30 aoû 2012

Éloge littéraire d’Anders Breivik : Richard Millet, agent du fascisme à la française au moyen de l'idéologie psychologico-racialiste

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« Nous qui mesurons chaque jour l'inculture des indigènes tout comme l'abîme qui nous sépare des populations extra-européennes sur notre sol, nous savons que c'est avant tout la langue qui en fait les frais, et avec elle la mémoire, le sang, l'identité. » (Richard Millet, Éloge littéraire d’Anders Breivik)

Richard Millet, grande personnalité littéraire – c'est-à-dire un bourgeois décadent à la solde de l'idéologie dominante – a produit une œuvre fasciste, qui va tellement loin qu'elle a suscité un scandale.

Il s'agit d'un petit texte du 18 pages, intitulé « Éloge littéraire d’Anders Breivik. »

Et il ne faut pas s'y tromper : Richard Millet n'y va pas par quatre chemins, il assume pratiquement ouvertement l'idéologie nazie, ce qui bien sûr provoque un très important remue-ménage dans le secteur de l'édition.

Millet est en effet un écrivain prolixe, avec de très nombreux romans et essais, et c'est un responsable d'édition chez Gallimard, plusieurs de ses « poulains » ayant même eu le prix Goncourt. Millet était déjà connu pour ses affirmations pro-chrétiennes et ultra-conservatrices, lui qui se vantait également d'avoir combattu auprès des phalangistes au Liban (dans la « confession négative », il dit même : « J'ai dû tuer des hommes, autrefois, et des femmes, des vieillards, peut-être des enfants. Et puis j'ai vieilli. »).

Cette fois, c'est un manifeste ultra-nationaliste qu'il a publié, une véritable tentative de synthèse du fascisme français, avec toute sa dimension littéraire.

C'est d'un véritable brûlot psychologico-racialiste dont nous allons parler ici.

En appelant un chat, un chat, sans prendre de gants avec les valeurs nazies que Millet véhicule ; et si bien entendu il menacerait de procès, il devra voir son procès en diffamation se transformer en véritable procès politique, en procès de toute une société en putréfaction.

Car nous, nous sommes de véritables antifascistes, et les détails de son œuvre, nous en dévoilons aisément les tenants et aboutissants. Si les masses sont naïves en raison de l'abrutissement provoqué par la société bourgeoise s'effondrant, nous nous sommes les disciples d'Epicure et Spinoza, Marx et Mao Zedong, et à nous, on ne l'a fait pas !

Car que voit-on ?

Déjà que cet éloge commence par... une citation de l'auteur fasciste Drieu La Rochelle, le fameux collabo. Cette citation est tirée du « Feu follet », une nouvelle décadente et pessimiste qui a toujours fasciné les dandys. On y lit donc :

« Se suicider ? Pas besoin, la vie et la mort sont une même chose. Mon point de vue de l'éternel où je suis maintenant, où j'ai toujours été, où je serai toujours. »

Juste après, le texte parle de « nous autres, Européens »...

Mais ce n'est pas tout ; voici comment finit l'oeuvre. Comprendre le début et la fin d'une œuvre est très important pour comprendre comment celle-ci est « encadrée. »

On lit donc, dans un grand délire racialiste :

« Breivik est un de ces désenchantés devenu un loup solitaire et gris. Breivik a quelque chose de gris. C'est en cela qu'il aurait pu être écrivain.

Le journaliste du Nouvel Observateur, ayant constaté l'aveuglement des contemporains, croit trouver l'origine de Breivik dans le grand Knut Hamsun, dont on sait qu'il fut ouvertement nazi et finit ses jours à l'asile, comme Breivik y finira peut-être les siens. La Faim reste un livre extraordinairement moderne et brûlant de ce qui dévoire le narrateur, tout comme Pan, merveilleux livre sur le désir.

Le même journaliste va jusqu'en prendre à l'Edda, c'est-à-dire aux fondements de la culture scandinave, ce qui ferait de Breivik la réincarnation dérisoire du loup Fendrir, fils du dieu ase Loki et meurtrier du dieu Odin que Snorri Sturluson décrit « la gueule hirsute, la mâchoire inférieure contre la terre, la supérieure contre le ciel. »

On est bien là dans un autre délire, lequel sert néanmoins le Nouvel Ordre mondial : celui qui tend à taxer de fasciste toute interrogation sur la pureté, l'identité, l'origine, et qui, à bout d'arguments, finit par récuser ce que nous sommes : notre culture, par exemple, la Chanson de Roland, bientôt effacée de notre héritage car décrétée politiquement incorrecte et raciste, comme l'Edda des Nordiques, et avec elle ce qui nous permet encore de nommer et que le Nouvel Ordre moral est train d'éradiquer : la littérature. »

On a ici, dans ce long extrait tout à fait exemplaire, une véritable adaptation littéraire de l'idéologie nazie, admirablement bien masquée derrière un charabia pseudo intellectuel.

Pourquoi cela ? Parce que sont mélangés des choses n'ayant strictement rien à voir, à part justement pour les nazis.

La Faim est une œuvre de jeunesse de Knut Hamsun, le formidable écrivain norvégien. Elle date de 1890. Par la suite, Hamsun sera d'ailleurs salué par les communistes également pour sa littérature.

Hamsun est véritable poète de la contradiction villes et campagnes, avec des personnages haut en couleur et délirant typiquement norvégien, comme le formidable August (Vagabonds, August le marin, Mais la vie continue).

Hamsun, à 80 ans et justement dans cette perspective de rapport à la terre, et cela donc 50 ans après La Faim, a effectivement soutenu les nazis. Mais mélanger donc La Faim et la position nazie de Hamsun 50 ans après n'a aucun sens, tout au moins c'est un raccourci qui est intellectuellement une escroquerie.

De la même manière, Millet explique que l'Edda représente les fondements de la culture scandinave. C'est là du pur n'importe quoi, aux yeux de n'importe qui connaissant cette culture. Car l'Edda a été écrit en Islande au 13ème siècle, soit deux siècles après le triomphe du christianisme. Il ne représente ainsi pas forcément une source fiable, et d'ailleurs ses dieux ne sont pas simplement « scandinaves », mais bien germaniques.

L'Edda ne représente donc pas du tout des « fondements » de la culture scandinave, puisque l'Edda est islandais et date de bien après la fin du paganisme ; ce que représente l'Edda, c'est une expression de la formidable littérature islandaise, dont l'autre grand représentant à l'époque moderne, justement dans le prolongement de l'Edda, est le formidable Halldór Laxness (1902-1998), prix Staline !

Mais ce n'est pas tout, très habilement donc, conformément à l'idéologie nazie, Millet assimile donc l'Edda aux nordiques – ce qui est ridicule, car en Finlande l'Edda ne représente rien, pas plus d'ailleurs finalement qu'au Danemark, en Suède, au Danemark – et dit :

« notre culture, par exemple, la Chanson de Roland, bientôt effacée de notre héritage »

C'est une lecture ethno-différentialiste typiquement nazie. Les Nordiques auraient « leur » œuvre reflétant leur psychologie raciale, et « nous » - on ne sait pas qui est ce nous, mais il est nécessairement ethnique – aurions la « Chanson de Roland. »

La « Chanson de Roland » serait ainsi « notre » conte, « notre » aventure « épique », notre appel à l'idéalisme et à l'héroïsme ! Et Millet s'imagine qu'il peut reprendre cette rhétorique nazie, en France en 2012, sans que personne ne comprenne sa nature ?

Millet peut-il vraiment penser que personne ne comprendrait que sa définition de la « littérature » a une dimension racialiste – psychologique – héroïque, qui est absolument conforme à l'idéologie national-socialiste ?

Millet reprend d'ailleurs les catégories politiques national-socialiste. Il parle du « nouvel ordre mondial », du « nouvel ordre moral », de « l'Occident socialiste (ou humanitariste, mondialiste, antiraciste, etc.) », du « Système »...

Ou encore de « fracture idéologico-raciale », de « sous-culture de masse américaine »... de « sous-estimation par l'Europe des ravages du multiculturalisme »... de la « défaite du spirituel au profit de l'argent »...

Il est expliqué que « une guerre civile est en cours en Europe »...

Mais aussi que Breivik a été motivé par « sa volonté de lutter contre la « marxisation » de l'Europe : terminologie quelque peu dérisoire, le marxisme ayant été depuis longtemps digéré culturellement par le capitalisme. »

Tout ce vocabulaire est absolument similaire aux nationaux-socialistes, et cela non seulement aujourd'hui, ou depuis 25 ans, mais même dans les années 1930. Si jamais, imaginons, Millet fait un procès à cet article, il sera très facile de trouver des citations similaires dans les publications nazies de l'époque hitlérienne.

Cela n'empêche pas la version moderne, qui se pose en « victime », de l'idéologie fasciste d'être présente chez Millet. Il parle de la construction idéologique d'une extrême-droite par le système, afin de maintenir le système en place, construction qui serait « cette grand peur que les « biens-pensants » entretiennent comme ils ont si longtemps entretenu la fiction marxiste d'aubes radieuses. »

C'est là précisément le vocabulaire national-socialiste : le Système est « socialiste », contrôlé par les « marxistes », qui contribueraient à « pervertir » la jeunesse.

Millet dit au sujet de Breivik : « enfant de divorcés, l'air d'un gendre idéal, il ne porte pas de piercing, de tatouages, de dreadlocks, de cheveux ras, ni de ces ridicules vêtements ethniques qui sont un des attributs de la jeunesse multiculturelle, avec un langage en décomposition, une inculture béate et un avachissement certain de la personne. »

C'est une vision parfaitement courante chez les nationaux-socialistes, et cela même jusqu'à la caricature du « gauchiste » en Allemagne (on notera au passage que l'extrême-gauche française pratique le même anathème contre les progressistes ayant une culture alternative, avec aussi leur tatouage, leurs piercings, leur acceptation de la violence révolutionnaire, leur écologie, leur véganisme, leur refus du triomphe du masculin dans la langue française, etc.).

Millet continue dans le poncif réactionnaire, au sujet de Breivik il dit :

« Il est hétérosexuel ; il aime le snow-board, la bière Budweiser, les parfums Chanel, les chemises Lacoste. »

Cela signifie, pour nous, que Breivik est un beauf buvant de l'alcool, considérant que la montagne lui appartient et qu'il peut se l'approprier pour des divertissements allant de pair avec le bétonnage de la nature... Qu'il apprécie les parfums élitistes bourgeois testés sur les animaux...

Mais pour Millet, Breivik est donc en quelque sorte sympathique, c'est finalement plus un camarade qui se trompe qu'autre chose, d'ailleurs les actions criminelles sont transformées en « dérive. »

Les phrases qui suivent, notamment la seconde qui est très longue et étrange pour du français, est une véritable apologie de l'action de Breivik, dont Millet partage évidemment l'idéologie sans le dire ouvertement (nous verrons juste après comment il maquille cela):

« Je constate que la dérive de Breivik s'inscrit dans la grande perte d'innocence et d'espoir caractérisant l'Occident, et qui sont les autres noms de la ruine de la valeur et du sens.

Breivik est, comme tant d'autres individus, jeunes ou non, exemplaire d'une population devant qui la constante dévalorisation de l'idée de nation, l'opprobre jeté sur l'amour de son pays, voire la criminalisation du patriotisme, ouvrent un abîme identitaire qu'accroît le fait de vivre une fin de civilisation dont on n'imagine pas qu'aucun autre continent puisse en incarner le miracle, puisque les nouveaux maîtres du monde, de Doha à Rio, et de Hong Kong à Bombay, et de Sydney à Singapour, ne peuvent en proposer que la version technologique, c'est-à-dire la conversion de l'individu en petit-bourgeois métissé, mondialisé, inculte, social-démocrate – soit le genre de personnes que Breivik a tuées et qui fait pourtant de lui autre chose que ce qu'Enzensberger appelle un « perdant radical », puisqu'il a agi seul, et non en accord avec un programme terroriste, ses actes étant au mieux une manifestation dérisoire de l'instinct de survie civilisationel. »

Ce qui est frappant, c'est bien entendu que les jeunes adolescents assassinés soient définies comme des barbares... Mais il y a quelque chose de plus formidable. Breivik, dans le prolongement de la pensée de Nietzsche et de Heidegger, est présenté comme quelqu'un ayant réagi à « l'instinct », un instinct « historique », propre à l'occident.

Breivik est utilisé par Millet pour mettre en avant la même conception. Millet dit que Breivik a tort pour dire qu'il a raison, c'est pour cela qu'il dit :

« Mais quelle distance, par exemple, avec le suicide, non moins spectaculaire, qu'un Mishima opposa à la décadence du Japon moderne !

Ainsi Breivik serait-il un symptôme de notre décadence plus qu'un révélateur de sens »

Formidable Millet, hypocrite Millet ! Car ces lignes sont à proprement parler d'un très haut niveau.

Millet passe en effet sous silence, très habilement, que le suicide de Mishima selon le rituel des Samouraïs (le fameux « seppuku », aussi connu sous le nom de « hara kiri ») suit... la tentative échouée de mener un coup d'Etat militaire !

L'ultra-militariste Mishima, viriliste bodybuildé complexé et assumant de manière perturbée son homosexualité, est transformé en « idéaliste », en simple « protestataire »...

Mais ce n'est pas tout ! En parlant de « symptôme de notre décadence », Millet ne critique pas Breivik, contrairement aux apparences !

En réalité, il le valorise. Mais pour voir cela, il faut connaître la littérature de Nietzsche, de Spengler, de Heidegger.

Car chez ces auteurs, être un « symptôme » de décadence, c'est déjà porter en soi le « surhomme » à venir (on notera qu'ont la même conception tant l'école de Francfort avec sa « dialectique négative » que Julien Coupat et sa conception messianique de l'insurrection).

Voilà pourquoi il s'agit bien d'un « éloge littéraire de Breivik », comme le titre l'indique. Millet est bien un fasciste français, pour lui la littérature c'est Drieu la Rochelle et Céline, et ainsi Breivik, par son action, « est un écrivain par défaut. »

Voilà bien le fascisme français à la sauce littéraire, qui assimile la littérature et la race. Millet ose dire :

« Nous qui mesurons chaque jour l'inculture des indigènes tout comme l'abîme qui nous sépare des populations extra-européennes sur notre sol, nous savons que c'est avant tout la langue qui en fait les frais, et avec elle la mémoire, le sang, l'identité. »

Et cela est la confirmation qu'il a lu Maurice Barrès, que sa conception est celle de Barrès. Millet peut bien prétendre que, finalement, l'action de Breivik n'est tout de même pas « justifiable », ce qu'il veut dire surtout, c'est qu'elle n'a pas la pureté de la « littérature. »

Et cela, c'est typique du fascisme à la française. En Italie, le fascisme est avant tout une esthétique, en Allemagne le fascisme est avant tout un style. En France, le fascisme est avant tout littérature.

Littérature à la Céline, à la Voltaire, littérature du mépris et du vomi, littérature catholique aussi, bien sûr, car le catholicisme a produit une gigantesque littérature en France, tant théologique que romanesque.

Millet peut donc dire que « la mort de la chrétienté » signifie « la mort de nos nations », car telle est bien la conception du fascisme français, fascisme littéraire, dont Millet est un exemple, lui qui n'hésite pas à lancer un très chrétien :

« Dans cette décadence, Breivik est sans doute ce que méritait la Norvège et ce qui attend nos sociétés qui ne cessent de s'aveugler pour mieux se renier, particulièrement la France et l'Angleterre ; loin d'être un ange exterminateur, ni une bête de l'Apocalypse, il est tout à la fois bourreau et victime, symptôme et impossible remède.

Il est l'impossible même, dont la négativité s'est déchaînée dans le ciel spirituel de l'Europe. »

Alléluia ! Millet relève le drapeau catholique national de Maurras, de Drumont, de Barrès, et salue la quête de la sainteté occidentale, dans sa pureté psychologico-raciale !

Alléluia ! Millet a lu les auteurs idéalistes-romantiques allemands, les Nietzsche, Spengler, Heidegger, et il les a mis dans un shaker pour contribuer à la relance d'un pessimisme radical, de l'idéologie « conservatrice révolutionnaire », du fascisme à la française !

Mais ne nous moquons qu'à moitié, dialectiquement, car cela n'a rien de dérisoire. Cela est l'époque qui vient : comme le PCMLM l'a expliqué, nous sommes à l'aube des années 1930.

Millet n'est qu'un avatar parmi d'autres d'une bourgeoisie en putréfaction. L'histoire avance : l'heure est proche, où les comptes vont être réglés. D'un côté, il y a le romantisme idéaliste bourgeois, qui veut faire tourner en arrière la roue de l'histoire, tout en précipitant le monde dans la concurrence nationaliste et la guerre impérialiste, assassinant la Biosphère. De l'autre, il y a la nouvelle Athènes, la République Socialiste mondiale, célébrant la vie sur la Biosphère et partant à la conquête de l'espace.

Ce n'est pas moins le destin du monde qui se joue, comme l'explique le mot d'ordre: SOCIALISME OU RETOMBÉE DANS LA BARBARIE!

« Le sort de la révolution socialiste se joue ici. Soit la bourgeoisie arrive à entraîner avec elle les rurbains, en s’appuyant sur l’individualisme et le culte de la petite propriété. Le paysage de la France continuera alors d’être clairsemé de zones rurbaines, les derniers espaces naturels étant définitivement intégrés dans ce paysage.

Soit au contraire la classe ouvrière prouve qu’il vaut mieux vivre dans des zones collectives, où la vie dans des immeubles à taille humaine permet une démarche écologique, une solidarité générale, un meilleur développement culturel, une vie véritablement épanouie.

C’est le projet des communes populaires, qui s’intègrent harmonieusement à la nature, s’appuyant sur des zones agricoles reliées aux communes populaires, et protégeant de très larges espaces à la nature sauvage.

L’alternative pour les 30 prochaines années en France est la suivante : soit la continuation du capitalisme avec généralisation de centres-villes riches et ayant tendance à former une oligarchie, et étalement toujours plus grand des zones rurbaines, jusqu’à l’absorption complète de la nature.

Et finalement la généralisation de la barbarie pour une longue période, en raison du caractère dénaturé de l’humanité et de l’effondrement de toutes les valeurs de civilisation.

Soit la révolution socialiste, signifiant l’arrêt de la destruction de la nature, par le recul des villes et la construction de communes populaires conjuguant de manière harmonieuse nature et culture.

Tel est le sens du slogan du PCMLM : Socialisme ou retombée dans la barbarie ! » (La contradiction entre les villes et les campagnes, septième partie)

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