24 juil 2012

L'Artam Brotherhood ou l'agro-romantisme allemand importé en France

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La France est un pays formaliste, qui a étouffé le véritable romantisme, le besoin de sensibilité absolue, culminant dans la bataille pour les arts et la civilisation.

Conséquence : l'importation de théories fort étranges, comme le bricolage agro-romantique allemand des « artamans » ou encore les « fraternités » suprémacistes blancs des États-Unis (nous parlions récemment du « cercle aryen »).

Qu'en France, il y ait des gens sportifs et violents, décidés et organisés, pour mélanger le tout, cela montre à la fois de la volonté et un idéalisme absolu.

Parce que la France a tout de même une histoire ; entre François Ier et Louis XIV, Rabelais et Molière, en passant par du Bellay et Rousseau... cela a été une longue route.

Tout cela aboutirait-il logiquement en une « Artam Brotherhood » ? Il y a de quoi douter de cela.

Déjà parce que le terme Brotherhood est tiré de l'anglais, des fameuses « fraternités » aryennes qui sont des gangs dans les prisons faisant du trafic de drogues. C'est largement documenté aux États-Unis, et il n'y a pas de quoi en faire un modèle, évidemment.

Ensuite, parce que les « Artamans » sont un bricolage, une invention romantique allemande de type nazie, et d'ailleurs les nazis allemands, aujourd'hui comme hier, n'en ont rien à faire des Français, fussent-ils nazis. Cela, il serait peut-être temps de le remarquer et d'en voir la signification !

Pour les nazis allemands, en effet, la communauté est une totalité « raciale » déjà existante et il ne suffit pas d'être « aryen » pour en faire partie : il y a l'exigence « romantique » de la langue, de la psychologie, etc.

C'est ainsi que sont nés les véritables « artamanen ».

La « fédération d'Artam », née au milieu des années 1920, est un mouvement mystique pour « régénérer » l'Allemagne inventé par Willibald Hentschel. Le terme « Artam » ne veut rien dire, Willibald Hentschel était un mystico-délirant adepte de la polygamie qui a donné plusieurs sens au mot (des emprunts au persan, « hommes d'action », « hommes du terrain de la récolte », etc.).

Elle a tout de suite possédé un grand soutien financier et idéologique, de par sa ligne qui consistait à appeler les jeunes à devenir des agriculteurs à l'Est de l'Allemagne. C'est une politique coloniale au service des Junkers, les aristocrates devenus fermiers capitalistes.

La « fédération d'Artam » consistait ainsi en des « hippies de droite » ésotérico-agricoles et des militants plus agressif (le commandant du camp d'Auschwitz en proviendra, d'importants responsables SS, etc.).

Tous ces gens – proches du DNVP (le parti nationaliste identitaire) – formaient le cœur de l'idéologie agro-romantique « blut und boden » (sang et sol), soutenue par des gens comme Hans F. K. Günther (théoricien racialiste), Kleo Pleyer (« historien » antisémite forcené) ou encore Ernst Niekisch (théoricien national-révolutionnaire sur une ligne « national-bolchevik », c'est-à-dire partisan d'une alliance à l'Est).

Le dirigeant des Artamanen, Hans Holfelder , décédera en 1929 des suites d'un accident de moto (en Autriche, où il s'était réfugié après avoir assassiné un social-démocrate) : après le triomphe nazi, le dirigeant SS Himmler fera en sorte que sa tombe dispose d'une garde d'honneur SS.

Le mouvement, qui n'aura jamais vraiment pris, périclitera et sera intégré dans les structures de l'Etat nazi. Reste le mysticisme agro-romantique.

Les Français de « l'Artam Brotherhood » reprennent cette ligne et sa devise : « Avec foi nous servirons la terre, la mort et le grand avenir ».

Mais de quelle terre est-il parlé ? Les campagnes sont depuis longtemps capitalistes, et connaissent un processus aggravé de monopolisme.

« L'Artam Brotherhood » est-elle contre, d'ailleurs ? Pas du tout : ils célèbrent la charcuterie, pavanent devant des cadavres de cochons et se vantent même de manger des cochons de lait.

C'est-à-dire des bébés cochons arrachés à leur mère au dernier moment, pour que la viande soit plus tendre.

Est-ce là très écologiste ? Non, cela ne l'est pas, et les nazis français rejettent le « mondialisme », mais on peut être absolument certain que tous consomment de l'huile de palme.

Cela se lit très aisément dans les lignes sur l'écologie, qui consistent en fait du romantisme mystique appelé « ariosophie » en Allemagne. On notera qu'aujourd'hui encore, ce courant néo-artamanien existe là-bas : un très important responsable nazi défendait cette ligne (Jürgen Rieger, 1946-2009, grand argentier et hommes de réseaux internationaux) et dans 3-4 régions, il y a des rachats de fermes par des néo-survivalistes racialistes sur cette ligne.

Voici donc ce que dit « l'Artam Brotherhood » :

« Il y a également une part forte de reconnaissance de la Nature : les mouvements écologistes actuels ne remettent que partiellement en question la relation qui en est faite avec l’Homme. Il faut savoir que la tradition estimait la Nature comme mère de tout, c’est pourquoi elle était célébrée et représentée de manière si systématique : le sol invictus est au cœur de nombres de rites et fêtes.

C’est une conception d’osmose avec la nature, qui est trop lointaine de nos jours. Nous pouvons nous définir comme étant des écologistes, nous sommes pour la préservation de la biodiversité, qu’ils s’agisse de la flore comme de la faune…cette dernière comprenant évidemment l’espèce humaine, et donc les différentes races qui l’a compose. »

On est à des années-lumières de la réelle compréhension de ce qu'est la Biosphère par le matérialisme dialectique.

Car là où nous disons qu'il faut dépasser la contradiction villes-campagnes, les « artmaniens » veulent retourner aux campagnes « mythiques » qui n'ont jamais existé, celles que l'on voit dans les films hollywoodiens sur l'Irlande ou les Vikings, avec le village communautaire où tout le monde s'entraide, etc.

C'est d'ailleurs la même vision qu'on a dans Astérix. Sauf que dans le monde réel, les villes engloutissent la nature, il y a urgence, et l'épopée de notre époque ne consiste pas en repli individuel sur ses amis, son « clan », sa « race », mais dans le fait d'assumer la destinée universelle de la matière en mouvement sur notre planète.

Comme il a été formulé :

« Le sort de la révolution socialiste se joue ici.

Soit la bourgeoisie arrive à entraîner avec elle les rurbains, en s’appuyant sur l’individualisme et le culte de la petite propriété. Le paysage de la France continuera alors d’être clairsemé de zones rurbaines, les derniers espaces naturels étant définitivement intégrés dans ce paysage.

Soit au contraire la classe ouvrière prouve qu’il vaut mieux vivre dans des zones collectives, où la vie dans des immeubles à taille humaine permet une démarche écologique, une solidarité générale, un meilleur développement culturel, une vie véritablement épanouie.

C’est le projet des communes populaires, qui s’intègrent harmonieusement à la nature, s’appuyant sur des zones agricoles reliées aux communes populaires, et protégeant de très larges espaces à la nature sauvage.

L’alternative pour les 30 prochaines années en France est la suivante : soit la continuation du capitalisme avec généralisation de centres-villes riches et ayant tendance à former une oligarchie, et étalement toujours plus grand des zones rurbaines, jusqu’à l’absorption complète de la nature.

Et finalement la généralisation de la barbarie pour une longue période, en raison du caractère dénaturé de l’humanité et de l’effondrement de toutes les valeurs de civilisation.

Soit la révolution socialiste, signifiant l’arrêt de la destruction de la nature, par le recul des villes et la construction de communes populaires conjuguant de manière harmonieuse nature et culture.

Tel est le sens du slogan du PCMLM : Socialisme ou retombée dans la barbarie ! »
(La contradiction entre les villes et les campagnes, septième partie)

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