16 mai 2012

La manifestation parisienne fasciste du 13 mai et la mort de l'extrême-gauche anarcho-trotskyste à la française

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ce qui devait arriver arriva. Ce 13 Mai avait lieu la désormais traditionnelle manifestation fasciste parisienne dite du "9 mai". Habituellement s'y opposait une contre-manifestation antifasciste "radicale" organisée par les anarchistes. 

Cette année, la mobilisation fasciste a été plus grande que jamais. Plus de 1000 fascistes y ont participé. Et ... il n'y a pas eu de contre-manifestation. Cela signe l'échec historique et la mort de l'extrême-gauche anarcho-trotskyste à la française.

Cette manifestation était à l'origine une marche aux flambeaux pour commémorer le décès de Sébastien Deyzieu, un militant nationaliste révolutionnaire de l'Oeuvre française, lors d'une manifestation anti-américaine et antisémite le 7 Mai 1994. En essayant d'échapper à la police, Sébastien Deyzieu fait une chute mortelle du quatrième étage d'un immeuble. Les fascistes accusent la police de l'avoir poussé et ont donc fait de la commémoration de sa mort un prétexte à mobilisation.

Au départ plus ou moins unitaire, même le Front National y participait, la manifestation du 9 Mai est vite devenue une mobilisation nationaliste révolutionnaire. Elle a ensuite été l'enjeu d'âpres luttes entre les différentes factions de l'extrême-droite radicale. Depuis quatre ans, elle a été reprise en main par Serge Ayoub qui en a fait le moment principal de démonstration de force et de structuration de son courant.

Serge Ayoub est un ancien chef "skinhead" (dans la version fasciste de ce mouvement), et le fondateur et dirigeant des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires qui ont défrayé la chronique dans les années 1990 pour le climat de terreur qu'elles instauraient à Paris.

Après avoir participé à divers trafics auprès des groupes de bikers semi-mafieux Hell's Angels, Serge Ayoub est revenu en France et à la politique à la fin des années 2000. Son bar du 15è arrondissement de Paris, qu'il avait monté en 2007 avec Fréderic Chatillon (le conseiller en communication de Marine Le Pen) et Alain Soral avant de le virer, est devenu le lieu incontournable de l'extrême-droite parisienne. Même Marine Le Pen y a assisté à une soirée "french pride".

Serge Ayoub après avoir repris en main la mobilisation du 9 Mai s'en est servi comme vitrine et moyen de cohésion de son mouvement politique "3ème Voie" et du front de masse de celui-ci le "Front Populaire Solidariste". Il a réussi à fédérer divers mouvements avec des sensibilités très différentes sur une base nationaliste française et une ligne "sociale". 

La manifestation regroupait ainsi des gens aussi divers que les catholiques antisémites du Renouveau Français, les païens de Terre et Peuple, les groupes dits Nationalistes Autonomes ou différents groupes locaux comme la Vlaams Huis de Lille et les Jeunesses Nationalistes de Lyon.

Son mouvement 3ème Voie, met en avant une synthèse politique originale qu'il appelle le "solidarisme". En fait, il s'agit de la réactualisation du syndicalisme révolutionnaire des années 1920 - 1930. Il s'ancre dans une tradition bien établie du fascisme en France, avec des penseurs, une histoire et un corpus théorique réel. Le solidarisme se place dans la suite du "socialisme français" de l'antisémite Proudhon, des théoriciens du syndicalisme révolutionnaire Georges Valois, Hubert Lagardelle, Emile Pouget, mais surtout de Georges Sorel le théoricien du mythe de la Grève Générale.

Il y a là un aspect important à comprendre ce qui s'est passé ce 13 mai. Au delà du nombre de manifestants très conséquent pour une manifestation fasciste radicale, Serge Ayoub et la mouvance solidariste ont obtenu une victoire politique extrêmement importante sur l'extrême-gauche.

En effet, les contre-manifestations antifascistes, au départ offensives, se sont vite transformées en spectacle à la solde des libertaires. La force principale de la mouvance anarchistes dans les années 2000, le syndicat CNT, en avait fait sa vitrine parisienne, démontrant par là sa capacité mobilisatrice en apaprence radicale, sa capacité à "tenir la rue" en réanimant une culture "redskins".

Pourtant, s'effilochant d'années en années, la manifestation donnait un éclairage sur la décadence complète de l'extrême-gauche libertaire française. Pour faire face à la disparition de leur mouvance, les syndicalistes révolutionnaire de la CNT sont donc allés chercher l'année dernière le secours des trotskystes du NPA qui eux même vivaient leur chant du cygne (avant de se rendre compte à quel point ils étaient devenus insignifiants politiquement en France avec les élections).

En étant incapable d'organiser une contre-manifestation, la CNT et la mouvance "antifasciste radicale" a signé son acte de décès. Elle est morte organisationnellement du fait de son refus de la politique, de son décalage complet d'avec les masses populaires de France et de son anti-communisme virulent. Mais pas seulement, elle a aussi subi une réelle défaite politique. Une défaite logique !

Le syndicalisme révolutionnaire n'a jamais été autre chose que l'incubateur du fascisme dans les masses. L'Histoire l'a prouvé. Particulièrement celle du syndicalisme révolutionnaire français dont tous les dirigeants ont fini fascistes d'une manière ou d'une autre. Le syndicalisme révolutionnaire a été et est toujours le principal ciment théorique du "socialisme national".

En effet, les syndicalistes révolutionnaires en plus de refuser la politique et la science (et donc d'être violemment anticommunistes) nient les classes sociales. Il n'y a pour eux que d'un côté des "producteurs" et de l'autre des "profiteurs". Ils ne luttent pas pour dépasser le capitalisme mais contre le "monde bourgeois".

Ils nient le rôle historiquement progressiste de la bourgeoisie et rejette, car trop "raffinée", la culture de la bourgeoisie. Ce qu'ils rejettent, c'est l'aspect civilisationnel de la bourgeoisie, pas sa décadence.

Et ils lui opposent une sorte de sponanéisme, de vitalisme de l'action pour l'action, typiquement viriliste, et donc une mystification de la violence, de la rage destructrice.

Le syndicalisme révolutionnaire ne porte aucune vision du monde positive car il refuse le principe même de penser le monde. C'est donc en toute logique qu'il a été l'école des principaux théoriciens du fascisme français, italiens ou espagnols.

La tentative des libertaires des années 1990 - 2000 étaient forcément vouée à l'échec. Au lieu de marcher vers la construction du Parti du prolétariat, de mettre la science, la culture et la révolution au cœur de leur projet, ils ont fantasmé sur la spontanéité des masses, sur l'action symbolique comme moyen de mobilisation.

En faisant cela, ils n'ont au final fait que servir le fascisme. Ils ont réactualisé les vieilles théories à son origine et ont remis en avant ses auteurs historiques. Ils lui ont redonné un contenu, une image "révolutionnaire", prolétarienne. Ils ont distillé l'idéalisme et le vitalisme ainsi qu'un violent anticommunisme dans toute l'extrême-gauche. Tout cela pour plier bagages dès le début du reflux et courir se refugier dans le trotskysme ou la social-démocratie. 

Ils ne restaient plus qu'aux fascistes à se saisir de ce que les syndicalistes révolutionnaires ont passé 10 ans à construire pour lui redonner son contenu historique réel : le fascisme !

Dans l'article Attention : il n'y aura pas que le Front National ces 5 prochaines années !, nous disions que " il n'y aura pas que le Front National. Il est même probable que le Front National ne sera pas du tout la fraction la plus radicale." La démonstration de force en est une des démonstrations éclatantes.

Tout comme, de manière totalement différente, la manifestation des Identitaires niçois devant les locaux du Parti Socialiste ce 10 Mai.

Les Identitaires qui viennent eux aussi du nationalisme révolutionnaire ont pris un tournant très différent. De la même manière que les solidaristes, ils ont mis en avant une stratégie de "métapolitique" qui a été payante. C'est-à-dire qu'ils ont axé leur action politique ces 10 dernières années sur le développement d'une culture, sur la mise en avant de thèmes. Bref, sur la conquête de l'hégémonie politique.

Mais ils sont sur une ligne clairement conservatrice, clairement ancrée à droite. Ils ont donc tissé des liens avec une partie de la droite majoritaire et particulièrement avec ses franges ultraconservatrices comme la Droite Populaire, ou l'Entente Républicaine de Jacques Peyrat, l'ancien maire UMP de Nice.

Au départ sur une ligne régionaliste pro "grande Europe", les identitaires mettent eux aussi maintenant en avant le nationalisme français et le drapeau bleu blanc rouge. 

Tous ces mouvements se développent autour du Front National ; ils ont tous fait campagne pour Marine Le Pen, jusqu'aux "nationaux-bolcheviks". Ils montrent bien que le fascisme est dans une phase ascendante. Le fascisme se structure de plus en plus, prend en cohérence. En effet, tous ces mouvements ont maintenant pour base commune le nationalisme français et une forme d'anticapitalisme romantique plus ou moins affirmée.

Cela, nous l'avons expliqué avant même que cela ne se se déroule. La justesse de notre analyse, du matérialisme dialectique, est un fait.

La faillite historique de l'extrême-gauche française est par contre éclatante aujourd'hui. Elle a été balayée du paysage politique français en quelques années. Il ne reste plus qu'un champs de ruine sur lequel se construisent les démagogies social-démocrate et fasciste. 

Cet échec, c'est l'échec du refus de la politique, du refus de la science, du refus du Parti ; bref l'échec de l'anticommunisme. Les faiblesses du contenu antifasciste n'ont eu d'égal que le travail ininterrompu de propagande anti-PCMLM et anti-matérialiste dialectique de ces gens.

Ce n'est pas de "gros bras" ni de la culture de bandes des années 80 dont les masses ont besoin pour construire la résistance au fascisme. Ce dont nous avons besoin c'est de la défense de la civilisation, de la pensée scientifique, de la vie collective. Ce dont nous avons besoin ce ne sont pas des syndicats ou des associations, mais du Parti - sans lequel rien n'est possible -, du Parti qui synthétise la culture de son époque, qui est le point le plus avancé de la civilisation et de la pensée humaine.

C'est le sens de notre travail d'avant-garde ; c'est le sens du travail théorique, qui n'est pas "abstrait" mais directement culturel et ainsi politique de par sa démarche pratique.

Il n'y aura pas d'antifascisme sans une juste compréhension de la culture française et d'une critique de sa dimension formelle, maniérée, mécaniste, anti-écologiste, depuis les "bonnes manières" jusqu'à la vivisection en passant par le nucléaire.

Il n'y aura pas d'antifascisme sans une juste compréhension de ce qu'on été les Lumières et du rôle joué par la pensée arabo-persane dans la mise en avant de l'humanisme et du matérialisme.

Il n'y aura pas d'antifascisme sans une juste compréhension du processus d'effondrement du capitalisme dans le cadre de la crise générale du capitalisme.

Que les masses se saisissent du mot d'ordre du PCMLM : SOCIALISME OU RETOMBÉE DANS LA BARBARIE!

Publié sur notre ancien média: