendard de ses prédécesseurs et de récupérer la mémoire pour ne plus être encore trompé.

Voici la raison d'être ce ces commentaires, qui ne ne cherchent pas à dresser des annales mais à tirer les leçons de cette épopée ouvrière.

Tout conflit peut se transformer en une lutte politique contre l'Etat réactionnaire

Il n'y a pas de muraille de Chine entre la lutte de résistance et la lutte politique.

La grève économique et la grève politique ne s'opposent pas, mais sont complémentaires l'une de l'autre. Telle est la première leçon que les travailleurs doivent retenir au sujet de cette grève, et il en est ainsi parce que les revendications purement économiques peuvent acquérir un caractère politique, dans la mesure où l'Etat intervient toujours en faveur des bourgeois.

L'Internationale Communiste, le parti mondial des ouvriers à cette époque, expliquait au sujet du caractère de ce mouvement des ouvriers des bananeraies :

« La grève générale des 32.000 ouvriers des plantations de bananes possède un caractère très nettement anti-impérialiste.
Par son ampleur, par les intérêts qu'elle mit en jeu, elle provoqua immédiatement l'intervention armée du gouvernement et se transforma rapidement en une lutte politique contre le pouvoir des grands propriétaires terriens [et bourgeois], agents de l'impérialisme ».

Si les actions de solidarité s'étaient étendues plus largement à travers le pays, la grève aurait atteint un caractère politique révolutionnaire encore plus limpide.

Cette leçon apprise au prix du sang ne peut pas être oubliée, et plus encore lorsqu'aujourd'hui l'Etat intervient dans tous les conflits et que même les lois bourgeoises permettent aux gouvernants de déclarer illégales n'importe quelle grève.

Et si la bourgeoisie utilise le pouvoir d'Etat en transformant n'importe quel conflit affectant le monde du travail en un problème politique ou d'ordre public, alors il n'y a rien d'artificiel à ce que la classe ouvrière elle aussi agisse politiquement en tant que classe, en menant des grèves de solidarité, même si les lois l'interdisent, et en se mobilisant révolutionnairement contre l'Etat.

Il n'y a rien d'étonnant à ce que, face aux menées des riches fainéants contre le peuple, menées se servant de tout le pouvoir d'Etat qui est à leur service, le mouvement révolutionnaire avance par lui-même et spontanément, en direction d'un grand affrontement de tout le peuple contre l'Etat des exploiteurs.

La classe ouvrière doit être consciente de cette tendance du mouvement pour agir avec intelligence et se placer à la tête du peuple pour arracher aux classes dominantes les revendications immédiates dont il a le plus besoin, au moyen de la grève, de l'arrêt de la production et de la mobilisation révolutionnaire des masses dans les rues.

La bourgeoisie colombienne est une classe réactionnaire, associée et complice des impérialistes dans l'exploitation et l'oppression et du peuple colombien

La bourgeoisie colombienne est une classe réactionnaire.

Non seulement elle fut incapable d'en finir avec les privilèges des propriétaires terriens féodaux, mais elle embarqua aussi très tôt le pays avec les impérialistes anglais et, plus tard, lia son sort avec les impérialistes yankees.

Dans toute son histoire, elle n'a fait qu'hésiter et se rendre à l'impérialisme, toute son histoire est une suite de concubinage et de vol commis avec les exploiteurs étrangers, pour recevoir en échange les rogatons de leurs négoces criminels.

Telle est l'histoire de la remise de Panamá, des concessions pétrolières aux compagnies nord-américaines, du Massacre des Bananeraies au bénéfice de l'entreprise impérialiste United Fuit Company, dont les crimes ont continué avec la Chiquita Brands et les ménades paramilitaires.

C'est aujourd'hui cette même bourgeoisie criminelle qui assiste à la commémoration des 80 ans du Massacre des Bananeraies, représentée par le chef du Parti Libéral, bourgeois, pro-impérialiste et réactionnaire, César Gaviria (sous le mandat duquel la bourgeoisie et les impérialistes menèrent à bien « l'ouverture économique » et impulsèrent les lois anti-ouvrières n°50 en 1990 et n°100 en 1993).

Tel est l'éminent invité des politiciens jaunes du Pôle sans alternative et des chefs bradeurs d'ouvriers des centrales syndicales à la Commémoration du Massacre des Bananeraies.

Voilà comment les ouvriers écrivent l'histoire avec leur sang et comment leurs ennemis cherchent à s'approprier les lauriers de la gloire.

Mais cette tromperie des politiciens et des chefs bradeurs d'ouvriers n'aura qu'un temps, comme toutes leurs autres vilénies, puisque le Massacre des Bananeraies se dresse tel un monument contre l'exploitation capitaliste, contre l'exploitation salariée, choses que tous ces « illustres » personnages, réunis sur les lieux du massacre, défendent à cor et à cris.

L'Etat bourgeois est un machine à écraser le peuple

« Le gouvernement a dans les mains la mitraille homicide et sur la terre un genou tremblant devant l'or américain ».

Telle fut le conclusion de Jorge Eliécer Gaitán au sujet du rôle joué par le gouvernement d'Abadía Méndez au moment du massacre des Bananeraies.

Conclusion certaine mais inexacte, étant donné que cette attitude a toujours été celle de tous les gouvernements de l'Etat bourgeois, propriétaire terrien et pro-impérialiste, qui tout au long de son existence a exercé la violence réactionnaire pour défendre les intérêts de classe d'une minorité exploiteuse, noyant dans le sang tout cri de rébellion des masses travailleuses.

L'Internationale Communiste ne se trompa pas lorsqu'en faisant la synthèse de cette douloureuse expérience, elle avertit le prolétariat révolutionnaire colombien : « L'exemple passé de la grève de Barrancabermeja [il s'agit de la grève contre la Tropical Oil Company en 1927, où le gouvernement d'Abadía fit donner des coups de canon depuis le fleuve Magdalena] (...) et son rôle de massacreur d'ouvriers colombiens dans la dernière grève, doit vous servir à abandonner pour toujours l'idée que l'Etat peut être un arbitre impartial auquel le parti du prolétariat peut adresser un appel, et à faire comprendre à la masse des exploités que leur libération sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes, de leur solidarité, de leur organisation, de leur combativité révolutionnaire et de leur sacrifice. »

Aujourd'hui, 80 ans après les douloureuses leçons payées au prix du sang, les agents de la bourgeoisie parmi les travailleurs et tous les politiciens réformistes insistent sur le fait que cet Etat criminel, commandé aujourd'hui par les éléments les plus pourris des classes exploiteuses - les cartels de la mafia et les bandes paramilitaires – est susceptible d'être changé, réformé et utilisé par le peuple et à son avantage.

Aujourd'hui, 80 ans après les bananeraies, alors que cet Etat massacreur d'ouvriers et de paysans a démontré jusqu'à satiété son caractère réactionnaire, en tant que machine pour écraser dans le feu et le sang le peuple travailleur, c'est un naïveté ou une sottise de ne pas avertir que ce vieil Etat pourri des exploiteurs ne peut plus admettre de réformes ni d'ouvertures, mais qu'il doit être détruit par la violence révolutionnaire des masses.

Il doit être détruit avec toute son armée de militaires et de paramilitaires, avec toute sa police et ses agences d'espionnage, avec tout son appareil gouvernemental de politiciens et de fonctionnaire bureaucrates, vénaux et corrompus, avec tous ses magistrats, juges et matons, avec tous ses curés, sorciers et pasteurs.

Il doit être détruit pour ouvrir le passage à l'initiative des masses par en bas, aux ouvriers et paysans armés, en abolissant l'armée permanente et en remplaçant la bureaucratie étatique privilégiée par des fonctionnaires révocables à tout moment et payés avec des salaires d'ouvrier ordinaire.

Le prolétariat doit mener sa lutte avec indépendance de classe

La commémoration des 80 ans du Massacre des Bananeraies serait incomplète et mutilée si le prolétariat révolutionnaire ignorait la leçon principale de ce bain de sang : la nécessité pour la classe ouvrière de conquérir son indépendance idéologique, politique et organisationnelle.

Il y a besoin de l'organisation syndicale avec indépendance de classe pour que la lutte de résistance contre les abus des capitalistes joue son rôle d'école de socialisme et de préparation des masses ouvrières pour les grandes journées révolutionnaires.

Il y a besoin d'une puissante organisation syndicale qui se démarque des centrales jaunes CUT, CGT et CTC dirigées par les politiciens libéraux, social-démocrates et opportunistes, tous ennemis de la classe ouvrière, complices de la bourgeoisie et de l'impérialisme, défenseurs de l'esclavage salarié et de l'Etat réactionnaire des exploiteurs.

La classe ouvrière est obligée, à cause de ses conditions économiques, politiques et sociales, à se lancer encore et encore dans la lutte.

A se soulever non seulement dans des grèves économiques et politiques, mais aussi dans l'insurrection.

Mais tout le déroulement de sa lutte dépend de sa capacité à s'organiser en Parti Politique Indépendant. Si elle échoue dans cette tâche, elle sera encore et encore écrasée par les fusils ennemis, ou trompée par les politiciens et faux amis de la petite-bourgeoisie, ou par les agents de la bourgeoisie qui se tapissent dans ses organisations.

Lors de la Grève des Bananeraies, c'est le Parti Socialiste Révolutionnaire qui joua un rôle dirigeant, d'où se détachèrent des chefs prolétariens importantissimes, de la stature de María Cano, Ignacio Torres Giraldo et Raúl Eduardo Mahecha.

Toutefois, ce parti n'était pas encore un véritable parti ouvrier, puisque cohabitaient en son sein des tendances de pensée différentes, ce qui ne lui permit pas d'agir comme un seul homme dans le moments décisifs de la grève.

Avec raison, l'Internationale Communiste avertissait il y a 80 ans que le prolétariat colombien se lancerait à nouveau dans la lutte avec enthousiasme révolutionnaire et esprit de sacrifice, et que son Parti devait mieux préparer ces luttes pour les coordonner et en assurer la victoire.

Dans la grève des bananeraies, disait l'Internationale, avait fait défaut une amplification de la solidarité dans toute la classe ouvrière, avait fait défaut le travail de décomposition de l'armée et avait fait défaut un parti suffisamment expérimenté, organisé et discipliné, c'est-à-dire un authentique Parti Communiste.

Pas seulement pour diriger les soulèvements des masses, mais aussi pour protéger le mouvement des pièges des ennemis. A cette époque, certains dirigeants ouvriers se faisaient des illusions au sujet d'un prétendu coup d'Etat que tramaient les généraux libéraux, et en cherchant à passer un accord avec eux, ils négligèrent d'amplifier la solidarité et le mouvement gréviste dans tout le pays, donnant par là une sorte de répit au régime.

La grève des bananeraies mit en évidence la possibilité et la nécessité de la révolution sociale comme conséquence naturelle et inévitable de la lutte des classes, des contradictions qui déchirent la société et dont la seule solution est le socialisme en tant que première étape du communisme.

Il ne s'agit ni d'adresser un prêche aux ennemis de la classe ouvrière pour que soit réformé cet ignoble système d'exploitation salariée, ni d'ourdir un complot derrière le dos des masses.

Non, l'Internationale nous disait : « Le développement de l'action prolétarienne des masses, la multiplication et l'extension des mouvements « économiques » comme la grève dans les plantations de bananes, est la condition indispensable de la révolution. Si elle n'est pas liée à de tels mouvements, si elle n'en part pas, si elle ne se développe pas sur la base des revendications des masses, elle ne sera jamais plus qu'un complot militaire ».

Aujourd'hui, 80 ans après le Massacre des Bananeraies, le prolétariat révolutionnaire et toute la classe ouvrière doivent lever bien haut le drapeau de la lutte contre l'exploitation capitaliste, apprendre des grands enseignements que nous ont transmis avec leur sang les ouvriers héroïques et se préparer à mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme. Tel était le rêve des ouvriers il y a 80 ans et ce rêve est parfaitement réalisable aujourd'hui.

Honneur aux héros et martyrs du massacre des bananeraies!   

Publié sur notre ancien média: 
Rubriques: