5 oct 2014

Un exemple de rejet idéaliste de la thèse des pays semi-féodaux semi-coloniaux

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La thèse selon laquelle il y a deux catégories de pays – impérialistes, ainsi que semi-féodaux semi-coloniaux – est propre au maoïsme.

Cette thèse a été totalement inconnue en Europe de l'Ouest, ce qui montre la faiblesse du maoïsme qui a existé dans les années 1960-1970. Mais c'est une thèse absolument classique des maoïstes de la même époque agissant en Afrique, en Asie, en Amérique latine.

Ce fut même une ligne de démarcation essentielle avec les autres idéologies. Si l'on regarde les écrits de Gonzalo, Charu Mazumdar, Siraj Sikder, Akram Yari, Ibrahim Kaypakkaya... on voit que la thèse du caractère semi-féodal semi-colonial de leur propre pays est fondamentale à leurs yeux.

Il est par conséquent très expressif que les « maoïstes » qui n'en sont pas méconnaissent totalement cette thèse, ou bien la rejettent. Ainsi, l'OCML-Voie Prolétarienne la rejette formellement, adoptant la thèse trotskyste selon laquelle tous les pays sont capitalistes.

L'OCML-VP : une position trotskyste-guévariste

L'OCML-VP prétend soutenir la guerre populaire indienne, mais en même temps elle considère l'Inde comme un pays capitaliste... soutenant ainsi la thèse de ceux qui rejettent la guerre populaire.

Sa position est d'ailleurs synthétisée comme rarement dans un document intitulé « Contre tous les amalgames, c'est la barbarie impérialiste l'ennemi des exploités ». Les thèses qu'on y trouve sont traditionnellement trotskystes.

L'OCML-VP le sait, d'où une tentative de « bidouiller » les formulations, dans sa dernière déclaration :

« Pourquoi y a-t-il dans les pays dominés, soit des Etats despotiques aux mains d’une bourgeoise bureaucratique, ou des Etats contrôlés par des fractions bourgeoises corrompues à la solde de l’impérialisme ? »

Il y a ici deux conceptions antagoniques. Parler de « bourgeoisie bureaucratique » correspond au maoïsme, parler de « fractions bourgeoises » correspond au trotskysme. On ne peut pas avoir les deux existant simultanément.

L'OCML-VP tombe le masque quelques lignes plus bas, avec la défense de la thèse trotskyste, voire en fait trotskyste-guévariste :

« Etats dictatoriaux, Etats corrompus : ce ne sont que le produit de la domination impérialiste, du pillage des pays dominés. Sans base économique solide, assise comme dans les pays capitalistes développés sur l’exploitation économique des prolétaires, les bourgeoises des pays dominés ne peuvent prospérer que par les « rentes pétrolières » ou des moyens « extra économiques », par le contrôle despotique de l’Etat souvent par l’armée qui devient un acteur économique majeur, comme en Egypte, et par la corruption. »

Le matérialisme dialectique n'a jamais affirmé que les pays semi-coloniaux semi-féodaux n'avaient pas de « base économique solide », ni que la classe sociale dominante n'était que parasitaire, comme c'est dit ici.

Cette thèse, c'est celle du trotskysme dans sa variante guévariste. C'est exactement la position du « Secrétariat Unifié de la IVe Internationale » du début des années 1970.

L'OCML-VP et les régimes « bourgeois nationalistes »

Si cette interprétation de la nature de la position de l'OCML-VP est correcte, alors on devrait avoir par conséquent la même position que le « Secrétariat Unifié de la IV Internationale » à l'époque.

Est-ce le cas ? Oui, c'est bien le cas, puisque dans la même déclaration on lit :

« Les espoirs mis dans les indépendances, les soulèvements nationalistes dans les pays arabes ont amené au pouvoir des fractions des bourgeoisies nationalistes, comme Nasser en Egypte, ou les Partis Baas en Syrie et en Irak. Bien que certains dirigeants comme Nasser aient incarné une fierté arabe contre la domination impérialiste, ils n’ont pas réalisés les espoirs sociaux et de liberté que les peuples avaient mis en eux, d’autant que les impérialistes n’ont cessé de les combattre. Soutenus généralement par des Partis se réclamant du communisme au nom d’un front anti-impérialiste (Syrie, Algérie de Boumediene), le discrédit populaires des régimes nationalistes arabes, entre autre, a entraîné celui de ceux, qui bien que communistes, étaient devenus les auxiliaires des oppresseurs des peuples. »

Les communistes authentiques – les maoïstes – n'ont jamais soutenu les « soulèvements nationalistes », Nasser ou le parti Baas. Ce sont les trotskystes-guévaristes qui l'ont fait, en considérant que cela allait dans le bon sens, suivant le principe « tout ce qui bouge est rouge ».

Les maoïstes ont toujours considéré que Nasser, les partis Baas de Saddam Hussein et Hafez El Assad, etc. portaient des régimes semi-féodaux semi-coloniaux.

Pour les maoïstes, Nasser était un fasciste, tout comme Hafez El Assad : il s'agit ici du fascisme propre aux pays semi-féodaux semi-coloniaux.

Pour les maoïstes, suivant le matérialisme dialectique et suivant les enseignements de Lénine, Staline et Mao Zedong, il ne peut pas exister de régime « bourgeois nationaliste » à l'époque de l'impérialisme.

Encore une fois, on retrouve la position de la « Secrétariat Unifié de la IVe Internationale », du trotskysme-guévarisme, du tiers-mondisme.

L'OCML-VP nie le caractère féodal de l'Islam

Fort logiquement, et dans le prolongement du trotskysme-guévarisme jusqu'au post-modernisme, l'Islam est valorisé, sa nature féodale étant niée.

On lit ainsi dans la déclaration :

« Alors, la seule « idéologie » politique mobilisatrice des peuples a puisé sa légitimité dans une radicalisation sur le fond religieuse. La montée de la réaction djihadiste ou de l’« Islam politique » est le produit de la domination impérialiste, du discrédit des bourgeoisies nationales et de l’opportunisme des communistes qui, en soutenant des régimes d’oppression, ont abandonné la lutte de classe, et l’organisation des exploités pour leur libération. »

Cela est totalement faux. Les « communistes » dont il est parlé ici, ce sont en réalité les révisionnistes inféodés au social-impérialisme soviétique, qui lui justement tentaient de happer sous son hégémonie les pays semi-féodaux semi-coloniaux.

Ensuite, l'Islam n'a pas du tout été porté par les masses, mais justement par les féodaux, que l'OCML-VP a totalement oublié...

La révolution iranienne n'est pas une révolution « anti-impérialiste », comme l'ont prétendu historiquement les trotskystes-guévaristes, mais l'effondrement d'un régime suite aux contradictions entre la bourgeoisie bureaucratique « moderniste » du Shah et les forces féodales avec à leur tête Khomeini.

Les islamistes ne sont nullement des « anti-impérialistes », contrairement à ce que racontre le trotskysme-guévarisme et à sa suite l'OCML-VP : ce sont des féodaux.

Le populisme de l'OCML-VP

Aujourd'hui en France, le trotskysme-guévarisme s'est transformé en post-modernisme défendant des « identités » rebelles comme « révolutionnaires » sans le savoir. D'où un discours ultra-populiste, porté principalement par le Nouveau Parti Anticapitaliste, mais également par toute une frange des anarchistes, ou encore bien sûr l'OCML-VP.

Voici une « défense » pathétique de l'Islam que fait l'OCML-VP en parlant des actions de « l'Etat islamique » en Syrie et en Irak :

« Ces appels présupposent un soupçon de sympathie et de connivence entre les groupes de l’Islam politique et les musulmans de France. Ils induisent que ces groupes sont mus par des buts religieux alors qu’ils ne le sont que par des objectifs politiques et sociaux réactionnaires. »

« Ces actes sont commis par des groupes politiques réactionnaires qui puisent dans l’Islam des justifications idéologiques qui en trahissent l’esprit et les valeurs. »

Ouvrir la page web du dossier La signification historique de la falsafaQue diable l'OCML-VP sait-elle de « l'esprit » et des « valeurs » de l'Islam ? Depuis quand les communistes défendent-ils les religions, ces idéologies féodales, comme porteurs authentiques des souhaits des masses ?

Et l'Islam, comme toute religion, a précisément « des objectifs politiques et sociaux réactionnaires », par définition même, puisque c'est une idéologie féodale !

Prétendre le contraire, c'est nier la dimension religieuses des « djihadistes », et c'est précisément ce que fait l'OCML-VP.

C'est là, bien entendu, la négation de la thèse du caractère semi-féodal des pays non impérialistes, allant de pair avec la négation du caractère semi-colonial au nom de l'interprétation totalement idéaliste que la bourgeoisie ne serait que « parasitaire » (en fait, si l'OCML-VP assumait ses propres thèses trotskystes-guévaristes, elle utiliserait le terme d'oligarchie et non de bourgeoisie).

Et cela n'a rien à voir avec le maoïsme.

 


Pour archives, la déclaration de l'OCML-VP:

Contre tous les amalgames, c'est la barbarie impérialiste l'ennemi des exploités

Déclaration

Les exécutions médiatisées d’otages occidentaux par Daech et ses émules ont suscité un dégoût et un émoi légitimes. Ces actes sont commis par des groupes politiques réactionnaires qui puisent dans l’Islam des justifications idéologiques qui en trahissent l’esprit et les valeurs.

La bourgeoise française, son Président, comme la plupart des médias de ce pays trouvent dans ces actes la légitimation des interventions militaires dans lesquelles la France est engagée. Mais ils construisent aussi un discours qui oppose la civilisation, la démocratie à la barbarie et à l’obscurantisme. Les mêmes exhortent les musulmans et les autorités religieuses musulmanes à désavouer ces actes, à se démarquer, pour selon elles-éviter l’amalgame entre Daech et les musulmans. Mais ces appels présupposent un soupçon de sympathie et de connivence entre les groupes de l’Islam politique et les musulmans de France. Ils induisent que ces groupes sont mus par des buts religieux alors qu’ils ne le sont que par des objectifs politiques et sociaux réactionnaires. Si l’on exhorte les musulmans à se démarquer des crimes commis au nom d’un « Etat islamique », aucun média aucun ministre ne l’a fait à l’égard des juifs, alors qu’un Etat dit « juif » massacrait les Palestiniens de Gaza.

La bourgeoise et les médias français appellent à l’union nationale « contre les égorgeurs » pour défendre nos « valeurs », » notre « démocratie » contre des hommes qui méprisent la vie humaine. Sans doute faut-il beaucoup plus de détermination et de passion fanatique pour égorger de sa main un autre homme et sentir son sang couler sur ses mains que de tuer en appuyant sur le bouton qui larguera la bombe sur une école et sur des civils que l’on ne voit pas. De même qu’il ne coûtait rien à un fonctionnaire consciencieux, comme Papon et bien d’autres, de signer un ordre de déportation de milliers d’enfants juifs …

L’impérialisme a toujours cherché une légitimité dans l’opposition de la civilisation (dont il serait porteur) à la barbarie (dont les dominés seraient inévitablement porteurs). C’est au nom des « valeurs de la société occidentale » qu’il dit entreprendre ses conquêtes, d’abord coloniales, puis proprement impérialistes. Pourtant qui au siècle passé s’est montré le plus « barbare » ? Les pauvres des pays dominés, privés d’accès aux conditions de vie digne, maintenus dans l’ignorance, soumises au travail forcé dans les colonies, où les grandes nations occidentales prospères et « cultivées » ? Ce ne sont pas des pauvres « incultes » qui ont organisé le génocide de millions de juifs d’Europe, mais des individus, souvent des intellectuels, appartenant à l’une des nation les plus « cultivée » qu’est l’Allemagne. La bourgeoisie française s’en est faite complice, et dans ses colonies, elle n’a jamais hésité au massacre. Au Rwanda, elle a couvert le massacre des Tutsi. C’est la « grande démocratie américaine » qui a largué deux bombes atomiques sur le Japon alors même que celui-ci perdait la guerre, pour expérimenter cette arme et montrer au monde sa puissance militaire sans égale. Tout cela au mépris de la vie, mépris qui n’est donc pas du seul fait des forces réactionnaires que prétend combattre la coalition. Nous tenons assi à rappeler que les premières victimes de Daesh et consort restent bien les autres musulmans d’Irak et d’ailleurs.

Au fond l’opposition civilisation / barbarie instrumentalise l’émotion, permettant de justifier les interventions impérialistes en masquant les causes profondes du désordre mondial. Désordre qui s’accroît après chaque intervention impérialiste qui prétendait le réduire, ainsi que les menaces pesant sur les peuples du monde. Irak, Libye, Daech, …. Il est vain de croire que l’on réduira les massacres, les crimes dont sont victimes les peuples du monde par des interventions impérialistes, qui elles mêmes provoquent leur lot de victimes.

Les causes des désordres du monde et de la montée de groupes tels que Daech ou Boko Haram, ne tiennent pas à des facteurs idéologiques. A leur source il y a des causes politiques et sociales. Pourquoi les États, en particulier arabes, mais pas seulement, sont incapables de faire face à de tels mouvements ? Pourquoi y a-t-il dans les pays dominés, soit des Etats despotiques aux mains d’une bourgeoise bureaucratique, ou des Etats contrôlés par des fractions bourgeoises corrompues à la solde de l’impérialisme ? Ce n’est pas une question de « culture », comme les bourgeoisies impérialistes bien pensantes, qui font la morale au reste du monde, le disent. Etats dictatoriaux, Etats corrompus : ce ne sont que le produit de la domination impérialiste, du pillage des pays dominés. Sans base économique solide, assise comme dans les pays capitalistes développés sur l’exploitation économique des prolétaires, les bourgeoises des pays dominés ne peuvent prospérer que par les « rentes pétrolières » ou des moyens « extra économiques », par le contrôle despotique de l’Etat souvent par l’armée qui devient un acteur économique majeur, comme en Egypte, et par la corruption.

Les espoirs mis dans les indépendances, les soulèvements nationalistes dans les pays arabes ont amené au pouvoir des fractions des bourgeoisies nationalistes, comme Nasser en Egypte, ou les Partis Baas en Syrie et en Irak. Bien que certains dirigeants comme Nasser aient incarné une fierté arabe contre la domination impérialiste, ils n’ont pas réalisés les espoirs sociaux et de liberté que les peuples avaient mis en eux, d’autant que les impérialistes n’ont cessé de les combattre. Soutenus généralement par des Partis se réclamant du communisme au nom d’un front anti-impérialiste (Syrie, Algérie de Boumediene), le discrédit populaires des régimes nationalistes arabes, entre autre, a entraîné celui de ceux, qui bien que communistes, étaient devenus les auxiliaires des oppresseurs des peuples.

Alors, la seule « idéologie » politique mobilisatrice des peuples a puisé sa légitimité dans une radicalisation sur le fond religieuse. La montée de la réaction djihadiste ou de l’« Islam politique » est le produit de la domination impérialiste, du discrédit des bourgeoisies nationales et de l’opportunisme des communistes qui, en soutenant des régimes d’oppression, ont abandonné la lutte de classe, et l’organisation des exploités pour leur libération.

Notre bourgeoise en nous appelant à l’unité nationale « contre la Barbarie », en faisant « injonctions aux musulmans de ce pays de se démarquer des crimes », entretien le soupçon de sympathie possible des musulmans avec ces groupes fascisant. Bref divise les exploités, en instrumentalisant l’émotion légitime. En l’orientant unilatéralement, elle cherche à ressembler une fraction des exploités derrière elle alors même qu’elle nous écrase chaque jour plus, comme elle le fait dans le reste des régions qu’elle domine.

L’opposition n’est pas entre civilisation et barbarie des pauvres, mais entre barbarie impérialiste et lutte pour la libération nationale, sociale et politique des exploités du monde. Nos remarques critiques à l’égard des communistes arabes seraient que de l’hypocrisie, si nous répondions aux appels à l’unité nationale de notre bourgeoisie.

La tâche des communistes d’ici est justement de la combattre, car l’ « ennemi est dans nôtre pays ».
L’organisation révolutionnaire des exploités est leur seule vraie protection que ce soit contre la bourgeoise ou contre les réactionnaires fascisant de toutes origines.

Le 02 octobre 2014

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