26 nov 2011

A bout de souffle (1969)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Film emblématique de la « Nouvelle vague », A bout de souffle est un film classique justement de par sa position décalée. Le photographe du plateau raconte ainsi : « Tout d’abord, avec lui, tout était improvisé ou presque. On tournait dans les rues, dans les chambres d’hôtels, avec juste quelques lampes éclairant le plafond, sans prise de son directe.

Godard écrivait ses dialogues sur une table de bistrot, soufflait leur texte aux comédiens pendant les prises, et arrêtait le tournage quand il n’avait plus d’idées. Le délire complet pour les tenants du cinéma classique ! »

 

A bout de souffle est en fait emblématique car il synthétise le romantisme à la française. On est à Paris et tout va très vite ; les images sont belles et vivantes, l'esthétique est moderne.

 

Jean-Paul Belmondo joue un rebelle, mais sans politique, sans cause. Poursuivi par la police, il tente une relation authentique avec une américaine jouée par Jean Seberg, mais celle-ci préfère faire carrière plutôt que de tenter l'aventure.

 

On a là une figure totalement moderne du romantisme : une des deux personnes privilégie la sécurité à l'authenticité. L'autre tente d'affronter cette situation, quitte... à en perdre le souffle.

 

Nous avons ici un film, on sait que c'est un film, on peut presque saisir cette œuvre d'art. La raison est simple : tout est réaliste, c'est une synthèse d'un drame typiquement moderne.

 

Le couple, absolument magnifique, échoue par conséquent, l'américaine dénonçant l'aventurier à la police. Le personnage joué par Belmondo se laisse alors grosso modo tué par la police, expirant en accusant Seberg : « C'est vraiment dégueulasse. »

 

La jeune femme demande aux policiers ce qu'il a dit, et il lui est répondu : « Il a dit : vous êtes vraiment une dégueulasse. » Et elle de répondre : « Qu'est-ce que c'est dégueulasse ? » demande-t-elle enfin. »

 

Deux mondes, deux sensibilités, et pourtant c'est le même monde. A bout de souffle est romantique, car il pose la dignité du réel ; s'il avait posé la résolution productive, il eut été du niveau du réalisme socialiste dans les conditions françaises.

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