13 sep 2017

Manifestations contre la réforme du code du travail du 12 septembre

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a deux manières de voir les manifestations contre la réforme du code du travail qui ont eu lieu hier à l’appel de la CGT.

Soit on y voit une expression d’un mouvement social de secteurs protégés au sein d’un pays capitaliste développé, porté par un syndicat recevant un financement très important de la part des institutions dont il est à considérer d’ailleurs comme une composante. Soit on y voit une expression de la lutte des classes.

Il va de soi que c’est la première manière de voir les choses qui est juste, et il faut relever de la petite-bourgeoisie pour s’imaginer que la seconde interprétation puisse avoir un sens.

L’isolement des manifestations d’hier par rapport aux masses et surtout la classe ouvrière est complet. Même en prenant les chiffres de la CGT d’ailleurs, les manifestations pour lesquelles la mobilisation se prépare depuis des semaines et des semaines, jusque sur les plages, n’ont rassemblé que le noyau dur syndical : 60 000 personnes à Paris, 60 000 à Marseille, 10 000 à Lyon, 16 000 à Toulouse, 10 000 à Lille, 15 000 à Nantes, 5 000 à Nice.

Rappelons que ces villes rassemblent respectivement 2,2 millions, 858 000, 506 000, 467 000, 233 000, 298 000 et 343 000 habitants, et si l’on compte l’aire urbaine, 10,7 millions, 1,74 million, 2,26 millions, 1,32 million, 1,18 million, 934 000 et 1 million d'habitants.

C’est dire la marginalité de l’initiative, alors qu’en plus la CGT n’hésite pas bien sûr à gonfler les chiffres.

Et les travailleurs en général savent très bien que les syndicalistes sont des corrompus et des opportunistes, doublés d’un culture de beauf les rendant insupportables. Qui va se mettre en grève un mardi du côté des masses pour participer à un tel folklore totalement inutile ?

Cela montre bien à quel point les maoïstes de la Gauche Prolétarienne, à la fin des années 1960, avaient tout à fait raison de dire qu’il fallait une ligne de masses et non une participation à de telles simulacres de lutte.

Ceux qui participent à de tels mouvements ne peuvent même pas avoir des illusions : on est ici dans un jeu théâtral, un rituel banalisé et balisé, avec même les rassemblements de « casseurs » afin de donner une caution de gauche, de faire un semblant de frayeur.

Mais une telle alliance de la CGT et de l’ultra-gauche, des merguez et des kebabs, du pastis et de la cannette qui est lancée sur la police, est totalement hors-jeu historiquement.

On est tellement dans la mascarade que même le « roi des forains », Marcel Campion, a participé au mouvement, mobilisant toutes ses troupes. Une mobilisation avec une forme pour le moins anti-populaire puisqu'elle a consisté à faire des opérations escargots commencées le matin au moment où les gens allaient au travail, puis des barrages filtrant durant toute la journée (rallongeant d'autant plus la journée des gens).

 La lutte de classes, avec cette figure patriarcale, grand chef d’un petit univers parallèle pratiquement mafieux avec tout ce que cela signifie comme détournement d’argent, magouilles et goût pour la brutalité et l’invective ?

Et c’est ce « roi des forains » que le site lundi.am, expression des partisans de Julien Coupat, a laissé s’exprimer dans un appel à une prétendue rébellion ?

C’est tout un symbole posant ici de la question du contenu. Car justement le peuple aime les fêtes foraines, mais leur contenu est souvent à l’image de leurs chefs : vulgaire, arnaqueur, en quête de sensationnel. Il faut donc une bataille pour en modifier les valeurs.

C’est le même principe qui veut que les masses vont se réapproprier l’ensemble de la société, mais la remodelant, dans un sens constructif, positif, planifié, se tournant vers la vie, la culture, le progrès, la Nature.

Les manifestations d’hier contre la réforme du code du travail ne sont à ce titre même pas du réformisme, on ne peut même pas dire que ce sont des gens avec des bonnes valeurs, mais incapables malheureusement de saisir le besoin de révolution.

Non, il n’y a juste rien, seulement un réflexe d’expression de misérabilisme et de corporatisme, un appel à la cogestion, une acceptation complète des mœurs et des mentalités capitalistes, avec simplement l’exigence que le capitalisme ne modifie pas trop le quotidien.

C’est une insulte à notre époque, aux défis de notre temps. De près comme de loin, il n’y a rien à sauver, c’est entièrement condamné par l’Histoire : c’est une preuve que face au réchauffement climatique, pour la défense de la Biosphère, pour l’instauration d’une économie planifiée, pour la relance de la culture et des valeurs de civilisation, il faut un travail de fond dans les masses, avec les masses, et non se mettre à la remorque des syndicats, des cogestionnaires, des manifestations ritualisées.

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