4 aoû 2008

Au sujet du document sur une «Commission prison répression»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Un document a été rendu public, signé notamment par Jean-Marc Rouillan.

Il s'agit d'un appel interne au «Nouveau Parti Antcapitaliste» (NPA), intitulé «Pour la mise en place dans le NPA d'une COMMISSION PRISON REPRESSION.»

Ce document met en avant certains points que le NPA, le «nouveau parti anticapitaliste», devrait mettre en avant, notamment concernant les prisons et les prisonniers.

De fait, de par la forme prise - un texte de débat interne tranformé en appel externe-, c'est tout autant un document de propagande pour le NPA.

Il vise à attirer au NPA les personnes qui cherchent une voie révolutionnaire pour notre époque, en faisant miroiter la possibilité d'une tendance ou au moins d'une « niche » radicale où il pourront s'exprimer.

Jean-Marc Rouillan dispose en effet d'une certaine crédibilité en tant que militant révolutionnaire engagé depuis longtemps et qui a été emprisonné de longues années, subissant l'isolement.

Il expliquait encore récemment, avant sa libération conditionnelle, qu'il demeurait « définitivement un incompatible »:

« Je suis un prisonnier politique et comme tel, je suis un otage et un otage ne sait jamais quand il sera libéré. Je n'effectue pas une peine qui a un début et qui a une fin programmée après un certain nombre d'années.
Dans le procès la condamnation à perpétuité, n'a été que le seul masque du chantage et concrètement ma libération dépend du seul contexte politique dans lequel elle sera examinée.
Finalement comme pour tous les autres otages, cela dépend du paiement de la rançon et dans mon cas, c'est une rançon politique car je ne sortirai que si j'accepte de payer et le paiement de cette rançon, c'est une déclaration, un texte politique qui condamne mon action dans l'organisation armée et bien au-delà dans toutes les organisations auxquelles j'ai participé comme le MIL le Gari jusqu'aux manifestations de l'après mai 68.

Dans leur délire réactionnaire à vouloir tout édulcorer, l'histoire de la contestation armée dans ce pays n'est pas définitivement écrite et cela tant que nous ne l'aurons pas co-signé de notre repentance, cette repentance, c'est la rançon, la rançon du chantage. Tant qu'il me restera un soupçon de lucidité, je refuserai le chantage, je ne me renierai pas.

Je crois sincèrement à la raison de se révolter et pour moi rien absolument rien ne peut justifier la plus petite collaboration avec le système et son mirage de propagande.
Comme tu vois, je demeure définitivement un incompatible. En conséquence, sans un changement de situation politique en faveur des forces progressistes, aucun ministre de la justice ne me libérera, aucun! donc je n'ai pas de libération possible. » (Interview téléphonique à la télévision catalane, reprise dans le film de Pierre Carles « Ni vieux ni traîtres »)

Or, le document qu'a signé Jean-Marc Rouillan n'a rien à voir avec la valorisation du patrimoine révolutionnaire.

On peut même dire que ce document est d'une mauvaise foi terrible, et qu'il est une tentative de brader le patrimoine révolutionnaire (ou tout au moins une partie) et de l'offrir en cadeau au «Nouveau Parti Anticapitaliste», histoire que celui-ci ait une «aura» radicale.

Un exemple très parlant concerne les prisonniers politiques. Le document explique en effet que:

«Libération des prisonniers politiques. Ils sont plus d'une centaine dans les prisons françaises : militants d'Action directe, des mouvements indépendantistes corse et basque, anciens militants de la lutte armée en Italie (Marina Pétrella) communiste libanais (Georges Ibrahim Abdallah libérable depuis 1999 mais toujours détenu). Longtemps ignorés par l'extrême gauche, ils sont emprisonnés pour certains d'entre eux depuis 24 ans !»

Ce qui est écrit est littéralement honteux et une insulte grave à tous ceux et toutes celles qui ont osé lutter en faveur des prisonniers politiques ces vingt dernières années.

Pendant des années, il est vrai que la grande majorité de l'extrême-gauche a purement et simplement ignoré les prisonniers politiques.

La raison en est simple: l'option choisie par elle était syndicale et associative, légaliste et opportuniste.

Mais affirmer comme le fait le document que toute l'extrême-gauche se serait contenté de cette option et aurait oublié les prisonniers politiques est très insultant envers ceux et celles qui ont osé lutter et ont par cela même dû affronté un isolement très fort, en raison de la criminalisation.

Pendant toutes les années 1990, parler d'Action Directe était très difficile, même au sein de l'extrême-gauche. Jean-Marc Rouillan n'apprécie apparemment pas le travail des gens qui se sont «mouillés» notamment en sa faveur.

Un problème similaire se pose avec les mouvements indépendantistes corse et basque. Très peu à l'extrême-gauche sont ceux qui ont toujours soutenu les mouvements de libération nationale corse et basque.

Le PCMLM est l'une des rares organisations agissant en métropole à reconnaître la justesse de leur combat pour le droit à l'autodétermination.

Est-ce le cas de la LCR? Absolument pas, la LCR n'a jamais soutenu le projet de libération nationale et a toujours été partisane des accords de paix.

Aujourd'hui alors qu'une pression énorme se fait sur les mouvements de libération nationale baque et corse, la tentative d'accoler les prisonniers politiques basques et corses au projet du NPA est une contribution à la ligne de capitulation.

Exactement de la même manière, la tentative de nier les différences insurmontables entre trotskysme et maoïsme effectuée par le document est très parlante.

Le document explique que:

«Le secours rouge au début des années 70 arrivait à faire travailler ensemble trotskistes, maoïstes, libertaires et inorganisés alors que la bataille idéologique et la concurrence politique entre groupes gauchistes battait son plein.»

En employant le terme de «gauchiste», le document utilise un terme péjoratif typique, montrant bien ce qu'il pense du projet de la Gauche Prolétarienne. Car le "secours rouge" était un projet rentrant dans le projet global de la Gauche Prolétarienne et certainement pas un organisme libéral de soutien «général» aux prisonniers politiques qui étaient justement principalement maoïstes, et certainement pas trotskystes!

Le document explique également que:

«Enfin, cette commission devra aider les militants du NPA à ne pas se trouver démunis s'ils étaient confrontés à la répression.
Il ne s'agit pas d'entourer d'un halo de mystère nos activités, au demeurant tout à fait légales, mais de se préparer dans notre fonctionnement à des moments plus compliqués de notre militantisme.»

Cela signifie donc que le projet de commission ne s'intéresse qu'au NPA, et donc pas aux organisations faisant d'autres choix que des activités «au demeurant tout à fait légales"...

Quand on connaît les positions de la LCR durant les années 1980 au sujet d'Action Directe, il est étrange de lire ces lignes. Les trotskystes, quelles que soient leurs positions parfois divergentes, ont toujours été les partisans de la distanciation la plus grande avec les "terroristes».

Pire même, l'histoire de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire, qui a donné la LCR, c'est l'histoire d'une organisation qui prétend défendre l'idéologie guérillera de Che Guevara, afin d'attirer la jeunesse révolutionnaire des années 1960, pour ensuite tout bazarder et tout canaliser dans le légalisme trotskyste et son « accumulation de force » dans les syndicats.

Jean-Marc Rouillan aurait-il oublié l'histoire du mouvement révolutionnaire en France?

Ne sait-il pas que le NPA est un projet trotskyste décidé au plus haut niveau de la «IVème Internationale»?

Quel intérêt alors d'affirmer dans le document que, «un jour», le NPA pratiquera soit disant la violence?

C'est le vieux mensonge des organisations trotskystes qui prétendent toutes se préparer à pratiquer « un jour » la violence révolutionnaire, pour toujours la repousser à « plus tard » et qui se sont toujours en pratique opposer à toute expression armée du prolétariat.

Sans parler de la thèse absolument honteuse et ridicule comme quoi la violence révolutionnaire serait le «fruit» (plus ou moins honteux) de la violence répressive de l'Etat!

Non, rien de tout cela ne tient debout. Et comme ce projet ne tient pas debout, il n'est pas étonnant que dans ce document, il ne soit pas fait mention de la crise générale du capitalisme et du fascisme, réalités grandissante de notre temps.

Car ce document correspond bien au délire idéaliste du NPA, un délire qui n'est que le fruit de la crise capitaliste que supporte de moins en moins la petite-bourgeoisie.

Non aux projets de capitulation et au renouveau de la social-démocratie!
Non à l'intégration du patrimoine révolutionnaire dans le projet social-démocrate de «NPA»!
Faisons vivre le patrimoine révolutionnaire et la juste révolte des masses populaires!

Pour le PCMLM, août 2008.

 

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Ici le document en archives:



Pour la mise en place dans le NPA d'une COMMISSION PRISON REPRESSION.

La construction du NPA nous amène à soumettre quelques réflexions et propositions à ses futurs membres sur un sujet, oh combien déserté, ou pour le moins sous investi par le mouvement révolutionnaire depuis de trop nombreuses années, celui d'une réflexion autonome et d'un programme d'action sur les questions à nos yeux centrales que sont la répression et la prison.

Il ne nous parait donc pas inutile de revenir sur quelques notions de base définissant notre rapport aux institutions et à l'appareil répressif de l'Etat, d'en tirer après si accord des conclusions organisationnelles.

A l'heure où une partie de l'extrême-gauche se présente depuis longtemps aux élections, où Olivier Besancenot, porte parole de notre projet est invité, sans ostracisme apparent chez Druker, la pire illusion pour les membres du NPA serait de croire à une longue période de cohabitation tranquille avec le pouvoir et ses institutions.

Au contraire, plus le système capitaliste va s'enfoncer dans la crise, plus la répression des mouvements sociaux et des organisations qui les animent va frapper. A moins de se tenir totalement au dehors des affrontements de classe, en n'investissant que le champ politique institutionnel, protestataire et électoraliste, notre parti qui en toute logique devrait se construire dans les luttes et leur soutien sera en première ligne. Il n'y a qu'à voir la mise en cause de RESF cette semaine par l'UMP qui impute à cette organisation la responsabilité morale dans l'incendie du camp de rétention administrative de Vincennes pour s'en persuader.

C'est pourquoi, sans inutile paranoïa ni précipitation, nous devons nous y préparer.

Pour cela, il nous faudra, en premier lieu, combattre les illusions réformistes sur la nature des institutions et de l'appareil d'état :

PS, PCF, ou Verts partagent en gros la même conception, ils n'exigent de celles-ci qu'un fonctionnement "plus démocratique". Ainsi, la police purgée de ses brebis galeuses, avec plus d'effectifs, serait une institution aux valeurs partagées par l'ensemble de la population et à laquelle on nous sommerait alors de nous soumettre.

Ainsi, la justice serait mieux rendue, plus humaine si elle en avait les moyens financiers.

Ainsi, des prisons moins peuplées, avec des éducateurs en nombre, plus de peines de substitutions et, pourquoi pas, des rideaux aux fenêtres des cellules deviendraient presque acceptables !

Nous mêmes, anticapitalistes ne sommes pas épargnés dans nos contacts quotidiens avec nos voisins et collègues de travail, y compris dans les rangs de nos sympathisants par l'expression de telles illusions.

Nous devons inlassablement réaffirmer que ces institutions ne sont ni neutres, ni au-dessus de la mêlée, elles n'existent que pour défendre les intérêts du capitalisme, et seront l'ultime rempart de celui-ci quand l'affrontement de classe se généralisera.

C'est pourquoi un parti réellement anticapitaliste ne saurait avoir une attitude angélique envers les institutions, ni se défausser sur des ONG, des syndicats ou des associations "spécialisées" et se caler ensuite sur leurs programmes.

Nous devons le dire, et surtout l'expliquer : police, justice, prison et nous y ajouterons volontiers l'armée, sont des institutions hostiles à la classe ouvrière et au camp anti-capitaliste.

Nous devons les combattre.

La police est partout, nationale, municipale, de proximité ou pas, elle fait régner l'ordre dans les quartiers populaires à coup d'incessants contrôles d'identité au faciès et de provocations en tous genres. Détestée, à juste titre, par la jeunesse, elle est un facteur déterminant dans la révolte des "quartiers".

La justice est nulle part ! Il ne saurait y avoir une justice "équitable" dans le cadre de la société capitaliste. Comment justifier des mesures de répression alors que l'injustice sociale devient chaque jour plus perceptible.

Nous devons combattre également les illusions répressives, qui alimentées par des médias à la recherche de l'audimat au moindre événement glauque, font de nouvelles recrues.

Leur justice n'est et ne sera jamais la notre, il ne saurait y avoir pour des anti-capitalistes la moindre ambiguïté à ce sujet. L'immense majorité des dossiers traités par la justice concerne les plus faibles et les plus démunis de notre société.

Pour une société sans prisons !

Quelques minutes dans une cour de "promenade" de maison d'arrêt valent tous les discours lénifiants, toutes les statistiques, toutes les émissions de télé.

La prison est un lieu de répression et de relégation de masse (+de 65000 détenu(e)s) et de classe (95% de pauvres).

Mais elle est également le maillon faible des institutions coercitives de la bourgeoisie.

Mise en cause en permanence, y compris dans les rangs de la droite, pas ou peu dissuasive, son taux de population ne fait que s'élever au rythme de la crise sociale.

Tout comme la justice et la police, les anticapitalistes ne sauraient défendre le système carcéral et laisser planer l'illusion qu'on pourrait "améliorer" les choses. L'enfermement reste la seule réponse que l'état peut apporter à la contestation de la propriété privée ou de son autorité.

D'ailleurs la garde des sceaux, cohérente avec l'analyse d'une prévisible montée des luttes, se prépare à ouvrir de nouvelles prisons.

Combattre l'Europe des prisons : En adoptant une loi fixant à 18 mois la rétention administrative à laquelle pourront désormais être soumis les étrangers en situation irrégulière, l'Europe du capital montre son vrai visage.

Pourtant cette fuite en avant dans le tout répressif n'y pourra rien changer.

Pensent-ils réellement dissuader des travailleurs africains poussés à l'exil pour survivre et faire survivre leurs familles à tenter ce qu'ils pensent être leur chance ?

Aucune clôture, aucun mur, si haut soit-il n'y parviendront.

Le NPA doit mener campagne pour la fermeture de ces prisons que sont les centres de rétention administrative et exiger l'abrogation pure et simple de toutes les lois racistes anti-immigrés instaurées par la droite comme par la gauche.

Libération des prisonniers politiques.

Ils sont plus d'une centaine dans les prisons françaises : militants d'Action directe, des mouvements indépendantistes corse et basque, anciens militants de la lutte armée en Italie (Marina Pétrella) communiste libanais (Georges Ibrahim Abdallah libérable depuis 1999 mais toujours détenu).

Longtemps ignorés par l'extrême gauche, ils sont emprisonnés pour certains d'entre eux depuis 24 ans !

La défense de leurs conditions de détention et de leur identité politique ne sont pris en charge que par des comités "spécialisés" alors que le traitement qu'il leur est fait préfigure bien souvent un durcissement général des mesures carcérales.

Après l'isolement prolongé, ce sont les prisonniers politiques qui aujourd'hui font les frais de par son effet rétroactif de la scandaleuse loi dite de rétention de sureté. En abolissant en 81 le statut de prisonnier politique, le pouvoir criminalisait purement et simplement toute activité politique qui ne se situait pas dans le stricte champ institutionnel.

Aujourd'hui, des militants engagés dans le soutien aux sans papiers sont jetés en prison sans motifs sérieux et subissent dés leur interpellation les traitements spéciaux de la section antiterroriste du parquet. Le NPA devra aussi se mobiliser pour exiger l'abrogation de toutes les lois dites anti-terroristes (celle de septembre 1986 entre autres), l'abolition des tribunaux d'exception, et une amnistie pour les prisonniers politiques révolutionnaires.

Ce petit inventaire, non exhaustif, nous semble démontrer la nécessité d'un travail sérieux sur toutes ces questions dans le cadre d'une commission prison répression du NPA.

Cette commission devra faire aussi le bilan du passé. Bien que ce terrain d'intervention ait été largement occulté, notamment depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, une activité unitaire de masse sur la répression et sur les prisons a déjà existé.

Le secours rouge au début des années 70 arrivait à faire travailler ensemble trotskistes, maoïstes, libertaires et inorganisés alors que la bataille idéologique et la concurrence politique entre groupes gauchistes battait son plein.

Ce mouvement national, doté d'un secrétariat indépendant des organisations, avait su tisser un réseau fourni de correspondants locaux, de cabinets d'avocats au service des luttes.

Le CAP (Comité Action Prison) réussit à animer en liaison avec les prisonniers des révoltes coordonnées sur plusieurs prisons.

Il avait su également se doter d'un journal (très bien fait pour l'époque) qui était diffusé à l'entrée des parloirs.

Enfin, cette commission devra aider les militants du NPA à ne pas se trouver démunis s'ils étaient confrontés à la répression. Il ne s'agit pas d'entourer d'un halo de mystère nos activités, au demeurant tout à fait légales, mais de se préparer dans notre fonctionnement à des moments plus compliqués de notre militantisme.

Il n'est pas interdit pour comprendre l'utilité d'une telle démarche de lire ou relire Victor Serge "Ce que tout révolutionnaire doit savoir de la répression" et de se dire qu'il serait temps de se pencher sur l'élaboration d'une brochure actualisée.

En espérant vivement vous avoir convaincus du bien fondé de la mise en place d'une commission prison répression et que vous ferez remonter vos réflexions aux structures concernées du NPA.

Fraternellement
Jean-Marc NPA Marseille
Alain NPA Paris 13 

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