9 oct 2011

La manifestation fasciste de Lille du 8 octobre 2011

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Hier avait lieu la manifestation nationale de la mouvance "solidariste" à Lille. Les fascistes ont mobilisé entre 300 et 500 militants venu de toute la France et de Belgique. Ils ont défilé sur un petit trajet partant de Lille-Grand Palais (une sorte de de zone administrative), marchant sur l'autoroute et finissant dans le quartier populaire de Fives (symboliquement sur la place où se trouve le monument dédié à Pierre Degeyter, le compositeur de l'Internationale)

Cette manifestation est un demi-succès pour les fascistes. Un succès car pour la première fois cette mouvance a pu organiser une mobilisation nationale de manière autonome, ce qui montre une structuration en progrès. Et il y a bien sûr la tentative de faire un tournant "socialiste", résumée ainsi par Serge Ayoub de « Troisième Voie » avant la manifestation :

« On parle de fascisme, d'extrême droite, mais le mot d'ordre de samedi est la défense de nos emplois, lance-t-il. C'est délirant ! Il est hors de question d'agresser un policier, de dégrader une voiture ou d'ennuyer qui que ce soit. Nous n'avons rien à voir avec le Bloc identitaire, nous appelons à une révolution nationale contre le capitalisme mondial. Cette manifestation sera l'acte de naissance du solidarisme en un front populaire ! »

Mais les dirigeants solidaristes attendaient de cette manifestation qu'elle lance leur mouvement, qu'elle crée un saut dialectique. Ce qui n'a clairement pas eu lieu.

On reconnaît bien là l'attitude typiquement anti-matérialiste et volontariste qui caractérise la petite-bourgeoisie. Les fascistes comme les syndicalistes révolutionnaires, tout à leur irrationalisme, vouent un culte au coup de force et croient qu'on peut forcer le destin.  Alors que nous, communistes, avons une vision scientifique, matérialiste de l'Histoire et qu'à la lumière du marxisme-léninisme-maoïsme nous savons que l'histoire avance à son rythme, par bonds dialectiques.

Les solidaristes voulaient également démontrer qu'ils sont la principale force fasciste en France après le Front National. Reconnaissons que 300 à 500 fascistes puissent manifester dans une ville populaire de France est en soi assez catastrophique. Et qu'il n'y ait eu que 5 fois plus de personnes dans le cortège contre l'extrême-droite est grave, alors qu'avait appelé à la mobilisation absolument toute la social-démocratie, les syndicats, toute l'extrême-gauche...

Seulement, les solidaristes voulaient rendre leur mouvement lisible et clair. Or, on a vu y compris dans leurs rangs et même devant les caméras de télévision, que la confusion totale régnaient sur leur idéologie, leur mouvance étant assimilé à celle des identitaires.

Les solidaristes voulaient d'ailleurs montrer leur capacité organisationnelle en manifestant de manière disciplinée et militarisée, en gardant les violences pour après la manif. Malgré leur dispositif d'encadrement, ils n'ont pu contenir leur naturel barbare. En effet, la manifestation finissait sur la grande place d'un des quartiers ouvriers de Lille qui compte une forte minorité arabe. Les fascistes ont alors laisser exploser leur haine raciste en saccageant bars et magasins.

On est loin de ce qu'ils recherchaient: former un "black block" décidé et sérieux. Et ce n'est pas étonnant.

En face, la contre-manifestation appelée par les syndicats, les partis de gauche et d'extrême-gauche a regroupé 2000 à 3000 personnes. S'il y a eu un réel début de mobilisation antifasciste autonome, cette manifestation est restée sous contrôle de la social-démocratie. La participation s'en ressent: les mots d'ordre étaient défensifs et "républicains". Les sociaux-démocrates et l'extrême-gauche organisée ont ainsi réussi -malgré quelques échauffourées avec la police en fin de manif- à contenir la rage populaire et maintenir tout cela dans le cadre "républicain" permettant à un énorme drapeau français de défiler.

Le quotidien Libération présente un point de vue intéressant, témoignant de cette dimension social-démocrate pleine d'illusions:

« "Politiquement, on les a écrasés", s'est réjoui auprès de l'AFP Manu - qui n'a pas souhaité donner son patronyme - de la CNT, rappelant que l'objectif des organisateurs était un rassemblement "d'ampleur".

Dans une autre partie de la ville, entre 500 (selon la police) et 600 personnes (selon les organisateurs) ont défilé en scandant des slogans comme "Europe, jeunesse, révolution", "Libre, social et national", ou encore "crise mondiale, solution nationale". »

Il est évident que l'extrême-droite ayant manifestée – ne comprenant ni le Front National, ni le Bloc Identitaire - n'a nullement été « écrasée » (si ce terme a réellement été employée et les propos retranscrits par Libération sont justes, ce dont on peut douter mais c'est secondaire ici). Freinée un temps, peut-être, mais certainement pas écrasée: ou alors on pense qu'on peut faire la révolution avec le Parti Socialiste... Et que les slogans radicaux seraient réservés à l'extrême-droite!

Non, ce qui apparaît clairement, c'est la complicité de l'Etat bourgeois dont la Police a encadré et protégé les fascistes ; leur permettant ainsi de manifester et de laisser s'exprimer leur nature pogromiste. Mais également la nature traître de la social-démocratie, qui "neutralise" et empêche des revendications "dures" et des exigences inébranlables.

Il est temps, plus que temps, de faire sauter cette tutelle de la social-démocratie sur l'antifascisme. Car ne nous y trompons pas, si les sociaux-démocrates et les révisionnistes issus du P "C" F ont mobilisé leurs troupes pour cette manifestation -alors que d'habitude c'est à peine s'ils s'intéressent aux agissement de la Maison Flamande- c'est bien parce qu'ils espèrent pouvoir surfer sur la rage populaire pour s'attirer leurs votes lors des prochaines élections.

Ce n'est pas la république bourgeoise, ses notables et sa police, qui oppriment quotidiennement les masses populaire, qui sont un rempart contre la barbarie qui s'empare du capitalisme en crise. Seule la classe ouvrière peut s'opposer réellement au fascisme et faire disparaître la barbarie de la face de la Terre. Mais elle ne le peut qu'en s'organisant sur ses propres bases, en assumant sa mission historique et en entraînant derrière elle le reste du peuple.

Les fascistes veulent un faux changement, la social-démocratie ne veut pas de changement... Il faut échapper à cela.

Ce dont on a besoin c'est d'un antifascisme qui s'ancre au coeur des masses, qui les éduque, les organise. C'est d'un antifascisme qui parte d'en bas, qui s'ancre en bas et qui assume la radicalité. Car ce ne sont ni les lois ni la police de la bourgeoisie qui pourra stopper le fascisme. Non, la lutte contre le fascisme qui s'organise et marche résolument vers le pouvoir est une lutte à mort, une lutte entre la barbarie et la civilisation.

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