8 déc 2009

« Jeu » du foulard et autres brutalités entre enfants : l’idéologie patriarcale du capitalisme et du fascisme dans la cour de récréation

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Un enfant de 10 ans a été retrouvé par son père samedi soir pendu à une mezzanine avec un foulard autour du cou, à Triel-sur-Seine (Yvelines). Il est décédé 24 heures après.

Il s’agit probablement d’une victime du « jeu » du foulard, le quatorzième décès en France en 2009. Vendredi, un enfant de 13 ans était mort dans des circonstances similaires à Eybens, près de Grenoble (Isère).

Le « jeu » de foulard consiste à s’étrangler soi-même, ou se faire étrangler volontairement par d’autres, après avoir bloqué sa respiration, pour obtenir des hallucinations, parfois jusqu’à l’évanouissement.

Il s’agit donc d’une pratique addictive procurant des effets proches de ceux de la drogue.

Ainsi, Ludvikas (17 ans) qui pratiquait souvent le « jeu » du foulard à 15 ans décrit ses sensations : « Ce que j’aimais bien lorsque je m’évanouissais, c’est que j’avais l’illusion de voler, de ne plus sentir la douleur et d’être en présence des personnes que j’aime. Par contre, le réveil était horrible car c’était comme si je prenais une décharge et après j’avais très mal au crâne, j’avais du mal à retrouver mes esprits… ».

Le rapport entre malaise et bien-être artificiel typique de la drogue est donc explicite.

D’ailleurs,le « jeu » de foulard est parfois appelé par les enfants le « rêve indien », le « rêve bleu », la « nuit merveilleuse », le « cosmos », « la navette spatiale » ou encore les « trente secondes de bonheur »…

Le « jeu » du foulard est représentatif du besoin incompréhensible d’ « évasion » dans un univers scolaire marqué par l’ennui, qui s’inscrit lui-même au sein du mode de production capitaliste où la réalité est insupportable pour les masses.

Le « jeu » du foulard reflète aussi la compétition entre individus et les actes de domination constitutifs du capitalisme.

En effet, le « jeu » du foulard, en tant que pratique extrême menant à l’évanouissement, répond à la compétition courante entre enfants sur le mode du « t’es pas cap’… ».

Cette compétition est plus vive chez les garçons car elle fonctionne sur le mode patriarcal promu par le capitalisme.

D’un point de vue viriliste typique de l’idéologie patriarcale, il importe que les garçons éprouvent leur force, leur « courage », les uns envers les autres.

Ce genre de compétition viriliste se traduit par d’autres brutalités de cours de récréation qui ont valeur de rituels masculin, comme le « petit-pont massacreur » (parfois appelé « football-trash ») qui consiste à rouer de coups collectivement un enfant qui aurait laissé un ballon passé entre ses jambes.

Parmi les autres barbaries à vocation de rituel patriarcal figure la pratique du « poteau-couille » (variante : « couilles au poteau ») où, en guise de gage, un garçon est tenu les jambes écartées par quatre autres qui le tirent en position horizontale vers un poteau (de panneau de basket par exemple).

On voit bien à chaque fois l’aspect patriarcal centré sur l’organe sexuel masculin. En dehors de la cour de récréation, le « petit-pont » est vécu au football comme une humiliation (car « entre les jambes ») et les bizutages des grandes écoles de la bourgeoisie ou dans l’armée « entre hommes » revêtent pratiquement toujours un caractère sexuel.

Le « jeu » du foulard constitue aussi parfois un acte d’intimidation, de torture et de domination entre enfants.

Ainsi, Noélanie est décédée à 8 ans le 20 novembre 2007 à Cabestany (Pyrénées-Orientales) alors qu’elle était persécuté par un garçon qui l’étranglait régulièrement (voir le blog de l’association Noélanie).

Noélanie avait adressé deux lettres, une à son école et l’autre à la gendarmerie (avec l’inscription « chef gendarme aide-moi » au dos), pour alerter sur sa détresse et son calvaire quotidien, qui avait un caractère raciste prononcée :

« X ma deja étrangler plusieurs fois et 1 fois devant Y et puis je n’arrive pas a trouver une solution pour m’aider et que je n’ai plus a en souffrire.
Toute façon,cela ne change pas puicequ’il va me tuer. Je fais plus que pleins de cauchemars et j’arrive à m’endormir en fermant que les yeux mais je dort pas à cause de tout ça (puice-qu’il m’a étranglé et que je suis tomber dans les pommes) et il ma donner des coups de pieds dans le corp pour me reveiller et c’est pour de vrai.Aussi a a la cantine je n’arrive pas a manger. J’ai peur de lui.
Tu pourrait me proteger dans la cour ? OUI ou NON . As tu une solution toi ? OUI ou NON Entoure la reponce.Il m’a aussi dit que si je sortirait de chez moi il me turerait et ci cela continue il viendra peut – etre chez moi il c’est ou j’habite. Alors que je voulu en parler à la maitresse “elle s’enfiche complétement elle dit”va jouer on verra ça plus tard” . Plutard c’est quand c’est jamais. Il me dit aussi “sale noire et va te faire foutre » (etc…) »

Malgré cela, l’école n’a jamais prévenu les parents, l’inspectrice les avait même menacé d’envoyer les services sociaux en raison des absences de Noélie, dédaignant le signalement d’enfant en danger ; le maire avait refusé de la changer d’école à leur demande…

Les gendarmes, quant à eux, ont considéré, plus d’un mois après avoir reçu la lettre, cet appel au secours comme le signe d’un problème psychiatrique de Noélanie.

Le sujet des brutalités entre enfants est tellement grave qu’un colloque international s’est tenu à Paris les 3 et 4 décembre, organisé par l’APEAS (Association de Parents d’Enfants Accidentés par Strangulation), qui retranscrit notamment sur son site des témoignages (celui de Ludvikas ci-dessus entre autres) et reproduit la lettre de Noélanie.

Pourtant, cette association agréée par les ministères de la jeunesses et des sports et de l’éducation nationale, soutenue par le « mécénat » du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis, ignore les effets du capitalisme et sa dimension patriarcale intrinsèque qui imprègne l’Etat bourgeois et ses institutions, telle l’éducation nationale comme le montre l’histoire de Noélie.

La barbarie est le produit direct du capitalisme qui repose sur la domination, les humiliations, les rituels initiatiques masculins pour prouver qu’ »on est cap’ », qu’ »on est un homme, un mec qui en a », et ce de plus en plus avec la progression du fascisme véhiculant la « loi du plus fort ».

Le courage consiste à refuser la brutalité patriarcale constitutive du capitalisme et de sa progéniture fasciste. Le courage consiste à refuser cet univers d’oppression qui est criminel même pour les enfants.

Le courage consiste à affronter le fascisme pour le pulvériser définitivement! Le courage consiste à mener la révolution sous la bannière MLM, du PCMLM, pour le communisme, où le mot « jeu » aura véritablement un sens pour une humanité libérée!    

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