16 déc 2011

La référence à la "loi" Godwin, exemple de dilettantisme qui banalise le fascisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La « loi » Godwin est l'hypothèse selon laquelle plus une discussion dure longtemps, plus il est probable d'y trouver une comparaison avec les Nazis ou Adolf Hitler, puis par extension avec le fascisme en général. Cette fausse « loi », formulée par l'américain Mike Godwin en 1990, a été popularisée par Internet. L'auteur d'un commentaire où apparaîtrait une comparaison jugée intempestive avec le fascisme se voit ironiquement attribué un ou plusieurs points Godwin. En fait, la « loi » Godwin vise surtout à discréditer une opinion anti-fasciste en laissant penser que toute référence avec le fascisme est exagérée.

Pourtant, notre époque est bel et bien chargée par l'inévitable progression du fascisme sous fond de crise générale du capitalisme. Et le fascisme est d'autant plus fort qu'il ne se présente pas comme tel et que toute tentative d'analyse est discréditée.

 

Le fascisme est un mouvement culturel qui se présente comme un « retour aux sources », une révolte romantique face au marasme ambiant et, à l'époque de la crise générale du capitalisme que nous vivons, il est normal d'en retrouver la trace sous de multiples aspects.

 

Le ministère de l'épicurisme a ainsi qualifié l'émission de télévision « Koh-Lanta » de fasciste, alors qu'elle est généralement considérée comme un programme de « divertissement ». Mais cette émission défend l'idée que les hommes et les femmes y participant « deviennent eux-mêmes » en se confrontant à une nature « hostile ». La vie des animaux y est totalement déconsidérée et tout le programme est basée sur le principe social-darwiniste de survie du plus fort. Voilà bien qui est fasciste et qualifier cette émission de fasciste ne relève nullement d'une « exagération ».

 

Mais ce n'était qu'un exemple parmi d'autres. A l'époque de la putréfaction capitaliste, le fascisme se matérialise fort logiquement dans toute une série d'attitudes, de propos dont nous sommes les témoins au quotidien. Le fascisme suinte du capitalisme en crise et les manifestations du fascisme sont nombreuses.

 

Ainsi, les médias bourgeois ont désormais pris l'habitude ultra-populiste de battre la cadence de l'information à coup de « faits-divers » qui disparaissent de façon aussi fulgurante qu'ils étaient apparus la veille ou quelques jours plus tôt.

 

Par exemple, on a appris récemment que la municipalité de Ruffec, en Charente, stigmatisaient les élèves dont les parents n'étaient pas à jour dans leur paiement de la cantine. La méthode employée consistait à afficher dans l'enceinte de l'école, sur un panneau lumineux à la vue de tous, les noms des élèves en vert, bleu ou rouge selon l'état d'avancement du paiement de la cantine par leurs parents.

 

Depuis la rentrée, l'actualité est emplie de telles manoeuvres de délation et de sanctions brutales décidées par les municipalités ou les directions d'écoles à l'encontre d'élèves dont les parents sont en retard de cotisations pour la cantine. En Loire-Atlantique, à Saint-Herblain, des livres scolaires avaient même un temps été retirés à des élèves !

 

Certes, toutes ces méthodes ordurières ont fini par cesser, mais leur présence dans l'actualité par « petites touches », présentées comme des « faits-divers » propices à la « polémique » a parfaitement rempli son rôle : accoutumer les masses à l'ambiance suffocante du capitalisme qui ne peut que se dégrader à l'époque de la montée inexorable du fascisme.

 

Dans ce flot d'informations qui colportent le fascisme, il est impossible de s'y retrouver sans compréhension du fascisme. Sinon, on a l'impression que, finalement, « tout rentre dans l'ordre »... mais cet ordre est celui – de plus en plus brutal – d'un capitalisme en marche forcée vers le fascisme. Pour les communistes, il n'existe pas de « faits-divers » mais le mouvement de la matière qui se traduit en évènements illustrant notre époque.

 

Il est indispensable de comprendre que le fascisme n'est pas un phénomène sporadique et concentré dans un petit périmètre mais un bien un mouvement culturel de grande ampleur qui s'infiltre dans tous les aspérités d'une société en crise.

 

La « loi » Godwin qui tend à considérer que toute comparaison avec le fascisme traduit une « exagération » est objectivement une manière de banaliser le fascisme en empêchant toute analyse fondée dans l'économie politique.

 

En France, il n'est pas étonnant que la « loi » Godwin soit devenue une telle référence pour les internautes. En effet, la France reste marquée par l'individualisme petit-bourgeois qui ne prend rien au sérieux et glorifie la « déconnade ». Il est tout à fait remarquable que la dimension réactionnaire de cette attitude de dilettante irresponsable explose au grand jour aujourd'hui alors qu'une telle démarche se veut justement « rebelle » et « libertaire ».

 

La crise générale du capitalisme révèle à quel point cette frange petite-bourgeoise, qui imagine cultiver un esprit « iconoclaste » et « décalé », s'enfonce de plus en plus profondément dans la réaction, comme l'a prouvé dernièrement l'affaire – totalement montée en épingle par les médias bourgeois – de l'incendie de Charlie Hebdo.

 

La discréditation de toute analyse du fascisme amène au triomphe du dilettantisme qui est déjà très fort en France, avec cette tendance très lourde du néo-stoïcisme (tendance historiquement opposée à l'épicurisme) considérant qu'il ne faut pas exagérer, qu'il ne faut pas s'en faire et que, de toute façon, on ne peut rien n'y faire ! Au contraire, la révolution socialiste correspond à une démarche positive tendu qui n'accompagne pas la putréfaction capitaliste mais la dépasse historiquement pour tendre vers le monde nouveau. Cette célébration de la vie et de la connaissance s'émancipe du marasme capitalisme et de sa progéniture fasciste qui grandit en son sein d'autant plus vite qu'elle profite du dilettantisme ambiant.   

 

Les révolutionnaires en France ne peuvent que combattre le dilettantisme qui imprègne si profondément notre pays et banalise le fascisme ! Nous enjoignons donc nos lecteurs à étudier Sternhell et les textes du PCMLM pour comprendre le fascisme et se préparer à la grande bataille idéologique de notre époque !

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