30 Jan 2007

Brochure ANTIFASCISME - Reinhard Kühnl

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Présentation

L’Allemand Reinhard Kühnl, né en 1936, est un universitaire ayant fait son cursus en Allemagne de l’ouest. Il est connu dans son pays pour avoir concentré son travail sur la question du fascisme afin de contribuer aux initiatives antifascistes.

Le fascisme comme « alliance »

Patterson n’est pas le seul à avoir poussé jusqu’au bout la thèse comme quoi le nazisme était un phénomène « industriel » ; en fait toute la littérature universitaire se revendiquant du marxisme fait la même chose. L’une des figures les plus connues est l’allemand Reinhard Kühnl.

Kühnl est le théoricien du fascisme compris comme « union » ; il a été influencé par les thèses d’August Thalheimer, qui à la fin des années 1920 avait été à l’origine d’une scission dans le Parti Communiste d’Allemagne (Parti Communiste – Opposition). Thalheimer interprétait le fascisme comme du « bonapartisme » : le capitalisme s’effondrant il y a besoin d’une direction politique, les fascistes se présentent alors pour tenir ce rôle. Les fascistes sont l’inverse exact des bolchéviks et se chargent de « sauver la baraque », s’appuyant, pour agir, sur la petite-bourgeoisie.

Kühnl part de là et étudie la formation du fascisme. Il affirme que le capitalisme présuppose des structures autoritaires, que :

« la grande partie de la population (en particulier dans le processus de travail) est objet et non pas sujet des décisions politiques et sociales. »

Le capitalisme présuppose l’obéissance et les ordres, dans ce jeu sadomasochiste le principe du commandement par un « Führer », un guide, triomphe, particulièrement en Allemagne où la monarchie s’est maintenue jusqu’en 1918. L’Etat prussien a distillé sa culture militaire, autoritaire, son culte de l’obséquiosité (déjà typique des petites entités royales allemandes), son racisme, son antisémitisme. Le nazisme est directement issu de ce terreau et son « anticapitalisme » n’est là que par démagogie, pour avoir un écho dans les classes moyennes. Avec la crise de 1929, la bourgeoisie n’a plus le choix et « cède » le pouvoir aux nazis, afin de mettre en place une industrie de guerre qui ( elle et elle seule) peut satisfaire les exigences capitalistes de conquête. Mais les fascistes ont une relative indépendance, comme le démontre la tentative des capitalistes de se débarrasser de la clique d’Hitler en 1944 (avec l’attentat du 20 juillet), afin d’éviter la débâcle totale, ou encore la priorité accordée à la direction nazie aux convois de personnes juives à exterminer par rapport aux transports militaires. Le gouvernement fasciste est ainsi pour la bourgeoisie une solution idéale pour réaliser ses plans, mais il présente des risques.

Kühnl explique donc que les fascistes ont une autonomie relative; ils ont une certaine marge de manoeuvre pour suivre leurs propres plans, même s’ils dépendent pour leur maintien au pouvoir des capitalistes. L’historien allemand note ainsi qu’à partir de 1936, les nazis se mettent au service de la fraction partisane du « solo allemand » (principalement l’industrie chimique et électrique), aux dépens de la fraction très liée au capital des USA (principalement l’industrie lourde) représentée par Hjalmar Schacht qui souhaitait la « neutralité » favorable des pays occidentaux pour une offensive contre l’URSS.

Le fascisme consiste donc en une politique d’aventuriers qui prennent le pouvoir en assurant l’ordre et la stabilité, par la terreur (contre la classe ouvrière) et la démagogie (pour les classes moyennes). Contrairement à Postone, Kühnl considère que l’antisémitisme est venu non pas immédiatement, mais au fur et à mesure : ce sont les nazis qui ont amené l’antisémitisme dans les classes moyennes pour les mobiliser. La nuit de cristal en 1938 n’avait pas du tout eu l’écho escompté par les nazis, et ce n’est que pendant la guerre que les nazis, ayant les mains libres, réalisent leurs propres plans. Il en veut pour preuve que les premiers camps de concentration ont été destinés aux opposants, principalement aux communistes, et que l’extermination de la population juive ne présentait aucun intérêt économique ; il s’agit d’un plan totalement « idéaliste », ayant un socle purement idéologique.

Les grandes questions: