25 déc 2017

L'ALF britannique - 10e partie : la ligne d'Arkangel

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Toute la seconde moitié des années 1980 est marqué par l'alternance de sabotages de base (serrures remplies de colles, dégradations aux bombes de peinture, bris de vitrines, etc.) et actions plus marquantes sur le plan technique (incendies, actions de l'ARM, etc.).

A la fin des années 1980, l'ALF dispose d'une base d'environ 5 000 personnes, avec en moyenne six actions chaque jour, ou plus précisément chaque nuit. Le point culminant fut l'année 1991, avec 2800 actions, dont 45 incendies, et sans doute l'opération de libération avec le plus d'animaux : 1400 souris et 4 chiens beagles sont arrachés à la Medical school de l'hôpital de Londres.

L'ALF sut également faire face à la répression, même si bien entendu celle-ci marquait des points, comme en décembre 1984, 200 arrestations eurent lieu, avec 20 emprisonnements. L'arrestation en 1986 de sept activistes de l'ALF active à Sheffield fut un autre coup important, suivi du démantèlement de trois autres importantes cellules de l'organisation.

En janvier 1987 où 33 années de prison furent distribuées, dont dix pour Ronnie Lee par un juge qui avait été membre de la British Union of Fascists dans les années 1930.

Néanmoins, la force de frappe était intacte. Lorsque en 1991, la police écossaise mit en place des séries de perquisitions dans toute la Grande-Bretagne, l'ALF répondit en juillet 1992 en pénétrant dans le quartier-général de celle-ci et en détruisant les fichiers relatifs aux actes liés à la libération animale.

Il fut alors décidé de procéder désormais par vagues, au moyen de campagnes, prolongeant celle qui avait été contre la fourrure et qui avait été un succès. L'une des premières cibles fut la très puissante chaîne de pharmacie et de produits de beauté Boots, qui menaient elles-mêmes des expériences sur les animaux et disposaient de centaines de magasins, l'ALF en attaquant une soixantaine par mois.

Dans le nord-ouest du pays, ce sont les élevages qui étaient visés, cent poids lourds étant détruits. Ces campagnes avaient comme but de fédérer les actions, de les coordonner de manière plus approfondie, de les sortir d'un côté diffus.

En ce sens apparut également la revue Arkangel en 1989, parallèlement à la mise de côté du principe des ALF Support Groups et de leur bulletin de masse, cette structure étant pratiquement mis en sommeil.

Publié par Ronnie Lee alors en prison, Arkangel se présente dès le départ comme un projet global, devant publier une revue, former une agence de presse, mettre à la disposition du matériel de propagande, etc.

Cette définition d'Arkangel – le projet échouera et en restera au niveau d'une revue – s'appuyait principalement sur la constatation de la très profonde division du mouvement en faveur des animaux. En fait, le constat était simple : la croissance avait provoqué une lourde crise et la scène avait littéralement implosé.

Après la grande vague du milieu des années 1980, il ne reste qu'une petite scène largement repliée sur elle-même et Ronnie Lee pensait qu'en appelant à l'unité, tout se débloquerait et le mouvement se relancerait, au moyen de l'ALF comme référent parallèle à toute activité.

Le numéro 1 d'Arkangel fait ainsi l'éloge d'un inspecteur de la SPA britannique, la RSPCA, qui a profité de son parcours en boxe amateur et de sa ceinture marron de karaté pour empêcher trois personnes de tuer les phoques vivant dans un refuge. Or, la particularité est que l'ALF et l'ALF SG n'ont cessé auparavant de dénoncer la RSPCA en raison de sa collaboration avec les institutions.

La valorisation d'une action (par ailleurs juste) de quelqu'un de la RSPCA avait ainsi un caractère nouveau et la présentation de la revue soulignait l'importance du débat, de l'ouverture d'esprit, des échanges, etc.

La revue présentait également les campagnes nationales des différentes associations, même de la CIWF, une association protégeant les « animaux de ferme » qui était auparavant dénoncé, tant pour son positionnement que pour sa dénonciation virulente de l'ALF.

En présentant les activités des associations, les contacts des très nombreux groupes locaux, en même temps que les communiqués de la vingtaine d'actions de l'ALF britannique à l'hiver 1989, ainsi que celles à l'étranger, l'idée d'Arkangel était de souligner la convergence générale de la lutte pour les animaux, afin de fournir un espace à l'ALF.

La présentation faite dans le numéro deux précisait encore davantage le choix de la revue :

« Arkangel vise à promouvoir l'unité, le respect et la coopération à l'intérieur du mouvement du bien-être [welfare] animal / de protection animale / des droits des animaux / de libération animale.

Il vise à encourager une approche positive et optimiste vis-à-vis de la lutte contre la persécution des animaux. Et il entend agir comme forum pour un débat sans censure au sein du mouvement. »

Les dernières pages des numéros se concluaient par « Road to victory », la « route de la victoire », où sont assemblées en vrac des courts extraits de différents médias concernant les avancées dans la question animale, et censées montrée qu'il y aurait une tendance de fond, inarrêtable.

Le souci, que la revue soulignait par ailleurs en même temps dès le premier numéro, était que les associations se positionnaient désormais très clairement anti-ALF, parce que l’État leur avait demandé et qu'elles avaient accepté de le faire. Il y avait bien quelques unes des associations qui répondent dans Arkangel, explicitant leur point de vue, mais cela resta marginal par rapport au positionnement ouvertement anti-ALF des structures profitant des rapports avec les institutions.

Ronnie Lee tentait de formuler une solution, mais il était coincé entre sa ferveur morale et son refus d'assumer une rupture révolutionnaire, ayant fait un fétiche du caractère de lutte à la base existant à l'initial.