24 juin 2016

Pourquoi la question de Notre-Dame-des-Landes relève-t-elle d'une consultation uniquement locale plutôt que nationale?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Liste des articles sur la grande question : De l'eau et des zones humidesPourquoi la question de Notre-Dame-des-Landes relève-t-elle d'une consultation uniquement locale plutôt que nationale le 26 juin 2016 ? C'est justement une tentative de contourner la question de la loi sur l'eau et des zones humides. La conséquence est d'orienter les débats sur un simple questionnement d'aménagement du territoire, avec une opposition du type « défense du bocage ou développement économique ? ».

L'opposition entre le « non » et le « oui » lors de cette consultation constitue en ce sens un piège pour les masses populaires. Le PCF(mlm) a posé l'importance de la contradiction entre villes et campagnes, rétablissant le matérialisme dialectique : c'est grâce à cela qu'on peut lire de manière correcte la question.

Au lieu d'avoir, dans le sens du matérialisme, au centre du débat la question de la biosphère et de la contradiction ville-campagne, il y a une opposition entre un irrationalisme petit-bourgeois rétrograde (pour la petite production agricole et contre l'aéroport) et un irrationalisme bourgeois modernisateur (pour l'aéroport).

C'est un terrible piège !

D'un coté les modernisateurs fantasment de manière quasiment « magique » sur les possibilités d'un tel aéroport pour le « développement du Grand-Ouest ».

Les prévisions d'augmentation de trafic ne sont pourtant que de simples projections statistiques, ignorant la crise structurelle du mode de production capitaliste.

Rien ne garantit la pérennité, ni même le fonctionnement à court terme d'un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes, puisque ce secteur économique est entièrement libéral, c'est-à-dire que ce sont les acteurs privés qui « décident », individuellement et selon des critères de rentabilité immédiat, de s'installer ou non sur un aéroport.

Le mouvement d’opposition, et notamment la « ZAD », quant à lui se focalise sur la défense réactionnaire du « bocage » et des paysans plutôt que de la biosphère et des masses populaires.

Il n'y a en effet rien à attendre des « paysans » pour la préservation des zones humides. Leur approche est celle du capitalisme et on sait à quel point le mode de production capitaliste envisage tout comme une simple « ressource ».

Il est indispensable de reconnaître ce fait que, dialectiquement, si aujourd'hui la zone humide en question est relativement bien préservée, c'est justement parce que le projet d'aéroport (dans les cartons depuis les années 1960) avait empêché l'agriculture de se développer comme elle l'a fait ailleurs en détruisant massivement la végétation et en souillant les sols et les eaux.

L'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Lande, s'il a lieu, devrait absolument être accompagné d'un plan de préservation de la zone humide, avec un encadrement strict et rigoureux de l'agriculture s'y maintenant, pour éviter tout remembrement et toutes pollutions.

Sur le plan culturel et politique, il est donc souhaitable que la « ZAD » disparaisse avec l'abandon du projet d'aéroport, plutôt que de s'ancrer durablement et devenir une base arrière de la réaction en France, de type hippie-décroissant, dans le prolongement de l'esprit fasciste de l'école d'Uriage ou de l'esprit du village assiégé contre le monde moderne tel que décrit dans la BD Astérix et Obelix.

Ainsi, le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes doit être rejeté avec force et vigueur, c'est une question écologique et démocratique de grande importance, au regard principalement de la loi sur l'eau et des attaques qu'elle subit.

L'abandon de ce projet est aussi nécessaire car il est indispensable de mettre fin à l’étalement urbain, dans la perspective de la résolution de la contradiction ville-campagne.

Mais la réponse zadiste est rétrograde, authentiquement réactionnaire. Le matérialisme dialectique enseigne qu'il faut non pas procéder à la division de la production, mais au contraire l'unifier : les monopoles sont historiquement un pas vers le socialisme.

C'est le genre de situation exemplaire montrant l'importance de la science, témoignant que les réactions et les positions spontanées sont à l'opposé des intérêts des masses.

Quant à l'aviation, elle exige une vraie remise à plat, en raison de son rôle dans le réchauffement climatique.

La tendance au développement qu'elle connaît a un aspect démocratique et un aspect commercial-touristique totalement irrationnel.

En 1975, l'aéroport avait accueilli 241 000 passagers et 1,9 millions en 2000. En 2015 le trafic à Nantes-Atlantique a atteint un record de 4,4 millions de passager, avec une croissance moyenne annuelle de 6,7% sur les 10 dernières années (le nombre de mouvements d'avions a quant à lui sensiblement peu évolué, du fait d'un plus grand remplissage des avions).

Les prévisions actuelles envisagent 5 millions de passagers en 2020 et 6 millions en 2025.

L'évolution récente du trafic est en grande partie permise par les compagnies dites « low cost » (environs la moitié des vols) ainsi que la multiplicité des offres de voyages à l'étranger à des prix abordables pour les masses, souvent moins cher que des séjours en France.

Ce modèle économique de tourisme de masse vers les pays semi-coloniaux semi-féodaux est à réfuter, tant pour des raisons écologiques et sociales que pour des raisons culturelles. Il en est de même pour le tourisme massif vers les grandes villes d’Europe qui ne consiste pas tant en des échanges culturels authentiques que de la consommation futile et décadente.

D'autre part, environ la moitié des passagers sont concernés par des voyages dit d'affaire : il y a là également matière à réflexion. Il est nécessaire de déterminer dans quelle mesure chaque voyage est réellement utile pour la société et ne relève pas de la simple activité parasitaire de la bourgeoisie, témoignant de l'absurdité de la concurrence, de la perte d'énergie, du gâchis général.

L'aviation est une technologie importante et très utile pour le développement de l'humanité, y compris dans son rapport à la biosphère. Mais c'est une technologie très coûteuse (infrastructures, pollutions, bruits, carburant, etc.) qui nécessite de limiter drastiquement son utilisation dans le cadre d'une planification rationnelle de l'économie et des loisirs.

Ainsi, la question de Notre-Dame-des-Lande est très importante ; son arrière-plan est essentiellement la contradiction villes-campagnes, le rapport de l'humanité à la biosphère, nécessitant la fin de l'anthropocentrisme, cette idéologie anti-matérialiste dialectique porté par l'Humanité depuis la fin du matriarcat jusqu'à aujourd'hui.

Les grandes questions: 
Rubriques: