9 avr 2012

Après Toulouse : comprendre les différentes positions

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Trois semaines après les meurtres de Toulouse, on peut déjà établir une typologie des réactions.

Certaines ont été particulièrement étranges et sordides, comme le supplément littéraire du journal Le Monde du 30 mars 2012 qui publie une page de littérature où un « romancier » parle en tant que « Mohamed Merah », se plaçant dans la « tête du tueur. »

Et d'ailleurs, aucune réaction n'a été sans avoir une certaine force, que ce soit pour exprimer l'aversion ou bien pour relativiser, nier, saluer. Lorsque réactions il y a eu.

En fait, on peut dire qu'il y a eu cinq types positions concernant les meurtres de Toulouse :

- celle du PCMLM qui est de dire que Merah est un fasciste, motivé par une idéologie islamiste salafiste et agissant dans une logique génocidaire ;

- celle de la majorité des partis politiques (y compris à l'extrême-gauche) qui a été de considérer cela comme un fait-divers sanglant mais exceptionnel :

- celle des « anti-impérialistes » se voulant « anti-sionistes » et considérant Merah comme un « anti-impérialiste » n'ayant pas lutté de manière « adéquate » mais le saluant indirectement ;

- celle de l'extrême-droite qui en profite pour vanter une position pro « occident » ;

- celle enfin des islamistes salafistes qui saluent l'action.

A cela il faut ajouter la position des « complotistes » dont les positions pullulent. C'est une position importante, notamment parce qu'elle est présente sur la durée.

De la même manière que Voie Lactée a considéré qu'il s'agissait d'un événement historique en France et que nous avons voulu analyser cela sous tous les angles, les complotistes mènent une vraie campagne dans leur sens décadent et délirant.

En voici un exemple :

« L’affaire Merah eût dû être une affaire d’État. L’affaire, avec ses trous d’ombre, ses contradictions, ses invraisemblances et tous les couacs de la communication officielle, était potentiellement explosive. Elle ne le sera pas, au moins pour le moment ! Parce que tout bonnement la presse libre, celle qui s’adresse et s’impose au grand public, n’existe plus dans ce pays. »

Voilà une propagande négationniste – visant à nier l'existence même de Merah et de ses actions – que l'on retrouve dans un long article publié sur Agoravox (un média largement poreux à ce genre de démarche).

Ce genre d'articles pullule, avec toujours la même logique : comme l'action est « inexplicable » pour les petits-bourgeois, alors forcément cette action ne pourrait pas avoir eu lieu.

Le complotisme intervient alors pour « expliquer » l'inexplicable.

C'est le coup classique des « forces obscures » qui agiraient au sein de l'appareil d’État, manipulant la bourgeoisie en tant que classe elle-même. Et qui empêcherait le « peuple » de voir la « vérité » et de se révolter.

Voici par exemple ce qu'on lit, toujours dans l'article négationniste publié sur Agoravox :

« Le couvercle se referme donc de façon hermétique sur les tenants et les aboutissants (que nul ne doit connaître), d’une affaire arrivée singulièrement à point nommé pour redistribuer les cartes d’une campagne présidentielle mal engagée… pour le tenant du titre !

Une affaire également profitable à son challenger d’extrême gauche, M. Mélenchon, baudruche révolutionnaire et figure archétypique du « système démocratique » dans toute sa vile démagogie… Système verrouillé à l’absolu, dans lequel aucun choix véritable n’existe, conçu à la perfection qu’il est pour légitimer l’une des variantes proposées de la peste ou du choléra. »

Une telle vision est négationniste, car elle nie en fait qu'un attentat antisémite ait eu lieu, voire l'antisémitisme en tant que tel. C'est un type de position qui compte autant que les autres, car diffusant un relativisme et une perspective petite-bourgeoise : celle du complotisme.

Pourtant, du côté islamiste salafiste on revendique et on assume Merah, le « lion solitaire », on dit que : « il a été enterrer sa tombe est plus vaste que l'horizon » et les vidéos pullulent en sa faveur (par exemple ici).

Un compte-rendu de son enterrement – enterrement également filmé et mis en ligne - explique :

« Nous avons vu le visage de Mouhammad Meraah, un visage souriant et resplendissant de lumière macha Allaah, un cheïkh assez âgé qui a l'habitude de voir des morts vu qu'il s'occupe du lavage mortuaire et qui a dû s'occuper justement du lavage du frère (rahimahullaah) a dit que c'est la première fois de sa vie qu'il voit un tel visage aussi resplendissant et celà après 33 heures de siège et une semaine après qu'il soit tué. Plusieurs frères ont témoigné que plus les jours passaient plus son visage été meilleur. »

Pareillement, un communiqué « officiel » intitulé « "Youssef Al-Faransi (Mohammed Merah) comme je l’ai connu" par Abu al-Qa’qa’ Al-Andalusi » où on lit par exemple que:

« Désespérée soit la France et désespérée soit sa politique raciste et anti-islamique. Et les pays de la mécréance ne seront en sécurité avec la permission d’Allah tant qu’il y aura sur terre des musulmans du genres de Mohammed Merah. »

Quiconque connaît la situation politique en France sait que l'islamisme est une idéologie très active, de par les salafistes ou les « frères musulmans » ; travailler dans les masses amène inévitablement à se confronter à ces éléments idéologiques ou bien directement leurs activistes.

Ce qui apparaît, c'est que tout cela est politique, mais surtout culturel. Or, en France, toutes les structures politiques ont accepté l'hégémonie culturelle républicaine, sauf le PCMLM, les islamistes ainsi que certaines franges anti-capitalistes romantiques à l'extrême-droite.

Par exemple, lors de la mise en place de la loi interdisant le foulard à l'école, l'ensemble de l'extrême-gauche a soutenu l'Etat français. Comment se prétendre révolutionnaire après ?

Ceux qui ne l'ont pas fait sont malheureusement tombé le plus souvent dans l'alliance « tactique » (et en réalité culturelle) avec l'islamisme, qui se masquait derrière le masque de la lutte contre l'islamophobie.

Ce qui fait qu'on peut en arriver à une situation comme celle aujourd'hui, où tout est très parlant.

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