2 mar 2009

Canaliser la rage des prolétaires : voilà le rôle de la police syndical ! (sur la manifestation du 29)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Malgré le peu d'efforts faits par les syndicalistes pour organiser la « journée d'action interprofessionnelle » du 29 janvier, entre 1 et 2,5 millions de personnes ont battu le pavé.

La grève a été relativement bien suivie dans le secteur public, comme ils disent. En fait, il y avait entre 25 % et 40 % de grévistes dans les secteurs habituels (SNCF, fonction publique, enseignement, EDF, hôpitaux, etc.)

Malgré le titre « interprofessionnel », il n'y avait presque que des fonctionnaires (ou assimilés) en grève.

Très peu de préavis, peu suivis dans les grosses boîtes (Renault, FNAC, Auchan, etc.)

En fait, cela a été une journée classique dans la vie sociale du pays : une grosse manif de fonctionnaires qui a obtenu un bon score!

Mais la France n'était absolument pas paralysée. La plupart des travailleurs étaient au boulot ce jeudi.

Perdre une journée de salaire : voilà la seule stratégie avancée par les syndicats pour «lutter contre la baisse du pouvoir d'achat»

Évidemment, cette journée d'action est une réussite si l'on part du point de vue des organisateurs.

En effet, il n'est AUCUNEMENT question pour eux de favoriser un mouvement de masse des travailleurs.

Leur but à long terme est de reproduire les moyens de leur existence.

Ils ont pour cela une double stratégie.

D'une part, montrer aux gouvernants qu'ils sont indispensables pour canaliser la rage des travailleurs.

Une petite grève de temps en temps pour évacuer la tension.

Dans le quotidien, leur seul but est de « responsabiliser » les travailleurs qui ont naturellement la rage contre les patrons et petits chefs, mais aussi contre la bourgeoisie.

D'autre part, ils essayent de se rendre indispensables vis-à-vis des travailleurs. C'est pour cela qu'il sont obligés de montrer qu'ils peuvent organiser de grosses grèves pour pousser une gueulante. De temps en temps ils obtiennent des petites victoires qui calment tout le monde.

Donc, tout s'est bien passé le jeudi 29 janvier 2009. Les plus mécontents sont venus le dire et maintenant ils n'ont plus qu'à attendre que les organisations syndicales se réunissent à nouveau pour décider « des suites à donner au mouvement »... le mois prochain !

Il n'y a que les réformistes s'imaginant très à gauche pour croire qu'on peut « pousser la CGT » pour qu'elle soit obligée d'organiser une « grève générale ».

Tous les réformistes (presque tous des profs, fonctionnaires ou étudiants) sont totalement en dehors de la réalité quotidienne de la majorité des prolétaires en France.

Leur seule stratégie est d'inviter les prolétaires à venir perdre une journée de salaire avec eux, en leur faisant croire que c'est un préalable à un mouvement « plus large et plus radical ».

Ils peuvent scander des slogans comme « grève générale reconductible », cela n'a aucun impact populaire.

Tant qu'ils n'exprimeront pas une rupture clair avec le syndicalisme, les militants politiques sont condamnés à brasser du vent en se croyant radicaux.

Pourquoi faut-il abandonner le syndicalisme ?

La réalité est que les syndicats sont des structures INTEGRÉES au fonctionnement du capitalisme.

Ils servent a réguler l'antagonisme entre le capital et le travail. La SEULE fonction des syndicats - dans la réalité quotidienne du monde du travail - est de faire appliquer le droit du travail.

C'est ce qu'ils appellent : défendre les salariés.

En fait, dans les boîtes privées, les syndicalistes sont des personnes qui - pour une raison ou une autre - ont été plus ou moins sensibles au sort des travailleurs de leur boîte.

Ils s'organisent selon les moyens légalement octroyés par l'Etat et le patron pour faire appliquer la loi.

Cela n'a rien à voir avec de la politique. Le syndicalisme est tout sauf l'organisation autonome des prolétaires, sur des bases de classe, pour laquelle doivent se battre les communistes.

Par contre, dans le public (hôpitaux, SNCF, etc.) les syndicats sont un peu moins minoritaires qu'ailleurs et sont parfois encore un petit peu dépositaires d'une soi-disant culture ouvrière.

Mais, surtout, ces syndicats sont remplis de militants politiques réformistes ou pseudo révolutionnaires.

Ceux-ci, voyant le monde depuis leur nombril, croient que le syndicalisme peut intéresser les prolétaires et qu'il est porteur de rupture avec le capitalisme.

Ceci est totalement faux !

Même dans un bastion syndical comme la SNCF, le syndicalisme est aujourd'hui un phénomène LARGEMENT marginal.

Les syndicalistes y sont perçus comme des opportunistes, arrivistes et magouilleurs.

On va les voir quand on a un problème sur l'application du droit du travail.

De la même manière que l'on va voir le comité d'entreprise pour organiser ses vacances ou le service administratif pour avoir un double de son bulletin de paie.

Malgré l'illusion entretenue, le syndicalisme n'est en rien politique et ne remet jamais en cause, ni dans les faits, ni dans les discours, le capitalisme.

Les véritables communistes doivent se rendre à l'évidence.

Le syndicalisme doit être abandonné voire combattu dans certain cas.

Son rôle est contre-révolutionnaire.

Dans les entreprises, le syndicalisme sert à réguler les malentendus, conflits d'intérêts et tensions qui naissent entre employeur et employés.

Le but est d'empêcher que la tension monte et que les prolétaires ne s'organisent de manière autonome pour mettre à bas cette organisation économique qui les opprime.

On leur fait croire qu'il peuvent trouver un arrangement au sein du capitalisme.

Au niveau national, les partenaires sociaux organisent des journées d'action, en s'appuyant sur leur base fonctionnaire pour remplir les cortèges.

Le but est de créer l'illusion d'une agitation sociale.

Ainsi, une partie des travailleurs, qui a la possibilité de faire grève, a l'impression de lutter pour son pouvoir d'achat et contre « la crise ».

L'autre partie de la population, ceux qui ne peuvent pas faire grève SI FACILEMENT, ont l'impression qu'il se passe quelque chose contre le gouvernement.

Ils peuvent donc « soutenir le mouvement » comme le font 70 % des français d'après le fameux sondage parue en début de semaine.

Ainsi, la journée du 29 était une journée d'action syndicale. Et c'était donc une arnaque !

Le gouvernement n'a aucune raison de s'inquiéter dans ces conditions.

Il peut même se permettre de la provocation en affirmant que « ce n'était pas le jeudi noir qui était attendu ! »...

Il fait monter la pression, pour attribuer de la valeur aux syndicats tout en envoyant les flics pour contrer la violence prolétarienne, comme celle qui ce 29 janvier a troublé dans plusieurs villes de France (Paris, Lille, St Nazaire, etc.) le train-train syndical.

Car il existe vraiment un mécontentement populaire dans ce pays, et ce mécontentement doit trouver un chemin révolutionnaire.

L'enjeu pour les communistes est de faire en sorte que la police syndicale ne réussisse pas à canaliser « la rage du peuple ».

Les prolétaires sont bien conscients qu'il faut se battre, s'affronter réellement avec le gouvernement et ses forces de répression.

Les travailleurs ont conscience qu'il faut bloquer l'économie pour se faire entendre. Seul les syndicalistes croient (ou laissent croire qu'il le croient) pouvoir faire bouger les choses avec une grève de 24 heures.

Les communistes doivent organiser leur frères et sœurs de classe sur leur lieu de travail. Notre but est d'élever la conscience politique des prolétaires.

Ceux ci savent déjà que la révolution est la seule solution possible.

Par contre, tant qu'ils n'ont pas confiance dans une organisation, il ne se risqueront pas à lutter massivement. Ils sont réalistes !

Les travailleurs et travailleuses lutteront vraiment quand ils auront une vision claire de ce que l'on peut gagner en semant le chaos dans le capitalisme.

Même si nous n'avons pas grand'chose à perdre, très peu d'entre nous n'assumeront l'affrontement sans être certains de ce qui nous attend.

Et c'est normal, nous avons un nouveau monde à gagner, mais l'affrontement sera dur et nous voulons être certains de nous battre pour la juste cause.

Pour cela, nous n'avons pas d'autre choix que d'assumer la guerre de classe.

Pour cela, il faut faire sauter les illusions réformistes entretenues par les syndicalistes.

Il faut construire des organisations capables de proposer des objectifs révolutionnaires et d'obtenir des victoires concrètes.

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