21 juin 2017

Le mouvement démocratique et populaire « mon vélo est une vie »

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le collectif « mon vélo est une vie » organisait ce samedi 17 juin 2017 un rassemblement place de la Bastille à Paris pour lancer un cri d'alarme face aux dangers encourus par les cyclistes sur les routes.

Ce fut un premier succès avec un milier de personnes réunies et une couverture médiatique importante.

Ce mouvement ne provient pas à l'origine d'utilisateurs urbains de vélos comme moyen de transport mais plutôt de coureurs cyclistes, c'est-à-dire ayant une pratique liée à la compétition qui nécessite de nombreuses heures d'entraînements chaque semaine sur des routes de campagne et aux abords des villes.

Le collectif a été initié par Niels Brouzes, ancien coureur professionnel et Théodoro Bartuccio, directeur sportif au VCA Bourget. Il fait suite à toute une vague de ras-le-bol exprimée depuis quelques mois dans ce milieu, notamment via les réseaux sociaux sur internet. Le sentiment partagé par la plupart des coureurs est que les conditions de sécurité sur les routes se dégradent.

L'accumulation récente d'accidents impliquant des personnalités du milieu a renforcé ce sentiment d'insécurité. On peut en voir un résumé dans cette vidéo :

Le problème le plus courant est le non-respect de la distance de sécurité pour doubler (1,5m hors agglomération) qui met, de fait, en danger les cyclistes. Cela n'est en fait qu'un aspect et le constat est qu'il y a surtout de plus en  plus de comportements volontairement agressifs.

Il faut même parler de comportements social-darwinistes, avec parfois quasiment une volonté d'assassinat.

La circulation automobile est un condensé des comportements anti-sociaux et ultra-individualistes induis par le pourrissement des mentalités dans la société capitaliste en crise. L'isolement dans sa propre voiture, souvent très puissante et ne permettant pas une perception réelle de la vitesse, favorise ces comportements, et ce y compris vis-à-vis d'autres automobilistes.

Les cyclistes, surtout lorsqu'ils sont isolés sur des routes de campagnes, sont particulièrement exposés à ces comportements rétrogrades. Ils sont perçus comme des obstacles à éliminer. Parfois simplement en doublant très vite, parfois en prenant le risque de frôler, et parfois même en coupant délibérément la route ou encore en doublant avant de freiner dangereusement à l'approche d'un rond-point, d'un ralentisseur ou d'un stop.

Les situations se compliquent pour les cyclistes lorsqu’ils sont perçus comme étant « en tort ». Ils sont alors la cible non plus simplement de mise en danger de circonstance (pour doubler), mais de comportements volontairement hostiles, de menaces, d'insultes, voir de coups et blessures. Les témoignages à ce sujet sont nombreux et réguliers. Ils sont consternants.

La révolte des coureurs cyclistes est donc légitime. C'est une révolte démocratique exprimant le besoin de civilisation, de règles, de morale, face à des comportements barbares.

C'est une révolte issue des classes populaires vivants dans les campagnes et à la périphérie des villes. C'est-à-dire du cœur même des masses populaires qui, de fait, n'ont pas ou plus l'habitude d'affirmer leurs exigences.

La preuve du caractère populaire de ce mouvement est d'ailleurs qu'il n'est pas simplement communautaire mais porte des exigences démocratiques générales pour toute la population. Les exigences ne concernent pas simplements les coureurs cyclistes mais tous les usagés à vélos, y compris ceux qui l'utilisent au quotidien pour se rendre au travail par exemple.

Le milieu cycliste, comme tous les milieux sportifs populaires, est composé à la base principalement par des personnes portant des valeurs sociales positives et constructives. L'esprit de compétition est un aspect essentiel du sport. Il ne relève pas principalement de la « loi du plus fort » mais plutôt de la volonté d'encadrer strictement les rapports sociaux, en les moralisant.

Lorsque des coureurs cyclistes qui pratiquent paisiblement leur entraînement sont confrontés à des automobilistes agressifs, il y a en fait deux visions du monde qui s'affrontent et s'entre-choquent, au sens figuré et parfois au sens propre du terme.

Le mouvement « mon vélo est une vie » est une formidable expression de la grande exigence démocratique des masses populaires, littéralement asphyxiées et atomisées par le pourrissement de la société capitaliste en crise, par l'absence de morale et par la pression des monopoles, notamment ceux de l'automobile et du pétrole qui empêchent depuis de nombreuses années toute réflexion sérieuse et constructive sur la sécurité routière, sur la limitation de vitesse, sur le développement des transports collectifs et des alternatives à l'automobile.

 

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