21 avr 2017

La question animale dans les élections présidentielles de 2017 (6) : la méconnaissance du réel

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Comprendre la question animale ne s'improvise pas. Mao Zedong a expliqué que « qui n'a pas enquêté n'a pas droit à la parole » : avec un tel thème, c'est d'autant plus juste.

Prenons ainsi le point 20 des questions-propositions posées aux candidats par le collectif AnimalPolitique, qui rassemble les principales associations institutionnelles.

20 - Créer des services d'aide aux animaux appartenant à des personnes en situation de difficulté ponctuelle ou d'exclusion.

Jean-Luc Mélenchon répond la chose suivante :

« Pour ce faire, il faut augmenter les moyens de la SPA et élargir ses prérogatives. »

AnimalPolitique - RefugesOr, il n'existe pas une SPA, mais deux dont une est une fédération de SPA locales. A quoi s'ajoutent de nombreuses associations.

Mais Jean-Luc Mélenchon ne le sait pas, ce qui ne l'empêche pas de parler et de faire une proposition démagogique, car positive en apparence, mais déconnectée de la réalité.

Prenons pareillement le point 16.

16 - Instaurer une véritable politique nationale de stérilisation et d'identification des animaux domestiques par des incitations fiscales et des campagnes d'information, en portant une attention particulière sur le cas spécifique des DROM (Départements et Régions d'Outre-Mer).

Philippe Poutou n'y comprend rien et s'imagine qu'il s'agit de stériliser tous les animaux. Quant à la défense des animaux outre-mer, il s'en moque au nom d'un anti-colonialisme entièrement formel :

« Nous ne pensons pas qu’il nous appartient de dire aux populations des DROM (que nous considérons comme des colonies qui devraient pouvoir s’autodéterminer) comment protéger les animaux.

D’autre part, nous sommes surpris par votre proposition de stérilisation des animaux domestiques ce qui pourrait signifier, à terme, leur disparition. »

C'est un bon exemple d'incompréhension tant du niveau local (la stérilisation pour empêcher la surpopulation) que du niveau planétaire (la protection animale obligatoire au niveau mondial).

Marine Le Pen, par contre, a tout compris, avec une prétention au soutien au monde associatif, bien entendu orienté vers le nationalisme :

« Je reconnaîtrai le rôle spécifique et éminemment positif des associations de protection animale et je les aiderai dans leurs actions à l’international (lutte contre le festival de Yulin en Chine qui voit des milliers de chiens être abattus pour être mangés, combat contre la chasse à la baleine au Japon ou interdiction de la chasse aux trophées en Afrique). »

Le point suivant nous ramène par contre à Jean-Luc Mélenchon, dont le discours est très surprenant.

Voici la proposition-question d'AnimalPolitique, le collectif d'associations.

17 - Interdire la cession d’animaux par les particuliers sur les sites marchands, d’annonces gratuites et les réseaux sociaux.

AnimalPolitique - Refuge : chien et cheval ensembleVoici ce que dit Jean-Luc Mélenchon, de manière très surprenante. En effet, une campagne en faveur des refuges et une remise en cause des élevages exige une avancée vers le communisme.

Sans cela, impossible de se confronter au capitalisme, à l'individualisme, au mépris pour les conséquences de ses propres actes.

Or, Jean-Luc Mélenchon est bien incapable d'assumer cela ! Voici ses propos :

« La maltraitance des animaux de compagnie sera très fortement sanctionnée et les conditions d’accueil des animaux abandonnés revues : construction de nouveaux refuges notamment (dont des spécifiques pour les animaux sauvages), interdiction des ventes par petites annonces. Les refuges et les fourrières débordent aujourd’hui.

Nous proposons de remettre à plat l’organisation des élevages et d’interdire la création de nouveaux centres si, effectivement, l’offre d’animaux est supérieure aux foyers pouvant les accueillir.

Les ventes qui sont aujourd’hui interdites seront contrôlées plus sévèrement et les forces de l’ordre formées en conséquence. »

Il n'y aucune raison d'y croire, étant donné que jamais le Parti de Gauche ni « la France insoumise » n'ont abordé ce thème ni ne seront capables de l'assumer. C'est là de la démagogie la plus grande, pratiquement du révisionnisme au sens du réformisme se déguisant en révolutionnaire !

Le point suivant relève pareillement de la démagogie, mais cette fois pratiquée par tous, puisque tous les candidats ayant répondu disent qu'ils sont d'accord… Et pour cause, la proposition est inapplicable dans les conditions actuelles.

18 - Faire de l’intérêt de l’animal une priorité dans les procédures de retrait et de saisie.

La proposition 19 n'a quant à elle pas de sens, puisque normalement l'interdiction est déjà dans la loi… Une loi contournée, car n'ayant aucun sens dans une société capitaliste où les animaux n'ont aucune valeur sociale s'ils sortent du cadre de la propriété.

19 - Interdire les euthanasies non justifiées médicalement.

Notons également les points suivants, pour finir, où pratiquement tous les candidats ayant répondus sont d'accord, Marine Le Pen mise à part, celle-ci ayant compris que les points 28 et 30 risquaient de provoquer des troubles pour les chasseurs et les industriels.

25 - Mieux encadrer le commerce lié aux animaux sauvages protégés par les réglementations françaises et internationales.

26 - Réintégrer la notion de respect des animaux dans les programmes scolaires et former le personnel éducatif à cet enseignement.

AnimalPolitique - Refuge : lapin buvant au biberon27 - Rendre obligatoires des formations en éthologie et/ou sur la protection animale pour tous les professionnels en contact avec les animaux ou en charge de leur protection (éleveurs, forces de l’ordre, magistrats, etc.).

28 - Renforcer la protection des objecteurs de conscience et lanceurs d’alerte et permettre aux associations de se constituer partie civile pour toutes les infractions concernant les animaux.

29 - Instaurer un système de recueil de données chiffrées dans tous les domaines impliquant des animaux.

30 - Légitimer les politiques de protection animale en instituant un organe autonome dédié aux animaux et indépendant du ministère de l'Agriculture et donner une place significative aux associations compétentes dans les organes décisionnaires.

Le collectif AnimalPolitique apparaît ici comme un faire-valoir : celui d'hommes et de femmes politiques réactionnaires, d'associations à l'esprit petit-bourgeois, incapables de comprendre l'ampleur du changement exigé par l'histoire.

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