9 avr 2014

«Non-juifs de France, commencez à vous bouger le cul»

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La nomination de Manuel Valls a évidemment été prétexte pour l'extrême-droite (et l'ultra-gauche qui la rejoint) de lancer une violente offensive anti-franc-maçonne et antisémite. Il s'agit de nier les luttes de classes, au nom d'une lutte contre « l'oligarchie », le « système », « l'oppression », etc.

Le phénomène est une progression logique de la démarche petite-bourgeoise qui pendant des années de négation a justement nié la lutte des classes pour parler de « mouvements sociaux ». La dépolitisation des années 1990-2000 a produit le basculement ouvert dans l'anticapitalisme romantique.

La « Ligue Communiste Révolutionnaire » est devenu le « Nouveau Parti Anticapitaliste », la CNT a dépolitisé au nom du syndicalisme, puis s'est effondré, etc. Tout cela a servi la réaction, très heureuse de prolonger cette liquidation idéologique et culturelle.

La nomination de Valls alimente cela. Inévitablement, on retrouve ici le tandem Marine Le Pen – Dieudonné, pour qui Manuel Valls est un ennemi idéologique d'importance, puisqu'il représente la bourgeoisie traditionnelle, qui veut des institutions fortes sans aucune mobilisation de masse.

Le fascisme a besoin de faire sauter ce verrou « républicain ». Marine Le Pen a donc dit de Manuel Valls qu'il était un « adversaire des libertés publiques », « un adversaire de la démocratie », « un homme éminemment inquiétant », qui « veut limiter la liberté sur Internet et Twitter ».

Une allusion, bien sûr, à la répression à l'égard de Dieudonné et à la loi Gayssot. Pour mobiliser les masses de manière réactionnaire, il faut une marge de manœuvre idéologique et culturelle, or la loi Gayssot forme un barrage puissant, qui ne peut être contourné qu'à coups de contorsions trop difficiles pour les masses.

Pour un intellectuel comme Dieudonné, c'est par contre faisable, même si bien sûr son objectif est de faire sauter la loi Gayssot, ce qui l'amène à aller toujours plus loin. Son objectif n'est pas d'être antisémite, mais de « permettre » qu'on le soit.

C'est là une différence fondamentale, que le matérialisme historique permet de comprendre ; comme le dit le PCMLM « nous sommes à l'aube des années 1930 », et donc les efforts des uns et des autres ne peuvent être compris que dans ce cadre.

L'avant-dernière vidéo de Dieudonné visait ainsi la franc-maçonnerie, et la dernière effectue pareillement encore un saut qualitatif dans l'ouverture de possibilités de mobilisation.

Loin ainsi d'être un guignol ou un phénomène simplement sans profondeur (comme l'a prétendu l'extrême-gauche), Dieudonné synthétise, Dieudonné fait sauter les frontières, Dieudonné agit au service du fascisme, et cela avec une « ligne de masses » évidente.

1,3 million de vues en quatre jours, des spectacles complets un peu partout en France, une « quenelle » indéniablement populaire – Dieudonné est un grand activiste de la diffusion de l'idéologie fasciste.

Et il y va « cash ». Il explique, sans gêne, que c'est le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) qui a choisi Manuel Valls comme premier ministre. Manuel Valls serait soumis à « ses maîtres du peuple élu ».

Puis, dans un grand appel mobilisateur, Dieudonné cite Manuel Valls lors d'un meeting au Trocadéro à Paris à la mi-mars : « Les Juifs de France sont plus que jamais les Français à l'avant-garde de la République ».

Cela est prétexte pour Dieudonné à appeler les « non Juifs » à combattre un « premier ministre qui leur a déclaré la guerre », à défendre Alain Soral. « Non-juifs de France, commencez à vous bouger le cul » dit Dieudonné, enjoignant à signer une pétition pour interdire la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme).

Voilà une construction idéologique bien ficelée. Le sens politique saute aux yeux. D'ailleurs, Dieudonné n'a cessé de mettre en avant que Manuel Valls est pro-sioniste, afin de « justifier » son propre discours. C'est très intelligent, car il a compris qu'il fallait aider l'ultra-gauche dans son « ni Valls ni Dieudonné ».

Car l'ultra-gauche ne voit pas que la bourgeoisie impérialiste est sur la ligne appelée « la carte arabe de la France ». Elle s'imagine de manière unilatérale qu'en critiquant le sionisme ou l'impérialisme américain, on serait progressiste – alors qu'en fait, quand on est en France et qu'on place cela comme aspect principal, alors on est ni plus ni moins que « national révolutionnaire ».

En montrant que Manuel Valls soutient la ligne pro-sioniste d'une partie de la bourgeoisie, Dieudonné tente ainsi de replacer la question du sionisme comme aspect principal au sein de certaines franges de la société française. Cela permet à la fois d'oublier la réalité française, et de placer l'ultra-gauche dans les cordes, dans une fuite en avant « antisioniste » totalement décalée de la réalité sociale française.

Tout cela a un sens historique : faire disparaître les masses, pour faire apparaître la plèbe. Nier la classe ouvrière, pour faire des ouvriers des « beaufs ». Rejeter la lutte des classes, pour lancer un anticapitalisme romantique spontanéiste.

Face, à cela, une seule chose a un sens : le Parti du matérialisme dialectique, comme base fondamentale des progressistes, comme forteresse progressiste. Tel est le sens de la construction du Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste.

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