29 déc 2016

Grâce de Jacqueline Sauvage : populiste, anti-démocratique, anti-juridique

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La grâce présidentielle de Jacqueline Sauvage correspond à un effondrement du droit bourgeois et à une manipulation totalement populiste de l'opinion publique. Que l'avocate de Jacqueline Sauvage, Maître Nathalie Tomasini, se dise « terrassée par la joie et l'émotion » en dit long sur la logique de psychodrame de cette sordide affaire.

Car dans le droit, il y a des faits et la morale, il y a la Justice, et non pas la « joie », « l'émotion » et on est encore moins « terrassée ».

A moins bien entendu qu'on soit dans la mise en scène, dans l'esprit de victimisation, qu'on réduise les masses populaires à une masse de personnes amorphes et stupides, brutales et écervelées.

Jacqueline Sauvage a été valorisée par le show-business et le féminisme bourgeois, car elle présente le peuple comme brutal et stupide, voilà la vérité !

Quiconque s'intéresse aux compte-rendus des procès sait pourtant que Jacqueline Sauvage n'est nullement une « femme battue » passive et brisée, pas plus qu'elle n'est une femme s'assumant et pratiquant un féminisme armé.

Nous en avions déjà analysé les tenants et aboutissants et il n'est pas la peine de revenir dessus ici. 

Contentons-nous de voir que Jacqueline Sauvage a tué son mari de trois balles dans le dos, que les accusations d'inceste ne sont apparues qu'après la mort de celui-ci (soit trente ans après), qu'elle n'était nullement au courant du suicide de son fils la veille, que les deux procès ont pu constaté le caractère violent de l'accusée.

Tout cela fait beaucoup et suffisamment pour ne pas en faire l'icône qu'elle n'est pas. Elle a d'ailleurs été condamnée par deux jurys populaires et le droit bourgeois a pu constater que Jacqueline Sauvage n'a jamais considéré qu'il avait été erroné de tuer dans le dos quelqu'un avec qui elle a vécu pendant 47 années.

Elle n'était pas en légitime défense ; or, aucune société ne peut accepter qu'un tel meurtre soit impuni.

Aucun État de droit – fut-il bourgeois – ne peut passer outre les principes élémentaires de la vie en société.

Et qu'on ne parle pas de révolte féministe : cela n'est nullement le cas, c'est ici un fait-divers stylisé en victimisation où la vie populaire est présentée comme remplie de choses sordides et barbares.

C'est pourquoi la magistrature a bloqué la libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage, et cela plusieurs fois après la grâce partielle accordée par François Hollande le 31 janvier.

Elle savait qu'elle se retrouvait coincée, que les bases mêmes du droit étaient en jeu face au populisme.

Depuis la grâce partielle accordée par François Hollande, la victimisation, le populisme pseudo-féministe, la mise en scène et l'esprit de psychodrame ont maintenu leur pression, avec notamment Jacqueline Sauvage qui a joué ouvertement la médiatisation contre le droit en refusant notamment de faire appel contre le refus le 16 août puis en changeant finalement d'avis le 21.

Avec la nouvelle grâce, François Hollande torpille ainsi la notion de droit une seconde fois : après en avoir taclé les fondements, il la brise dans son caractère d'évaluation des faits.

La pétition pour la libération de Jacqueline Sauvage signée par plus de 360 000 personnes qu'on trouve sur internet revendiquait d'ailleurs ouvertement que la magistrature soit torpillée pour ne pas accorder la libération conditionnelle :

« Par ailleurs, ces mêmes magistrats ont-ils eux conscience de l'enfer qu'elle a vécu ?

De la responsabilité de la société dans son ensemble qui a l'a laissé vivre cet enfer ? Certainement pas !

Le Président de la République en accordant une grâce partielle avait voulu ménager la magistrature !

Elle vient de le trahir, de nous trahir et surtout de trahir Jacqueline et sa famille ! 

Alors il faut désormais que le Président de la République accorde une grâce totale, pour qu'enfin Jacqueline Sauvage soit libérée et sorte au plus vite de prison ! »

Ces lignes sont d'un populisme outrancier. En tant que communistes, nous critiquons le droit bourgeois, mais nous sommes pour le droit, le droit socialiste, nous ne sommes pas des anarchistes.

L'interprétation subjective des actes individuels s'oppose entièrement à notre vision d'une analyse objective des faits, dans la reconnaissance de la dignité du réel.

Et 47 années de vie commune ne peuvent pas être résumées, de manière anti-populaire, à un « calvaire », avec des accusations subites et sans preuves.

Accepter cela – et François Hollande a poussé à le faire – c'est suicider le droit.

C'est inacceptable pour qui a des notions élémentaires de droit et d'ailleurs les juristes renâclent devant ce spectacle ultra-populiste, qu'inversement toutes les personnalités politiques soutiennent, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen.

Ce qui est une preuve que pour maintenir son existence réelle, pour ne céder au relativisme du capitalisme, le droit lui-même exige que le socialisme se mette en place.

Les grandes questions: 
Rubriques: