17 oct 2005

La révolution népalaise à un tournant : oser le nouveau ou "réformer" le pays? (2005)

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La révolution népalaise à un tournant : oser le nouveau ou "réformer" le pays? 

PCMLM, octobre 2005

La révolution au Népal est de plus en plus connue de par le monde, les espoirs sont grands de la voir triompher.

Initiée le 13 février 1996, la guerre populaire n'a cessé de progresser.

Les zones libérées consistent en presque tout le Népal, il y a même de grands projets en cours comme la construction d'une grande route Nuwagaun - Thawang - Chunwang.

Le moment est historique. La révolution osera-t-elle triompher?

Ainsi à la mi-octobre, un membre du bureau régional de ce Parti, Prakash Subedi, a demandé aux partis politiques traditionnels d'entrer dans les villages des zones libérées et à y développer leurs organisations.En septembre nous nous sommes justement inquiétés des décisions du Parti Communiste du Népal (maoïste) de vouloir à tout prix négocier avec les partis politiques traditionnels, pour les pousser à rejoindre le combat contre la monarchie et en allant pour cela jusqu'à pratiquer un cessez-le-feu, c'est-à-dire de mettre un arrêt à la guerre populaire.

Nous expliquions dans le document « Népal : mener la révolution jusqu'au bout, ou bien tomber sous les « balles enrobées de sucre »? », qu'il semblait que les camarades du Népal reculaient devant la prise du pouvoir et prônaient désormais une « république démocratique », au lieu de mener une révolution démocratique se transformant en socialisme lorsque l'ancien régime se sera totalement effondré.

Les récentes affirmations et décisions du Parti Communiste du Népal (maoïste) confirment notre inquiétude.

« Les maoïstes ne feront pas d'obstacles à l'expansion de leurs organisations » a-t-il entre autres affirmé. « Les partis politiques et la société civile doivent presser le gouvernement pour une extension du cessez-le-feu. »

Ce concept de « société civile » au-dessus des classes, qui relève du vocabulaire du Sous-commandant Marcos et certainement pas de Lénine ou Mao, est également revendiqué par le dirigeant du PCN(m), Prachanda.

Dans l'interview que celui-ci a accordé au journal Janadesh (6 septembre 2005), à la question : « Camarade Président, pourquoi avez-vous déclaré subitement un cessez-le-feu unilatéral ? », celui-ci répond :

« Les raisons principales motivant la déclaration du cessez-le-feu sont : pour créer un environnement favorable, tant sur le plan national qu'international, à une avancée politique, pour amener les sept partis politiques à une coopération par la clarification de leur revendication immédiate, pour renforcer le mouvement de la société civile, pour augmenter l'intervention politique contre l'ancien Etat et consolider le rapport du parti aux larges masses en honorant leur sentiment et aspiration, etc. »

Prachanda explique donc explicitement qu'il peut exister une forme de lutte contre l'ancien Etat qui ne soit pas également politico-militaire.

Et en quoi consiste cette lutte? A s'allier avec des partis ayant toujours soutenu l'Etat népalais, jusqu'à ce que celui-ci, à deux doigts d'être renversé, ait centralisé sa direction par un coup d'Etat à l'intérieur de la famille royale en 2005 et une direction impérialiste de plus en plus présente (notamment de la part des USA et de l'Angleterre).


Et pourquoi le PCN(m) veut-il s'allier? Pour s'opposer au « fascisme. »

Mais qu'est-ce que le fascisme? Est-ce le terrorisme ouvert de l'Etat népalais depuis 2005?

Non. L'Etat népalais a toujours été un Etat fasciste, même avant 2005, même lorsqu'il y a eu une constitution.

Dans la plupart des Etats du « tiers-monde » il y a une constitution plus ou moins « démocratique », ce qui n'empêche pas l'Etat d'être un Etat fasciste, dominé par l'impérialisme, la bourgeoisie bureaucratique vendue à cet impérialisme et les grands propriétaires terriens.

Quel sens y a-t-il donc à s'allier avec des partis politiques traditionnels ne servant plus à rien, démasqués comme prétendant être progressistes mais n'ayant rien fait contre l'Etat fasciste qu'ils qualifiaient même de démocratique, et s'étant toujours opposés à la guerre populaire?

Faut-il leur redonner une crédibilité, sous prétexte que ces marionnettes ont été lâchées par leur propriétaire initial?

La tactique utilisée en ce moment par le PCN(m), c'est donc celle du « Front Populaire » antifasciste utilisé dans les années 1930 dans des pays capitalistes, elle n'a aucun sens dans un pays du « tiers-monde. »

La volonté de Prachanda de faire en sorte que le cessez-le-feu « amène à changer le caractère vacillant et pas clair des sept partis politiques parlementaires. » (Interview à Janadesh) n'est que de l'opportunisme.

On ne pas parler de partis « vacillants » lorsque ces partis ont toujours soutenu l'Etat fasciste, contre la guerre populaire.

Le PCN(m) est l'avant-garde, il s'est construit en combattant l'opportunisme de ces partis politiques traditionnels, quel intérêt de les ressusciter alors qu'ils sont dépassés historiquement ?

Il n'est pas possible d'affirmer d'un côté que la guerre populaire au Népal est rentrée dans la phase de l'offensive stratégique, et de l'autre côté d'arrêter la lutte armée précisément au moment où l'ancien Etat doit être anéanti.

Le PCN(m) remet en cause le fait que le Parti dirige l'Armée et le Front, en ayant construit ces trois formes l'une après l'autre.

« La guerre, qui a commencé avec l'apparition de la propriété privée et des classes, est la forme suprême de lutte pour résoudre, à une étape déterminée de leur développement, les contradictions entre classes, entre nations, entre Etats ou entre blocs politiques. » (Mao Zedong, Problèmes stratégiques de la guerre révolutionnaire en Chine) « Dans la société de classes, les révolutions et les guerres révolutionnaires sont inévitables; sans elles, il est impossible d'obtenir un développement par bonds de la société, de renverser la classe réactionnaire dominante et de permettre au peuple de prendre le pouvoir. » (Mao Zedong, De la contradiction) « La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c'est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c'est résoudre le problème par la guerre. Ce principe révolutionnaire du marxisme-léninisme est valable partout, en Chine comme dans les autres pays. » (Mao Zedong, Problèmes de la guerre et de la stratégie) Il place l'armée sous la direction du Front uni, et subordonne la politique du Parti au Front uni, ce qui est une remise en cause des principes révolutionnaires.

Cette conception ne peut qu'amener la victoire du révisionnisme et la défaite de la guerre populaire, car sans armée le peuple n'a rien.

Cette conception est celle des opportunistes qui au lendemain de la victoire de la révolution démocratique en Chine en 1949, s'opposaient à la construction du socialisme, sous les slogans de " consolidation de l'Etat de nouvelle démocratie ", " le renforcement des économies de nouvelle démocratie" etc.

Cette conception est la source du soutien en ce moment apporté à la révolution népalaise par des organisations qui jusque-là ne soutenaient ni le marxisme-léninisme-maoïsme, ni la guerre populaire.

C'est pourtant la conception de Prachanda :

« La république démocratique dont nous parlons est une république de transition pouvait se confronter aux problèmes liés aux classes, aux nationalités, aux régions et aux sexes dans le Népal d'aujourd'hui. Par république de transition nous entendons une république entre une république de nouvelle démocratie et une république parlementaire ayant une spécificité népalaise. » (Prachanda, Interview à Janadesh).

Cette conception est opposée aux principes du marxisme-léninisme-maoïsme. 

« En synthèse, il faut faire la défense du marxisme, du socialisme, de la dictature du prolétariat, du Parti tenant compte de la grandeur qu'il a généré, des intérêts qu'il a servi et ainsi l'opposer aux intérêts auxquels sert le capitalisme, l'impérialisme, la dictature bourgeoise, les partis bourgeois.

Nous ne sommes pas pour les ambiguïtés.

Pour que la révolution avance nous proclamons la violence pour les grandes séparations.

Le président Mao disait : " seul un grand chaos pourra générer le nouvel ordre".

Nous n'avons pas eu assez de chaos, il faut générer encore plus, il faut le faire au niveau des idées, faire bouger les idées est vital pour créer une opinion publique, sans cela on ne peut pas conquérir le Pouvoir... » (Parti Communiste du Pérou, déclaration de septembre 1999)

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