20 avr 2014

Les anarchistes communiquent dans le quotidien Libération

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le quotidien Libération, en quasi faillite et porté à bout de bras par une poignée de grands bourgeois, a publié une « tribune » exprimant le point de vue, de fait, de ceux qui à Nantes ont cherché à pratiquer un grand cassage de centre-ville, lors d'une manifestation contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Le quotidien continue sur sa lancée, puisqu'il a toujours donné la parole aux personnes incriminées dans l'affaire Tarnac.

C'est un texte exemplaire de la collusion entre l'ultra-gauche et tout un secteur de la bourgeoisie.

Tout son contenu idéologique rejoint l'extrême-droite, qui est l'expression de la partie la plus agressive de la bourgeoisie ; on y retrouve tous les concepts clefs du fascisme : apologie de la destruction comme création, dénonciation de la démocratie, apologie de l'élan vital, posture anti-sociale, irrationalisme poétique...

L'ultra-gauche considère qu'elle est « révolutionnaire », car elle est agressive et « dérange ». Mais son agressivité est poétique, apolitique, romantique, et elle ne dérange qu'une partie de la bourgeoisie, la bourgeoisie traditionnelle en l'occurrence.

C'est elle qui a fait que le 1er mars 2014, un secteur de Paris a été quadrillé comme rarement historiquement. Une manifestation anarchiste de plus d'une centaine de personnes dans le quartier populaire de Belleville a été encadrée de manière complète, pour éviter à Manuel Valls, alors encore ministre de l'intérieur, de trop perdre la face après la manifestation de Nantes de la semaine d'avant.

Dans tout le quartier, des CRS et gendarmes mobiles patrouillaient, cernant toutes les rues. Le commissariat du quartier se voyaient bordé de plusieurs cars. On retrouvait des policiers sur les toits un peu partout, avec une caméra boule (multi-caméras pour un angle plus large) sur le toit du siège du syndicat CFDT (la manifestation étant juste en-dessous).

Les policiers des services de surveillance politique, les ex-RG, étaient là par plusieurs dizaines autour de la manifestation, alors que différents groupes d'une dizaine de gendarmes mobiles étaient regroupés en formations romaines tout autour de la manifestation !

Le métro local était bien sûr fermé, et il y a même eu un faux communiqué de la mairie distribuée à tous les commerçants, avec un ton ultra-alarmiste, comme propagande psychologique ! Sauf qu'évidemment ce communiqué, appelant par exemple les personnes à mobilité réduite à prévenir la police s'ils passent dans le quartier 1er mars, avait été fait par ces anarchistes, par provocation...

Cela révèle la schizophrénie de ces gens, qui prétendent agir pour un monde meilleur, mais dont la dynamique est anti-sociale, cherchant uniquement le chaos, sans aucune valeur positive, sans aucune continuité culturelle, avec un culte fasciste de l'action pour l'action, de la démarche esthétique comme suffisante en soi.

Quelle a été l'existence sociale de ce rassemblement ? Cela n'a eu aucun impact « positif », à part faire croire aux gens de la « manifestation anticoloniale », à 400 mètres de là, qu'ils représentaient quelque chose car leur manifestation a été bloquée puis interdite, devant passer justement par Belleville...

Et par contre, cela a contribué à renforcer l'idée de chaos, l'idéologie de l'irrationnel, bref la fascisation qui prédomine de plus en plus dans la société française. La « tribune » dans Libération est le prolongement de cette démarche qui fait de ces gens des « idiots utiles » au service de ceux qui, dans la bourgeoisie la plus agressive, appellent au coup de force.

Un autre exemple a été, il y a quelques jours, l'action de crever les pneus de 453 vélos Vélib’ à Paris. L'initiative se dirigeait contre l'emploi de prisonniers pour fabriquer des Vélib, ainsi que contre les condamnations de mineurs ayant dégradé les Vélib à travailler dans des ateliers pour justement en réparer.

Si évidemment, tout cela relève de l'exploitation, il est évident que l'Etat prétend faire dans le social et que personne ne comprendra pourquoi il est absurde de faire réparer des Vélib à des jeunes les ayant dégradé juste pour le plaisir de les dégrader, comme c'est courant dans certains quartiers populaires parisiens où priment le nihilisme, la drogue, l'idéologie de la mafia et les religions.

L'ultra-gauche, au lieu de chercher à unifier les masses dans une dynamique positive, de civilisation, n'a aucune valeur morale ni culturelle ; elle prétend agir pour une cause, mais cette cause n'est jamais expliquée, étant au mieux résumé en « la liberté » ou l'apologie de l'aventure individuelle.

Or, l'idéologie fasciste ne dit pas autre chose. Le fascisme c'est l'apologie de la violence comme solution « en soi », comme Georges Sorel l'a théorisé, c'est le culte de l'individu triomphant des obstacles, c'est l'élan vital de Friedrich Nietzsche, de Henri Bergson et du film Fight club érigé en valeur suprême...

Tout cela est propre à la décadence du capitalisme dans sa crise générale.

La tribune parue dans le quotidien Libération, pour archives :

A Nantes, la stratégie du Black Bloc

Par des activistes luttant contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

    TRIBUNE

    Début avril, quatre personnes ont été condamnées pour des dégradations commises lors de la manifestation du 22 février contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

    Début avril, quatre personnes ont été condamnées pour des dégradations commises lors de la manifestation du 22 février à Nantes contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Nous publions, ici, un texte issu de la mouvance "Black Bloc", ces militants qui revendiquent l'usage de la violence à des fins politiques, notamment ce jour-là à Nantes. 

    Hystérie médiatique. Elucubrations gouvernementales. Hauteur de l’événement. Le «Black Bloc» n’est pas une organisation, mais une stratégie d’action dans la rue, une stratégie puissante, parce que diffuse. Tous ceux qui prennent le «Black Bloc» pour un groupe sont contre le Black Bloc. Il semble que la France et le monde entier soient mûrs pour une diffusion toujours plus large de cette stratégie, et toujours plus débordante. Cette stratégie et la vision politique qui la sous-tendent et l’animent demeurent incomprises bien au-delà des seuls canaux officiels.

    L’erreur serait de vouloir justifier la destruction, de dire : «Nous cassons du flic et des vitrines, pour ceci ou cela, parce que ceci ou cela.» Ainsi s’exprime l’espoir, tenace, de nous ramener dans la grande famille de la gauche, comme ses brebis galeuses sans doute. Nous ne sommes pas de la famille, c’est tout. Il s’agit plutôt de donner le sens de la destruction même. Quand on l’envisage dans son entier, la destruction est toujours double : écarter un obstacle et faire de la place. Dans la destruction, celle qui nous intéresse, il y a toujours quelque chose en train de naître. Ce qui naît là n’a pas de place dans le monde, se fait de la place, mais n’en cherche aucune. Un élan vital, irréductible, irrécupérable, n’attend qu’à faire irruption. Le 22 février à Nantes , c’est une telle poussée que nous avons ressentie. Nous avons des frères que nous ne connaissons pas. Nous avons des frères que nous n’avons jamais vus que masqués. C’est la chance et la grandeur de la ZAD (1) que, dans toutes les composantes du mouvement, on y partage une même détermination : pas question de lâcher, pas de négociation possible, on ira jusqu’au bout.

    Ensuite, il faut l’avouer, ça se complique un peu. Quand chaque lutte semble recommencer à zéro. La perte de l’expérience, le manque de transmission entre les générations, c’est aussi cela. Et pourtant. Il est à la portée du premier venu de parvenir à une perception assez juste de la situation. On lutte contre ce projet. On voit qu’il s’inscrit dans l’aménagement du territoire. Et on s’aperçoit rapidement que l’époque qu’on est en train de traverser, pointe extrême de modernité démocratique, coïncide avec la dévastation de toute chose, qui recouvre elle-même la valorisation de toute chose. Il n’est besoin que de se promener pour s’en faire une idée. La plaie globale suinte localement, sous ton nez. Le territoire d’une lutte franchit toute assignation à résidence. Naturellement, les barricades de Nantes prolongent celles de la ZAD. D’accord pour aller jusqu’au bout, pourquoi s’arrêter en chemin ? Ceux qui ne comprennent pas ne veulent pas comprendre.

    Ou alors, ils se méprennent sur ce que c’est que de prendre parti. Ils attendent un spécialiste, un savant, un beau parleur, un chef, pour être sûrs de ce dont ils sont sûrs. Et pourtant. En 2014,les deux pieds dans la catastrophe, il suffit de ne pas détourner les yeux, d’un peu de confiance en soi et de quelques amis, pour devenir révolutionnaire. On nous pardonnera de ne pas fantasmer sur le Larzac. La victoire d’un mouvement, c’est de construire, pas à pas, l’insurrection, pas d’obtenir son os suite à un tour de prestidigitation électorale, ou à quelque changement de cabinet. Or, on ne construit pas un mouvement révolutionnaire sans multiplier les émeutes, sans propager le sens et le goût de la destruction, sans s’aguerrir et se trouver chemin faisant.

    «Casser du flic», soit dit en passant, cela ne signifie pas vouloir concurrencer la police sur le plan militaire, mais simplement qu’il est naturel de faire la preuve, en acte que, parmi toutes les possibilités existentielles, certaines sont intolérables. Il faut donc, pavé en main, en tenir informés les premiers concernés. Ce n’est pas parce qu’il appartient à l’espèce humaine qu’un flic mérite de vivre en paix. Accepter cette fonction est une infamie complète. Le gardiende Lager n’est pas moins immonde parce qu’il continue à fêter Noël en famille, et à aimer ses enfants. Et puisqu’ils nous liront avec attention : «Ohé ! Coucou ! Désertez, tant qu’il en est encore temps.» D’un point de vue tactique, nous sommes en faveur de la plus grande multiplicité et plasticité possibles. Qu’une de ses formes devienne hégémonique et la lutte s’en trouverait immanquablement affaiblie et appauvrie. Quand certains parlent de notre «trahison» à propos de ce 22 février historique, qui aura d’autres suites que judiciaires, il suffit de leur redire qu’il n’y a pas qu’une seule façon de lutter et, qu’au fond, il y en avait pour tous les goûts ce jour-là. Vous allez rire. Nous pensons qu’il est non seulement souhaitable, mais possible et nécessaire de se passer de la société, de l’Etat, de l’économie. Souhaitable, possible et nécessaire de faire autrement. Ici, dès maintenant. Nous savons aussi que ça a déjà commencé. Parce que c’est un chemin infini, une soif inaltérable et toujours à l’œuvre dans l’histoire, ou contre elle. En définitive, la question politique tient tout entière dans celle de l’ordre des choses. Les cases, les catégories, le réel comme quadrillage. Le nombre des couleurs. Tout cela se déplace et se modifie, selon les moments et les lieux. «Changer le monde» est un slogan inepte. L’ordre des choses ne cesse de changer. Ce qui ne change pas, c’est qu’il y en ait un. La question est donc : «Comment veut-on s’y mouvoir ?» Deux attitudes fondamentales, deux idées de l’existence, deux tensions, traversent le temps.

    1) Il y a l’attitude conservatrice ou réactionnaire. Que les choses restent à leur place, ou qu’elles la «retrouvent». Boucler les choses en elles-mêmes, les administrer. Maintenir l’Ordre, le socialiser, en construire un Nouveau. Veiller à toutes les séparations, telle celle du haut et du bas. Démocratie, religion, fascisme.

    2) Il y a l’attitude révolutionnaire. Vivre par-delà les compartiments, entre les choses. Passer outre. Tisser des liens et non fonctionner. Tout pour l’amitié, le partage, l’élaboration infinie, infinitésimale, d’une sensibilité. Les choses sont des portes et non plus des murs. La norme n’est que l’indice de notre faiblesse. Ce qui n’est rien est puissant dès qu’il se sait commun. Cette attitude est incompatible avec la civilisation. C’est ce qui la rend susceptible, accessoirement, de lui survivre. Wanted Communism, Alive. A tous ceux qui sont nés le 22.

    (1) Zone d’aménagement différé, dédiée au projet de l’aéroport. Rebaptisée Zone à défendre par les activistes.

    Par des activistes luttant contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

     

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