1 juin 2005

Servir le peuple ou la petite-bourgeoisie? Analyse de la position des partisans du non au lendemain du référendum

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Qui servir ? Les masses, ou la petite-bourgeoisie ? Au lendemain de la victoire du « non » au référendum du 29 mai 2005, les masques sont tombés.

Voilà pourquoi nous présentons les positions de vue des organisations d'extrême-gauche, qui pour la plupart proviennent de documents officiels publiés à la suite du résultat.

Ces positions permettent de voir très précisément quelles classes défendent ces organisations, et montrent que le discours du « non » ne cachait qu'une défense des intérêts de la petite-bourgeoisie, dont l'existence a été totalement occultée pendant la campagne, ce qui permet aux révisionnistes du « PCF » et aux sociaux-démocrates de ressortir les idées de « programme commun. »

Alternative Libertaire

« Voir s'exprimer un vote de défiance nettement anticapitaliste sur fond de luttes sociales, c'est bien ce que redoutent les Chirac, Hollande, Seillière et Chérèque.

Aussi la force des grèves du 10 mars ne doit pas se prolonger seulement dans les urnes mais dans la rue, dans les entreprises, et dans la jeunesse à travers une grève générale qui donne à la rue le pouvoir de s'autogouverner et d'imposer une redistribution des richesses actuellement accaparée par le capital. »
(Revue AL, avril 2005)

Alternative libertaire étant une organisation anarchiste on ne peut pas s'étonner que l'existence même de l'Etat soit niée.

La grève générale ferait disparaître les flics et l'armée comme par enchantement.

Il est dit par contre clairement que le mouvement social doit par la rue et par les urnes. Cela montre qu'Alternative Libertaire considère que le processus révolutionnaire passe également par les urnes.

C'est une contradiction classique d'Alternative Libertaire qui refuse de choisir entre marxisme et anarchisme, et montre son caractère de groupe intellectuel bourgeois puisque son idéologie n'existe qu'intellectuellement.

Coordination communiste 59/62

« Ce projet constitutionnel entérine ce fonctionnement nécessairement antidémocratique par la nature supranationale et capitaliste de cette Union et le renforce en se plaçant au-dessus des constitutions nationales. (...)

La colère des travailleurs, y compris l'aristocratie ouvrière et d'autres éléments des couches intermédiaires, s'opposent aux politiques libérales présentées comme incontournables. Le ton plus offensif, depuis avril 2002, du PCF et de courants de gauche du PS, montre que le ras le bol existe également chez les couches jusqu'alors moins exposées. (...) Un énorme espoir peut et doit naître au soir du 29 mai ! »
(Déclaration au meeting du 5 mai 2005)

L'aristocratie ouvrière est considérée comme faisant partie des travailleurs, et est censée jouer un rôle progressiste.

C'est une affirmation en opposition complète avec les enseignements de Lénine et Staline dont se revendique ce groupe.

Le PCF et la gauche du PS sont censés faire désormais partie des alliés potentiels. C'est une affirmation en opposition complète avec la position de Lénine et Staline comme quoi la gauche de la social-démocratie est un ennemi total du communisme.

Les considérations positives quant au PS et au « PCF » montrent que la « gauche du PCF » dont est issue la coordination communiste 59/62 n'a en rien rompu avec les traditions révisionnistes du « PCF » des années du « programme commun. »

La coordination communiste 59/62 doit donc être considéré comme un groupe défendant les intérêts de l'aristocratie ouvrière et ayant quitté le « PCF » pour son alliance totale avec la petite-bourgeoisie.

CPS

« Néanmoins si le « non » l'emporte, cela signifiera que le prolétariat, les militants et sympathisants du PS, du PCF, syndiqués à la CGT, à FO, à la FSU, seront allés voter « non » à Chirac.

Alors pour chasser Chirac et son gouvernement sans attendre 2007, il faudra militer pour le front uni de ces organisations sur cet objectif. Dans le combat ouvert pour en finir avec Chirac et sa « majorité » UMP - UDF se réuniront les conditions de la venue au pouvoir d'un gouvernement issu de ce front, dont les masses exigeront que leurs revendications soient satisfaites, qu'il soit mis fin à l'avalanche des contre-réformes. Pour cela, il faut s'engager dans la voie de l'expropriation du capital. »
(Déclaration à propos du 29 mai)

La stratégie de CPS est la formation d'un gouvernement s'appuyant sur des syndicats et partis luttant contre le « oui ». C'est une stratégie ouvertement électorale et très clairement petite-bourgeoise.

GROUPE CRI

« La victoire du Non est donc une défaite cinglante pour la bourgeoisie (...). La crise politique ne se développera pas toute seule, mais uniquement par la lutte de classe et l'auto-organisation des travailleurs. Il faut profiter de la situation ouverte par la défaite électorale du gouvernement et de toute la classe politique bourgeoise pour engager un grand mouvement d'ensemble de la classe ouvrière et de tous les travailleurs et imposer la satisfaction des revendications vitales. (...) Ce n'est que par une grève générale que l'objectif de virer Chirac pourra être imposé à la bourgeoisie, sans attendre 2007. »

Pour le groupe CRI « toute la classe politique bourgeoise » a subi une défaite électorale permettant la lutte: c'est implicitement accepter que la petite-bourgeoisie a soutenu le non.

C'est également nier qu'une partie très importante de la bourgeoisie impérialiste, celle représentée par Le Pen ou De Villiers, a soutenu le non.

Et c'est aussi considérer qu'une élection proposée par la bourgeoisie peut permettre de lancer la lutte, que l'objectif est de renverser le gouvernement et non pas de détruire l'Etat.

C'est une position petite-bourgeoise.

JCR-RED

« Un simple exemple : on ne reconnaît même plus le droit au travail, mais simplement le droit à cherché un emplois dans les pays européens : merci, c'est trop sympa ! (...) Quelque soit le résultat de ce référendum, nous devons descendre dans la rue dès le 29 Mai au soir, afin de virer une bonne fois pour toute ce gouvernement de merde. »
(Bulletin du 20 mai 2005)

L'objectif n'est pas la destruction de l'Etat mais « virer le gouvernement. »

Les JCR propagent l'illusion que le « droit au travail » de la constitution bourgeoise de la Vème République aurait un sens. Les JCR sont donc en phase avec son organisation mère, la LCR.

LCR

« Ce NON populaire, de gauche, internationaliste, aura un formidable écho social et démocratique chez tous les peuples d'Europe. (...)

Rejeté par les mobilisations sociales, désavoué par les électeurs, ce pouvoir est totalement illégitime : Jacques Chirac et son Assemblée doivent partir. (...) Il faut maintenant poursuivre ce mouvement unitaire pour la satisfaction des principales revendications populaires et créer les conditions d'un rassemblement des forces militantes pour une rupture avec le capitalisme libéral. »
(déclaration officielle du 29 mai 2005)

La LCR parle ainsi de capitalisme libéral, comme si un autre capitalisme, positif, pouvait exister.

La stratégie est électorale : Chirac doit démissionner (= éléctions présidentielles) et l'Assemblée doit être dissoute (=élections législatives).

La stratégie : s'allier pour un mouvement « unitaire », dans la continuité des meetings avec des socialistes et le « PCF ».

La LCR est très clairement une organisation petite-bourgeoise, défendant les intérêts de couches intellectuelles ainsi que d'une partie de la petite-bourgeoisie fonctionnaire.

LUTTE OUVRIERE

« Les combinaisons politiques qui s'échafaudent aussi bien à droite qu'à gauche visent, d'une manière ou d'une autre, à désarmer les travailleurs.    

Alors, le moment de joie fugitif de la soirée électorale passé, c'est de cette capacité des travailleurs à passer à l'offensive contre le patronat dont dépend notre avenir. »

Lutte ouvrière se lave les mains de l'après-référendum, alors qu'elle a elle-même appuyé le « non ».

Cela se comprend lorsque l'on sait que Lutte Ouvrière boycotte normalement ce genre de référendum, comme cela fut le cas pour Maastricht.

Mais défendant les responsables syndicaux , une partie de l'aristocratie ouvrière, victime de la crise et de la réorganisation de la production, Lutte Ouvrière ne pouvait pas se couper de la petite-bourgeoisie. Elle a donc été obligé de défendre le « non ».

MILITANT COMMUNISTE

« Dans cette perspective, les communistes participent au large mouvement populaire des partisans du Non. Mais ce mouvement est dominé par la petite-bourgeoisie radicale qui le conduit sur la voie utopique d'un « capitalisme humanisé », débarrassé des excès du « capital financier » et le rêve d'un retour au capitalisme triomphant des années d'après-guerre.

C'est pour cette raison que la campagne que mènent les communistes doit se développer dans la plus grande clarté, sur leurs objectifs politiques et leurs raisons à voter non. Car à terme, seule la classe ouvrière en reprenant la direction politique du mouvement social peut lui donner des perspectives clairement anti-capitalistes et le tirer des illusions et de l'impasse où le conduit la petite-bourgeoisie réformiste, fût-elle réformiste radicale. »
(Le non communiste au traité constitutionnel, avril 2005)

La position de militant communiste repose sur une foule de contradictions : depuis quand en effet l'histoire est-elle l'histoire du mouvement social ?

Depuis quand le mouvement communiste a-t-il comme but de faire prendre à la classe ouvrière un « mouvement social » lancé par la « petite-bourgeoisie réformiste, fût-elle réformiste radicale » ?

Une telle position est issue de la tradition révisionniste quant au « front populaire », tel que le PCF l'a pratiqué dans les années 1930, elle prône l'indépendance dans la forme au lieu de prôner l'indépendance dans le fond.

Ce sont les communistes qui doivent avoir l'initiative et décider du mode de participation à un éventuel front; il est erroné de se placer à la remorque, même critique, d'un mouvement petit-bourgeois.

Militant Communiste se caractérise ainsi par une position petit-bourgeoise radicale, défendant les mêmes positions que les trotskystes concernant les « mouvements sociaux ».

OCL

« Mais, comme nous l'avons dit dans notre précédent numéro, l'échec du OUI ne serait pas la catastrophe annoncée par les partisans de la future constitution.

Il s'établirait un statu quo basé sur le texte en vigueur actuellement : celui du traité de Nice.

Et dans quelques mois, voire un peu plus, nous serions invités (tout du moins pour ceux et celles qui sont inscrits sur les listes électorales) à retourner aux urnes, pour un second tour, où un certain nombre de propagandistes actuels du NON retourneront leurs vestes en cédant, encore une fois, aux sirènes de « l'antifascisme », du « réalisme » ? Du déjà vu ? Un certain 5 mai 2002 ! Bien sûr, en cas d'échec du OUI, « le rôle et la superbe » de la bourgeoisie française en sera affectée quelques mois (...)

Nous pouvons nous faire plaisir mais ce ne sera jamais un bulletin de vote qui remettra quoique ce soit de fondamental. Pour lutter contre le capitalisme, il n'y a rien d'autres que la lutte des classes qu'elle s'exprime directement sur les lieux d'exploitation ou qu'elle donne un contenu à des luttes contre cette société patriarcale, capitaliste qui détruit et asservit tous les fondements de la vie. »
(Déclaration du 27/04/2005)

L'OCL, groupe anarchiste, critique fort justement les opportunistes qui organisent leur stratégie par rapport aux élections. En cela la critique est tout à fait juste.

Mais l'OCL oublie la bourgeoisie impérialiste et la petite-bourgeoisie qui ont soutenu le « non » : elle considère que la bourgeoisie prise dans son ensemble soutenait le « oui ».

Qu'est-ce qui justifie alors que cette organisation n'ait pas soutenu le « non » ? Strictement rien, à part une position gauchiste de refuser les élections comme une « actualité. »

La position révolutionnaire n'est pas de nier l'Etat et comment il agit pour contrôler les masses, mais de le combattre. L'OCL ne propose pas de combattre la fausse alternative oui bourgeois / non petit-bourgeois mais de l'oublier au profit de la lutte considérée abstraitement, non politiquement, non idéologiquement.

C'est une position très radicale en apparence mais qui en réalité désarme les masses politiquement. Cela montre la nature idéaliste de cette organisation, son caractère intellectuel vélléitaire.

OCML-VP

« L'UMP et la majorité du PS sont unis dans la défense de cette constitution, parce qu'ils défendent tous deux les intérêts de l'impérialisme français.

La majorité des Verts s'est ralliée à ce projet. Le glissement vers le NON de l'électorat populaire et petit bourgeois accentue les divisions dans ces partis. (...) C'est un programme de guerre de classe qu'il faut le rejeter en tant que tel, sans s'abstenir. Mais cette guerre est déclarée depuis longtemps, les travailleurs du privé y font déjà face depuis des décennies. (...) Ce NON sera un désaveu pour le gouvernement et provoquera une crise politique au sein du PS. »
(Tract du 19 avril 2005)

L'OCML dit que c'est un texte de guerre de classe mais qu'en fait les travailleurs du privé y font face depuis longtemps: c'est une contradiction.

De même elle avoue elle-même que l'électorat petit-bourgeois est une composante du « non ». Qu'il faut prendre en compte une éventuelle crise politique dans le parti socialiste.

Cela montre que l'OCML-VP est pour une alliance avec la petite-bourgeoisie, que pour cette organisation la petite-bourgeoisie suivra le prolétariat dans sa lutte.

Mais comme jamais l'OCML-VP n'explique comment le prolétariat guidera la petite-bourgeoisie, cela montre que la direction du mouvement est abandonné aux classes moyennes.

L'OCML-VP est ainsi un groupe à assimiler à ceux issus de la gauche du « PCF. »

PCOF

« C'est donc un « non » de gauche, progressiste, qui s'est construit et qui s'est imposé tous ces derniers mois, reléguant le « non » réactionnaire, chauvin, au second plan. (...)

Cette victoire n'est pas seulement un acte de résistance ; c'est une déclaration de lutte, ensemble, contre le néolibéralisme, cette politique au service exclusif des monopoles. Notre parti, avec les autres forces qui ont fait campagne pour le « non », ont la responsabilité d'ouvrir des perspectives politiques à cette victoire, des perspectives de rupture avec le néo libéralisme, au plan national, européen et international. »
(Déclaration du Comité Central du 29 mai 2005)

Le PCOF parle de « néolibéralisme », terme antimarxiste emprunté aux altermondialistes, et évite soigneusement toute référence au communisme.

Le rôle du parti d'avant-garde est également rejeté au profit d'une stratégie syndicale, sur le plan « national, européen et international », c'est-à-dire rejetant le principe que la révolution sociale passe pays par pays.

Le PCOF est un groupe de l'aristocratie ouvrière.

PRCF

« Renouant avec ses traditions frondeuses, le peuple de France a dit Non à l'euro-constitution (...). Le président félon qui a signé ce texte antinational, les députés qui l'ont adopté sans mandat constituant, sont délégitimés. (...)

Rendons au 14 juillet son sens révolutionnaire en organisant un Congrès National des Résistances Populaires à l'euro-libéralisme le 14 juillet 2005, anniversaire de la prise de la Bastille, 70ème anniversaire du 14 juillet 1935 (lancement du Front populaire) et 60ème anniversaire du 14 juillet 1945 (manif monstre du CNR) ! (...)

Tant qu'existait en France un Parti communiste associant le drapeau rouge au drapeau tricolore, l'Internationale à la Marseillaise, la classe ouvrière était au coeur de la vie politique : c'est pourquoi le PRCF appelle tous les communistes à l'aider à reconstruire une force politique franchement communiste et révolutionnaire. »
(Déclaration du 30 mai 2005)

Le vocabulaire (« félon », « antinational », « frondeuses ») est très clairement d'extrême-droite. La ligne est sociale-chauvine, il est très clair que le PRCF représente les intérêts de l'aristocratie ouvrière des grandes entreprises publiques ou de la bourgeoisie industrielle nationale.

Celle défendue par le « PCF » dans les années 1980 avec le fameux slogan « produisons français ! »

PT

« Dans le rejet du traité constitutionnel européen s'est exprimée l'aspiration du peuple à défendre et à reconquérir la démocratie politique. (...)

Il faudra répondre au viticulteur, qui dit : pourquoi nos cuves sont-elles pleines ? Pourquoi le vin n'arrive-t-il plus à se vendre ? Pourquoi s'apprête- on, dans trois mois, aux prochaines vendanges, à voir ruinée toute la profession ? (...) Il faudra répondre à l'ouvrier qui interroge : jusqu'à quand va-t-on délocaliser ? Jusqu'à quand va t-on supprimer des emplois ? Pourquoi n'aurais-je pas droit, comme mes aînés, à conserver mon travail avec les garanties collectives et vivre dans les conditions décentes auquel chacun aspire ? »
(Déclaration du 29 mai 2005)

Le PT, ardent défenseur de la nation, exprime ici clairement qu'il représente les intérêts des couches supérieures de la petite-bourgeoisie fonctionnaire, qui ont intérêt à ce que l'Etat ne se réorganise pas, dans leur tentative d'alliance avec la petite-bourgeoisie (d'où le discours ultra laïc, pro républicain, syndical corporatiste, opposé aux nations basque, bretonne, corse, etc.)

LA RIPOSTE

« Cette campagne électorale a été marquée par un débat particulièrement passionné, suscitant l'intérêt de larges couches de la population.

C'est tout à fait symptomatique de la grande fermentation sociale qui existe dans le pays. (...) Dès aujourd'hui, la gauche doit mener campagne pour réclamer des élections législatives anticipées (...) Pour y parvenir, un première tâche s'impose en France : nous devons lutter pour que le PS et le PCF s'orientent fermement vers l'unique issue hors de l'impasse actuelle : la transformation socialiste de la société. »

L'option est très claire: les élections. La Riposte n'est qu'un appendice du PS et du « PCF ».

ROUGES-VIFS

« La nation française s'est concrétisée avec la Révolution de 1789, constituée par l'adhésion consciente des citoyens de toutes les régions de France prêts à défendre les réformes politiques et sociales imposées aux privilégiés : on nommait alors" patriotes" les partisans de la Révolution, contre les nobles émigrés et les envahisseurs étrangers.

Cette nation française s'est ensuite enrichie des conquêtes populaires arrachées par les luttes au cours des dix-neuvième et vingtième siècles : suffrage universel et laïcité de l'état, réformes du Front populaire et de la Libération, nationalisations, Sécurité sociale, retraites et lois de protection sociale, droits des salariés, etc. »
(Tract du 2 avril)

Comme le PRCF ce groupe issu du « PCF » défend la Marseillaise, la nation. Lui aussi défend les intérêts de l'aristocratie ouvrière.

URCF

« Le néo-libéralisme a été clairement rejeté par le peuple de France (...) Cette victoire est le résultat du rassemblement large, populaire, dans le respect de l'identité de chaque composante.

L'hétérogénéité du mouvement loin d'être un handicap a été au contraire un atout, reflet des diverses couches sociales du peuple travailleur engagées dans la bataille pour la victoire du NON.  (...) L'impérialisme français a subi un revers dans sa prétention à diriger l'UE avec l'Allemagne, à préparer les interventions néo-coloniales. L'Europe de la répression, de l'autoritarisme, du néo-libéralisme (politique des monopoles dans un capitalisme en crise), de la guerre via l'OTAN ou l'armée européenne ne pourra plus aussi facilement duper les peuples.»
(Déclaration du 29 mai 2005)

L'URCF explique très clairement que la petite-bourgeoisie est une composante du mouvement, et que celle-ci a le droit d'être indépendante politiquement.

L'URCF considère que l'impéralisme français a subi un revers en raison d'une élection dans le cadre du capitalisme.

C'est ni plus ni moins que l'interprétation bourgeoise du front populaire et la théorie des 51% comme but pour les élections.

Comme tous les groupes issus de la gauche du « PCF », il s'agit d'un représentant de l'aristocratie ouvrière.

Etudions maintenant les groupes qui ont courageusement lutté contre l'illusion du « non » :

CGA

« La participation à la mascarade référendaire (et électoraliste) légitime l'abandon des luttes au profit d'une participation toute illusoire au processus décisionnel quant à l'agencement de la future Europe. (...) il faut non seulement ne pas appeler les citoyens aux urnes, mais bien au contraire il faut les convier à s'en éloigner, à multiplier les situations de désobéissance civile, à multiplier les conflits dans les entreprises, à multiplier les foyers de résistance en réponse aux attaques patronales et gouvernementales. »
(déclaration du 10 avril 2005)

La déclaration de la coordination des groupes anarchistes est correcte. L'histoire est l'histoire de la lutte des classes, pas des référendums proposés par le système. L'opportunisme y est vigoureusement critiqué, ce qui est une qualité essentielle de l'anarchisme en période de creux de la révolution.

Convergences Révolutionnaires

« Qu'est-ce que les travailleurs pourraient alors espérer de ce référendum, dont les patrons, eux, n'ont rien à craindre  ? La victoire du Oui qui rendrait le sourire à Hollande et Chirac  ?

Perspective peu réjouissante.

Mais la victoire du Non  ?

Chacun s'en doute, cette troisième gifle électorale en un an ne forcera Chirac ni à geler ni à infléchir sa politique.

Reste l'idée, chère à presque toute l'extrême-gauche, que ce serait un encouragement pour le monde du travail, pour ses militants, pour les luttes. Un pari bien hasardeux !

Certes, on peut toujours se féliciter que le référendum ait suscité le débat politique dans une fraction non négligeable des travailleurs. On peut aussi se dire qu'en votant Non, beaucoup vont chercher avant tout à exprimer leur mécontentement contre la politique du gouvernement, qui plus est en désavouant la position de la plupart des « éléphants » du PS. Qu'il vaut donc la peine, pour des révolutionnaires, d'être solidaires de ce geste.

Sauf que dans cette campagne, pas seulement dans les medias, dans les usines et les bureaux aussi, on a plus entendu parler des Turcs, des Chinois, des Polonais, que des patrons français. On s'est plus souvent interrogé sur la nécessité de fermer les frontières que sur celle d'interdire les licenciements ou taxer le capital. On a plus souvent dénoncé, comme une menace sur l'emploi, les bas salaires des travailleurs étrangers que les profits des patrons bien de chez nous.

On voit certes s'exprimer le mécontentement, mais mélangé aussi à de la méfiance et de la peur. Des sentiments compréhensibles, puisque le capitalisme soumet sans cesse les travailleurs à l'insécurité de l'emploi ou des salaires.

Mais des sentiments qui ont pour effet d'exacerber la concurrence des travailleurs les uns contre les autres. La peur des délocalisations, des fermetures d'usines, des importations étrangères, à défaut de faire les affaires d'un Chirac, fait tout à fait celles du patronat et sert son chantage à l'emploi.

Il en serait allé tout autrement si les journées de mobilisation du début de l'année, qui ont culminé le 10 mars, s'étaient prolongées et amplifiées, si les lycéens avaient entraîné leurs profs, ou d'autres, pour faire capoter la loi Fillon, si l'énorme majorité des travailleurs avaient refusé et ridiculisé le jour de corvée de la Pentecôte, si la grève des raffineries de Total avait fait tâche d'huile.

Mais le référendum justement a servi de prétexte et contribué à faire obstacle à tous ces développements.

Faute de ceux-là, la victoire du Non, si elle a bien lieu dimanche, apparaîtra assez vite, non comme un coup d'éclat « anti-capitaliste » mais pour ce qu'elle est réellement : ambiguë, faite du ras-le-bol des salariés, mais aussi de la xénophobie de l'extrême droite et de la tromperie d'un Fabius.

Chirac pourra rebondir en balançant Raffarin et en annonçant, pourquoi pas, « plus de sécurité à nos frontières »... contre les immigrés ou les chemises chinoises.

Et une partie du mouvement ouvrier ira placer ses espoirs en 2007 et dans une gauche... plus à gauche, c'est-à-dire - paradoxe ! - fabiusienne.

Il est donc regrettable qu'à peu près toute l'extrême-gauche se soit embarquée dans cette galère, chaque organisation certes avec son style propre.

La LCR, en ne craignant pas sous prétexte de « dynamique unitaire », de donner sa caution à de vieux chevaux sur le retour du PS ou du PCF. Le PT, en présentant ouvertement le vieux cadre national comme l'indispensable rempart contre les nouvelles attaques du capitalisme. Notre propre organisation, Lutte Ouvrière, en faisant certes une campagne plus discrète, mais qui n'en aboutit pas moins à gonfler l'importance du Non et celle d'une constitution dont on nous dit pourtant par ailleurs qu'elle n'apporte ni n'enlève rien.

Aucune des « grandes » organisations d'extrême gauche, ni les plus petites d'ailleurs, à quelques rares exceptions dont la Fraction, n'a dénoncé à l'avance la duperie et le dérivatif qu'est ce referendum. »
(Tribune de la fraction dans Lutte Ouvrière, 26 mai 2005)

La position de la fraction (minoritaire) de Lutte Ouvrière est tout à fait correcte, sauf qu'elle considère comme « regrettable » ce qui est inévitable.

C'est la preuve d'un refus de rupture avec l'opportunisme sur le plan de l'organisation et de l'idéologie.

La victoire du « non » au référendum n'est en aucun cas un « séisme ». Le fantasme de la victoire ne sied qu'à une classe condamnée et hystérique : la petite-bourgeoisie.

Pour le PCMLM, juin 2005.

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